Amnesty
International compte parmi les
premiers organismes de défense des
droits de l’homme dans le monde. Ses
déclarations façonnent l’opinion
publique, alors que les États se
sentent obligés sinon d’en tenir
compte, du moins de leur répondre.
Un mouvement en faveur de la justice
qui aspire à atteindre un large
public et infléchir la politique de
l’État ne peut se permettre
d’ignorer Amnesty International si
et quand elle se fourvoie. Cette
monographie [étude exhaustive]
soutient qu’Amnesty a en effet perdu
le nord, et l’intention de cette
monographie est de documenter cette
analyse, dans l’espoir que Amnesty
effectuera d’elle-même – ou que ses
membres de base l’y obligeront – une
correction de trajectoire.
Ces dernières
années, Amnesty International a
publié des rapports méticuleusement
documentés et légalement
inattaquables sur le respect des
droits de l’homme dans le conflit
israélo-palestinien, par exemple,
Opération Plomb durci : 22 jours de
morts et de destruction [1], un
réquisitoire accablant sur l’assaut
d’Israël à Gaza en 2008-2009. Mais
cela n’a pas toujours été le cas.
Pendant de nombreuses décennies,
cette vénérable organisation de
défense des droits de l’homme a
effectivement donné à Israël un
laissez-passer gratuit sur ses
pratiques de torture généralisée
dans les territoires palestiniens
occupés [2]. A en juger par les
rapports qu’elle a émis après
l’agression d’Israël sur Gaza durant
l’été 2014, l’opération « Bordure
Protectrice », Amnesty régresse à
ses apologétiques antérieures. Pour
ceux qui ont appris à se fier à
Amnesty et à la citer comme une
source d’informations précises sur
les droits de l’homme, ce
développement est inquiétant et
profondément frustrant. Le but
principal de cette monographie n’est
pas de rendre compte des raisons de
ce rétropédalage apparent d’Amnesty,
bien que certaines spéculations sur
ce sujet seront avancées en
conclusion, mais de le documenter
soigneusement, en se concentrant en
particulier sur l’acte d’accusation
global d’Amnesty contre le Hamas [3]
intitulé Illégaux et mortels:
tirs de roquettes et de mortiers par
les groupes armés Palestiniens au
cours du conflit de 2014 entre
Israël et Gaza [4].
La
comparaison fallacieuse
Le tableau n° 1
présente les données brutes à partir
desquelles une évaluation de
l’opération « Bordure
Protectrice » (ci-après : OBP)
commence nécessairement [5].
Tableau n°
1 : Les pertes civiles de
l’opération « Bordure Protectrice »
|
Nombre
total de morts (dont x
enfants)
|
Civils
tués (% des pertes totales)
|
Combattants tués (% des
pertes totales)
|
Dommages directs à
l’infrastructure civile
|
Maisons
civiles détruites ou rendues
inhabitables
|
Israël
|
73 (1)
|
6** (8)
|
67 (92)
|
55 000
000
|
1***
|
Gaza*
|
2 200
(550)
|
1 560
(70)
|
640
(30)
|
4 000
000 000
|
18
000****
|
* Pour Gaza,
les chiffres sont arrondis. Tout au
long de cette monographie,
les grands nombres sont de même
arrondis à la dizaine, à la centaine
ou au millier.
** Un civil
était un travailleur immigré
thaïlandais.
*** 11 autres
ont subi des dégâts.
**** 38 000
autres ont subi des dégâts.
« Des deux
côtés, observe Amnesty dans son
rapport Illégaux et mortels,
les civils ont une fois de plus
porté le poids de la troisième
guerre totale en moins de six ans.»
