Vu du Droit
Gilets jaunes : cette soif de République
Ambroise de Rancourt

Jeudi 6 décembre 2018
C’est un bien curieux dilemme auquel
nous sommes confrontés depuis quelques
semaines : il nous faudrait, soit
accepter aveuglément la fragile
légitimité d’un président de la
République élu par hasard, et applaudir
sans broncher chacune de ses décisions
au nom du respect des principes
démocratiques et républicains ; soit
nous ranger du côté des partisans du
désordre, des casseurs, des ennemis de
l’Etat de droit – cette si creuse
formule dont nul ne sait exactement à
quel imaginaire politico-historique elle
renvoie, et qui est si souvent mobilisée
pour contourner, l’air de rien, les
aspirations populaires. Alors même qu’il
devient de plus en plus manifeste que
les artisans du désordre ne sont pas
ceux qui manifestent dans nos rues, de
façon plus ou moins pacifique, mais ceux
qui occupent en toute légalité les
bâtiments publics.
Des élites aveugles et sourdes
De fait, il est
chaque jour plus fascinant d’observer à
quel point nos élites politiques sont
promptes à mobiliser le vieux concept de
légitimité démocratique au gré de leurs
intérêts du moment : les référendums
français de 2005, ou grec de 2015,
pourtant sans appel et engageant tous
deux au plus haut point l’intérêt
national des pays concernés, n’ont pas
bénéficié de la même présomption de
sacralité, balayés qu’ils furent pour
les beaux yeux de la technocratie
bruxelloise, que l’élection d’Emmanuel
Macron au printemps 2017. Et d’ailleurs,
tout rappel, même poli, du déficit de
légitimité du président actuel vous
range, c’est simple, du côté des
populistes, de ceux qui n’aiment pas
la démocratie. Pourtant, qu’on en juge :
deuxième plus fort taux d’abstention au
second tour de la présidentielle depuis
1958 ; un président désigné par
seulement 44% des inscrits ; près de la
moitié de ces mêmes électeurs confessant
un choix motivé par le refus de Marine
Le Pen, et seulement 16% pour son
programme. Qu’y a-t-il de populiste,
quel symptôme d’un manque d’amour
suspect pour la démocratie peut-on voir
dans le fait de souligner que nul ne
peut gouverner un pays sans égard pour
l’intensité, plus ou moins forte, de
l’élan populaire qui l’a porté à sa tête
? Et pourtant, ces raisonnements sont
désormais relégués au rang du tabou
suprême ; injonction nous est faite de
traiter ce triste mariage arrangé comme
s’il s’agissait d’une somptueuse
histoire d’amour, et de considérer
l’héritier croulant sous le patrimoine
dont le hasard l’a doté comme un génial
entrepreneur récoltant les fruits
mérités de son dur labeur.
Cet impensé
originel du macronisme – le refus de
prendre acte d’un si criant déficit
d’amour du peuple pour ce chef-là – est
une pièce essentielle de la mécanique
ayant abouti au mouvement des Gilets
jaunes. Car tout l’édifice du pouvoir
actuel est bâti sur une posture
gaullienne de pacotille : Emmanuel
Macron serait le jeune et brillant
sauveur d’un pays qui n’attendait qu’un
salutaire élan de dynamisme et de
modernité. Avec l’objectif implicite,
naturellement, de rejoindre enfin une
compétition économique mondiale effrénée
dont il se refusait obstinément, depuis
plusieurs décennies, à rejoindre le
manège infernal. Or, d’une part le
peuple n’a jamais formulé ce voeu, il a
exprimé son refus de Marine Le Pen ;
d’autre part, et contrairement à ce que
ce pouvoir semblait penser, l’onction du
suffrage universel n’est pas un
passe-droit permettant de s’asseoir sur
des siècles d’histoire, sur le rapport
d’un peuple à la justice sociale et
fiscale, ou sur son intolérance
viscérale à l’iniquité et à l’arrogance
du parvenu récompensant ses
facilitateurs une fois sa position
acquise. Le rêve mondialiste d’une
homogénéisation totale des comportements
et des réflexes sociaux est en train de
s’effondrer ; la planète entière l’a
compris. Seul, un petit village
d’irréductibles naïfs continue
courageusement, à Paris, à résister à
cette nouvelle maladie – la métaphore
pourrait être prolongée s’agissant des
délirantes et solitaires ambitions
européennes du gouvernement.
