Palestine
La Palestine à la croisée des
chemins
Ramzy Baroud
A
Palestinian boy takes part in a protest
marking the anniversary of Nakba
in Gaza on May 15, 2014 [File Photo:
Mohammed Salem/Reuters]
Samedi 3 février 2018
Ramzy Baroud –
« Il est grand temps pour un nouveau
départ ».
La décision du
président américain Donald Trump de
reconnaître Jérusalem comme capitale
d’Israël n’était pas une surprise pour
la grande majorité des Palestiniens, car
le soutien politique, financier et
militaire d’Israël par les États-Unis
sont plus anciens que l’occupation
israélienne de la Palestine. La décision
de Trump, cependant, a mis en évidence
de façon définitive que le prétendu
« processus de paix » était une
mascarade complète. Il a également
exposé au grand jour la corruption, la
soumission et la faillite politique des
dirigeants palestiniens.
Si la direction
palestinienne avait un minimum de sens
de ses responsabilité, elle procéderait
immédiatement à une refonte totale dans
ses rangs et réveillerait toutes les
institutions de l’Organisation de
Libération de la Palestine (OLP),
réunirait toutes les organisations sous
l’égide de cette organisation et
mettrait en avant une stratégie unifiée,
construite à partir des aspirations et
sacrifices du peuple palestinien.
Et si les
Palestiniens doivent repartir à zéro,
ils doivent entamer leur parcours avec
un nouveau discours politique, avec un
nouveau sang politique et de nouvelles
perspectives basées sur l’unité, la
crédibilité et la compétence. Rien de
tout cela ne sera possible avec les
mêmes vieilles figures, le même langage
éculé et la même politique vouée à
l’échec.
Depuis que Trump a
signé la loi sur l’ambassade de
Jérusalem le 6 décembre, de nombreux
intellectuels palestiniens ont exprimé
leurs idées sur la ligne de conduite à
suivre pour leurs dirigeants et leur
peuple.
Il a beaucoup été
question d’une nouvelle stratégie
palestinienne. Les responsables
palestiniens ont « menacé » de
déplacer la lutte vers une solution à un
État – par opposition à la poursuite de
la défunte « solution à deux États »
– d’exclure les États-Unis du
« processus de paix » etc … Mais il
y a peu de signes indiquant que leur
discours est autre chose que temporaire
et opportuniste.
Dans cet article,
j’ai demandé l’avis de 14 intellectuels
palestiniens indépendants à travers
toute la Palestine et la diaspora. Bien
qu’ils adhèrent à différentes écoles de
pensée et sont issus de différentes
générations et lieux, ils partagent
beaucoup d’idées. Les Palestiniens
réclament des changements, ou, selon les
termes du célèbre historien palestinien
Salman Abu Sitta – interrogé ci-dessous
– ils veulent « revenir aux
sources ».
Revenir aux
sources
Salman Abu Sitta –
historien et président de la Palestine
Land Society
La catastrophe d’Oslo,
qui a eu lieu il y a 26 ans, aurait dû
enseigner à ceux qui avaient initié ce
« processus » une leçon ou deux.
Ils auraient dû expliquer au peuple
palestinien qu’il devait défendre ses
droits inaliénables dans son pays, la
Palestine. Mais aucun d’entre eux
n’a compris la leçon.
Au cours des 70
dernières années, l’accomplissement
majeur du peuple palestinien a été de
montrer que nous ne sommes pas des
réfugiés inspirant la pitié, qui ont
besoin de nourriture, d’abri et de
travail. Nous sommes le peuple de
Palestine de Ras al-Naqura à
Umm Rashrash. Nous avons le
Conseil National de la Palestine (PNC), dont les membres sont
élus selon les Chartes Nationales
de 1964 et 1969. Nous avons aussi
l’exécutif de l’OLP élu par la
PNC.
