MADANIYA
L’hécatombe de la guerre de Syrie,
six ans après son déclenchement
René Naba
Lundi 2 janvier 2017
«Saladin ! Réveille-Toi Nous sommes
revenus ! Le petit fils de Godefroy de
Bouillon est devant toi, où sont les
tiens ?»
Proclamation du Général Gouraud entrant
à cheval à Damas et piétinant le
catafalque du tombeau de Saladin à
l’intérieur de la Mosquée des
Ommeyyades.
Cet
exergue est dédié à la cohorte des
supplétifs binationaux franco-syriens
engagés corps et âmes dans une
entreprise de destruction de leur patrie
d’origine afin de les inciter à cambrer
l’échine dans un sursaut de dignité.
«La
psychiatrie arabe devra un jour
s’attacher prioritairement à interpréter
cette singulière prédisposition des
binationaux franco-syriens à se dévouer
pour une fonction supplétive de deux
pays (France-Turquie) à l’origine du
démembrement de leur partie d’origine,
Alexandrette (Syrie).
Les
Arabes n’ont pas vocation à être des
éternels harkis, ni à configurer leur
pensée en fonction des besoins
stratégiques de leurs prescripteurs
occidentaux. Libres aux occidentalistes
d’amplifier les mots d’ordre de leurs
employeurs, mais il est impératif pour
les Arabes de développer une pensée
fondée sur les intérêts à long terme du
Monde arabe. Wa Ou’zira Man Anzar». RN.
In
Memoriam
François
Hollande a abordé, en Janvier 2017, la
phase crépusculaire de son mandat
quinquennal en renonçant à briguer un
second mandat, dans une démarche qui a
été perçue comme une capitulation en
rase campagne du foudre de guerre de
Syrie, alors que la «bête noire de la
France en Syrie», le président Bachar Al
Assad, demeure en poste, aux commandes
de son pays, sans la moindre perspective
d’un dégagement immédiat, sans la
moindre garantie d’une promesse de
dégagement
En six
ans de guerre, l’homme qui devait tomber
tous les quinze jours, «l’homme qui ne
méritait pas de vivre sur terre», a vu
bon nombre de ses ennemis résolus,
déraper vers les oubliettes de
l’histoire, alors que le nouveau
déploiement russe sur le littoral syrien
a brisé le monopole des airs et de la
navigation en Méditerranée, détenu
jusque là par le camp atlantiste.
En dix
sept ans de pouvoir, dont six de guerre,
Bachar Al Assad, en un vieux remake de
la guerre d’Irak, a assisté au trépas
politique de ses principaux ennemis :
Mohammad Morsi (Égypte), Rached
Ghannouchi (Tunisie), l’Emir du Qatar,
Khalifa Ben Hamad Al Thani, George Bush
Jr, Condoleeza Rice, -les artisans de la
Syrian Accountability Act (2002)-
déclenchant le compte à rebours de la
guerre contre la Syrie-, Barack Obama et
Hillary Clinton (États-Unis), Tony Blair
et David Cameroun (Royaume Uni),
François Hollande et Nicolas Sarkozy,
Alain Juppé, Manuel Valls et Laurent
Fabius, le petit télégraphiste des
Israéliens exfiltré vers le Conseil
Constitutionnel en guise de congélation
définitive de toute vie politique, ainsi
que le Général Manaf Tlass, Chef de la
garde présidentielle syrienne, le
camarade d’enfance du président syrien,
le trophée exfiltré des Français
transformé en «four médiatique de la
France», dans la guerre psychologique
contre la Syrie ; enfin son collègue le
commandant Abdel Kader Tlass, chef de la
brigade Farouk du Front Islamique de
Syrie, de sinistre réputation, artisan
de la destruction de Homs dans la
désastreuse bataille de Bab Amro,
février 2012, qui sonna le glas des
ambitions françaises en Syrie.
Sans
parler des gardes chiourmes de
l’opposition off shore syrienne, Robert
Ford (Etats Unis) et Eric Chevallier
(France).
Et sur
le plan militaire, le général David
Petraeus, emporté par une opération
embedded, son poulain, le chef des
djihadistes, le prince saoudien Bandar
Ben Sultan, de même que sa roue dentée
libanaise Wissam Al Hassan, et son
poulain Omar Al Shishani, le chef
militaire de Daech, longtemps
opérationnel dans le nord de Syrie,
enfin, dernier et non le moindre,
l’«Armée Syrienne Libre», en voie de
réanimation par des anesthésistes turcs.