Pourquoi cette
révolte ? C’est pourtant simple
Mais revenons au
sujet des Gilets jaunes à proprement
parler. Nul besoin d’une intelligence
supérieure pour comprendre les
raisons fiscales de cette révolte
populaire : jamais sous la Ve
République, jamais, de tels cadeaux
n’avaient été faits à une si infime
partie de la population. Rappelons-le
ici encore, clairement : quatre
milliards d’ISF rendus ; cinq milliards
avec la flat tax sur le capital
(au bas mot : à moyen terme, ce pourrait
être le double, voire plus,
selon plusieurs économistes spécialistes
de la fiscalité du patrimoine) ;
quant à la défunte exit tax,
Bercy estime qu’elle entraînera un
manque à gagner total, pour les finances
publiques, de six milliards. Restons-en
aux taxes dont le produit est annualisé,
l’ISF et la flat tax : neuf
milliards, chaque année. C’est le budget
du ministère de la Justice. Un rapport
Solidaires-Finances publiques de
cette année a fait le calcul : 86’000
euros seront rendus chaque année aux
0,1% des contribuables les plus aisés de
France, du seul fait de la flat tax,
au cours du quinquennat ; quant aux
quatre milliards d’ISF rendus aux
anciens contribuables qui le versaient,
ils sont concentrés sur 330’000
personnes, soit la population
approximative de la ville de Nice. Et
pendant ce temps, le Smic augmentera
péniblement de 400€ par an pendant d’ici
à 2022. Moins de quarante euros de gain
mensuel pour les deux millions de
personnes le touchant – et on ne parle
même pas des salariés à temps partiel,
des femmes la majorité du temps, pour
qui le bénéfice sera encore moins
significatif. Or, c’est à ces gens-là
que l’on voudrait, justement,
ponctionner deux milliards
supplémentaires de taxe carbone en 2019,
après leur avoir fait porter le même
fardeau en 2018 (2,4Md€) ! Selon l’OFCE,
c’est simple : les mesures fiscales
décidées par Emmanuel Macron aboutiront
de fait à une diminution du niveau de
vie de l’ensemble de la population,
sauf…pour les 5% les plus riches,
qui verront le leur augmenter de 1,6%.
Qu’il est facile,
dans un tel contexte, de dresser le
portrait d’une France renvoyée selon les
jours à l’ultra-droite ou à l’ultra-gauche
– il faut croire que l’adjectif
extrême n’était plus assez fort pour
refléter la dangerosité de ce populo
sanguinaire. Et les bardes habituels de
l’ordre établi – Bernard-Henri Lévy en
tête, comme de juste – de sommer nos
Gilets jaunes de dire “et
vite, s’ils sont républicains”.
Naïvement, on serait tenté de poser
la même question, non pas au peuple qui
se révolte face à l’iniquité fiscale et
à la mascarade du détournement des
moyens de l’Etat, mais à Emmanuel Macron
: êtes-vous républicain, M. le Président
? Croyez-vous réellement faire le bien
de votre pays en vous attaquant
inlassablement à ses classes laborieuses
et en accablant de largesses, au-delà de
ses plus folles espérances, sa minorité
la plus favorisée ? Ou êtes-vous
sciemment en train de détruire le
consentement à l’impôt du peuple en lui
faisant, volontairement, porter un poids
trop lourd pour lui, afin de justifier
ultérieurement un désengagement de
l’Etat de secteurs dont vous nous
expliquerez alors doctement qu’il est
urgent de les confier à la sphère privée
pour “réduire le poids de la dépense
publique” ? Au hasard :
l’assurance-maladie ? Les retraites ? La
question mérite d’être posée. Notre pays
est en effet enfermé dans une mécanique
impitoyable, qui est celle de l’Union
européenne, c’est-à-dire une logique de
déflation salariale infinie, visant à
garantir la compétitivité de nos
produits à l’exportation – un objectif
rendu inatteignable par la mise en
commun de notre monnaie avec, notamment,
l’Allemagne. Et il serait évidemment
bienvenu, dans ce cadre auquel notre
Président est plus que dévoué, de briser
le lien entre les cotisations sociales
prélevées sur les salaires – ces enfants
gâtés de Français coûtent trop cher ! –
et la protection que nous estimons,
depuis 1945, devoir à nos concitoyens.
