MADANIYA
Le Conseil de sécurité de l’ONU,
un instrument obsolète
René Naba
Jeudi 2 février 2017
«Le vieux
monde se meurt. Le nouveau tarde à
apparaître. Et c’est dans ce clair
obscur que surgissent les monstres»
Antonio Gramsci.
Le Conseil de sécurité de
l’ONU, un instrument obsolète : un
instrument de punition et d’humiliation,
non un instrument de maintien de la paix
(1).
Prologue
Le
Journal Le Monde a titré le 19 décembre
2016 son dossier spécial sur Alep en ces
termes : «Six ans d’impuissance de l’ONU
sur la Syrie». Une lecture moins
sommaire et rudimentaire de l’actualité,
c’est à dire plus conforme à
l’objectivité et à la vérité, aurait dû
inciter l’ancien journal de référence
des élites politico médiatiques
françaises à compléter ce jugement
hémiplégique par ce constat sans appel «
70 ans d’impuissance de l’ONU sur la
Palestine… du fait des pays occidentaux
».
Une
piqûre de rappel salutaire alors que le
Monde, -non le journal mais la planète-,
s’apprête à célébrer, en 2017, le
centenaire de la Promesse Balfour
portant création du « Foyer National
Juif en Palestine » et que les
interventions américaines de la première
décennie de l’an 2000 en Afghanistan, au
Pakistan et en Irak, auraient fait un
total d’un million de victimes, selon le
décompte établi par Body-Count, une ONG
de référence.
Le bras
de fer qui a opposé au Conseil de
Sécurité pendant six ans la Russie et la
Chine au groupe des trois pays
occidentaux (États-Unis, France, Royaume
Uni) à propos de la guerre de Syrie,
pose de manière sous-jacente le problème
de la pertinence de la structure et du
fonctionnement de l’unique instance
planétaire chargée du maintien de la
paix et de la sécurité dans le monde.
Retour sur le Conseil de sécurité au
moment où un nouveau secrétaire général
le portugais Antonio Guterrez succède au
sud-coréen Ban Ki Moon, alors que les 5
vétos opposés par la Russie et la Chine
à des projets de résolution des pays
occidentaux sur la Syrie tendent à
accréditer l’idée de la fin de
l’unilatéralisme atlantiste dans la
gestion des affaires du Monde.
Le
Conseil de sécurité, un instrument
obsolète
Le
Conseil de sécurité est un instrument
obsolète. Instrument d’intimidation, de
punition et d’humiliation, il souffre de
déséquilibres structurels.
Le
Conseil de sécurité, qui se voulait à sa
création un instrument de « maintien de
la paix » apparaît 71 ans après la
proclamation de la Charte de San
Francisco, comme un instrument obsolète.
Instrument d’intimidation, il souffre de
déséquilibres structurels.
Un instrument de surcroît toujours
dirigé du Nord vers le Sud, à l’image de
la Justice Internationale.
Le
Conseil de Sécurité, dont la composition
reflète les rapports de forces sur le
plan international à la fin de la 2e
Guerre Mondiale (1939-1945) souffre de
déséquilibres structurels :
-
L’Europe est sur représentée par
trois pays (Royaume Uni, France,
Russie), une sur-représentation qui
excède son poids démographique et
économique.
- L’anglo
sphère, pour reprendre la
terminologie du politologue
américain Francis Fukumaya,
autrement dit la « race blanche »,
représente 20 % de la population
mondiale, alors qu’elle dispose de
trois membres titulaires du droit de
véto (États-Unis, Royaume Uni et
France). À y ajouter la Russie, le
quota serait encore plus flagrant.
En
contrepoint, sur le plan civilisationnel,
ni l’Hindouisme 1.3 milliards de
personnes, ni l’Islam (1,5 milliards de
personnes) ne disposent du moindre
siège.
Sur le plan géopolitique : ni l’Afrique,
(un milliard de personnes en l’an
2.030)
ni l’Amérique latine, ni le
Monde arabe (Machreq – Maghreb) ne sont
représentés.
À propos de l’Islam : quatre pays sont
en compétition.
