Politique
Contre l’austérité à perpétuité,
sortir de l’UE et vite !
Nicolas Bourgoin
Photo:
D.R.
Jeudi 17 avril 2013
Le
plan d’austérité détaillé par Manuel
Valls aura achevé de démontrer au moins
une chose :
la Grèce n’est qu’un terrain d’essai
dans le projet insensé de libéralisation
totale que l’oligarchie veut imposer à
l’Europe, consistant à terme à mettre le
marché du travail européen aux normes
chinoises. Dernier îlot de résistance,
le modèle social français hérité de
l’après-guerre garantissant une
protection sociale minimale, des
retraites et des salaires décents est
amené à disparaître. Les économies
exigées de la France par la Commission
Européenne, qui l’a placée sous
surveillance renforcée en mars dernier
en raison du niveau de sa dette et de
son coût du travail jugé "trop élevé",
auront des effets dévastateurs en
condamnant à la précarité à vie des
millions de personnes. Mais cette
gigantesque casse sociale a une visée
plus immédiate : préparer la France à la
compétition du
grand marché transatlantique dont le
lancement est prévu en 2015.
Les plans d’austérité se succèdent en
Europe et les cibles restent
invariablement les mêmes : les salaires,
les retraites et la protection sociale.
Celui annoncé par Manuel Valls ne fait
pas exception : gel des prestations
sociales jusqu’en octobre 2015, report
de la revalorisation du RSA, gel du
point d’indice des fonctionnaires
jusqu’en 2017. La
protection sociale concentre à elle
seule près de la moitié des économies
(21 milliards, dont 10 prévues sur les
dépenses de santé). Autrement dit,
prendre (beaucoup) à ceux qui ont un peu
(les classes moyennes) pour donner un
peu à ceux qui n’ont rien ou presque
(les classes populaires) et beaucoup à
ceux qui ont beaucoup (le grand patronat
qui verra dans le même temps ses
cotisations allégées d’autant grâce au
pacte de responsabilité)… Les seuls
vrais bénéficiaires de cette politique
de rapine restent
les multinationales : la suppression
de la contribution sociale de solidarité
des sociétés (coût : 6 milliards d’euros
de manque à gagner) ne concerne que les
entreprises dont le chiffre d’affaire
dépasse les 760.000 euros, la baisse de
l’impôt sur les sociétés (même coût) est
réservé à celles qui gagnent plus de 250
millions d’euros annuels.
La violence de la politique qui
s’annonce
a suscité des réserves jusque dans
le propre camp du Premier Ministre. Le
grand écart entre les promesses du
candidat Hollande et la politique
réellement menée a en effet de quoi
laisser perplexe. Cependant cette
nouvelle cure d’austérité est largement
dictée par les contraintes de
l’appartenance à l’Union Européenne,
le gouvernement étant réduit une
nouvelle fois au rôle d’exécuteur des
basses œuvres de la finance mondialisée.
Des millions de Français vont subir un
effondrement de leur niveau de vie,
conséquence de la servilité du
gouvernement à l’égard l’Union
européenne et de son souhait de servir
l’oligarchie plutôt que de défendre
l’intérêt général. Dans ce contexte,
choisir au poste de Premier Ministre un
homme qui se place en
héritier de Georges Clemenceau –
celui qui a fait envoyer la troupe
contre les mineurs en grève de Courrière
– apparaît comme un signe évident de
bonne volonté…
Mais ce nouveau coup porté aux
salariés et aux retraités n’est qu’une
étape dans le long processus de
démantèlement auquel nous condamne la
politique austéritaire de l’UE, et la
prochaine risque d’être plus douloureuse
encore avec la mise en place programmée
de l’Accord
de Partenariat Transatlantique,
elle-même simple étape vers un
gouvernement mondial. Négocié en
secret, le grand marché
transatlantique dérégulé sans
droits de douane et sans
barrières à la circulation des capitaux et
des marchandises fonctionnera sur
la primauté du droit américain et
consacrera la suprématie des intérêts du
marché sur le droit des États nationaux
(les multinationales pourront ainsi
attaquer en justice tout État qui aurait
des lois trop contraignantes en matière
de droit du travail, de la santé ou de
l’environnement). La construction d’un
bloc euro-atlantique unifié aura
pour finalité de renforcer l’hégémonie
militaire, politique et économique des
États-Unis. Le mensonge de
l’indépendance européenne vis-à-vis des
USA prétendument conquise grâce à l’euro
aura vécue…
Privatisations dans tous les
domaines, y compris ceux jusque-là
relativement épargnés comme
l’environnement, libre-échange
globalisé, liquidation des droits
sociaux et de la démocratie,… les
peuples n’ont plus que le choix de
rompre avec le bloc impérialiste
européen qui les condamne à une misère
sans fin. Le cauchemar de l’Europe
Unifiée dessine en creux la seule voie
praticable : recouvrer une souveraineté
monétaire en abandonnant la monnaie
unique, une souveraineté politique en
quittant l’UE, une souveraineté
militaire en quittant l’OTAN, une
souveraineté économique en rétablissant
les droits de douane et une souveraineté
financière en abrogeant la loi de
Pompidou-Rotschild 1973 qui oblige
l’État français à emprunter sur les
marchés privés,
entièrement à l’origine de la dette actuelle
!
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