Bien qu’elle soit sans doute vraie
[9], cette déclaration obscurcit le
fossé béant qui sépare l’ampleur de
la souffrance infligée aux civils de
Gaza par rapport aux civils
israéliens [10]. Il est difficile de
trouver un exemple plus palpable
d’une différence quantitative se
transformant en qualitative que
celui du seul enfant israélien tué
face aux 550 enfants de Gaza tués ;
et cela ne diminue pas le caractère
sacré de toute vie de relever le
fait que si la mort d’un enfant
israélien est terrible, avec le même
calcul, les décès d’enfants de Gaza
sont 550 fois plus terribles. Une
mission médicale internationale
d’enquête, recrutée par la branche
israélienne des Médecins pour les
droits de l’homme et composée de
médecins éminents, a conclu son
rapport sur OBP avec cette mise en
garde : « Sans vouloir dévaluer en
aucune façon les effets
traumatisants de la guerre sur les
civils israéliens, ils pâlissent en
comparaison des conséquences de la
destruction massive infligée à Gaza.
» [11] Même le Secrétaire général de
l’ONU Ban Ki-moon, qui par le passé
a déshonoré ses fonctions avec son
apologie en faveur d’Israël [12], a
soigneusement distingué les attaques
mortelles d’Israël contre les
installations de l’ONU lors de
l’OBP, qu’il « déplore », et
l’utilisation abusive par le Hamas
des installations des Nations
Unies pour lesquelles il est «
consterné ». [13] On cherche en vain
une reconnaissance ou nuance
comparable formulée par Amnesty.
En accord avec
sa prétention d’impartialité,
Amnesty donne l’impression qu’Israël
et le Hamas furent également
coupables d’avoir violé les lois de
la guerre. L’organisation a publié
deux rapports d’après-guerre
documentant les crimes d’Israël et
deux rapports documentant les crimes
du Hamas (quatre au total), tandis
que de manière incroyable, elle a
consacré, tout compte fait, beaucoup
plus de pages à inculper le Hamas
(107 pages) qu’Israël (78 pages)
[14]. Dans son rapport intitulé
Opération Plomb Durci, Israël
avait fait porter l’essentiel de
l’acte d’accusation d’Amnesty (60
pages contre 13), le rapport
allouant respectivement un espace
plus représentatif, bien qu’encore
loin de la réalité, aux morts et aux
destructions infligées par chaque
côté [15]. L’introduction de chacun
des rapports d’après-guerre
d’Amnesty sur OBP équilibre
méthodiquement la distribution de la
culpabilité. Comme si cela n’était
pas assez problématique, le rapport
intitulé Illégaux et mortels détaille
la mort de l’unique enfant israélien
tué par une attaque du Hamas sur
plus de deux pages. Si Amnesty était
vraiment soucieuse de rendre compte
fidèlement des pertes respectives –
et non pas de les altérer –,
n’aurait-elle pas dû consacrer 1 100
pages aux enfants tués à Gaza ?
Amnesty suggère même que le Hamas
était la partie la plus
manifestement coupable dans ce
conflit. Ainsi, la conclusion de
Illégaux et mortels déplore sans
équivoque le « mépris flagrant du
droit international humanitaire »
par le Hamas, alors que l’un des
rapports réciproques d’Amnesty
intitulé Familles sous les
décombres : les attaques
israéliennes sur les maisons
habitées, conclut prudemment que
la destruction causée par Israël
– 18 000 maisons de Gaza furent
entièrement détruites ou rendues
inhabitables, laissant 110 000
personnes sans-abri – « soulève des
questions difficiles pour le
gouvernement israélien auxquelles il
n’a jusqu’à présent pas pu répondre
». [16] Il est, bien sûr, possible
de concevoir que le Hamas ait commis
autant de crimes de guerre
qu’Israël, sinon plus, durant l’OBP,
mais, à première vue, ce serait une
conclusion éminemment anormale. Que
ce soit en termes absolus
ou relatifs, les échelles de
culpabilité semblent incliner
lourdement du côté israélien : le
Hamas a tué 73 Israéliens, dont
seulement 8% étaient des civils,
tandis qu’Israël a tué 2 200
Gazaouis dont 70% étaient des
civils ; les dommages infligés à
l’infrastructure civile de Gaza (4
milliards de dollars) dépassent d’un
facteur de 70 les dommages infligés
à l’infrastructure d’Israël
(55 millions de dollars), tandis que
le ratio des habitations civiles
détruites par Israël par rapport
au Hamas est de 18 000 pour 1. La
question intrigante est celle-ci :
comment Amnesty a-t-elle réussi à
transformer ce bilan sauvagement
déséquilibré en acte d’accusation
équilibré des deux parties du
conflit ?