Aujourd’hui, nous
n’avons pas besoin d’inventer une
nouvelle Palestine ou une
nouvelle stratégie nationale. Nous
devons retourner aux sources. Nous
devons effacer les péchés d’Oslo,
qui ont été plus préjudiciables à la
cause palestinienne que la
Déclaration Balfour.
Nous avons besoin
que les 13 millions de Palestiniens,
dont la moitié sont nés après Oslo,
soient représentés dans une PNC
nouvellement élue d’où pourra sortir une
nouvelle direction, jeune, efficace et
honnête. Nous devons apporter notre
soutien à la Conférence populaire
des Palestiniens à l’étranger,
qui s’est tenue dans le même but à
Istanbul en février 2017.
Revenons aux
sources. Se plaindre et faire porter la
faute sur les autres est inutile. C’est
le moment d’agir, et non pas de parler.
Commençons par cela.
Rallier le
peuple
Lamis Andoni –
écrivain et journaliste basée à Amman,
Jordanie
La tâche immédiate
est d’unifier le peuple palestinien, à
l’intérieur de la Palestine et de
la diaspora, contre le soi-disant
« accord du siècle » du président
américain Donald Trump. L’accord
mis en avant par Trump n’est rien
de plus qu’une tentative de légitimer le
contrôle israélien sur tous les
territoires palestiniens et de
délégitimer les droits historiques,
nationaux et légaux du peuple
palestinien – en particulier le droit au
retour.
Nous ne devrions
pas nous concentrer sur la question de
savoir si nous voulons une solution à
deux États ou à un seul État. Au lieu de
cela, nous devrions nous concentrer sur
l’unification des Palestiniens
autour de l’objectif de libérer la
Palestine, en démantelant le projet
colonial sioniste qui emploie des
méthodes brutales – dont l’apartheid et
le nettoyage ethnique – pour garder
notre peuple sous son contrôle.
Nous ne pouvons pas
ignorer l’urgence de la reconstruction
de l’OLP. Les gouvernements
israélien et américain ont été
déterminés à la détruire, et ils y sont
presque parvenus. Travaillons à son
renouveau sur une base plus large et
plus unificatrice, et à sa
transformation en un organisme qui
représente tous les Palestiniens.
Nous ne devrions pas non plus accepter
la criminalisation de la résistance
armée.
Le mouvement de
Boycott, Désinvestissement, Sanctions
(BDS) est un outil crucial dans
cette lutte, mais il ne peut pas être la
seule forme de résistance. Nous devons
amener les responsables israéliens
devant la Cour Internationale de
Justice et les faire
juger pour crimes de guerre. Nous devons
délégitimer l’occupation et toutes ses
pratiques, défier les États-Unis
au Conseil de sécurité de l’ONU
et utiliser tous les outils juridiques
pour résister aux pressions israéliennes
et américaines.
Mais d’abord, nous
devons mettre fin à notre forte
dépendance vis-à-vis de l’aide
étrangère, en particulier l’aide
américaine, qui sert à apprivoiser les
ONG et à faire jouer à l’Autorité
palestinienne le rôle du policier
pour le compte des Israéliens.
Vaincre le
sionisme
Mazin Qumsiyeh –
auteur, scientifique et directeur du
Musée palestinien d’histoire naturelle
Quelqu’un m’a dit
un jour que « nous sommes en train de
donner le coup de grâce à une solution à
deux États ». J’ai expliqué qu’il
s’agissait d’un cheval « illusoire »
inventé par David Ben Gourion
dans les années 1920 à des fins de
propagande. Je crois qu’il n’y a que
trois scénarios possibles pour la lutte
anti-coloniale:
1 – Le modèle
algérien, très coûteux, rarement réussi
et peu susceptible d’être mis en œuvre
en Palestine.
2 – Le modèle
australien, qui est une victoire
relative pour les colonisateurs. Ce
modèle survient également à un coût
élevé – dans le cas de l’Australie
– avec le génocide de la population
indigène.