Pour
aller plus loin sur ce sujet, le remake
de la guerre d’Irak.
Sur la
réalité de la guerre de Syrie
L’implosion d’Hillary Clinton
Sur le
bûcher de ses vanités, Hillary Clinton
s’est consumée. Par sa cupidité, son
avidité et son ambition dévorante, celle
qui se rêvait la «Première Dame» élue à
la magistrature suprême américaine, aura
été, paradoxalement, la plus haïe des
aspirants démocrates à la Maison
Blanche, infligeant à son parti le plus
retentissant camouflet de l’histoire
électorale américaine, le sinistrant en
même temps qu’elle défigurait l’image de
l’Amérique.
Que son
directeur de campagne, John Podesta, ait
été en même temps un conseiller en
communication de l’Arabie saoudite,
qu’elle ait mis à profit ses
responsabilités à la tête du département
d’état pour ponctionner au profit de la
Fondation Clinton les bienfaiteurs de sa
future campagne, -à l’instar du Maroc,
ou du Qatar-, donne la mesure de la
confusion d’intérêts qui s’est établie
dans l’exercice de ses fonctions, en
même temps que son sentiment d’impunité.
Hormis
l’Arabie saoudite, qui avait tout misé
sur Billary (le tandem Bill et Hillary
Clinton) pour se sortir du guêpier
yéménite et syrien, et du Maroc, dont il
espérait de ses contributions un
infléchissement de la position des États
Unis en sa faveur sur la question du
Sahara occidental, le Monde arabe ne
regretta pas la défaite de Hillary
Clinton, elle, l’alliée souterraine de
la Confrérie des Frères Musulmans dans
la séquence dite du «printemps arabe»,
de la yéménite Tawakol Karman Prix Nobel
de la Paix 2011) de la pakistanaise Huma
Abeedin, sa conseillère occulte, toutes
deux membres de la confrérie, elle, qui
a outrepassé le mandat des Nations Unies
sur la Libye, en tandem avec les philo
sionistes Nicolas Sarkozy et le
botuliste Bernard Henry Lévy.
En
pleine campagne de Libye, débarquant à
l’improviste à Tripoli pour y sonner
l’Hallali en vue de la mise à mort du
Colonel Mouammar Al Kadhafi, sans égard
pour les destructions qu’elle vient
d’imposer à la Libye, elle aura ce terme
d’une indécence méprisante à l’égard de
sa future victime : «We came, We saw and
He died», dit elle en s’esclaffant de
son rire caquetant et sociopathe si
reconnaissable.
Six ans
après, la malédiction de Kadhafi a
frappé Hillary, qui lui renvoie d’outre
tombe, tel un effet boomerang, sa
sentence morbide. «We came, We Saw, SHE
DIED». Triste fin pour Hillary Clinton,
en retraite forcée anticipée aux
cachetons de ménagère dévalués.
Le
naufrage de David Cameroun : Du «chaos
constructeur au KO destructeur» et «de
la Grande Bretagne à la petite
Angleterre ?
Dommage
collatéral de la destruction de la Libye
et de la Syrie, dont il aura été l’un
des grands coordonnateurs, David Cameron
passera dans l’histoire comme le pire
premier ministre britannique depuis la
fin de la II me Guerre Mondiale
(1939-1945), le responsable du BREXIT,
la sortie du Royaume Uni de l’Union
Européenne, premier cas de suicide en
Mondovision d’un cynique qui aura
sacrifié le destin de son pays et
vraisemblablement de l’Europe pour sa
survie politique.
Pour
David Cameron, la Libye et la Syrie
auront été ce que l’Irak a été pour Tony
Blair, le «caniche britannique de George
Bush jr»: Une tache indélébile. Son
point de fragmentation.
Pathétique épilogue d’une parfaite
illustration du «splendide isolement des
élites», coupées des réalités du monde
commun qui les entoure dans une
solidarité des surclasses globales,
développant une sorte d’irresponsabilité
et d’immaturité qui les prive de toute
forme de «sensibilité pour les grands
devoirs historiques», selon l’expression
du philosophe anglais Christopher Lasch.
Plate-forme de reconquête de l’Europe et
de sa libération du joug nazi lors de la
2eme Guerre mondiale (1939-1945), le
Royaume Uni, en un retournement
tragique, se retrouve au terme de
quarante ans de cohabitation houleuse au
sein de l’Union européenne, au ban de
l’Europe.
