Palestine
Les assassins de la mémoire
Pierre Stambul
Pierre
Stambul
Mercredi 8 mai 2019
Pierre Vidal-Naquet a utilisé cette
expression contre les faussaires et les
négationnistes qui niaient ou
minimisaient l’ampleur et la
préméditation de l’extermination
perpétrée par les Nazis contre les
Juifs, les Roms, les communistes, les
homosexuels …
Je l’utilise contre
ceux qui se sont approprié l’histoire,
la mémoire et les identités juives pour
bâtir, au nom des Juifs, un État
d’apartheid qui rappelle sur bien des
plans, selon l’historien Zeev Sternhell,
l’Allemagne des années 1930.
Israël, une société
à la dérive.
Le résultat des
élections israéliennes de 2019 donne une
photographie plus qu’inquiétante de
cette société. 100 députés élus (sur
120) sont ouvertement pour l’apartheid.
La « loi sur Israël État-Nation du
peuple juif » fait largement consensus.
Elle rappelle par beaucoup d’aspects
l’arsenal juridique que l’apartheid
sud-africain avait fabriqué. Des propos
qui devraient normalement conduire leurs
auteurs devant un tribunal servent
d’argument électoral.
Citons-en
quelques-uns : Lieberman proposant de
décapiter ses opposants à la hache après
avoir proposé autrefois de bombarder le
canal de Suez. Bennet expliquant qu’il a
« tué beaucoup d’Arabes et ne voit pas
où est le problème ». Shaked proposant
d’exterminer les mères palestiniennes
puisqu’elles « mettent au monde des
terroristes ». Yitzhak Yossef, grand
rabbin, qualifiant les Afro-Américains
de singes.
Pardon pour tous
ceux que cette énumération oublie.
L’élection
israélienne d’avril 2019 a opposé deux
criminels de guerre.
Nétanyahou s’est
allié aux « Kahanistes » (mouvement
raciste fondé en 1971 par Meir Kahane
longtemps interdit pour ses appels au
meurtre) et, tout en promettant
l’annexion de la Cisjordanie, il a
martelé qu’Israël était un État
seulement pour les Juifs. Son
adversaire, Benny Ganz, était à la tête
de l’armée pendant le massacre de
« Bordure Protectrice » (2014) et il
s’était vanté de faire revenir Gaza à
l’âge de pierre.
Les barrières
morales se sont écroulées. Pendant les
marches du retour, on a pu voir des
vidéos où des soldats poussent des cris
de joie quand ils tuent ou estropient,
comme à la fête foraine, un journaliste,
une infirmière ou un simple jeune
gazaoui. L’ambiance ressemble à celle du
sud des États-Unis à l’époque où les
lynchages étaient un spectacle public de
divertissement.
L’école, l’armée et
la propagande officielle abrutissent et
formatent toute une société à l’image de
ce qu’il se passe dans diverses sociétés
totalitaires.
Cet État qui était
censé donner un refuge aux Juifs
persécutés a des valeurs qui le
rapprochent infiniment plus de ceux qui
ont commis le génocide nazi que de ceux
qui l’ont subi.
En Israël, ne pas
adhérer à ce déchaînement de violence,
de haine ou de stigmatisation de
l’autre, fait de vous un.e traître.
Les Palestiniens
d’Israël (20 % de la population, ils
descendent de ceux qui ont
miraculeusement échappé au nettoyage
ethnique prémédité de 1948) sont devenus
des étrangers dans leur propre pays. La
moitié d’entre eux se sont abstenus, ils
refusent de cautionner leur propre
ségrégation.
Certains ne
voulaient pas cela.
Une partie de la
société israélienne voudrait vivre dans
un pays normal, sans le pseudo
messianisme meurtrier, sans l’intégrisme
colonial et sans la guerre éternelle
comme unique perspective. Elle a la
nostalgie des kibboutz ou de la
déclaration d’indépendance.