3 – Le modèle du
« reste du monde » qui a connu du
succès en Amérique du Sud, en
Amérique centrale, au Canada,
en Asie du Sud-Est et en
Afrique du Sud. Dans ce modèle, un
pays en commun est créé pour tous les
peuples du pays à la fin du
colonialisme.
Seul le troisième
modèle peut être mis en œuvre en
Palestine et a la capacité de mettre
fin à l’oppression sioniste.
Je suis très
optimiste sur le fait que le sionisme
prendra fin. Nous, 12 millions de
Palestiniens et des millions
d’autres, veillerons à ce que cela
arrive plus tôt que prévu.
Il est temps de
reprendre la lutte de libération des
mains de ceux qui l’ont détournée.
Ressusciter
l’OLP
Samaa Abu Sharar –
journaliste et militante basée à
Beyrouth, Liban
Les Palestiniens
partout devraient adopter une nouvelle
approche pour donner plus de valeur à
leur cause. Ils devraient:
1 – Unir tous les
groupes de réflexion palestiniens sous
un même chapeau pour analyser, évaluer
et élaborer une nouvelle stratégie
capable de faire face à la situation
palestinienne actuelle.
2 – Démanteler l’Autorité
palestinienne et révoquer les
Accords d’Oslo.
3 – Élire une
nouvelle direction alternative sous
l’autorité de l’OLP, représentant
les Palestiniens partout dans le
monde, capable d’unir les
Palestiniens et d’œuvrer pour une
solution à un État avec des droits égaux
pour les Palestiniens.
4 – Encourager
toutes les formes de résistance en
Palestine occupée, y compris la
résistance armée (qui est compatible
avec le droit international) jusqu’à la
disparition de l’occupation.
5 – Mobiliser les
Palestiniens aisés à l’étranger
pour établir un système de soutien sur
le plan moral et financier pour les
Palestiniens dans les territoires
palestiniens occupés, y compris
Jérusalem, et pour les réfugiés à
l’étranger.
Il nous faut une
troisième Intifada
Ibrahim Sa’ad –
écrivain et universitaire basé au
Royaume-Uni
« Le jeu a
changé », a déclaré Saeb Erekat,
officiel de l’AP. Quand le jeu
change, les joueurs doivent aussi
changer. En Palestine, les
joueurs trop vieux et dépassés devraient
prendre leur retraite, et une nouvelle
génération courageuse doit prendre le
relais.
Si Abbas et
le groupe autour de lui veulent entrer
dans l’histoire comme des hommes
courageux, ils devraient se retirer de
l’arène politique, laissant derrière eux
du personnel administratif pour
s’occuper des affaires quotidiennes des
Palestiniens.
Je me rends compte
qu’une telle décision peut créer le
chaos – particulièrement quand une
troisième Intifada est sur le
point de se matérialiser – mais cela
doit être fait.
En outre, les
Israéliens devraient subir les
amères conséquences de leurs actions
s’ils refusent de s’adapter à la
solution à un État.
Une troisième
Intifada doit se produire. Je crois
que ce sera un pas en avant vers la
construction d’un État démocratique
avec des droits égaux pour tous et la
garantie du droit au retour pour les
réfugiés palestiniens.
Un État pour
tous
Samah Sabawi –
dramaturge primée, auteure, poète
et
conseillère politique d’Al-Shabaka,
basée en Australie
La direction
palestinienne semble prise dans une
boucle infernale et elle tente
désespérément de trouver des moyens de
« sauver » la solution à deux
États en cherchant, en remplacement
des États-Unis, un nouveau
médiateur pour le processus de paix.
Mais avoir un
courtier malhonnête n’était que l’un des
nombreux pièges d’un processus conçu dès
le départ pour paralyser la résistance
palestinienne et encourager la
dépendance palestinienne à l’aide
internationale, en échange du maintien
de la sécurité et du bien-être d’Israël.