Pitoyable épilogue d’un parcours
erratique généré par la médiocrité du
leadership européen, de la cécité de la
technostructure bruxelloise, sur fond de
récession économique, de xénophobie, de
gabegie, de démagogie et de populisme.
Le
«chaos constructeur» qu’il a voulu
imposer à ses anciens colonisés lui
revient en pleine figure, tel un
boomerang, sous forme d’un «K O
destructeur». Juste châtiment pour l’un
des grands responsables, au même titre
que la France et la Turquie, du chaos
généré par l’interventionnisme
frénétique néo-colonialiste européen
contre le Monde arabe, du phénomène
djihadiste qu’il a parrainé, et du flux
migratoire du sud de la Méditerranée
qu’il a généré vers l’Europe en crise
systémique ; l’élément déclencheur du
réflexe d’autodéfense
identitaire-sécuritaire et du vote
xénophobe en Europe.
À l’origine des grands maux du Monde
arabe, -la création du «Foyer National
Juif en Palestine», l’intronisation de
la dynastie wahhabite sur les Lieux
Saints de l’Islam (La Mecque et Médine)
et de la dynastie hachémite en Jordanie,
par ailleurs un des grands artisans de
la balkanisation du Monde arabe avec les
accords Sykes Picot (1916)-, le Royaume
Uni, juste retour des choses, subit à
son tour le spectre de sa décomposition
avec les tendances séparatistes en
Écosse et en Irlande du Nord.
Cent ans
après sa proclamation, la «Malédiction
de la Promesse Balfour» frappe le
Royaume Uni du fait de son machiavélisme
éhonté et de ses déboires répétitifs en
terre arabe dans la séquence du
«printemps arabe». Cent ans après, la
Grande Bretagne pourrait céder la place
à la petite Angleterre. Sic transit
Gloria Mundi.
Le
paradoxe français : Principale usine
occidentale à produire des terroristes
et principale victime du terrorisme
islamiste
Un
massacre à la tronçonneuse digne d’une
séquence du film de Quentin Tarantino :
Les principaux dirigeants français du
désastre de Syrie ont été projetés vers
les oubliettes de l’histoire, à
l’automne 2016. Tous d’un coup, dans un
magistral coup de pied populaire à leur
auguste postérieur : François Hollande,
Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Manuel
Valls, auparavant Laurent Fabius. Pour
solde de tout compte.
Engagée
dans une sarabande mortifère
-Toulouse-Montauban (2012), Charlie
Hebdo, Isère et Paris-Bataclan en 2015,
puis Nice et Saint Etienne du Rouvray,
banlieue de Rouen, en 2016, la France
s’est propulsée, paradoxalement, au rang
peu envieux de «principale usine
occidentale à produire des terroristes»,
selon l’expression du politologue
américain William McCants et de
principale victime du terrorisme
islamiste.
Unique
pays au Monde à avoir donné quitus à
l’organisation terroriste «Jabhat an
Nosra», qui «fait du bon travail en
Syrie», unique pays au Monde à avoir
décerné la Légion d’Honneur au prince
héritier d’un Royaume incubateur du
djihadisme takfiriste éradicateur, la
France, circonstance aggravante, est
aussi l’un des rares pays au Monde à
gratifier d’un poste envié le
responsable d’un des désastres majeurs
de son histoire contemporaine : Le
ronfleur des forums internationaux.
Promouvoir à l’un des postes les plus
prestigieux de la République, le Conseil
Constitutionnel, un homme passible de
poursuites pénales pour apologie du
terrorisme, donne la mesure de la
déflagration mentale de la nomenklatura
française, particulièrement la caste des
apparatchiks socialistes.
Sur fond
de somnolence sur son nouveau perchoir,
Laurent Fabius, le plus capé des
hiérarques socialistes, mais le plus
présomptueux aussi de tous les
protagonistes occidentaux, est désormais
à l’abri des séquelles de la
décomposition du Parti Socialiste dont
il aura été l’un des grands fossoyeurs.
Piètre consolation pour un parcours de
désolation. Un champ de ruines politique
et moral.