-
L’Égypte, puissance économique
majeure du Moyen orient à l’horizon
de l’an 2025 avec la découverte d’un
important gisement de gaz et le
doublement de la capacité du Canal
de Suez, brigue le poste en faisant
valoir qu’elle représente à la fois
le Monde africain, le monde arabe et
le Monde musulman.
-
L’Indonésie est également sur les
rangs en sa qualité de plus grand
pays musulman, par son importance
démographique (180 millions
d’habitants).
- Le
Nigeria, le plus important pays
d’Afrique, fait valoir une double
représentation de l’Afrique et de
l’Islam
- La
Turquie, puissance militaire majeure
du Moyen-orient, membre de l’OTAN et
alliée d’Israël, trois éléments
qu’elle pense faire jouer en sa
faveur pour décrocher le titre de
représentant permanent du Monde
musulman au Conseil de Sécurité. A
ce titre, elle figure déjà au G20,
le groupement des pays les plus
industrialisés de la planète.
Pour l’Asie
La
rivalité de puissances atteint son
paroxysme avec les 3 géants économiques.
Si l’octroi d’un siège permanent à
l’Inde semble acquis en raison de sa
triple qualité de berceau de
l’Hindouisme, de puissance nucléaire et
de puissance démographique, le Japon
revendique, lui aussi, un siège
permanent en tant que 3e économie du
Monde, avec un argument imparable en ce
qu’il ne peut accepter que l’Asie soit
représentée par la Chine, l’Inde et pas
par l’unique pays atomisé du Monde.
Le
Vietnam est fondé aussi à revendiquer la
qualité de membre permanent pour la
forte charge symbolique que représente
ce pays-symbole absolu des guerres de
libération, double vainqueur des deux
puissances militaires majeures de
l’époque contemporaine : La France à
Dien Bien Phu, en 1954 et les États-Unis
à Saïgon (Ho Chih Minh Ville), en 1975.
Dans
cette perspective, le Royaume Uni, en
optant pour le Brexit, paraît avoir joué
pour l’avenir la carte de l’Asie,
majoritairement anglophone avec de
grands marchés d’exportation (Inde,
Japon, Chine, Vietnam, Pakistan, Corée)
et non de l’Europe embourbée dans la
récession.
Les
membres permanents, particulièrement les
pays occidentaux, tirent profit de ses
dissensions pour justifier le statu quo,
alors qu’une solution de bon sens
devrait attribuer le statut de siège
permanent d’une manière rotative pour
une période transitoire de quatre ans,
alternativement à l’un des postulants.
Pour
l’Asie, si le choix de l’Inde se
justifie à plus d’un titre, la rotation
pourrait se faire entre le Japon et le
Vietnam pour son palmarès glorieux dans
les annales des guerres de libération.
Pour un continent qui représente,
démographiquement, la moitié de
l’humanité, la solution pourrait être
judicieuse à défaut d’être équitable.
En
Afrique, l’Afrique du Sud mérite
indiscutablement et pleinement le statut
de membre permanent pour sa contribution
au dépassement du passif post colonial
avec la constitution de la nation « Arc
en Ciel » et surtout pour le
démantèlement de son arsenal nucléaire.
La rotation pourrait intervenir entre le
Nigeria et d’autres postulants.
La
France et la réforme du Droit de veto :
Un bobard diplomatique pour un enfumage
médiatique
Laurent
Fabius, ministre socialiste des Affaires
étrangères, a proposé Lundi 22 octobre à
Paris, la réforme du recours au droit de
véto au sein du Conseil de sécurité de
l’ONU, préconisant que son usage soit
réduit au seul cas où un état détenteur
de ce droit était menacé d’une action
hostile des instances internationales.
La France a une « proposition à faire
est que le droit de veto soit utilisable
quand il concerne uniquement le propre
pays » dans le débat objet de la
résolution, a déclaré M. Fabius sur le
plateau du grand journal, commentant le
veto russe et chinois en faveur de la
Syrie.
Le droit
de véto a été conféré exclusivement aux
cinq états membres permanents du Conseil
de sécurité (États-Unis, France, Royaume
Uni, Chine et Russie). Il permet à son
détenteur de faire opposition à
l‘adoption d‘une résolution qui lui est
hostile, quelle que soit l’opinion
majoritaire au Conseil. Les cinq membres
permanents exercent ce droit quand ils
votent négativement, mais une abstention
ou une absence n’est pas considérée
comme un veto.