Singulière
amnésie : Israël s’est construit sur la
base d’un nettoyage ethnique programmé.
L’historien sioniste Benny Morris a
reconnu les nombreux crimes de la guerre
de 1948 en expliquant qu’ils étaient
indispensables pour construire un État
juif.
Les fondateurs de
cet État ont pensé dès le départ le
suprématisme et une stricte séparation.
Les Palestiniens qui ont échappé à
l’expulsion de 1948 ont toujours été des
sous-citoyens soumis aux lois militaires
et au couvre-feu jusqu’en 1966. Israël
n’a jamais été l’État de tous ses
citoyens.
La conquête de 1967
et la colonisation ne sont pas des
accidents de l’Histoire.
Elles ont été
préméditées et réalisées par les
fondateurs d’Israël. L’apartheid, le
racisme, les propos fascisants et le
militarisme sont la suite logique de
cette histoire. Ceux qui regrettent que
le sionisme ait engendré un monstre ou
qui trouvent qu’Israël est à l’antithèse
de leur judaïsme, doivent s’interroger.
Comme le dit
l’écrivaine Ofra Yeshua-Lyth, la
création d’un État juif n’était pas une
bonne idée. Comme le dit l’ambassadeur
palestinien Élias Sanbar, à l’origine de
cette guerre, il y a eu un « grand
remplacement » qu’il faut réparer.
Imaginer un Israël humaniste, paisible
et démocratique, sans revenir sur le
crime fondateur de 1948, est illusoire.
Dominants/dominés,
comment le colonisateur a pris goût à la
colonisation et à l’apartheid.
Les Juifs ont été
les parias de l’Europe. Le sionisme a
fait des Juifs israéliens des colons
européens en Asie. Les lois qui ont
suivi la guerre de 1948 (notamment la
loi sur les « présents/absents » qui a
permis de s’emparer des terres des
Palestiniens expulsés) leur ont donné la
propriété quasiment exclusive de la
terre. Les nouveaux parias, les
Palestiniens, sont devenus un peuple de
réfugiés, rejetés et discriminés
partout. La « loi du retour » a
organisé, pour les nouveaux immigrants
juifs, le vol des terres, des maisons et
des biens palestiniens. Après 1967, le
vol s’est amplifié dans les territoires
nouvellement occupés. Ce qui diffère,
c’est que les occupants légitimes de la
terre sont toujours là, confrontés
quotidiennement à la violence des colons
et de l’armée.
On a dit aux
rescapés du génocide et aux immigrants
arrachés de leur terre d’origine qu’ils
avaient un pays bien à eux et que
c’était « une terre sans peuple pour un
peuple sans terre ». On a offert à des
Polonais, des Soviétiques, des
Marocains, un pays et ses richesses qui
ne leur appartenaient pas. Pour les
Juifs orientaux, il y avait une
condition, qu’ils se débarrassent de
leur « arabité ».
On a inventé un
roman national pour justifier le grand
remplacement et le vol : « nous avons
été en exil et nous rentrons chez
nous ». « Dieu a donné cette terre au
peuple juif ». Ce discours continue de
fonctionner pour justifier la conquête
coloniale.
Tous les Premiers
ministres israéliens depuis 50 ans ont
amplifié la colonisation. Tous ont
multiplié les lois suprématistes. Tous
ont accompagné le glissement régulier
vers l’apartheid décomplexé.
On n’a jamais vu un
privilégié accepter volontairement de
renoncer à ses privilèges. L’occupation
offre des avantages sans limites pour
Israël : des terres, de l’eau, des
richesses, le fait de ne pas avoir à
payer quoi que ce soit pour l’occupé et
la possibilité d’expérimenter les armes
et les technologies les plus
sophistiquées sur les Palestiniens pour
mieux les vendre …
Comme pays
colonisateur, Israël s’est brièvement
posé la question : « va-t-on chercher un
compromis comme l’ont fait les Blancs
sud-africains ou écraser jusqu’au bout
le peuple autochtone comme l’OAS a tenté
de le faire en Algérie ? »
Cette dernière stratégie ne fait plus de
doute pour personne.