À défaut
d’éternité, faute d’immortalité, Laurent
Fabius aura droit à une postérité au
rabais, une postérité par défaut, sans
panache, par sa promotion abjecte du
djihadisme, donnant quitus à «Jabhat an
Nosra» de ses turpitudes. «Fanfan, le
fanfaron» traînera comme un boulet ses
fanfaronnades, comme la marque des
stigmates hideux des turpitudes de la
technostructure française et de la caste
politico-médiatique.
Dans ses
deux composantes néo gaulliste
atlantiste et socialo philo sioniste, la
France passera à la postérité comme l’un
des grands perdants de la campagne de
Syrie. Un désastre comparable par ses
effets à long terme à l’expédition de
Suez, en 1956, contre le chef de file
mythique du nationalisme arabe, Gamal
Abdel Nasser.
De
Charlie Hebdo, en janvier 2015, à Saint
Etienne du Rouvray, juillet 2016, le
terrorisme islamiste a fait 236 morts en
France en 18 mois.
Alain
Juppé, le rescapé français du naufrage
syrien, l’homme à qui Sergueï Lavrof,
ministre russe des Affaires étrangères,
a raccroché au nez le téléphone, terme
ultime d’une conversation houleuse,
pensait développer une approche moins
arrogante du conflit syrien, conséquence
de sa mésaventure avec son homologue
russe et des déboires de la France en
Syrie dont elle était son mandataire
colonial. Mais là aussi le couperet
tomba et la tête de Juppé roula.
Le 14
juillet 2015, l’accord international sur
le nucléaire iranien a achevé de
déconsidérer la France, particulièrement
son ministre des Affaires étrangères, le
petit télégraphiste des Israéliens dans
cette affaire. Le 14 juillet 2016, le
carnage de Nice dans le prolongement du
Bataclan et de Charlie Hebdo, a plongé
la France dans la stupéfaction et
discrédité durablement la politique
wahhabite de la France, substitut à sa
traditionnelle politique arabe. Au vu de
ces événements, «Bastille Day», sous
l’ère des néo conservateurs socialistes
français, paraît devoir exercer une
fonction traumatique dans l’imaginaire
français.
La
Turquie
Indice
prémonitoire ? Deux des plus grands
conjurés de Syrie, la France et la
Turquie, -ses anciens équarrisseurs-,
porteront les stigmates de la guerre,
symboliquement, le même jour à la
sixième année du conflit, la France,
avec le carnage de Nice du 14 juillet
2016 et la Turquie avec le coup d’état
anti-Erdogan, le lendemain.
Ployant
sous le souffle du boulet, Recep Tayyib
Erdogan a dû auparavant sacrifier deux
des plus proches collaborateurs,
-Abdullah Gûl et Ahmet Davutoglu-,
victimes de la boulimie du sultan
ottoman, alors que la Turquie, fer de
lance de la guerre contre la Syrie, est
désormais en proie à une guérilla
interne, victime à la fois de la
recrudescence de l’irrédentisme kurde et
des coups de butoir de Daech, leur
pupille vindicatif.
Le
contre-coup d’état d’Erdogan a débouché
sur le bilan suivant : 18. 000 personnes
placées en détention, parmi elles, 9.677
officiellement arrêtées et attendent de
passer en jugement et 50. 000 passeports
confisqués.
66.000 employés du secteur public, dont
43. 000 dans l’enseignement, ont été
limogés, une centaine d’établissements
scolaires fermés et les médias durement
muselés.
130
médias ont été interdits, 89 mandats
d’arrêts émis contre des journalistes.
45 journaux, 16 chaînes de télévision, 3
agences de presse, 15 magazines, 23
stations de radio et 29 maisons
d’édition fermés dans le pays.
Des journalistes compatissants ont même
été jusqu’à déplorer la solitude de la
Turquie face à son environnement
hostile, constitué, selon eux, d’une
brochette d’«états voyous», d’états sans
foi ni loi : la Russie, l’Iran, l’Irak
et la Syrie.
C’est
oublier un peu vite le statut privilégié
de la Turquie, membre de l’OTAN, unique
pays musulman d’ailleurs membre de
l’alliance atlantique et sa sentinelle
avancée sur le flanc sud de la Russie.
C’est occulter son partenariat
stratégique avec Israël, unique pays
musulman, là aussi, disposant d’un tel
statut, à tout le moins publiquement, de
même que son rôle de base arrière du
djihadisme planétaire dans la guerre de
Syrie.
L’impunité, enfin, dont elle jouit du
fait du génocide arménien ou encore sa
féroce répression des Kurdes de Turquie.