Le
système du véto a été établi pour
protéger les intérêts des membres
fondateurs de l’ONU sortis victorieux de
la IIe Guerre mondiale.
Afin de
maintenir la suprématie occidentale dans
la gestion des affaires du monde, il
avait été décidé à l’époque que la
France, même battue et occupée par
l’Allemagne nazie, avait joué un rôle
primordial en tant que membre permanent
de la défunte Société des Nations, et,
que sa place se justifiait parmi les
cinq grands en tant que puissance
coloniale disposant d’un vaste empire.
Depuis
la création de l’ONU, la majorité des
veto au Conseil de sécurité ont été
exercés par l’Union soviétique.
Toutefois depuis la chute du Mur de
Berlin, en 1989, les États-Unis se sont
substitués à la défunte Union soviétique
dans l’usage du droit de veto.
En 15
ans (entre 1989 et 2004), soit de la
chute du Mur de Berlin à l’invasion
américaine de l’Irak, correspondant à
quinze ans d’unilatéralisme américain,
19 vétos ont été mis dont :
États-Unis : 13 fois
(11 fois par rapport à Israël, 1 fois
par rapport à la Bosnie-Herzégovine, 1
fois par rapport au Panama)
Union Soviétique puis
Russie : 3 fois (2 fois
par rapport à Chypre, 1 fois par rapport
à la Bosnie-Herzégovine)
À Fin
février 2011, le véto a été utilisé 264
fois avec, par ordre d’importance :
- 124
fois par l’Union
soviétique/Russie
- 82
fois par les États-Unis
- 32
fois par le Royaume-Uni
- 18
fois par la France,
particulièrement lords de la guerre
d’Algérie où la France a pratiqué la
politique de la chaise vide,
s’abstenant de prendre part à faux
débats sur la question.
- 6
fois par la Chine
Soit, à
la date de 2016, en y ajoutant les 5
vétos opposés par la Russie et la Chine
aux projets de résolution d’inspiration
occidentale dans la guerre de Syrie, le
total serait respectivement 129 fois
pour la Russie et 10 fois pour la Chine.
Il en
découle, de cette comptabilité, que les
pays occidentaux ont fait usage du droit
de veto 132 fois contre 129 fois pour la
Russie.
Les
Occidentaux sont donc bénéficiaires de
ce passe-droit, qui leur a permis de
bloquer l’admission de la Palestine en
tant que membre de plein droit de
l’organisation internationale, sans que
nul ne juge opportun de soulever le
bien-fondé de l’usage du droit de veto,
particulièrement lorsqu’il est le fait
des États-Unis bloquent, par exemple,
une résolution ordonnant la destruction
les colonies israéliennes édifiées
illégalement sur le territoire
palestinien.
Pour
aller plus loin sur ce sujet, la liste
des résolutions de l’ONU non respectées
par Israël
Qu’un
pays repêché in extremis dans ses droits
souverains, de surcroît ayant perdu la
justification de ce droit, l’empire
colonial, ait l’outrecuidance de
suggérer la modification de l’usage du
droit de veto dont il a été largement et
abusivement bénéficiaire, sans
s’interroger sur son propre
comportement, sans que la presse
nationale ne pose la question de la
pertinence de cette proposition et le
bien-fondé de l’opportunisme de son
auteur dénote une grave altération de la
fonction critique de la classe politico
médiatique.
À
l’analyse, la proposition de Laurent
Fabius de reformer l’usage du droit de
veto au Conseil de sécurité s’est
révélée être ce que son auteur a voulu
qu’elle soit : un bobard diplomatique
pour enfumage médiatique.
Pis, ce faisant, Laurent Fabius, en
cherchant par ce biais à priver la
Russie de son droit de veto en faveur de
la Syrie, il privait, par ricochet,
Israël de son bouclier diplomatique
américain ? Et dire que Laurent Fabius
est un super-capé de la méritocratie
français.
Un
lourd tribut à la diplomatie
internationale
En dépit
de ses imperfections, l’ONU a payé un
lourd tribut à la diplomatie
internationale, depuis sa création en
1948, sacrifiant de trois de ses
dirigeants, sans compter les nombreux
attentats contre ses sites, un bilan qui
témoigne de la vivacité des rivalités
sur la scène internationale.