Un arsenal
menaçant
Pour justifier
sa violence déchaînée à Gaza, Israël
met invariablement le projecteur sur
l’arsenal de roquettes que le Hamas
aurait stocké. Amnesty se fait
l’écho de cette version des faits.
Ainsi, le lecteur apprend dans le
rapport d’Amnesty Illégaux et
mortels que, dès 2001, le Hamas
avait empilé des roquettes à courte
portée ; qu’il a ensuite « développé
des roquettes Qassam de plus longue
portée » ; que « plus récemment, les
groupes armés à Gaza ont produit,
modernisé, ou importé en contrebande
des milliers de roquettes Grad BM-21
de différents types, avec des
portées variant de 20 km à 48 km, et
acquis ou produit un plus petit
nombre de fusées de moyenne et
longue portée », y compris « le Fajr
5 iranien et le M-75 produit
localement (tous deux avec une
portée de 75 km), ainsi que les
roquettes de confection locale J-80
d’une portée de 80 km » ; et que «
lors de l’opération Bordure
Protectrice, les Brigades al-Qassam
ont affirmé avoir tiré des roquettes
R-160, une version locale du M-302,
également avec une portée de 160 km.
» [17] « La majorité des 8,3
millions d’Israéliens, et la
totalité des 2,8 millions de
Palestiniens de la Cisjordanie
occupée », conclut sinistrement
Amnesty, « sont maintenant à portée
d’au moins une partie des roquettes
détenues par des groupes armés
palestiniens dans la bande de Gaza…
[L]e cercle de la peur s’est élargi.
» Mais quelle a été la réalité de la
menace posée à Israël par l’arsenal
de roquettes du Hamas ? (Par
charité, on ignorera l’inclusion
bizarre par Amnesty des Palestiniens
de Cisjordanie dans le « cercle de
la peur »).
Le Hamas aurait
tiré 5 000 roquettes et 2 000 obus
de mortier sur Israël pendant l’OBP.
[18] L’écart entre les milliers
d’armements du Hamas déchaînées sur
Israël et le caractère minimal
des morts et des destructions
qu’elles ont infligées est
généralement porté au crédit du Dôme
de Fer, le merveilleux système de
défense anti-missile d’Israël.
Amnesty rapporte ainsi que « le
système de défense antimissile
d’Israël ‘Dôme de Fer’ a permis de
limiter les pertes civiles dans de
nombreuses zones », et a été utilisé
« pour protéger les zones civiles
des projectiles lancés depuis la
bande de Gaza ». Mais cette
explication ne convainc guère.
Israël prétend que le Dôme de Fer a
intercepté 740 roquettes ; le
Département de la sûreté et de la
sécurité de l’ONU (cité par Amnesty)
estime le nombre à 240. Étrangement,
Amnesty omet les conclusions
accablantes de l’une des principales
autorités mondiales en matière de
défense anti-missile, Theodore
Postol, du MIT [19]. Postol avait
démystifié les revendications
magnifiant le système de défense
anti-missile Patriot au cours de la
première guerre du Golfe en 1991
[20]. Il a conclu que le Dôme de
Fer a intercepté avec succès 5% des
roquettes du Hamas, soit, sur la
base des données d’Israël, le
nombre décevant de 40 d’entre elles
[21]. En général, le Dôme de Fer a
servi comme un accessoire polyvalent
dans diverses campagnes israéliennes
de hasbara [propagande].