Machiavélique, manipulateur, un tantinet
démagogue, Reccep Tayyip Erdogan avait
inauguré son règne par une diplomatie
néo-ottomane se proposant d’aboutir à
«zéro problème» avec son voisinage
arabe. Au terme de treize ans de règne
sans partage, le nouveau Sultan se
retrouve avec «zéro ami» dans son
environnement hostile et une foultitude
de problèmes dans son homeland sur fond
d’irrédentisme kurde et de politique
vindicative de Da’ech, son ancien
pupille.
En
2015-2016, Istanbul et Ankara ont été
secouées par une série d’attentats qui
ont fait près de 300 morts, des
centaines de blessés et créé un climat
de forte insécurité. Depuis juin 2015,
la Turquie est régulièrement le théâtre
d’attentats terroristes meurtriers qui
ont tué au moins 200 personnes. Les deux
derniers en date ont visé Istanbul,
l’aéroport Atatürk, le 28 juin 2016,
puis six mois plus tard, la discothèque
Reina, le 1er janvier 2017, lors de la
soirée du nouvel an, faisant 39 tués,
dont 16 étrnagers et 69 blessés.
L’isolement de la Turquie a conduit
Erdogan a renoué dans des conditions
humiliantes avec Israël, sans la levée
du blocus de Gaza, fragilisant la
branche palestinienne des Frères
Musulmans, en accentuant le discrédit de
son chef politique Khaled Mecha’al,
placé, désormais, inéluctablement, sur
un siège éjectable.
L’Arabie saoudite : 30 attentats Da’ech
en 2015, soit un attentat tous les 12
jours
En tête
du palmarès morbide sur le plan arabe
figure l’Arabie saoudite, l’incubateur
du djihadisme salafiste et destructeur
du Monde arabe, avec trois morts sur le
tapis ainsi que la dilapidation du
patrimoine financier du Royaume en même
temps que la puissance économique arabe.
À la
trappe, le roi Abdallah, Saoud Al
Faysal, l’inamovible ministre saoudien
des Affaires étrangères pendant quarante
ans et tenant d’une ligne dure de la
diplomatie islamiste, enfin le Prince
Bandar Ben Sultan, le cappo di tutti
cappi du djihadisme planétaire, le grand
vaincu de la guerre de Syrie, en
traitement médical prolongé
s’apparentant à un meurtre politique
symbolique.
Le
royaume saoudien, lui, est embourbé dans
le marécage yéménite dans une guerre
dérivative à son combat contre son
pupille Daech, promu au rang d’ennemi
N°1 d’une bonne fraction de la planète,
dont il subit impitoyablement les coups
de butoir. 30 attentats rien qu’en 2015,
soit un attentat tous les douze jours.
Mieux,
la fin du Ramadan 2016 a été saluée par
trois attentats notamment contre le
consulat américain à Djaddah, le 4
juillet, le jour de la fête nationale
américaine, contre une mosquée chiite à
Qoteif, en zone chiite, ainsi que devant
un barrage de sécurité à proximité du
sanctuaire de La Mosquée du Prophète à
Médine, à l’heure de l’Iftar, le repas
quotidien qui marque la rupture du
jeune. Ces attentats qui ont fait 4
morts et 5 blessés sont intervenus à
quelques semaines du début du grand
pèlerinage annuel de La Mecque et
témoignent de la porosité des services
de sûreté saoudiens.
Le
Qatar : Waddah Khanfar (Palestine),
Youssef Al Qaradawi (Egypte) et Ahmad Al
Assir (Liban)
Deuxième
dans l’ordre des vaincus arabes, le peit
wahhabite, le Qatar, avec la démission
forcée sur ordre de leur parrain
américain des deux démiurges du
«printemps arabe», l’émir du Qatar,
Cheikh Khalifa Ben Hamad Al Thani, Air
and Field Marshall de la campagne de
Tripolitaine et de la Cyrénaique, et son
cousin et premier ministre, Cheikh Hamad
Ben (HBJ), le tandem qui se proposait de
faire de Bab-Amro, banlieue de Homs, en
Février 2012, le «Stalingrad du
Moyen-orient».