Alors, chiche : pour aller au bout de
cette logique et justifier un
désengagement de l’Etat, quoi de plus
efficace que de semer soi-même les
germes d’un ras-le-bol fiscal généralisé
? Mais balayons ce scénario un brin tiré
par les cheveux : la vérité est sans
doute plus simple, ce qui est à la fois
rassurant et navrant.
En réalité, il
semble plus probable que le modèle
économique et social pour lequel
Emmanuel Macron a été formaté, en bon
premier de la classe, au début des
années 2000 (c’était hier, mais
économiquement, c’était il y a un
siècle, tant les séquelles du cataclysme
de 2008 sont encore profondes), soit
toujours celui dans lequel il se
complaît aujourd’hui, aveuglément, dans
une sorte d’autisme autosatisfait et sûr
de son intelligence. C’est à peu près
dans cet état d’esprit que devait se
trouver Maurice Gamelin en février 1940
: la réalité nous indique que notre
logiciel stratégique est périmé ? Peu
importe ! Ce logiciel ne peut être
qu’excellent : il a été conçu par de
brillants esprits. Arrogance toute
technocratique de celui qui croit que le
modèle qu’on lui a enseigné avec
obstination, dans une logique religieuse
– l’économie de marché dérégulée, les
bienfaits sans limites du libre-échange,
la religion du nécessaire
désengagement de l’Etat, qui ne
serait plus là que pour combler les
défaillances de marché – est
indépassable. Et tant pis si le reste du
monde est en train de sortir avec fracas
du paradigme de la dérégulation
heureuse, et de redécouvrir avec
étonnement que la capacité d’une
économie à produire des biens
industriels, qu’ils soient ou non moins
chers que ceux conçus en Chine, en Inde
ou au Bangladesh, comporte un intérêt et
des à-côtés suffisamment importants pour
que la question d’un protectionnisme
ciblé et sur-mesure doive être posée.
Autant dire que, dans le cadre européen,
d’un libre-échangisme béat dont le
dogmatisme confine au fanatisme
religieux, il est inconcevable, et donc
impossible, de mettre en oeuvre des
politiques de sauvegarde de l’intérêt
économique national. À commencer par le
fait de recouvrer une monnaie dont le
niveau serait adapté aux produits que
nous sommes en mesure d’exporter, et une
souveraineté budgétaire nous permettant
de mener les investissements publics
d’avenir dont nous avons cruellement
besoin pour assurer l’indépendance de
notre pays, son niveau de vie, et la
protection de ses citoyens. Il faut
lire, avec attention, la production des
Conseils et
Directions qui rédigent depuis
des années de brillantes notes à
destination de l’exécutif français :
voilà plus de dix ans que ces
différentes instances déplorent le
niveau excessif de l’euro pour
l’économie française, appellent une
refonte totale (comme
les auteurs du programme économique
d’Emmanuel Macron eux-mêmes,
depuis peu) des critères budgétaires
européens qui étouffent, de facto, les
pays souffrant déjà d’un euro trop fort
pour eux. Pour qui connaît quelques
hauts fonctionnaires, il est frappant de
constater la colère, voire parfois la
rage qui habite nombre d’entre eux face
au dogmatisme européiste de dirigeants
élus auxquels ils expliquent depuis des
années, chiffres à l’appui, qu’ils sont
en train de mener le pays dans une
dramatique impasse, ignorant leurs
appels, par amour pour un idéal
fédéraliste dépassé qu’ils sont les
seuls à appeler de leurs voeux. Quel
étrange église que celle où les
cardinaux n’écoutent plus les doléances
que les curés de campagne et les évêques
leur font parvenir, et décident des
évolutions du dogme et de la liturgie
selon leurs seules fantaisies, sans plus
se soucier de l’avis des ouailles que de
l’état du moral du bas-clergé.