Après l’opération Pilier de Défense
en 2012, Israël a vanté le succès de
son système de défense anti-missile
pour compenser les maigres résultats
de l’assaut [22]. Mais Israël a
minimisé l’efficacité du Dôme de Fer
dans son rapport post mortem
officiel sur l’OBP intitulé Le
Conflit de Gaza de 2014, 7
Juillet-26 Août 2014, de même
qu’il a gonflé la vulnérabilité de
son front intérieur, afin de
justifier les morts et les
destructions provoquées par
Israël pendant l’opération. Ce
rapport, qui a été publié en 2015
pour anticiper les conclusions
critiques d’une enquête du Conseil
des droits de l’homme de l’ONU et
qui n’est rien de plus que du
rabâchage, ne consacre que deux
de ses 460 paragraphes au Dôme de
Fer, tandis que l’accent est mis non
pas sur la brillante performance du
Dôme de Fer mais sur son caractère
faillible et son incapacité à
empêcher des « dommages importants à
la vie et aux biens des civils ».
[23]
Même selon le
calcul officiel israélien de 740
interceptions, il reste encore une
question troublante : Comment se
fait-il que les milliers de
projectiles du Hamas non interceptés
par le Dôme de Fer aient infligé si
peu de dommages ? En effet, avant
même qu’Israël n’ait déployé le Dôme
de Fer pour la première fois, lors
de l’opération Pilier de Défense,
les projectiles du Hamas comptaient
à peine. Alors que le Hamas a tiré
13 000 roquettes et obus de mortier
sur Israël entre 2001 et 2012, un
total de 23 civils israéliens
ont été tués, soit un civil tué pour
500 projectiles tirés. [24] Au cours
de l’opération Plomb Durci
[2008-2009], l’affrontement le plus
violent d’Israël avec Gaza avant
l’OBP et avant le Dôme de Fer, le
Hamas a tiré 900 projectiles [25],
mais n’a tué que trois civils. En
outre, au cours de l’OBP, 2 800
projectiles du Hamas, soit 40%
du total, sont tombés dans les
régions frontalières d’Israël [26]
où le Dôme de Fer n’était
pas déployé, mais seul un civil
israélien a été tué par une roquette
[27]. (La plupart des Israéliens des
zones frontalières « sont restés
dans leurs communautés d’origine »
au cours de l’OBP [28].)
Postol attribue
le peu de victimes civiles
israéliennes pendant l’OBP
principalement (mais pas
exclusivement) au système d’alerte
précoce et aux abris d’Israël [29],
qui a été considérablement amélioré
au cours des dernières années [30].
Mais cela ne suffit toujours pas à
expliquer entièrement le faible
nombre de victimes civiles causées
avant ces améliorations de la
défense civile et, encore plus
révélateur, cela ne peut pas
expliquer les dommages matériels
minimes. Pendant l’OBP, un site web
du Ministère israélien des Affaires
étrangères a tenu la chronique, sur
une base quotidienne, des dommages
matériels causés par les roquettes
du Hamas [31]. Le tableau n°
2 résume ses données.