Continuer à propager le mythe des « deux
États vivant côte à côte », tolérer
qu’on associe Israël à la mémoire du
génocide nazi, accepter les mensonges
propagandistes du style « Israël a le
droit de se défendre », c’est être
complice.
Israël,
poisson-pilote du fascisme qui vient.
Ce qu’il se passe
aujourd’hui aurait été impossible il y a
quelques années. Un fasciste assumé,
Bolsonaro, va au mémorial Yad Vashem au
bras de son ami Nétanyahou. Il explique
que les Nazis étaient de gauche et qu’il
faut pardonner l’holocauste.
Nétanyahou lui-même
explique qu’Hitler ne voulait pas tuer
les Juifs, et que c’est le grand mufti
de Jérusalem qui est à l’origine de
cette idée. En visite en Hongrie chez
son ami Victor Orban, il apporte son
appui à la campagne antisémite menée par
Orban contre Georges Soros. Orban
réhabilite le régime nazi de l’Amiral
Horthy qui a participé à l’extermination
des Juifs hongrois et Nétanyahou se
contente de dire que Soros est un ennemi
d’Israël.
Le basculement vers
le fascisme de ceux qui parlent au nom
des Juifs a lieu aussi en France où le
président du CRIF est un ancien du Bétar,
cette milice violente, régulièrement
alliée à l’extrême droite.
Cette présence
d’une idéologie fascisante chez certains
dirigeants sionistes n’est pas vraiment
nouvelle, mais autrefois ça se faisait
discrètement. Aujourd’hui il n’y a plus
aucune retenue.
Rappelons qu’il y a
un siècle, le courant « révisionniste »
du sionisme fondé par Jabotinsky
(eux-mêmes avaient choisi cet intitulé)
était très proche du fascisme italien.
Ce courant a vite versé dans le
terrorisme aveugle contre les
Palestiniens puis contre les
Britanniques. Une des branches de ce
courant (le groupe Stern dirigé par le
futur Premier ministre Yitzhak Shamir) a
collaboré avec les Nazis en assassinant
des soldats et des dignitaires anglais
en pleine guerre mondiale.
On a fait semblant
de croire que ces pratiques avaient
disparu avec la création de l’État
d’Israël.
C’est totalement
faux. Les dirigeants israéliens ont
utilisé dès le début des méthodes
expéditives : refus d’appliquer la
résolution 194 sur le retour des
réfugiés palestiniens en 1948,
destruction systématique des villages
palestiniens, effacement des traces de
la Palestine. Ils ont montré avec
application qu’ils se moquaient
totalement du droit international et ne
croyaient qu’en le fait accompli.
L’attaque de 1967, le refus d’évacuer
les territoires nouvellement occupés et
le lancement de la colonisation des
nouvelles terres conquises sont des
actes cyniques de gangstérisme.
Le père de
Nétanyahou a été le secrétaire de
Jabotinsky. Sa façon d’agir puise dans
une longue tradition. Avec Trump, avec
la complicité de dirigeants arabes (MBS
en Arabie Saoudite, Sissi en Égypte …),
avec Orban, Bolsonaro ou les Chrétiens
évangéliques, Nétanyahou pense être dans
une situation hégémonique où tout est
permis.
Quand ce membre de
la nouvelle internationale fascisante
aux méthodes expéditives se réclame de
la mémoire de l’antisémitisme et des
victimes du génocide nazi, il se
comporte aussi en assassin de la
mémoire.
Complicité et
impunité, la responsabilité colossale de
la communauté internationale.