Ce qu’il faut
aujourd’hui, c’est que l’AP cesse
immédiatement toute collaboration
répressive avec Israël et que la
vieille garde au sein de l’AP/OLP
fasse place à la jeune génération de
Palestiniens de la diaspora et de la
patrie. Cette nouvelle génération peut
nous conduire dans des luttes populaires
unifiées pour la liberté, la justice et
l’égalité.
Je crois que notre
temps est venu, et nous sommes prêts à
transformer la réalité d’un État de
l’apartheid aujourd’hui en la vision
de demain d’un État pour tous ses
peuples.
Une stratégie
internationaliste
Sam Bahour –
Président d’Americans for a Vibrant
Palestinian Economy,
basé en Palestine
Occupée
J’ai deux manières
de voir la regrettable déclaration de
Trump sur Jérusalem.
En tant qu’Américain,
je pense que cette déclaration n’aurait
pas pu faire plus de tort à la
réputation déjà détestable de l’Amérique
dans la région. Cette décision a ravivé
la méfiance du monde entier et suscité
sa condamnation, elle a ramené la
violence dans les rues de Palestine
et laissé la porte grande ouverte à
d’autres acteurs régionaux, comme la
Turquie et l’Iran, pour
combler le vide politique.
Par ailleurs, en
tant que Palestinien, je
considère la déclaration de Trump
comme la confirmation de ce que les
Palestiniens disent depuis des
décennies : les États-Unis sont
dans le mauvais camp, et ce, depuis 70
ans. Trump vient de donner au
monde l’occasion d’obliger enfin Israël
à rendre des comptes.
Les Palestiniens
ont fait preuve d’une grande maturité
politique dans cette affaire en ne
renonçant pas, par panique, à leur
stratégie d’internationalisation de leur
lutte pour la liberté et l’indépendance
dans l’État de Palestine.
Oui à la
résistance populaire, non à l’élitisme
politique
Yousef M. Aljamal –
Candidat palestinien au doctorat à
l’Université de Sakarya,
Institut du
Moyen-Orient, Turquie
Le peuple
palestinien doit adopter une approche à
trois niveaux:
1 – La stratégie
palestinienne doit maintenant reposer
sur la construction d’un front
palestinien unifié qui reflète les
aspirations des Palestiniens. Ce
front ne devrait pas inclure les élites
qui faisaient partie de la période
précédente parce qu’elles ont
profondément déçu notre peuple. Ce front
devrait représenter tous les
Palestiniens partout dans le monde.
2 – Les
Palestiniens doivent cesser de
réclamer une solution à deux États.
Ils doivent maintenant se battre pour
l’égalité des droits dans leur pays et
sanctionner Israël sur le plan
international en intensifiant la
campagne du mouvement BDS qui a
révélé son efficacité au cours des dix
dernières années.
3 – Les
Palestiniens devraient lancer un
mouvement de résistance populaire à
grande échelle contre l’occupation
israélienne en s’appuyant sur le soutien
dont la Palestine bénéficie a
acquis à l’échelle mondiale afin
d’obliger Israël à rendre compte de ses
crimes contre le peuple palestinien.
Intifada
internationale
Iyad Burnat – le
chef du Comité Populaire
contre le Mur
du village de Bil’in, Cisjordanie
Aujourd’hui, ce
que les gens appellent le « plan de
Trump » n’est pas du tout le plan de
Trump. C’est plutôt la
continuation du plan sioniste fondé sur
« une terre sans peuple pour un
peuple sans terre ».
Ce plan consiste à
se débarrasser des autochtones du pays
par un nettoyage ethnique, à construire
un État purement juif et à en
finir avec tout ce qui ressemble à la
Palestine.
À mon avis, la
seule façon de sortir de cette crise est
d’abolir l’Autorité Palestienne (AP)
et d’établir un leadership d’unité
nationale qui inclue toutes les factions
de la résistance ainsi que la base. Une
telle direction peut organiser une
Intifada populaire qui attirerait
l’attention et le soutien d’un grand
nombre de personnes à travers le monde –
une Intifada internationale!
