Vu du Droit
Crise sociale, la méthode Macron :
répression, pourrissement et provocation
Mathieu Morel
Ceci est
une fake photo…
Lundi 18 mars 2019
Bien sûr, personne
ne peut raisonnablement dire que les
réponses politiques – les seules qui
vaillent, pourtant – sont faciles à
trouver. Encore faudrait-il au moins se
donner la peine de les chercher. Encore
faudrait-il… faire de la politique. Le pouvoir – c’est
décidément sa méthode constante – a
parié sur le pourrissement et la
provocation. Nous savions depuis trois
ou quatre décennies dans quel mépris il
tenait le peuple. En plaçant ce forcené
à sa tête au moment précis où tout
commençait à flamber, il y a ajouté
l’insulte. Ne nous payons plus de mots :
il a clairement fait le choix de
l’affrontement, et la perspective d’une
guerre civile ne l’effraie plus, lui.
Par des provocations incessantes, par
des inconséquences plus ou moins
fortuites (comment peut-on sérieusement
interpréter une crâneuse sortie au ski
sous l’objectif flagorneur des
photographes alors qu’on sait que Paris
va être sous tension ?), en ajoutant
l’insulte à l’arrogance, en laissant
opportunément casser les professionnels
de la casse tandis qu’il poursuivait
assidûment (et indûment) ceux qui ne
présentaient pas un grand danger. Bref :
rien n’a manqué pour que la contestation
dégénère.
Voilà des décennies
que cette caste a pris en otage la
démocratie et la république. Ils se
donnent d’ailleurs de moins en moins de
mal pour en sauver les apparences.
Qu’ils se rassurent, la quille arrive,
ça sera bientôt tout à fait superflu :
les braves gens vont réclamer
« spontanément » – les journaux
télévisés nous y préparent à petit feu –
une bonne dictature autoritaire (« mais
progressiste », bien entendu) pour que
règne enfin l’ordre et que cesse la
peur. Notre Jupiter pourra faire son 2
décembre sous les hourras comme d’autres
ont fait leur 10 juillet. Il n’y a pas
de débat démocratique avec ces gens-là :
même ce qu’ils vendent en grande pompe
comme « grand débat » n’est qu’une
nouvelle forme de campagne électorale
larvée au service du chef de parti
Macron : une escroquerie intellectuelle,
un exercice de propagande dans la plus
pure tradition. Là encore, toutes les
règles élémentaires de nos démocraties,
aussi imparfaites soient-elles, sont
pulvérisées, piétinées chaque jour dans
l’indifférence générale et avec la
bénédiction gluante d’une corporation
médiatique qui devra un jour aussi
rendre des comptes.
La situation est
pourrie. Le jeu est cassé, après avoir
été soigneusement pipé par ceux-là mêmes
qui étaient censés en garantir le bon,
juste et loyal fonctionnement. Et l’on
voudrait que des bougres hétéroclites,
qu’on a méticuleusement déboussolés,
trahis, trompés depuis des décennies,
trouvent tout de suite, en harmonie, la
bonne méthode, la juste manière pour
remettre tout ça d’aplomb ? Mais il n’y
a pas de « bonne méthode ».
L’insurrection n’est JAMAIS une bonne
méthode. Malheureusement, il arrive
parfois que ce soit la seule qui leur
reste.
C’est d’ailleurs pour l’éviter qu’on a
inventé laborieusement des organisations
politiques censées garantir une certaine
justice – ou du moins amortir de trop
criantes iniquités. Ce sont décidément
ces gens-là qui ont perdu tout sens de
la mesure.
Il faut se méfier
autant des fanatismes que des tiédeurs
(ça finit d’ailleurs souvent dans le
même camp). Il est à craindre qu’on ne
sorte pas de ce foutoir, de 40 ans de
mensonges, d’humiliations et
d’escroqueries, sans casse, sans
dommage, sans quelques victimes
innocentes – du reste, combien en
ont-ils fait, eux, de victimes
innocentes, avec leurs politiques
faillies et obstinées ? Ou alors
acceptons notre sort : laissons-nous
piétiner chaque jour un peu plus par une
poignée de vendus capricieux, vains et
goguenards qui se goinfrent à nos frais
en nous expliquant avec morgue que c’est
ça, le réalisme et le progrès.
Lorsque, il y a 80 ans, la République a
été congédiée par quelques roublards de
sinistre mémoire, il a fallu un peu plus
que des « manifestations dûment
déclarées » et « bon enfant » pour les
déloger. Il a sûrement fallu perturber
le confort de bien des braves gens qui
n’étaient « ni pour ni contre », qui se
demandaient si c’était bien la meilleure
méthode, si c’était tactiquement
opportun, si les saboteurs de ponts et
de voies ferrées ne risquaient pas de
desservir leur cause. Aujourd’hui, c’est
plus ou moins la même famille, la même
oligarchie, le même parti qui est à
l’œuvre. Il suffit d’ailleurs de voir
avec quel zèle, avec quelle gourmandise
ils s’emploient à répéter que « Vichy
c’est la France », ce qui constitue au
mieux un contresens, au pire un aveu.
Vichy n’a jamais « été la France » que
pour les esprits vichystes, et c’est
précisément à ceux qui ne s’y
résignaient pas que l’Histoire,
jusqu’ici, avait donné raison. Ils ont
juste compris que plutôt que congédier
brutalement la République, à laquelle
les Français sont attachés malgré tout
et même sans toujours en maîtriser
exactement tous les contours, il valait
mieux la vider de sa substance, la
rendre inopérante mais continuer à s’en
réclamer.
Ceux qui cherchent
à « tuer la République », ce sont
d’abord Macron, ses mentors, ses sbires
et ses mécènes.
En démocratie, on veut bien être bon
perdant face à des adversaires un tant
soit peu loyaux. Face à des ennemis, il
n’y a aucune loyauté à attendre. A
chacune de leurs victoires, à chacune de
nos faiblesses, c’est un peu de nous
qu’on leur donne. Pour qu’ils nous le
revendent ensuite, mais dans quel état ?
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