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L'Humanité

Daech n’a pas réussi à faire disparaître
la Perle du désert

Pierre Barbancey


Devant l’entrée de ce qu’il reste du Temple de Bel, un soldat de l’armée syrienne monte la garde.
Au loin, les vestiges de la cité antique que surplombe la citadelle.
Photo : Pierre
Barbancey

Lundi 4 avril 2016

Les destructions sont terribles dans la cité antique de Palmyre. Mais les dégâts auraient pu être irréversibles. Les djihadistes prévoyaient de faire sauter tout le site. Récit de la libération et reportage au milieu des ruines.

Palmyre (Syrie), envoyé spécial.

Comment cacher son émotion en parvenant aux portes de Palmyre, qui abrite la cité antique, déclarée patrimoine de l’humanité par l’Unesco ? À ce moment-là, nul ne sait vraiment l’étendue du désastre. La ville demeure-t-elle la « perle du désert », ainsi qu’elle est surnommée, ou au contraire l’écrin a-t-il été brisé par ces forces obscurantistes qui, une fois de plus, démontrent que seule la haine les anime ? ­Depuis Damas, la route est longue pour s’y rendre. À Homs, il faut bifurquer et s’engager dans le désert. Tout au long de la route, les fortifications de l’armée se ­succèdent. La plaine caillouteuse est vaste. Malgré un début de déroute, Daech peut encore attaquer de toutes parts. Des monticules de terre, aptes à ­stopper des voitures piégées, se dressent comme des ­murailles. Les tanks sont en ­position. Les mitrailleurs en alerte permanente. À moins d’une centaine de kilomètres de Palmyre, la base aérienne est en effervescence. Un MiG 21 décolle, d’autres avions sont à l’abri sous des hangars. L’asphalte est abîmé par les chenilles des chars qui ont fait route vers Palmyre. Le joyau a été récupéré après de durs combats. Maisons explosées, véhicules calcinés : la guerre. Et soudain, au détour d’un virage, apparaît, encore fière, la citadelle de Palmyre. De là, nous allons plonger vers l’histoire.

Depuis la citadelle, la vue est imprenable. D’un côté, la ville nouvelle de Palmyre. De l’autre, la cité antique, qui s’étend, majestueuse, avec cette enfilade de colonnes qui semble ne pas vouloir s’arrêter. Et, au loin, l’oasis, source de vie dans ce désert ingrat. Mais depuis le mois de mai de l’année dernière, il n’est plus question de tourisme ou de contemplation d’une des merveilles du monde. L’organisation dite de l’« État islamique », Daech, a conquis la ville et ses vestiges et s’y est installée. Les promontoires et les collines escarpées qui forment comme un demi-cirque ne sont plus des lieux de panorama mais des places stratégiques pour défendre la position. Une position d’autant plus importante pour Daech qu’il s’agit d’un verrou. « La route qui serpente dans l’oasis mène à Deir ez-zor, explique le colonel Samir, qui dirigeait un bataillon lors des derniers combats. De l’autre côté, à travers les montagnes, c’est la direction de Raqqa. Beaucoup de djihadistes se cachaient dans ces collines. Cela a été extrêmement compliqué de les en déloger. D’autant qu’ils ont avec eux des combattants afghans qui se meuvent comme poissons dans l’eau dans cet environnement de montagne. Notre tâche était d’autant plus compliquée que nous voulions à tout prix préserver le site antique. »

À l’ombre de la muraille de la citadelle, Abderrhaman et Brahim goûtent à la fraîcheur de l’ombre. La barbe hirsute, pleine de sable et de poussière, les yeux secs, les lèvres gercées, ils goûtent un repos certainement bien mérité. Avec d’autres, ils ont fait partie de ces petits groupes chargés de déloger les djihadistes de la citadelle et de la colline avoisinante, baptisée Syriatel, à cause de l’antenne de télécommunication qui s’y dressait. Deux nids d’aigle où les hommes de Daech se sentaient à l’abri. « C’était difficile », avoue Abderrhaman en allumant ce qui doit être la trentième cigarette de cette journée pourtant commençante. Il recrache la fumée d’un souffle, nuage qui s’agrippe dans ses poils de barbe avant de disparaître. Un regard vers le lointain, un autre vers son copain Brahim. Un petit sourire. Pas de fierté. Juste de contentement d’être encore en vie. « Il y avait des snipers en embuscade et on essuyait leurs tirs, racontent-ils de concert. On avait formé des petits groupes de volontaires pour les attaquer de plusieurs côtés mais on n’arrivait pas à avancer. Il a fallu demander l’appui des troupes en contrebas pour être couverts. Et quand on parvenait à progresser sur le chemin escarpé, les terroristes balançaient des grenades. » Les soldats syriens parviennent finalement à la porte de la place fortifiée avant que les djihadistes ne réussissent à la faire sauter. « Quand nous sommes arrivés, ils s’étaient enfuis par les souterrains. De l’autre côté, en partant, ils ont fait sauter le pont qui nous aurait permis de les poursuivre », expliquent les deux hommes. Un officier leur a ordonné de ne pas entrer par crainte d’engins piégés. « On ne lui a pas obéi, disent-ils. On savait que la victoire était proche. » Certainement un peu de forfanterie, mais, dans le fond, une rage, une fierté de faire détaler ces djihadistes. « On est finalement entré. Il y avait des lits de camp, des talkies-walkies et des panneaux solaires qui leur permettaient d’avoir de l’électricité. »