- Le
comte Folke Bernadotte,
le premier et vraisemblablement le
plus illustre des victimes : Neveu
du Roi Gustave V de Suède, chargé
d’une mission de médiation dans le
conflit israélo-arabe, portant sur
le plan de partage de la Palestine,
le diplomate suédois a été tué dans
un attentat commis par le groupe
terroriste israélien Stern, le 17
septembre 1948. Un crime à ce jour
impuni.
-
Dag Hammarsjkold,
Secrétaire général des Nations Unies
(1953-1961), tué dans un accident
d’avion abattu, le 18 septembre
1961, au dessus de la Rhodésie du
Nord, alors qu’il était en mission
de conciliation dans la guerre du
Biafra
-
Sergio Vieira de Mello,
tué le 19 Août 2003, dans une
attaque contre le QG des Nations
Unies à Bagdad. Un attentat suicide
revendiqué par Abou Mouss’ab Al
Zarkaoui, à l’époque chef d’Al Qaida
en Irak.
Les
sanctions économiques : Le Chapitre VII
Au delà
de ce déséquilibre structurel dans la
représentation des diverses composantes
civilisationnelles de la planète,
l’usage des mesures coercitives mises à
la disposition du conseil de sécurité
sont sujettes à caution.
Certes, le Chapitre VII de la Charte des
Nations Unies autorise le Conseil de
sécurité à prendre des mesures
coercitives (…) de constater «
l’existence d’une menace contre la paix,
d’une rupture de la paix ou d’un acte
d’agression » et de faire des
recommandations ou de recourir à des
mesures militaires ou non militaires «
pour maintenir ou rétablir la paix et la
sécurité internationales».
De ce fait, le Conseil de sécurité
dispose du monopole de la coercition…
sans limite, sans discernement.
Quatre
pays de l’hémisphère sud ont ainsi fait
l’objet de sanctions économiques
(Soudan, Somalie, Irak et Syrie),
indépendamment du fait s’il s’agit de
sanctions décidées par l’ONU (le cas de
l’Irak) ou imposées unilatéralement par
les États-Unis et l’Europe (le cas de la
Syrie), sans pour autant entraîner la
chute du régime en place, mais en
infligeant de lourdes privations à la
population.
Si le
leadership politique des pays
sanctionnés a pu se maintenir au pouvoir
en se prémunissant des conséquences des
sanctions économiques, le peuple, lui,
en a lourdement pâti.
Ainsi, le Maréchal Omar Bachir (Soudan)
se maintient depuis quinze ans à la tête
de l’État, alors qu’il est réclamé par
la justice internationale. Le dirigeant
soudanais, il est vrai, s’est acheté une
bonne conduite en engageant son armée
dans la coalition pétro monarchique dans
leur guerre d’agression contre le Yémen
(Mars 2015), lui valant la mansuétude
des États-Unis, du Royaume Uni et de la
France, les trois alliés des rois du
pétrole.
Saddam Hussein, lui, a été renversé par
une intervention militaire directe
américaine, et non par les sanctions
économiques, au terme de treize ans de
d’embargo.
L’embargo avait considérablement
fragilisé la population, conduisant
l’ONU à moduler les sanctions pour en
faire « des sanctions intelligentes »
avec la formule « pétrole contre
nourriture ». Mais les sévères
privations infligées au peuple irakien
et leurs effets à long terme sur la
population ont servi de terreau au
recrutement des djihadistes par Daech.
En
Syrie, les sanctions ont provoqué une
inflation considérable des prix, une
dépréciation de la monnaie accentuant la
précarité économique de la population,
l’accroissement du chômage de même que
le flux d’exode.
L’unilatéralisme frénétique des
Occidentaux dans la guerre de Syrie a
conduit la Russie et la Chine à opposer
par 4 fois leur veto aux résolutions
occidentales, avec le soutien des autres
membres du BRICS (Brésil, Afrique du
Sud, Inde).
Des
abus de droit au nom du Droit
Le cas du Tribunal Spécial sur le Liban
ou Tribunal Hariri.
Primo : La justice pénale
internationale dont l’avènement avait
été salué comme annonciateur d’une ère
nouvelle est obérée par sa sélectivité
et ses immunités, en un mot par sa
partialité.