Tableau n°
2 : Dommages matériels israéliens
dus aux attaques de roquettes du
Hamas
Date
|
Description
|
7
juillet
|
|
8
|
dommages sur une propriété
|
9
|
immeuble à côté d’un jardin
d’enfant touché
|
10
|
|
11
|
une
maison complètement
détruite, deux autres
endommagées
|
12
|
|
13
|
une
roquette frappe une centrale
électrique israélienne
alimentant Gaza en
électricité
|
14
|
|
15
|
dommages significatifs à des
voitures et propriétés ; une
école pour enfants
handicapés est frappée
|
16
|
maison
endommagée
|
17
|
immeuble endommagé
|
18
|
jardin
d’enfant
et synagogue endommagés
|
19
|
gros
dommages dans une zone
résidentielle
|
20
|
|
21
|
maison
touchée, immeuble endommagé
|
22
|
maison
endommagée
|
23
|
|
24
|
|
25
|
|
26
|
|
27
|
deux
maisons touchées
|
28
|
|
29
|
|
30
|
|
31
|
|
1er
Août
|
|
2
|
|
3
|
cour
d’école touchée
|
4
|
|
5
|
maison
touchée
|
6
|
|
7
|
|
8
|
maison
touchée
|
9
|
|
10
|
|
11
|
|
12
|
|
13
|
|
14
|
|
15
|
|
16
|
|
17
|
|
18
|
|
19
|
centre
commercial touché
|
20
|
|
21
|
immeuble touché
|
22
|
maison
et synagogue touchées
|
23
|
|
24
|
|
25
|
|
26
|
maison
et terrain de jeu touchés
|
Le rapport Illégaux
et mortels rapporte que « des
dizaines de roquettes et d’obus de
mortier dans les zones bâties ont
endommagé des biens civils, y
compris des maisons d’habitation,
des infrastructures, des bâtiments
publics et des établissements
d’enseignement », tandis que Le
Conflit de Gaza de 2014 allègue
que « plusieurs communautés
résidentielles à la frontière avec
le Bande de Gaza… ont été lourdement
frappées par des tirs de roquettes
et de mortier » [32]. Pourtant,
n’est-ce pas aussi une
chose remarquable et
digne d’émerveillement que, même en
admettant qu’un certain pourcentage
ait atterri dans des zones vides,
les milliers et milliers de
roquettes du Hamas aient infligé des
dommages négligeables ? Comment se
fait-il qu’une seule maison
israélienne ait été détruite et 11
autres frappées ou endommagées par
un tel méga-barrage de roquettes ?
[33] La réponse la plus évidente
et la plus plausible est que la
plupart de ces prétendues roquettes
n’étaient que des feux d’artifice
améliorés. Amnesty évoque des
scénarios cauchemardesques autour
des roquettes à longue distance du
Hamas. Mais les roquettes à longue
distance du Hamas utilisées lors de
l’opération Pilier de Défense ne
disposaient pas de
charges explosives ; un responsable
israélien les a ignorées en les
qualifiant de « simples tuyaux »
[34]. Il est peu probable que le
Hamas ait considérablement amélioré
sa technologie de roquettes
en l’espace des seulement 20 mois
séparant les opérations Pilier de
Défense et OBP, et en toute
probabilité, il n’a pas pu obtenir
en contrebande un nombre
substantiel de missiles sophistiqués
– huit mois après Pilier de Défense,
en juillet 2013, eut lieu le
coup d’État en Egypte, et l’un des
premiers actes du leader du coup
d’État a été de sceller presque tous
les tunnels entre le nord du Sinaï
et Gaza, qui étaient la principale
route de contrebande. En adoptant le
récit d’Israël sur l’arsenal
meurtrier de roquettes du Hamas, et
même si les projectiles ont créé une
certaine peur au sein de la
population civile israélienne,
Amnesty s’est fait, sciemment ou
non, un relais de propagande d’État.
Norman
Finkelstein
A suivre
Voir
également :
Norman Finkelstein, un an après la
destruction de Gaza : Collecte pour
reconstruire l'hôpital Al-Awda
Notes :
[1] 2009.
[2] Norman G.
Finkelstein, Knowing Too Much:
Why the American Jewish romance with
Israel is coming to an end, New
York, 2012, p. 97.
[3] Par Hamas,
nous désignons ici tous les groupes
armés à Gaza.
[4] 2015.
[5] Pour en
savoir plus sur l’OBP, voir Norman
G. Finkelstein, Méthode et
Folie : L’histoire cachée des
agressions israéliennes sur Gaza,
New York, 2014.
[6] La plupart
des données israéliennes dans cette
monographie viennent de l’État
d’Israël, Le conflit de Gaza de
2014, 7 juillet-26 août 2014
(mai 2015). Il rapporte que la
rémunération totale pour les
dommages directs causés à des civils
israéliens atteindra 40 millions de
dollars, tandis que l’État va
dépenser 15 millions de dollars
supplémentaires pour réparer
l’infrastructure publique qui a été
endommagée (§ 112, 223).
