Opinion
Le Parlement européen écoute un exposé
de Hocine Malti sur les protestations à
In Salah
Rafik Meddour
Le
Parlement européen.
D.R.
Lundi 20 juillet 2015
Le Parlement européen s’intéresse de
près à la question de l’exploitation du
gaz de schiste en Algérie. Le 4 juin
dernier, cette institution
représentative des Etats membres de
l’Union européenne a eu droit à un
exposé exhaustif du processus de
l’exploitation de ce gaz non
conventionnel lancé depuis plusieurs
années par la compagnie nationale
Sonatrach. L’exposé a été présenté par
Hocine Malti, un des membres fondateurs
du groupe Sonatrach, dont il a été
vice-président de 1972 à 1975. Nous ne
savons pas si Hocine Malti a présenté
son exposé de son propre gré ou à la
demande du Parlement européen en tant
qu’ancien haut responsable de Sonatrach
connu pour sa farouche opposition au
pouvoir en place. Dans son exposé, il
retrace, à sa manière, les différentes
étapes suivies avant d’arriver au
premier forage. Il explique la genèse de
cette option controversée et contestée
par des citoyens d’In Salah. Il met en
avant son point de vue sur
l’exploitation de ce gaz non
conventionnel, lui qui s’est distingué
par ses prises de position contre la
fracturation hydraulique. Très critique
envers le régime en place, Hocine Malti
est revenu sur le mouvement de
contestation d’In Salah, auquel ont
participé massivement les habitants de
la région, avant d’aborder l’implication
américaine dans le processus
d’exploration du gaz de schiste. Il cite
le centre de recherches que dirige M.
Murphy qui est chargé du suivi de
l’exploitation du gisement de gaz de
schiste de Marcellus. Ce centre a
«beaucoup encouragé» et même «incité»,
d’après lui, l’Algérie à se lancer dans
le gaz de schiste. «Que pouvait donc
dire d’autre M. Murphy, si ce n’est
louer les bienfaits de l’exploitation du
gaz de schiste ? Le gouvernement
connaissait évidemment ce détail : c’est
en toute connaissance de cause qu’il fit
appel à ce représentant d’un lobby qu’il
présenta comme un expert indépendant»,
soutient Hocine Malti qui rappelle le
contenu de la visite à Alger, dans le
courant de la première quinzaine de mars
2015, de Charles Rivkin, sous-secrétaire
d’Etat aux Affaires économiques, qui
anima une conférence de presse à
l’ambassade des Etats-Unis, au cours de
laquelle il déclara qu’il «n’avait pas
de conseils à donner aux Algériens, mais
qu’il fallait qu’ils sachent que, dans
son pays, l’exploitation du gaz de
schiste avait été créative d’emplois,
que la technique utilisée était saine et
sans dangers et que l’opération était
rentable». Pour cet ancien cadre
dirigeant à Sonatrach, ce responsable
américain avait indirectement «ordonné»
aux responsables algériens de maintenir
le cap et d’aller vers l’exploitation de
ce gaz non conventionnel. Hocine Malti a
terminé son exposé en évoquant les
risques environnementaux. Il a parlé
d’oiseaux «morts à cause de la pollution
des eaux». «Aujourd’hui, a-t-il dit, il
est certain que la pollution est déjà
là. Elle est partout : dans l’air, à la
surface du sol et dans le sous-sol. Il
n’est qu’à voir, pour s’en convaincre,
ces images diffusées sur Internet de
bourbiers laissés derrière eux par les
exploitants, qu’il s’agisse de
Halliburton ou des foreurs de Sonatrach.
Il y a de fortes chances que la nappe
d’eau phréatique, utilisée par la
population locale pour ses besoins
personnels, soit déjà polluée ou en voie
de l’être très bientôt», affirme-t-il,
précisant que «des pigeons sont morts,
des faucons sont morts, des volées de
cigognes en migration sont mortes
également». Mais il ne dit pas comment
il a obtenu ces informations,
reconnaissant néanmoins qu’il ne connaît
pas la raison exacte d’une telle
hécatombe, se limitant à des
probabilités difficilement vérifiables.
Il estime qu’il est difficile de
connaître la vérité «car, a-t-il dit aux
parlementaires européens, les
vétérinaires d’In Salah ou des villes
avoisinantes, sollicités pour procéder
aux examens, analyses ou autopsies qui
permettraient de déterminer les causes
de ces morts, refusent de les faire». On
se demande d'où Hocine Malti sort cette
histoire d’oiseaux morts, sachant que
même les opposants les plus farouches au
gaz de schiste à In Salah n’ont jamais
fait état d’une telle hécatombe.
Rafik Meddour
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Algérie
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