Dans la
même fournée des trappés de l’histoire,
le voltigeur en chef du Qatar, le
prédicateur de l’Otan, Cheikh Youssef Al
Qaradawi et le néo-islamiste Waddah
Khanfar, Directeur de la chaîne
«Al-Jazira», dégagé de son poste
aussitôt sa sale besogne accomplie pour
pantoufler au Conseil d’administration
de l’«Open Society» du milliardaire
George Soros.
Au
passif du Qatar aussi, le cheikh
salafiste libanais Ahmad Al Assir voué à
couper, depuis son faux fief de Saida,
le ravitaillement stratégique du
Hezbollah vers la zone frontalière
libano-israélienne.
L’homme
de paille du Qatar a été piteusement
intercepté à l’aéroport de Beyrouth
alors qu’il tentait d’échapper à la
justice vers le Nigeria, après avoir
tendu une embuscade à l’armée libanaise,
tuant lui et ses compagnons près de 30
soldats, soit autant que la totalité des
pertes de l’armée libanaise face à
Israël,en 70 ans d’hostilité.
La
Confrérie des Frères Musulmans
La
Confrérie des Frères Musulmans, le plus
ancien parti pan-arabe, qui échoue pour
la troisième fois de son histoire aux
portes du pouvoir, avec le dégagement
sans ménagement de Mohammad Morsi
(Égypte), au terme d’un an de pouvoir et
condamné depuis lors à la prison à vie.
Avec au
titre de dommage collatéral, la mise en
échec du duo tunisien Rached Ghannouchi
et Mouncef Marzouki, la caution laïque
d’un gouvernement néo islamiste ainsi
que le discrédit politique du chef
politique du Hamas, Khaled Mech’al, pour
son alignement sectaire sur la frange la
plus obscurantisme de l’Islam politique
et sa quête d’un refuge à Doha, à 30 km
de la plus importante base américaine du
Tiers monde la Base du Centcom.
L’imposture de Tawakol Karmane
L’offensive collective du pacte sunnite
de la contre-révolution arabe sous
l’égide de l’Arabie saoudite, en mars
2015, a révélé en outre l’imposture de
la passionaria de la révolution
yéménite, Tawakol Karmane, Prix Nobel de
la Paix, première femme arabe proche de
la confrérie des Frères Musulmans, à
bénéficier de cette distinction, cas
unique dans l’histoire du Monde.
Bénéficiaire des subsides de «National
Endowment For Democracy» dans les trois
ans qui ont précédé le «printemps
arabe», Tawakol est la sœur de Safa
Karmane, journaliste d’Al Jazira, le fer
de lance de la guerre médiatique des
Frères Musulmans pour la conquête du
pouvoir lors du «printemps arabe».
La
lauréate a en effet fait des offres de
service aux Saoudiens pour faire office
de «passerelle entre la jeunesse
saoudienne et le gouvernement de Riyad»,
sans la moindre objection sur le statut
des femmes en Arabie saoudite, l’un des
plus restrictifs de la planète ; sans la
moindre contrepartie concernant le
statut des femmes yéménites dont 57 %
sont des analphabètes, vivant sous la
loi patriarcale du mariage forcé.
L’opposition off shore syrienne
Grande
perdante de cette épreuve de force,
l’opposition syrienne off-shore, qui se
proposait sous impulsion occidentale
d’être la relève d’une «Syrie
démocratique, pluraliste et laïque», a
été phagocytée par l’inconsistance de
ses meneurs, leurs querelles d’ego, leur
cupidité et leur extrême servilité à
l’égard de leurs anciens colonisateurs.
Exit les
binationaux franco-syriens Bourhane
Ghalioune, le premier président de la
coalition islamo-atlantiste de
l’opposition syrienne et sa
porte-parole, Basma Kodmani, de même que
bon nombre de dirigeants de l’Armée
Syrienne Libre (ASL) notamment Abdel
Kader Tlass de la brigade Farouk à la
réputation sulfureuse, Ryad Al Assaad et
Souheil Idriss
Malgré
le budget de propagande de près de 4
millions de dollars alloué par le
ministère britannique de la défense pour
bonifier depuis la Turquie l’image des
djihadistes via «Innovative
Communications and Strategies, Inco
str».
Malgré
les colossaux contrats d’armement
consentis par les pétromonarchies
attribués à la France pour acheter sa
consciente et accréditer l’image que les
zombies criminogènes de la branche
syrienne d’Al Qaida «Jabhat An Nosra»
étaient éminemment fréquentables.