[7] Les
chiffres des victimes de Gaza sont
basés sur l’Office des Nations Unies
pour la coordination des affaires
humanitaires (OCHA), Vies
Fragmentées (mars 2015). Les
principales organisations de défense
des droits de l’homme basées à Gaza
(Al Mezan, Centre palestinien pour
les Droits de l’homme), estiment le
nombre de civils tués à 1 600-1 700.
Le rapport d’Israël Le conflit de
Gaza de 2014 allègue que, sur
les 1 700 décès de Gaza classifiés
sur un total de 2 125, 940 (44%)
étaient des « militants » du Hamas,
760 (36%) étaient des civils, et 420
(20%) étaient « encore à
classer ». Il indique également qu’à
l’exception de quelques rares cas,
les femmes, les enfants de moins de
16 ans et les personnes âgées
étaient toujours automatiquement
classés dans les calculs comme « non
impliqués ». Mettant de côté toutes
les autres absurdités dans la
comptabilité d’Israël, selon l’OCHA,
le nombre de femmes et d’enfants de
Gaza tués – c’est-à-dire à
l’exclusion des adultes mâles – est
déjà de 850 (la seule petite
divergence est que l’OCHA considère
comme enfant toute personne âgée de
17 ans au lieu de 16 ans). Le
rapport israélien dénonce OCHA pour
avoir fondé sa répartition
combattants/civils sur les « listes
de décès quotidiennes publiées par
le ministère de la Santé de la bande
de Gaza contrôlé par le Hamas »,
qui, poursuit-il, « ne précisent pas
si le défunt était un militant ». Il
est difficile de comprendre comment
l’OCHA aurait pu se fonder sur la
répartition du ministère si le
ministère n’a pas fait de
répartition. Voir Le conflit de
Gaza de 2014, pp. 56 & 165 ;
Annexe : le nombre de décès
palestiniens durant le Conflit de
Gaza de 2014, § 9, 13, 26-27.
[8] État
Palestinien, The National Early
Recovery and Reconstruction Plan for
Gaza (Octobre 2014), p. 9.
[9] D’autre
part, seulement huit pour cent du
nombre total des victimes
israéliennes étaient des civils.
[10] Dans le
dernier rapport publié par Amnesty,
intitulé Strangling Necks”:
Abductions, torture and summary
killings of Palestinians by Hamas
forces during the 2014 Gaza/Israel
conflict (2015), l’organisation
ne mentionne que brièvement que «
l’ampleur des pertes et destructions
de Gaza infligées par les forces
israéliennes a dépassé de loin
celles causées par les attaques
palestiniennes sur Israël, ce qui
reflète la puissance de feu d’Israël
bien plus grande, entre autres
facteurs».
[11] Jutta
Bachmann et al., Gaza
2014 : Les conclusions d’une mission
médicale d’enquête
indépendante, 2015, p. 101
(ci-après désignée comme Mission
médicale d’enquête).
[12] Finkelstein,
Method and Madness, pp.
101-20.
[13] Les
remarques de M. Ban Ki-moon sont
annexées au résumé du rapport final
de la commission de l’ONU à laquelle
il a demandé d’enquêter sur «
certains incidents qui se sont
produits dans la bande de Gaza entre
le 8 juillet 2014 et 26 août 2014 »
(Ci-après : Commission d’enquête
de l’ONU).
[14] En plus
des rapports Illégaux et mortels et
Strangling Necks, Amnesty
International a aussi publié
Familles sous les décombres :
attaques israéliennes contre des
maisons habitées (2014), et
Rien n’est à l’abri : la destruction
par Israël de bâtiments
emblématiques dans la bande de Gaza
(2014). Il convient de noter que ces
quatre rapports ont été publiés au
cours de la période critique et
opportune entre la fin de l’OBP et
la publication du rapport du Conseil
des droits de l’homme de l’ONU sur
l’OBP en juin 2015. Tout ce
qu’Amnesty pourra publier après le
rapport de l’ONU aurait peu ou pas
d’impact politique. On peut
constater que le rapport de l’ONU a
fait un usage extensif des quatre
rapports publiés par Amnesty, un
sujet sur lequel l’auteur reviendra
prochainement dans une nouvelle
monographie.