En mai 2017,
Richard Falk et Virginia Tilley
établissent pour le compte de la CESAO
(Commission Économique pour l’Asie
Occidentale) un rapport prouvant avec un
nombre considérable d’éléments qu’Israël
est coupable du crime d’apartheid, tel
qu’il a été internationalement défini et
unanimement reconnu.
Aussitôt, le
secrétaire général de l’ONU, Antonio
Guterres interdit la publication du
rapport. Sans autre prétexte qu’une
évidence : ce rapport déplait aux
dirigeants états-uniens et israéliens.
Cette pantalonnade
n’est que la suite d’une série
ininterrompue d’actes de lâcheté et de
complicité.
En 1948, l’envoyé
de l’ONU le Comte Bernadotte, est
assassiné avec le Colonel Sérot. Les
assassins, membres du groupe Stern, sont
connus. L’ONU n’exige pas leur
arrestation. Ils se retrouvent peu après
dans le premier gouvernement d’Union
Nationale de Ben Gourion. Quelques mois
plus tard, Israël est admis à l’ONU avec
un texte précisant que ce pays accepte
et respecte le droit international : or
il vient de fouler au pied la résolution
194 sur le retour des réfugiés et est en
train de raser les villages
palestiniens. Depuis plus de 70 ans, les
provocations israéliennes n’ont jamais
cessé. En 1967, en réponse à la
résolution 242 exigeant le retrait des
territoires occupés, Israël lance le
rouleau compresseur colonial qui,
depuis, s’est sans cesse amplifié. Quand
en 2010, Obama et Biden demandent un
« gel » de la colonisation, le
gouvernement israélien annonce aussitôt
de nouvelles constructions. Quand
l’aviation et les tanks israéliens
rasent Gaza en 2014, l’ambassade de
France à Tel-Aviv organise un bal de
solidarité … avec Israël.
Pourquoi cette
complicité qui dépasse l’indécence ? Les
dirigeants occidentaux sont aussi des
assassins de la mémoire. Ils se
prétendent les défenseurs des Juifs
victimes du suprématisme nazi en
soutenant inconditionnellement des
suprématistes juifs qui s’acharnent à
singer les bourreaux d’hier. Ils se
débarrassent de leur culpabilité
certaine en ce qui concerne
l’antisémitisme et le génocide nazi sur
le dos des Palestiniens qui n’ont rien à
voir avec cette barbarie européenne. En
voulant réhabiliter le Maréchal Pétain
pour son rôle dans la boucherie de
Verdun et en invitant Nétanyahou pour
l’anniversaire de la Rafle du Vel d’Hiv
(un crime bien français, qu’est-ce
qu’Israël a à voir avec cela ?), Macron
est aussi un assassin de la mémoire : il
brouille toute compréhension.
Permettre aux
dirigeants sionistes de se réclamer de
la mémoire des Juifs persécutés, c’est
leur rendre un service fantastique, ils
n’ont aucun droit à se réclamer de ce
passé qu’ils piétinent.
Le crime se
poursuit contre les Palestiniens parce
qu’Israël est devenu le bras avancé de
l’Occident : ses dirigeants donnent
l’exemple d’une reconquête coloniale
aboutie, d’une économie fondée sur les
technologies de pointe et les armes les
plus efficaces, des méthodes les plus
abouties pour commettre des meurtres
impunis. Ils sont les maîtres en ce qui
concerne la surveillance et
l’enfermement des populations supposées
dangereuses. Ils montrent que le racisme
le plus décomplexé, le militarisme et la
corruption sont ce qu’il y a de plus
efficace pour gouverner.
Cette complicité
obscène, il est plus qu’urgent de la
briser.
Les Juifs israéliens
sur la trace des Pieds Noirs d’Algérie ?
En Algérie aussi,
des Européens, français pour la plupart,
appartenant souvent aux couches les plus
défavorisés, sont devenus des
colonisateurs.