L’impérieux devoir
de désobéissance
D’où la question
suivante : jusqu’à quand ce clergé,
justement, acceptera-t-il de suivre
aveuglément les ordres des prélats et du
souverain pontife ? Les cas de
désobéissance de fonctionnaires
s’enchaînent à un rythme effréné : ici,
les pompiers tournent le dos au préfet
et le laissent seul en pleine fête
de la Sainte-Barbe ; là, les CRS
fraternisent silencieusement
avec les manifestants entonnant la
Marseillaise ; les préfets alertent
l’exécutif en parlant de “situation
explosive et quasi insurrectionnelle”
; des collectifs de policiers appellent
leurs collègues
à enfiler un gilet jaune, voire
à
se mettre en grève samedi prochain.
Il fallait voir les visages hébétés,
incrédules, d’Edouard Philippe et de
Christophe Castaner, au soir du 1er
décembre, lors du discours du Premier
ministre devant les forces de l’ordre ;
on sentait leur inquiétude, leur
angoisse. Car ce sont ces
fonctionnaires, policiers, pompiers,
préfets, qui incarnent l’Etat dans le
coeur de ses missions ; et ce sont eux
qui, premier et dernier rempart
républicain, perçoivent le plus
directement, dans leur chair, la
violence et parfois la légitimité de la
colère du peuple qu’ils voient en face
d’eux. Ce sont ces préfets qui assistent
depuis des années au délitement organisé
de la souveraineté nationale et aux
absurdités de la décentralisation, et
exécutent avec loyauté des ordres avec
lesquels ils sont de plus en plus
souvent en désaccord ; ce sont ces
pompiers qui subissent depuis des années
la dégradation de leurs conditions de
travail et d’intervention ; ce sont ces
policiers qui, eux-mêmes, connaissent la
paupérisation, les suicides, la peur au
ventre, à qui l’on demande aujourd’hui
de distribuer des coups de matraque à
des représentants du peuple dont les
intérêts objectifs et les revendications
ressemblent furieusement aux leurs.
Voilà qui est explosif : lorsque le
conflit entre devoir d’obéissance du
fonctionnaire à sa hiérarchie, d’une
part, et sentiment insupportable,
d’autre part, d’être l’instrument et le
complice d’une injustice organisée par
le politique et perçue à bien des égards
comme un détournement de pouvoir,
devient insupportable. Quand les ordres,
ceux du politique, ceux de la
hiérarchie, vont si ouvertement à
l’encontre de l’Ordre, public, social,
républicain, c’est la République
elle-même qui se rappelle au bon
souvenir de ceux qui en ont pris la tête
et se sont employés à en faire
l’instrument de volontés manifestement
bien différentes de celles des citoyens.
Et ce sont, comme aujourd’hui, les
serviteurs de l’Etat eux-mêmes qui
finissent par ressentir un
devoir de désobéissance, faisant
primer leur conception viscérale de
l’intérêt public sur le strict respect
de la légalité.
Où est l’ordre, et
qui sont les réels fauteurs de désordre
dans ce pays ? Voilà la question qui
nous brûle les lèvres, à tous.
Devons-nous accepter que notre
organisation économique ne devienne
qu’une déclinaison sans âme des modèles
prônés –
avec une impressionnante persévérance
dans l’erreur – par les apôtres
de la mondialisation infinie, plutôt que
d’inventer nous-mêmes les instruments de
notre souveraineté ? Devons-nous
accepter que notre ordre social ne doive
plus répondre qu’aux critères de
l’ordo-libéralisme aveugle qui plane
aujourd’hui sur l’Europe, et renie ses
particularités historiques plutôt que de
leur donner une viabilité nouvelle, en
inventant de nouveaux instruments
permettant de les pérenniser ? Nos
fonctionnaires doivent-ils, et surtout
peuvent-ils indéfiniment accepter
d’être les instruments de la mise au pas
d’une société à laquelle ils
appartiennent, dont ils sont les organes
vivants, et non de simples instruments
chirurgicaux chargés d’amputer et de
saigner là où on leur dira de le faire ?
