Opinion
La normalisation en cours
Nazim Rochd
Samedi 24 mai 2014
Ainsi l’Algérie se
lance dans le gaz de schiste. Le feu
vert a été donné par le président
Bouteflika, après que la refonte de la
loi sur les hydrocarbures ait introduit
les articles qui autorisent ce type
d’opération. Il est dit que l’on fera
attention à ne pas porter préjudice ni
aux ressources hydriques, ni à
l’environnement (faune et flore), à
savoir comment, mais c’est ce qui est
dit autour du sujet. En France et dans
de nombreux endroits on sait que ce
n’est pas possible au point que
l’exploration et l’exploitation de ce
gaz sont interdites, mais chez nous il y
aura le miracle de l’exception à la
chose. Toujours est-il que notre pays
recueillera le satisfecit attendu, en
attendant de payer la facture
écologique, dont le montant n’est pas
encore établi, sauf que le moment venu
l’on sait qu’elle sera lourde à honorer.
Il aura répondu aux desiderata qu’il
faut et qui le feront, peut-être,
fréquentable chez les puissants de ce
monde. Peut-être parce qu’il reste un
long chemin à parcourir en ce sens. Et
il y en a, ce faisant, des concessions à
faire. Comme, par exemple, d’offrir
toutes les facilités aux capitaux
étrangers, tel que le suggère le
conseiller commercial de l’ambassade des
Etats-Unis, à Alger. Le monsieur est
repris obséquieusement par une partie de
la presse qui prend à son compte les
reproches qu’il fait, d’une part, à la
règle des 51/49%, donnant la majorité à
l’actionnaire algérien et, d’autre part,
à la « dominance du secteur public sur
l’économie algérienne » ou que les lois
soient élaborées «sans une réelle
collaboration avec la communauté des
hommes d’affaires». Objectif proposé :
instaurer le mode de gouvernance
étatsunienne où ce seront les lobbies
qui gouverneront, par l’intermédiaire de
dirigeants élus grâce à l’argent de ces
mêmes lobbies. Le diplomate annonce que
« Les discussions qui seront engagées à
cet effet devraient aider à promouvoir
l’investissement et le commerce entre
l’Algérie et les États-Unis et à aplanir
les difficultés qui peuvent freiner leur
développement ». Affaire à suivre, quant
à ses développements, qui devraient
aplanir le terrain devant les
affairistes étatsuniens. Et la demande
ne s’arrête pas au domaine économique.
Il faut que l’Algérie cesse de
considérer que l’ingérence dans les
affaires d’autres Etats soit contraire à
ses principes fondamentaux. A ce propos,
des voix d’ici ne se gênent plus de
pousser le pouvoir en place à pourvoir
l’ANP en supplétive de l’OTAN, pour
aller casser d’autres indigènes dans la
région. Un ex ministre va même jusqu’à
considérer que le pays n’ait pas fait
partie de la cohorte qui a applaudi à la
destruction de la Libye. Selon ses
propres termes, il n’a pas « soutenu la
‘révolution’ libyenne », celle-là que
les bombardiers atlantistes ont menée
pour semer dévastation et chaos. Le
ministre se désole aussi que « l’Algérie
compte peu d’amis en Libye », en se
félicitant que la Tunisie jouisse d’une
autre attitude, grâce au fait qu’elle
s’est mise du côté des «
révolutionnaires », contre Mouammar
Kadhafi, et qu’elle n’a pas donné refuge
à Aïcha Kadhafi, comme l’Algérie l’a
fait. Est-ce là l’émergence d’une «
société civile » orientée, non plus
seulement, sur la « démocratie » mais
sur l’inflexion de la politique
étrangère qui n’arrange pas l’alliance
atlantique ?
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