[15] Une
juxtaposition précise jette une
ombre encore plus sombre sur les
allocations d’espace d’Amnesty
International dans ses rapports : en
chiffres absolus, l’échelle des
morts civils et des destructions
infligées par Israël au cours de
l’opération Bordure
Protectrice était beaucoup plus
importante que durant l’opération
Plomb Durci, alors que dans le cas
du Hamas, elle était à peu près la
même.
[16] D’autre
part, Strangling Necks dit catégoriquement
que « les forces militaires
israéliennes ont commis des crimes
de guerre et d’autres violations
graves du droit international lors
de l’opération Bordure Protectrice
». Human Rights Watch (HRW) a
également été beaucoup plus rapide à
condamner le Hamas qu’à condamner
qu’Israël. « Il est évidemment plus
facile de dénoncer comme un crime de
guerre, par exemple, les efforts du
Hamas pour tirer des roquettes sur
des zones civiles, a commenté
Kenneth Roth, le directeur exécutif
de HRW, lors de l’OBP. Vous savez,
c’est tout à fait évident. Il n’y a
pas besoin de beaucoup
d’investigations pour
constater cela. Pour Israël, il faut
plusieurs enquêtes approfondies. » (http://m.democracynow.org/stories/9979).
[17] Bien
qu’Amnesty ne fournisse pas de base
pour ces données, elles proviennent
certainement de sources officielles
israéliennes. Il est difficile de
dire quelle valeur peut être
accordée à ces sources. Le
Conflit de Gaza de 2014 allègue
qu’à la veille de l’opération
Pilier de Défense (2012), le
Hamas « avait stocké plus de 7
000 roquettes et mortiers »,
tandis que la veille de l’OBP, il «
avait acquis 10.000 roquettes et
mortiers » (§ 51, 54). Ce
rapport fournit également une
répartition précise de ces roquettes
(6 700 roquettes d’une portée de
20 km, 2 300 roquettes d’une portée
de 40 km…). C’est une énigme de
savoir comment Israël aurait obtenu
ces chiffres et pourquoi, les
connaissant, il n’a pas préempté
militairement l’utilisation par le
Hamas de ces projectiles – car s’il
savait combien de roquettes le Hamas
avait amassées, il aurait sûrement
dû savoir également où elles étaient
stockées. Le rapport israélien
indique également que le Hamas «
a investi massivement dans le
réarmement après l’opération de Gaza
2008-2009 et les engagements de 2012
à Gaza, qui ont rétréci
substantiellement son stocks d’armes
» (p. 61, n186). Mais si le
Hamas avait accumulé 7 000
projectiles juste avant Pilier de
Défense, et en a tiré 1 500 au
cours de cette opération (§ 51), son
arsenal aurait été appauvri
de seulement 20%. La conclusion
raisonnable est qu’Israël concocte
ces chiffres à son gré.
[18]
Département de la sûreté et de la
sécurité des Nations Unies (UNDSS),
cité dans l’Addendum au rapport
du Haut-Commissariat des Nations
Unies aux droits de l’homme (A /
HRC / 28/80 / Add.1, le 26 Décembre
2014), p. 8. Le Conflit de Gaza
de 2014 rapporte que le Hamas a
tiré 4 000 roquettes et obus de
mortier sur Israël et 500
projectiles supplémentaires qui ont
atterri à l’intérieur de la bande de
Gaza (§ 103, 112).