L’objectif final de
la lutte palestinienne devrait être
un seul État démocratique où tout le
monde vit en liberté, dans la justice et
l’égalité – un endroit où les
Palestiniens en exil peuvent aussi
revenir. En d’autres termes, la réponse
est une Palestine post-sioniste
où musulmans, chrétiens et juifs
pourront vivre dans l’harmonie, la
sécurité et la paix.
En avant toutes
avec le BDS
Randa Abdel-Fattah
– universitaire à l’Université Macquarie,
Australie.
La montée mondiale
du racisme populiste d’extrême droite,
conjuguée à la preuve indiscutable que
Trump vient de donner de la
partialité américaine, nous offre
l’occasion de réaffirmer que notre lutte
de libération n’est pas « trop
compliquée », mais qu’elle est très
clairement antiraciste, anticolonialiste
et anti-apartheid.
Je pense donc que
nous devons aller de l’avant avec le
mouvement BDS, en particulier en
imposant des changements spectaculaires
dans les relations économiques et
commerciales internationales d’Israël.
Les boycotts
académiques et culturels sont un bon
moyen d’alerter l’opinion publique et
d’isoler d’Israël.
Au fond, il faut
« suivre l’argent ». Lorsqu’on a
assez de soutien de la société civile
internationale, en particulier dans les
pays occidentaux qui collaborent avec
Israël (comme mon pays, l’Australie),
on peut faire pression pour obtenir des
sanctions et des désinvestissements
économiques.
«
Non-participation »
Haidar Eid –
Promoteur d’un seul État en Palestine
et
professeur agrégé de l’Université Al-Aqsa
de Gaza
Je pense qu’il faut
adopter une stratégie entièrement
nouvelle, une stratégie qui s’éloigne du
système politique existant, y compris de
l’opposition « Oslo-isée » et
« ONG-isée ». Cette stratégie serait
une forme de « non-participation »
au système politique actuel.
La crise des
dirigeants actuels, et en fait de tous
les partis politiques, est aujourd’hui
si profonde que la seule façon d’avancer
est peut-être de « ne pas participer
» au système politique palestinien
actuel. Sinon, nous allons continuer à
nous trouver confrontés à un ensemble
très limité d’options, pires les unes
que les autres, et aucune ne nous
permettra d’obtenir l’autodétermination
et le respect des droits des
Palestiniens. L’une de ces mauvaises
options est la solution raciste à
deux États qui, ironiquement, a
presque réussi à mettre d’accord tous
les partis politiques existants.
La décision de
Donald Trump de reconnaître
Jérusalem comme la capitale d’Israël,
suivie de l’approbation par le parti du
Likoud d’une résolution visant à
annexer la majeure partie de la
Cisjordanie, nous prouve une fois de
plus que le soi-disant « processus de
paix » est un leurre, et
l’indépendance un mythe.
Il faut donc
abandonner totalement le discours de la
solution raciste à deux États et
adopter une solution démocratique et
inclusive fondée sur la déclaration
universelle des droits de l’homme, de la
démocratie et de notre droit à
l’autodétermination, à savoir un État
laïque et démocratique sur la terre
historique de Palestine, un
État pour tous ses citoyens sans
distinction de religion, d’appartenance
ethnique, de sexe, etc.
La crainte du
pire à Gaza
Rawan Yaghi –
écrivain basé à Gaza et ancien étudiant
de l’Université d’Oxford.
À Gaza, nous
ne pouvons même pas imaginer de fin à la
crise actuelle. Nous n’avons pas
l’impression que nos difficultés soient
prises au sérieux. La probabilité de
nouvelles attaques militaires
israéliennes aggrave encore la tension.
L’isolement économique et le siège
imposé par Israël, l’Autorité
palestinienne et les Etats-Unis
nous font craindre le pire.
Les dirigeants
palestiniens ont perdu la confiance des
Palestiniens, qu’ils vivent dans
les territoires occupés ou à
l’extérieur. Nous avons besoin d’une
stratégie alternative et globale qui
inclut les Palestiniens de la
diaspora, car la légitimité de l’AP
et de ses décisions politiques sont à
juste titre remises en question.