La cité antique a été touchée, mais sauvée de la destruction totale

Une fois les positions élevées prises, la progression vers la ville a été plus simple sans que le danger soit totalement écarté. Mais, là aussi, il a fallu redoubler de prudence. « Ils ont placé des mines tous les cent mètres, révèle le commandant Munzer. Ils ont caché des explosifs sous les pierres, le long des routes mais aussi à l’intérieur des maisons et même dans les arbres. Même les cadavres, qui gisaient dans les rues, étaient piégés. » Les démineurs syriens ont commencé le travail, mais devant l’ampleur de la tâche, ils ont fait appel aux artificiers russes. Ces derniers ont dépêché des robots. Toutes les cinq minutes une explosion retentit. Parfois des tirs à l’arme automatique dont on ne sait s’il s’agit de l’éradication d’une poche où se cachent des combattants de Daech, l’explosion de munitions ou tout simplement des tirs d’approche. Les panaches de fumée noire qui s’élèvent de la ville rajoutent à cette atmosphère d’apocalypse. Plus de 1 200 mines auraient été neutralisées par les sapeurs syriens et russes.

Sur la route qui permet d’entrer dans la ville, les maisons sont éventrées, les murs criblés de balles. L’hôtel de ville n’est qu’un amas de ruines. La ville nouvelle a été désertée de ses habitants, qui se sont réfugiés dans les villages alentour. Enfin, sur la droite, un panneau qui indique la direction de la cité antique. À première vue, tout semble intact. Impression fausse, comme toujours. Si la porte du temple de Bel – construit en 32 après J.-C. – est intacte, la cella (la chambre), elle, est réduite en poussière. Le fameux arc de triomphe a également été endommagé. Sur une des pierres, près de l’entrée du temple, on peut lire : « On n’entre pas sans l’autorisation de l’État islamique. » Sur les morceaux de colonnes qui s’enchevêtrent telles des baguettes de mikado, des militaires scrutent les environ, montent la garde, empêchent d’éventuels pillages. Parmi eux, le capitaine Mohammad Ayoub. Les yeux d’un bleu vert, le teint hâlé, la main posée avec sûreté sur sa kalachnikov, il raconte ces huit longs mois pour finalement reprendre Palmyre. Les combats pour empêcher Daech d’approcher de Homs, les activités de renseignements pour savoir à quels endroits de la ville se disposaient les forces djihadistes. Et enfin, l’assaut final.

Dans la ville nouvelle, déserte, l’odeur de la mort règne encore

« La bataille a duré trois jours. Tout le monde y a participé, affirme-t-il. À nos côtés se trouvaient les combattants du Hezbollah et des milices iraniennes. Nous étions tous ensemble. L’aviation russe, qui a opéré nuit et jour, a été déterminante. Les terroristes avaient placé leurs chars, une vingtaine, près de l’oasis. S’ils n’avaient pas été détruits, il aurait été difficile de progresser comme nous l’avons fait. » Il se souvient aussi de cette fois où, avec ses hommes, il s’est retrouvé face à face avec quinze djihadistes. « C’était homme contre homme. Nous l’avons emporté, mais ça aurait pu être le contraire. »

Si la cité antique a été touchée, elle a été sauvée de la destruction totale. Lorsqu’ils l’occupaient, les islamistes de Daech n’ont pas pu achever leur sale besogne devant la colère des habitants (lire ci-contre). Mais il semble bien qu’ils projetaient néanmoins de tout faire sauter en partant. On dit même que l’armée russe a procédé à un brouillage de la zone pour éviter l’explosion d’engins à l’aide de téléphone GSM. Reste que les dégâts sont considérables. Le directeur des antiquités de Syrie, Maamoun Abdelkarim, se veut rassurant (lire page 6) mais rien ne sera plus comme avant. Et que dire de l’amphithéâtre, intact, mais qui a servi de cadre à l’exécution publique de 25 soldats syriens par des adolescents ?

Dans la ville nouvelle, déserte, à l’exception de quelques soldats en faction, l’odeur de la mort règne encore. Avant de partir, les djihadistes ont brûlé leurs cadavres. « Ils font cela pour nous empêcher de connaître leur nationalité », croit savoir un officier. Dans une des rues, un morceau de chiffon noir attire le regard. C’est un drapeau de Daech. Un jeune militaire s’en saisit et le déploie. Il le montre, prend un briquet et l’enflamme. Une joie compréhensible ! D’une maison surgit ensuite un officier, plusieurs cahiers dans les mains. Des manuels scolaires de l’« État islamique », section de Homs. Sur les planches de sciences naturelles, même les têtes des animaux ont été floutées !

© Journal L'Humanité
Publié le 6 avril 2016 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité

 

 

   

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Source: L'Humanité
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