Qu’un
universitaire français, par ailleurs
auteur du «Malaise arabe», Bourhane
Ghalioune, parachuté par la France à la
tête de l’opposition off shore syrienne,
fasse joujou, aux premiers jours du
soulèvement anti-assad, avec un fusil
mitrailleur, en compagnie du
porte-parole d’un groupement djihadiste
terroriste en Syrie, Mohammad Al
Adanani, résume à lui seul la
mystification occidentale et l’imposture
des révolutionnaires du «printemps
arabe» en Syrie.
Le
dévoiement des figures de proue de la
contestation progressiste arabe : Michel
Kilo et Azmi Bishara
Deux
figures de proue de la contestation
progressiste arabe, Michel Kilo, ancien
prisonnier politique en Syrie et Azmi
Bishara, ancien député palestinien du
parlement israélien, tous deux anciens
communistes, ont opéré une reconversion
spectaculaire faisant allégeance au Roi
Dollar et aux vertus lubrifiantes des
pétro-dollars.
Icône
défraîchie de l’opposition syrienne,
Michel Kilo, l’ancien pensionnaire des
geôles du pouvoir baasiste mutera en
commensal du prince Bandar, avant la
carbonisation de l’ancien chef du
djihadisme planétaire.
Membre
de la Knesset (1996-2007), Azmi Bishara,
issu d’une famille chrétienne
palestinienne, membre fondateur du parti
BALAD- farouche défenseur de la laïcité
par opposition au concept d’«État juif»-
se ralliera, lui, à la frange la plus
obscurantiste de l’Islam, l’Islam
wahhabite.
Azmi
Bishara se fourvoiera en public, en
direct, depuis les écrans de la chaîne
du Qatar Al Jazira, en suggérant au
présentateur du journal, hors antenne
mais micros ouverts, de négliger les
troubles de Jordanie, à l’époque
violents, pour se focaliser sur la
Syrie, exclusivement sur la Syrie, «aux
événements prometteurs», avait-il prédit
depuis son exil pétrodollarisé de Doha.
Boudé
désormais par l’intelligentzia arabe,
Azmi Bishara s’est replié sur son
nouveau fief, pays le plus antinomique
de la laïcité qu’il préconisait contre
Israël, pour diriger le nouveau
porte-voix de la principauté, le journal
«The New Arab» (Les Nouveaux Arabes),
qu’il souhaite façonner sans doute à son
image : Reptile et Servile.
Autre
dommage collatéral : La chaîne Al Jazira
passée en trois mois du rôle
prescripteur de l’hémisphère sud au
lanceur d’alerte des menées atlantistes
contre le Monde arabe. Avec à la clé le
licenciement de 1.200 de ses employés.
Du côté
djihadiste, Ad Patres, 10 des figures de
proue de la nébuleuse :
- Zohrane Alllouche, chef de Jaych
Al Islam, tué dans un raid de
l’aviation syrienne le 25 décembre
2015
- Hassan Abboud, (Abou Abdallah Al
Hamaoui), fondateur d’Ahrar Al Cham
(les Hommes Libres du Levant), dont
le mouvement a été décapité avec
l’élimination de 40 de ses
dirigeants lors d’un ténébreux
attentat à l’automne 2014
- Omar Al Shishani, le responsable
militaire de Daech
- Djamil Raadoun, chef du Soukour
Al Ghab (Les Faucons de la Forêt),
assassiné en Turquie même, l’autre
parrain du djihadisme salafiste.
- Abdel Rahman Kaddouli (de son
nom de guerre Hjaji Imam), N°2 de
Daech et son ministre des finances,
tué par un raid aérien américain en
Irak le 25 mars 2016.
- Abou Hayjja Al Tounsi, dirigeant
militaire de Daech, tué le 31 mars
2016, par un drone américian à Raqqa
(Syrie)
- Abou Firas Al Soury (de son vrai
nom Radwane Al Nammous),
porte-parole d’Al Nosra
- Deux dirigeants de premier plan
de Daech : Abou Mohammed Al-Adnani
et Waêl Adil Hassan Salman Fayad.
Seul Syrien au sein de la direction
de Daech, Al-Adnani, né en 1977 dans
la province d’Idlib, était considéré
comme le «ministre des attentats» du
groupe et le chef de ses opérations
extérieures. Vétéran du djihad et
porte-parole du groupement
terroriste, Taha Sobhi Fallaha (de
son vai nom) a été tué dans un raid
aérien visant la ville d’Al Bab, le
dernier bastion de l’EI dans la
région d’Alep, le 30 août 2016.