Les États-Unis, un des tortionnaires
majeurs de l’époque contemporaine, le
maître d’œuvre des tortures de la base
américaine de Guantánamo (Cuba), de
Bagram (Afghanistan) et d’Abou Ghraib
(Irak), de même qu’Israël, considéré par
une fraction importante de l’opinion
publique mondiale comme « l’État voyou
N°1 » de la scène internationale, n’ont
pas souscrit au traité fondateur de la
Cour Pénale Internationale. Ils
disposent de ce fait d’un privilège de
juridiction qui leur confère une sorte
d’immunité impériale les plaçant à
l’abri des poursuites.
Il en
est de même des autres pays du champ
occidental, notamment la France, qui
compte à son actif l’élimination des
principaux opposants du tiers monde
hostiles à son hégémonie, Félix Mounier
(Cameroun-1958), Mehdi Ben Barka (Maroc
1965), de même que les chefs de file du
mouvement indépendantiste Kanak Jean
Marie Tjibaou et Yéwéné Yéwéné, tous
deux assassinés en 1989 en Nouvelle
Calédonie.
Deuxio : L’assassinat de Rafic
Hariri est un crime relevant en principe
du droit pénal libanais, que le
président français de l’époque, Jacques
Chirac, un obligé notoire de l’ancien
premier ministre libanais dont il a été
le pensionnaire posthume, s’est appliqué
à porter devant la justice pénale
internationale. La reconnaissance du
ventre ne saurait donner lieu à des
excès, ni manipuler de faux témoins, tel
Zouheir Siddiq, pour accuser à tort de
présumés coupables pour les besoins de
sa propre cause.
Pourtant, le Tribunal Spécial sur le
Liban a été institué par un accord
conclu entre le Liban et les Nations
Unies, le 5 juin 2005, conférant des
privilèges exorbitants à la commission
d’enquête de l’ONU en ce qu’elle permet
à cette instance d’exercer une tutelle
de fait sur les autorités locales
libanaises, en l’habilitant à enquêter
sur un fait qui ne constitue pas un «
crime international » juridiquement
parlant.
Mais le
fait de privilégier le cas du chef du
clan saoudo américain au Moyen orient,
au détriment d’autres personnalités
éminentes, telles Benazir Bhutto, ancien
premier ministre du Pakistan, dont le
cas présente une forte similitude avec
le cas Hariri, -un ancien premier
ministre tué dans son pays d’origine-
donne à penser que les puissances
occidentales, notamment la France a
voulu instrumentaliser le Conseil de
sécurité via la justice internationale
pour la satisfaction de desseins
inavoués.
Tertio : L’accord Liban-ONU est
frappé de caducité en ce qu’il s’est agi
d’un accord passé de gré à gré entre le
premier ministre libanais de l’époque
Fouad Siniora, un proche collaborateur
de Rafic Hariri et le Conseil de
Sécurité, sans passer par les voies
d’habilitation constitutionnelles
libanaises, c’est à dire son approbation
par le Conseil des ministres et le
parlement libanais et sa promulgation
par le Président de la République
libanaise.
Passons
sur les abus de droit des puissances
occidentales, le dépassement du mandat
de l’ONU sur la Libye qui a permis à
l’Otan de s’arroger le droit d’une
intervention militaire dans ce pays; Le
détournement du mandat des inspecteurs
de l’ONU sur les armes chimiques en Irak
; Les 40 interventions militaires
françaises en 40 ans dans son pré-carré
africain au prétexte de l’ingérence
humanitaire, alors que la France est
liée avec ses anciennes colonies par le
réseau mafieux de la Françafrique, le
plus important pacte de corruption des
élites franco africaines à l’échelle
continentale.
Afrixit
: Le retrait de trois pays africains de
la CPI
Signe
d’un dysfonctionnement patent des
instances internationales, la Russie a
menacé de retirer sa ratification du
traité fondateur, alors que trois pays
africains (Afrique du Sud, Burundi,
Gambie) ont annoncé, en octobre 2016,
leur retrait de la Cour pénale
internationale (CPI), accusant la
juridiction de passer sous silence les «
crimes de guerre » des pays occidentaux
pour ne poursuivre que les pays
africains.