De plus, les
efforts actuels pour isoler et boycotter
Israël ne sont pas suffisants. Il
faut faire davantage dans ce domaine
également.
Résistance
Mohammad Nofal –
ancien prisonnier politique et
enseignant retraité
La décision de
Trump concernant le statut de
Jérusalem est pour le moins stupide.
En fait, elle n’aurait jamais été
possible sans l’approbation tacite de
certains pays arabes, comme l’Égypte,
l’Arabie saoudite et d’autres
pays du Golfe. Cela dit, les
Palestiniens doivent faire entendre
leur voix, aujourd’hui plus que jamais.
Ici, en
Palestine, nous savons que « ce
qui est pris par la force, ne peut être
repris que par la force », et non par un
« processus de paix » qui n’a jamais
été sincère. Israël n’a jamais
rempli aucun de ses engagements dans les
accords antérieurs. En fait, il a
continué à parler de « paix »
tout en agrandissant les colonies
illégales et en démolissant les maisons
palestiniennes.
De plus, les
États-Unis n’ont jamais été justes
envers les Palestiniens. Leur
parti pris pro-israélien est évident
depuis de nombreuses années. Israël
n’a aucun intérêt à laisser se créer un
État palestinien, et les
États-Unis n’ont aucun désir
d’inciter Israël à le faire. Les
seuls qui continuent à parler d’une «
solution à deux États » sont les
inconsistants dirigeants palestiniens.
Mais le peuple
palestinien est courageux, fort et
inébranlable et il mérite des dirigeants
tout aussi courageux; des dirigeants qui
n’ont pas peur d’abolir Oslo,
d’annuler la reconnaissance d’Israël
par la Palestine et, oui, de
reprendre toutes les formes de
résistance en Cisjordanie comme
nous l’avons fait à Gaza. Nous
devons mettre fin à toute coordination
en matière de sécurité avec Israël,
mettre fin aux détentions de
Palestiniens et nous engager dans le
projet de libération nationale.
La lutte
continue…
Ahmad Khaleel Al-Haaj
– Militant et écrivain basé à Gaza
Tous les accords
proposés par tous les médiateurs, en
l’occurrence les États-Unis, ne
sont que des manœuvres pour nous
détourner de notre devoir d’agir
conformément à cette loi universelle :
lutter pour une victoire décisive.
Les Palestiniens
qui ont accepté de signer des accords
comme celui d’Oslo, ont subi –
comme on l’a vu – des défaites
successives humiliantes et notre peuple
en a payé le prix en vies humaines et en
dépossessions, et tout cela pour rien.
Par contre ceux qui ont soutenu Oslo
ont obtenu des salaires élevés pour
eux-mêmes et leur famille.
Mais l’ennemi n’a
pas réussi et ne réussira pas à obtenir
une victoire finale décisive. La lutte
continue et se poursuivra jusqu’ à ce
que nous soyons victorieux et que nous
revenions dans notre patrie. Les
vainqueurs barbares ne parviennent
jamais à maintenir indéfiniment leur
emprise, et les vaincus n’erreront pas à
tout jamais.
Publié le 18
janvier 2018 sur
Al-Jazeera sous le titre « What
is next for Palestine » ?
Traduction :
Chronique de Palestine – Lotfallah &
Dominique Muselet
Ramzy
Baroud écrit sur le Moyen-Orient
depuis plus de 20 ans. Il est
chroniqueur international, consultant en
médias, auteur de plusieurs livres et le
fondateur de
PalestineChronicle.com.
Son dernier livre, Résistant en
Palestine – Une histoire vraie de Gaza
(version française), peut être commandé
à
Demi-Lune.
Son livre, La deuxième Intifada
(version française) est disponible sur
Scribest.fr.
Son site personnel :
http://www.ramzybaroud.net
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