Syrie
Quand le journal libération accuse
Macron
de "soutenir le terrorisme"
Philippe Huysmans
Mardi 4 juillet 2017
Dans une tribune offerte à une centaine
d' « intellectuels », le quotidien de
gôche se livre à son exercice favori, la
défense des positions radicalement
atlantistes.
Le quotidien
sartrien n'y va pas par quatre
chemins, et s'en trouve encore moins
gêné qu'il le fait dire par une
brochette « d'intellectuels » qui ont
pratiquement tous en commun d'être de
parfaits inconnus, et quand on les
connaît, c'est généralement pour leurs
sympathies avec des think-thanks
d'obédience néocon ou leur proximité
avec l'opposition syrienne.
« Monsieur le
Président, maintenir Assad, c’est
soutenir le terrorisme »
Ce qu'avait dit
Macron
Et il y a la Syrie.
Sur ce sujet, ma conviction profonde,
c’est qu’il faut une feuille de route
diplomatique et politique. On ne réglera
pas la question uniquement avec un
dispositif militaire. C’est l’erreur que
nous avons collectivement commise. Le
vrai aggiornamento que j’ai fait
à ce sujet, c’est que je n’ai pas énoncé
que la destitution de Bachar el-Assad
était un préalable à tout. Car personne
ne m’a présenté son successeur
légitime !
Source : Le Temps
En gros, le nouveau
président prend acte de la nouvelle
donne géopolitique en Syrie, l'échec de
la tentative de renversement du pouvoir
par la « soi-disant » Armée Syrienne
Libre, qui n'existe que dans la tête
d'un certain nombre d'illuminés à 6.000
Km de Damas, et qui repose en fait sur
une armée de proxy composée
essentiellement de bandits sans foi ni
loi qui a sévi sur le territoire syrien
et une partie de l'Irak sous le nom de
Daech.
À noter aussi qu'à
ce stade ça reste une Macronade de plus
venant du gars qui était capable de dire
un jour qu'il n'était pas socialiste et
le contraire le lendemain. Disons
que ça ne mange pas de pain, et c'est à
prendre pour ce que ça vaut. Du
vent.
Sur le fond, il
s'agit d'une position cohérente : à
partir du moment où toutes les
manoeuvres visant à renverser Bachar al
Assad ont échoué, alors même que Daech
est sur le point d'être laminé par
l'armée syrienne appuyée par l'aviation
russe, c'est avant tout un constat
d'impuissance.
Il devient de plus
en plus clair qu'une intervention
massive en Syrie, la seule qui serait à
même d'amener un renversement du régime
par la force est désormais exclue, parce
qu'elle déboucherait inévitablement sur
un conflit ouvert avec l'allié russe.
La position du président Macron est donc
cohérente et réaliste.
Maintenir Assad,
c’est soutenir le terrorisme
Cette antienne, qui
revient ponctuellement comme un
marronnier a un petit côté Orwéllien.
La guerre, c'est la
paix, la liberté c'est l'esclavage,
l'ignorance c'est la force.
Et chacune des deux
propositions contenues dans l'argument
sont également fausses.
-
Maintenir Assad : la question
n'est pas de maintenir ou de
renverser Assad, parce que le
rapport de forces étant ce qu'il
est, on peut bien vouloir tout ce
qu'on veut, cela ne change rien à
l'affaire. Vous aurez d'ailleurs
noté qu'à aucun moment le président
Macron n'a parlé de maintenir
Assad, mais a simplement exprimé
qu'il ne voyait pas sa destitution
comme un préalable (à tout).
-
Soutenir le terrorisme : en
termes d'inversion accusatoire, on
frise l'indécence. Qui essaie de
renverser Assad ? Les
« terroristes » de Daech et autres
Al Qaeda qui ont été soutenus y
compris financièrement et
militairement par la coalition, y
compris la France. Qui lutte contre
les terroristes ? L'armée arabe
syrienne appuyée par l'aviation
russe. Les autres ne font que
temporiser quand ils ne protègent
pas purement et simplement ces
terroristes contre l'armée
loyaliste.
Il faudrait, à un
moment, arrêter de prendre les lecteurs
pour des quiches, parce que ça commence
à se voir un peu.
La réponse du
Vilain Petit Canard aux pétitionnaires
Chers
Intellectuels,
La question de la
légitimité (ou pas) de Bachar al Assad
n'est pas du ressort du nouveau
président élu, ni même du vôtre.
Vous êtes, avec votre propre engagement
politique, des citoyens français comme
les autres, pour ceux qui ne seraient
pas étrangers. Cela vous donne le
droit, chaque fois que des élections
sont convoquées, d'élire vos
représentants et votre président.
Il ne vous aura pas échappé, sans doute,
que la Syrie est un État souverain,
reconnu comme tel au sein des
Nations-Unies, et non une colonie
française, un Bantoustan où vous
pourriez vous comporter comme chez vous.
Le principe général
du droit international est la non
ingérence et le respect de la
souveraineté des États. La seule
exception prévue par la Charte des
Nations Unies est le
Chapitre VII (articles 39 à 51)
qui traite de l'action en cas de
menace contre la paix, de rupture de la
paix et d'actes d'agression.
Or le Conseil de
Sécurité n'a pris la moindre décision
sur le dossier syrien, tout simplement
parce que les propositions ont fait
l'objet d'un veto russe. Donc, du
point de vue strictement légal,
l'intervention en Syrie tout comme les
précédentes agressions au Moyen Orient
sont parfaitement contraires au droit.
C'est la loi du plus fort, le Far West,
une guerre néocoloniale de plus pour le
pétrole et le gaz. Et cette
marotte détestable semble bien être en
passe de devenir le nouveau standard.
Mais la répétition d'un crime, ou le
dévoiement d'une réalité sordide par les
moyens d'une propagande de guerre
savamment entretenue n'en font pas une
bonne action.
Du coup, Chers
Intellectuels, vous êtes bien mal
placés pour nous parler de légitimité,
et les termes ronflants comme «exigences
de justice » peinent à cacher une
réalité autrement plus minable, à mille
lieues des idéaux élevés que vous
arborez comme des oripeaux.
Vous avez
l'indignation bien sélective, et pour
vous, une bonne victime ne peut
être qu'une victime du « régime »,
n'est-ce pas ? Les centaines de
milliers de victimes massacrées par la
gentille opposition, elles,
comptent pour peu, n'est-ce pas ?
On pourrait aussi parler des milliers de
victimes des bombardements alliés, tant
sur la Syrie que sur l'Irak ?
Votre prose n'est
qu'un ramassis de caricatures plus
éculées les unes que les autres, et ce
qui ne trompe personne, c'est qu'elle
dresse un tableau à sens unique : la
gentille opposition démocrate face au
dictateur sanguinaire. Mais elle
est où votre gentille opposition
démocrate ? Les putains de
barbares qui décapitent, brûlent vif,
violent et donnent à leurs esclaves
sexuelles leur propre gosse, servi avec
du riz, c'est ça ? Vous n'avez
donc aucune vergogne, aucun reste de
décence ou d'humanité ?
Vous avez déjà
perdu. La coalition a perdu, et
les plus clairvoyants ont bien compris
qu'il fallait désormais intégrer cette
nouvelle donne géostratégique dans leur
politique. Il n'y a vraiment que
des taupes dans votre genre pour ne pas
comprendre cela.
Références:
Libération (02.07.17) - Monsieur le
Président, maintenir Assad, c’est
souteni...
Le Temps (21.06.17) - Emmanuel Macron:
«L’Europe n’est pas un supermarché.
L’...
Le
dossier Syrie
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