La Gambie avait sollicité la Cour pour
enquêter sur la mort de migrants
africains en Méditerranée.
« Cette
action est justifiée par le fait que la
CPI, malgré son nom de Cour pénale
internationale, est en fait un tribunal
international caucasien pour la
persécution et l’humiliation des
personnes de couleur, en particulier les
Africains », a déclaré à la télévision
nationale le ministre gambien de
l’Information, Sheriff Bojang. L’annonce
de la Gambie augmente la pression qui
pèse sur la CPI, accusée de poursuivre
un programme néocolonialiste en Afrique.
Neuf de ses dix enquêtes actuelles
concernent le continent africain.
Pour
aller plus loin sur la problématique de
la Justice Internationale, ce lien :
S’il est
vrai que le terrorisme et les flux
migratoires de l’hémisphère sud vers
l’Europe sont perçues comme deux des
principales menaces à la stabilité
mondiale, la sagesse commande de
reconsidérer les politiques suivies à ce
jour par les grandes puissances et de
songer sérieusement à une réforme des
statuts des instances internationales
chargées du maintien de la stabilité et
de la paix dans le Monde.
Le
retour en force de la Russie au Moyen
orient à la faveur de la guerre de
Syrie, en rompant le monopole de la
maîtrise de l’air et de la navigation du
camp atlantiste, doublé du retour de
l’Iran sur l’échiquier international,
ont été perçues comme autant d’étapes
supplémentaires dans la lente
reconfiguration stratégique planétaire.
Une
tendance amplifiée par la vulnérabilité
croissante de l’Arabie saoudite du fait
de l’irruption du terrorisme islamisme à
l’échelle planétaire, de même que
l’inclusion du Yuan chinois dans le
panier de devises servant à fixer la
valeur des Droits de Tirage Spéciaux du
FMI -au même titre que le dollar,
l’euro, la livre sterling, le 30
Novembre 2015- consacrant la Chine comme
une des puissances majeures économiques.
La
déstabilisation des pays membres du
BRICS, avec la destitution de la
présidente du Brésil Dilma Roussef et la
déstabilisation du Venezuela
apparaissent dans cette perspective
comme des combats d’arrière garde contre
l’émergence d’un possible contre poids à
l’hégémonie de l’Empire atlantiste dont
la réplique se situe dans la nouvelle
politique de remise en cause de l’ordre
international résultant de
l’effondrement de l’Union soviétique,
dans la décennie 1990, entreprise dès
l’arrivée de Vladimir Poutine au Pouvoir
au début du XXI me siècle.
Plutôt
que de se réjouir des dissensions du
tiers monde à propos de sa
représentativité au sein du Conseil de
Sécurité réformé, il serait judicieux
d’opter sans retard pour l’entrée de
l’Afrique du sud, la référence morale de
l’Afrique, et de l’Inde, la plus grande
démocratie au Monde, au sein de cette
instance dirigeante en un message clair
au reste du Monde sur la volonté de
l’Occident de prendre en compte le
bouleversement opéré dans les rapports
de force internationaux et de partager
son leadership avec les autres forces
émergentes de la planète.
De tenir
compte des nouvelles réalités
géostratégiques, plutôt que de faire la
politique de l’autruche. En un mot de
cesser de commettre des abus de droit au
nom du Droit.
Pour aller plus loin
« La
face cachée de l’ONU » par Michel
Schooyans, Professeur émérite de
l’Université de Louvain. Éditions Le
Sarment Paris 2000.
Sur la
guerre de Syrie, à l’attention des
locuteurs arabophones, un excellent
ouvrage fort documenté, utile pour les
recherches universitaires académiques
futures : « Assad entre son dégagement
et la destruction programmée de la Syrie
ou La guerre syrienne au travers des
documents secrets », par Sami Kleib,
ancien directeur de la section arabe de
RFI, ancien animateur d’un programme
politique d’Al Jazira dont il a
démissionné pour protester contre
l’alignement sectaire de la chaîne
qatariote sur la politique atlantiste
pour co fonder la chaîne TV libanaise «
Al Mayadeen », formée par d’anciens d’Al
Jazira. Sami Kleib est présentateur de
l’émission « Lou’bta Al Oumam » (Jeux
des Nations) sur cette chaîne.
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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