On ne leur avait
pas dit que l’Algérie était « une terre
sans peuple pour un peuple sans terre »,
mais juste que, les autochtones étant
tous des « arriérés », il était licite
de prendre leurs terres, de les priver
de tout droit civique et de les utiliser
comme main d’œuvre exploitable et
corvéable à merci.
Et quand les
Algériens se sont révoltés, il est
devenu « légitime » de brûler leurs
villages, de violer les femmes, de
torturer, de faire disparaître les
corps, de multiplier les « corvées de
bois ». Au bout du compte, la grande
majorité des Pieds Noirs (même ceux qui
étaient là depuis plusieurs générations)
et des Juifs algériens (qui étaient des
autochtones, ils ont été assimilés au
colonisateur par le décret Crémieux) a
dû partir. Sans doute, s’il avait existé
un courant politique conséquent, chez
les Pieds Noirs, pour négocier leur
maintien dans une Algérie indépendante,
ce maintien aurait été possible. Mais
c’est un mouvement fasciste, l’OAS, qui
s’est exprimé en leur nom.
L’équivalent de
l’OAS est au pouvoir en Israël, sans
réelle alternative. Comme les Pieds
Noirs, les Israéliens sont sûrs d’avoir
la force avec eux. Ils sont sûrs que les
pertes énormes infligées à l’adversaire,
les humiliations, les enfants arrêtés,
les tortures … leur assureront une
domination éternelle. Cette domination
est une évidence renforcée par la vague
populiste fascisante dans de nombreux
pays. Beaucoup d’Israéliens pensent que
ce rapport de force sera éternel. Aucun
rapport de force n’est éternel.
Les Juifs
israéliens, à la différence des Pieds
Noirs, n’ont pas de métropole. En ce
sens la politique de type OAS menée
actuellement n’est pas seulement
criminelle contre les Palestiniens. Elle
est suicidaire pour les Juifs israéliens
et menace aussi les Juifs du monde
entier. On ne réparera pas le nettoyage
ethnique de 1948 par un autre nettoyage
ethnique. Cela impose d’en finir avec le
rouleau compresseur colonial.
Notre mémoire : le
vivre ensemble, l’égalité, la
solidarité.
Pendant des
décennies, la majorité des Juifs ont
considéré que leur émancipation, comme
population discriminée, passait par
l’émancipation de l’humanité. On peut
discuter à l’infini pour savoir si
l’engagement massif des Juifs/ves dans
des combats pour la démocratie, pour la
révolution, contre le fascisme et le
colonialisme, étaient ou non une
« transposition laïque » du messianisme.
Révolutionnaires,
scientifiques, écrivain-e-s, cinéastes,
militant-e-s ouvriers, ces Juifs/ves,
même quand ils/elles ne revendiquaient
pas cette identité, ont été à
l’antithèse des fascistes au pouvoir en
Israël. Les valeurs de ces hommes et
femmes étaient l’égalité, la solidarité,
l’esprit critique, l’universalisme,
l’engagement. La figure du Juif, ça a
longtemps été Hannah Arendt ou Abraham
Serfaty. Aujourd’hui, ce sont les
soudards Lieberman ou Nétanyahou
Après le génocide nazi, le cri des
rescapés a été : « que cela n’arrive
plus jamais » !
Les sionistes
disent : « que cela ne NOUS arrive plus
jamais » ! Et cela veut dire exactement
l’inverse. Ils ont repris à leur compte
toutes les « valeurs » des bourreaux
d’hier : racisme décomplexé, négation
des droits et de la dignité de l’autre,
destruction systématique de la société
de l’autre, meurtres gratuits,
suprématisme. Ils imitent ce que les
États-Uniens ont fait contre les
Amérindiens avec la même bonne
conscience. Ils pensent qu’ils ont tous
les droits.
Ils ne sont pas
seulement des assassins du peuple
palestinien. Ils assassinent aussi la
mémoire du judaïsme, qu’il soit laïque
ou religieux.
Pierre Stambul
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