[19] Theodore
Postol, « Les preuves de l’infefficacité
du Dôme de Fer »,
Bulletin of the Atomic Scientists
(19 Juillet 2014 ;
http://thebulletin.org/evidence-shows-iron-dome-not-working7318)
; Dôme de Fer ou Passoire de
Fer?, Democracy Now ! (31
Juillet 2014;
http://www.democracynow.org/2014/7/31/iron_dome_or_iron_sieve_evidence,
http://www.democracynow.org/blog/2014/7/31/part_two_theodore_postol_asks_is).
[20] Theodore
A. Postol, Lessons of the Gulf
War Patriot Experience,
International Security (Hiver
1991/92).
[21] Israël a
prétendu que 90% (740) des roquettes
du Hamas tombées dans les zones
peuplées où le Dôme de Fer a été
déployé ont été interceptées, ce qui
mettrait le nombre total de
roquettes tombées dans ces zones
à 820. Yoav Zitun, Iron Dome: IDF
intercepted 90 percent of rockets,
Ynetnews.com (15 August 2014;
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4558517,00.html).
[22]
Finkelstein, Method and Madness,
pp. 128-29.
[23] Le
Conflit de Gaza de 2014, § 189-90
(cf. § 4, 113, 190).
[24] Sur la
base de Le Conflit de Gaza de
2014, qui rapporte que le Hamas
a tiré 13 000 projectiles sur Israël
entre 2001 et le début de Pilier
de Défense (§ 44, 51, p.
58n174). B’Tselem (Centre
d’information israélien pour les
droits de l’homme dans les
territoires occupés), Les
attaques contre des civils
israéliens par des Palestiniens
(http://www.btselem.org/topic/israeli_civilians).
[25] Le
Conflit de Gaza de 2014, p.
58n174.
[26] Ibid.,
§ 114, p. 122n361. Ce rapport
affirme que « plus de 60% »
des projectiles du Hamas ont atterri
dans les zones frontalières, mais il
met le nombre total de projectiles
du Hamas tiré au cours de l’OBP à
4 000, tandis que le chiffre UNDSS,
utilisé dans cette monographie,
indique un total de 7 000.
[27] Les cinq
autres morts civils en Israël sont
dus à des obus de mortier (ibid.,
pp. 112-13nn328-32).
[28] Ibid.,
§ 210.
[29] Certains
éléments de preuves
circonstancielles accréditent la
thèse de Postol. Bien que les tirs
de roquettes du Hamas aient tué
seulement un civil dans deux des
régions frontalières israéliennes
dépourvues du Dôme de Fer, des obus
de mortier en ont tué quatre autres.
Le résultat différentiel est
peut-être dû au fait que le système
d’avertissement d’Israël fournit un
délai d’avance de 15 secondes pour
s’abriter dans le cas d’une fusée,
mais seulement 3-5 secondes dans le
cas d’une attaque au mortier. Postol
mentionne également la taille
modeste des ogives de fusée du Hamas
comme un facteur.
[30] Le
Conflit de Gaza de 2014, § 183,
p. 111n327 ; Itay Hod,
L’Application israélienne Alerte
Rouge sauve des vies, Daily
Beast (14 juillet 2014).
[31]
http://mfa.gov.il/MFA/ForeignPolicy/Terrorism/Pages/Israel-under-fire-July-2014-A-Diary.aspx.
[32] Le
Conflit de Gaza de 2014, p. 65
(légende).
[33] Il en
allait de même par le passé. Seule
une maison israélienne a été «
presque entièrement détruite »
pendant Plomb Durci, et les
dommages matériels étaient également
négligeables auparavant. Norman G.
Finkelstein, This Time We Went
Too Far: Truth and consequences of
the Gaza invasion, édition revue
et augmentée (New York, 2011) p. 63;
Human Rights Watch,
Indiscriminate Fire: Palestinian
rocket attacks on Israel and Israeli
artillery shelling in the Gaza Strip
(juin 2007), pp. 24-28.
[34] Dan
Williams, Certaines roquettes de
Gaza se voient retirer leurs
explosifs pour une plus longue
portée, Reuters (18 novembre
2012).