Quant à Waêl Adil Hassan Salman
Fayad, ministre de l’Information du
groupe Etat islamique, il a été tué
dans un bombardement aérien de la
coalition anti djihadiste le 7
septembre près de Raqqa en Syrie,
soit une semaine après son compère
Al Adnani.
Enfin,
les chefs du «Front du Fatah Al Cham»,
la nouvelle mouture de Jabhat An Nosra
:-Abou Omar Saraqeb, chef militaire de
ce groupement et son adjoint Abou
Mouslam Al Chami, mi septembre 2016,
tués dans leur PC alors qu’ils
préparaient un plan de reconquête
d’Alep. Alors qu’il était à la tête de
Jabhat An Nosra, Abou Omar Saraqeb avait
conquis au début de la guerre Idlib et
Jisr Al Choughour.
Liban
Wissam
Al Hassan, la dague sécuritaire du
dispositif saoudo américain au
Moyen-Orient, chef de la section des
informations des Forces de Sécurité
Intérieures Libanaises du Liban et
chouchou des Français, a lui aussi, été
carbonisé, à la manière de son mentor
Rafic Hariri, dans un attentat le 19
octobre 2012, dans ce qui apparaît comme
une réplique contre le dynamitage du
Quartier Général syrien commis quatre
mois plus tôt à Damas.
Son
patron Saad Hariri, le planqué de
Beyrouth, a été, lui, caramélisé par sa
gestion hasardeuse du patrimoine
familial. Et son empire médiatique
ébranlé, notamment son fleuron européen,
Radio Orient, en état de quasi faillite.
Sous
l’impulsion de Saad Hariri, la
criminalisation du Hezbollah :
À l’instigation de Saad Hariri, furieux
d’avoir été débarqué sans ménagement de
son poste de premier ministre, des
parlementaires américains d’origine
libanaise, -Nick Rahhal, Charles
Boustany et Darrel Issa- ont entrepris
de criminaliser le Hezbollah, en 2011,
par l’adoption par le congrès du HATA
(Hezbollah Accountability Act), sur le
modèle de la Syrian Accountability Act,
adopté, lui, neuf ans plus tôt.
Deux textes législatifs américains
adoptés dans le vain espoir de faire
pression sur la formation chiite et son
allié syrien en vue de les contraindre à
souscrire à son retour au pouvoir à
Beyrouth et se conformer à l’ordre
saoudo américain.
Intervenu près d’un an avant la mise sur
pied de la coalition de l’opposition
syrienne off-shore, sous la houlette
franco turque, la pression diplomatique
du clan Hariri a été aiguillonnée
notamment par un autre parlementaire
américano-libanais, proche du lobby
sioniste aux États-Unis, Anthony Nicy
ainsi que par Walid Farès, ancien cadre
dirigeant des milices chrétiennes
libanaises durant la guerre civile
libanaise (1975-1990) et recyclé aux
États-Unis en tant que conseiller auprès
de la commission de la lutte
anti-terroriste au sein du sénat
américain et conseiller diplomatique de
Donald Trump. (Cf. Le journal libanais
Al Akhbar en date 24 juin 2011)
Mais six
ans après le déclenchement de la guerre
de Syrie, Saad Hariri paraît abandonné
par ses protecteurs saoudiens, en état
de quasi faillite, déconsidéré auprès de
ses électeurs, alors que le Royaume
saoudien ploie sous la menace d’une arme
de destruction massive la Loi Jasta
votée par le Congrès américain ouvrant
la voie à des poursuites contre l’Arabie
pour sa responsabilité présumé dans le
raid taliban contre les symboles de l’hyperpuissance
américaine (11 septembre 2001) et dont
les indemnités compensatoires sont
estimées à trois trillions de dollars.
Buvant
la coupe jusqu’à la lie, l’ancien de
file du camp saoudo américain au Liban a
dû ployer sous les fourches caudines de
son rival, le Hezbollah, souscrivant à
l’élection du candidat du parti chiite à
la présidence libanaise, Le général
Michel Aoun, signant par là même un
revers diplomatique majeur de ses
anciens parrains saoudiens, au delà de
leurs mentors communs, les pays
occidentaux.
De quoi vous ôter l’envie de mener
une dolce vita tapageuse sur la Riviera
française.
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