Le peuple français lui-même peut-il
accepter de se laisser déposséder de sa
volonté politique propre, et consentir à
toutes les iniquités qu’on voudrait lui
imposer ? Depuis plusieurs semaines, il
nous répond sans ambiguïté par la
négative. Des semaines au cours
desquelles on a pu assister à une
débauche d’injures, de mépris, de procès
en dangerosité pour la démocratie,
d’accusations de néo-fascisme ; ces
derniers jours, encore, on pouvait lire,
dans
une tribune surréaliste parue dans Le
Figaro et signée par Jean-Robert
Pitte : “La vacuité de la plupart des
revendications des gilets jaunes, plus
ou moins approuvées par une large
majorité de Français, repose sur une
vision exclusivement matérialiste de la
condition humaine”. En bon français
: ces imbéciles pourraient se tourner
vers la philosophie et la pratique d’un
instrument de musique plutôt que de
réclamer, avec tant de vulgarité, de
futiles garanties pour leur sale
subsistance.
Se saisir à nouveau
de son destin
Oui, l’élection
d’Emmanuel Macron a débouché sur une
mise en danger sans précédent du pacte
social français, au nom d’intérêts qui
n’ont rien à voir avec ceux de la
majorité du peuple ; et la mobilisation
des Gilets jaunes en est la
démonstration. Non, ce mouvement, fût-il
violent, n’est pas une menace pour la
démocratie française, mais exprime au
contraire une demande d’ordre social et
fiscal juste, garanti par un Etat
vraiment impartial et au service de
la Nation – et en cela,
le fantasme d’une convergence
entre ces partisans d’un ordre juste et
ceux qui haïssent la France et son État,
relève de l’erreur politique la plus
crasse. Oui, les différentes tribunes,
les cris et injures des
Romain Goupil, des
Daniel Cohn-Bendit, des
Eric Le Boucher, ont un parfum
de panique, celle d’élites
autoproclamées ayant perdu depuis de
longues années le sens de l’intérêt de
leur pays au profit d’un rêve
post-national dont elles refusent de
constater l’état de mort clinique ; des
élites dont le plus emblématique
représentant est aujourd’hui locataire
de l’Elysée, passager clandestin
bunkerisé de la République française.
Oui, en se révoltant de cette façon, le
peuple s’insurge, consciemment ou non,
contre la soumission de ses propres
dirigeants à des autorités et normes
supranationales – le FMI, la Commission,
les règles budgétaires européennes -,
devenues elles-mêmes les porte-voix des
gagnants de la mondialisation, et dont
notre actuel président est l’ambassadeur
zélé. Comme si, au pouvoir temporel des
dirigeants nationaux démocratiquement
élus par les citoyens, s’était désormais
superposé un pouvoir supranational, en
rien démocratique, et s’imposant à lui
par une sorte d’autorité divine. Un
pouvoir qui concurrence et contraint
aujourd’hui les décisions des dirigeants
nationaux comme, hier, le Saint-Siège
tentait d’affaiblir l’autorité royale.
Les démocraties
occidentales sont aujourd’hui le théâtre
d’une formidable lutte d’influence entre
une souveraineté démocratique nationale
présentée comme irraisonnée, toxique et
dépassée, populiste, et un
logiciel post-national finissant qui
voudrait encore nous dicter, dans ses
derniers spasmes, d’ultimes
prescriptions – en l’occurrence,
schématiquement : faire payer la
transition écologique au bas peuple, et
alléger la facture fiscale des couches
supérieures. Il est difficile, dans ces
conditions, de ne pas se réjouir en
voyant les citoyens se saisir, de
nouveau, de leur destin, et contraindre
leurs dirigeants à entendre enfin la
soif de justice et de souveraineté
qu’ils expriment dans les rues de leur
pays. Rien ne serait plus dangereux,
plus irresponsable, que d’ignorer ou de
sous-estimer l’ampleur de cette soif de
République.
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