Opinion
Le sacre d'Al-Barzani pour sauver Kobané
et
le nouveau projet d'Erdogan pour sauver
l'EIIL
Nasser Kandil
Jeudi 23 octobre 2014
« Vers l’Orient compliqué, je volais
avec des idées simples »
[Charles de Gaulle, Mémoires de guerre]
Qui peut aujourd’hui se vanter d’avoir
des idées simples sur cet Orient qui
paraît de plus en plus compliqué ? Qui
est prêt à croire ceux qui vivent les
tragédies qui le bouleversent et à se
méfier de ceux qui propagent les
mensonges ? L’analyse de M. Nasser
Kandil, développée sur la chaîne
syrienne Al-Fadaiya, doit-elle se ranger
dans la catégorie des « opinons » ou
bien repose-t-elle sur des faits ? Aux
lecteurs d’en juger. [NdT]
1. Monsieur Kandil,
voyez-vous une quelconque efficacité aux
frappes aériennes quotidiennes de la
« Coalition internationale » sur l’Irak
et la Syrie, et pensez-vous qu’existe un
agenda US qui n’aurait rien à voir avec
la lutte contre le terrorisme ?
Il est certain
qu’aussi bien au niveau local qu’au
niveau international nous abordons une
période post-Daech [EIIL : État
Islamique en Irak et au Levant]. C’est
en tout cas ce qui ressort du discours
d’Obama et qui me semble vrai, non pas à
cause de l’importance de Daech, mais
plutôt parce que ce qui a conduit à
l’émergence de cette organisation
terroriste et, par conséquent, à
l’émergence de la « Coalition
internationale contre Daech » sous la
bannière de la lutte contre le
terrorisme, est le résultat d’une
équation qui s’est imposée suite à trois
années d’une guerre axée sur la Syrie.
En effet, à moins
d’un évènement inattendu, la tendance
est à la victoire pour l’Armée arabe
syrienne et la Résistance libanaise dans
plusieurs régions. C’est un fait acquis
pour la majorité des analystes, puisque
si nous revenons six mois en arrière
pour rappeler la défaite des groupes
armés au Qalamoun [Ouest de la Syrie] –
groupes ensuite devenus Daech bien
qu’ils comptaient des éléments de Jabhat
al-Nosra, de l’ASL et de bien d’autres
brigades, certaines étant maintenant
oubliées ou exterminées comme le groupe
des Ahrar el-Cham etc. – ainsi que leurs
défaites à Qara, Nab’K, Yabroud… nous
pouvons parler d’un effet boule de neige
qui s’est accompagné de l’effondrement
de leur moral et de leurs capacités
militaires à la fois. Ce n’est pas moi
qui le dis, mais la presse étrangère
telle que l’Intelligentsia ou l’Independent
etc. qui estimaient que la Syrie
serait débarrassée des groupes armés en
l’espace de 1 à 3 mois.
Ce qui signifie que
nous sortions de cette guerre en
situation de vainqueurs, chose que John
Kerry a tenté d’éviter lorsqu’il a
déclaré, à une réunion annuelle qui a eu
lieu en Juillet 2013 au Palais des
Congrès de la mer Morte en
Jordanie : « Nous cherchons à éviter une
situation de vainqueurs et de vaincus,
dans la région, car ceci aboutirait,
d’une façon ou d’une autre, à un axe
victorieux d’une certaine couleur
confessionnelle et à un axe vaincu d’une
autre couleur, entre lesquels il sera
difficile de trouver des compromis à
l’échelle internationale ».
Autrement dit, malgré
le bras de fer continu entre les USA et
la Russie, nous en sommes arrivés à la
nécessité d’une situation de
gagnant-gagnant, ce qui est impossible
au niveau de notre région ; l’Iran se
trouvant du côté des vainqueurs tandis
que l'Arabie saoudite est incapable de
sortir du côté des vaincus et qu’Israël
est impuissant. Et c’est encore plus
vrai un an après [la déclaration de John
Kerry] pour l’Arabie saoudite suite aux
événements du Yémen, pour Israël suite à
sa guerre sur Gaza, et pour la Syrie
suite aux victoires successives de son
Armée face aux groupes terroristes ; ce
que les USA ne peuvent tolérer.
Ici, je me
contenterai de rappeler ce que nous
disait Richard Perle, l’organisateur
principal des néoconservateurs US ayant
amené George W. Bush à la présidence des
USA avec le « Projet pour un nouveau
siècle américain » de 1998 [1],
devenu officiel pour le Pentagone, dès
2000, alors qu’il était membre puis chef
de la Commission de la politique de
défense des USA [Defense Policy Board
Advisory Committee]. M. Perle disait en
substance : « Les intérêts supérieurs
des USA et leur suprématie sur le monde
dépendent toutes deux du contrôle des
sources de gaz et de pétrole et des
voies stratégiques de leur
acheminement ».
Il est donc
clair que l’invasion de l’Afghanistan et
de l’Irak répondaient à ces intérêts,
mais les USA étaient bloqués, entre
autres, par leur « complexe du
Vietnam ». D’où l’idée que le processus
« sera probablement de longue durée s’il
ne se produit pas d’événement
catastrophique et catalyseur, comme un
nouveau Pearl Harbor » [2].
Et voilà que subitement et par le plus
grand des hasards, arrive l’attentat du
11 Septembre justifiant l’invasion de
ces deux pays.
Et aujourd’hui que
les USA ont besoin d’un équivalent pour
rééquilibrer une situation de
perdant-gagnant, voilà que subitement et
par le plus grand des hasards, arrive
Daech !
Daech est une entité
née pour que tous soient ciblés, que
tous s’engagent dans l’impasse et que
tous en arrivent à chercher la solution
pour s’en sortir. Rappelez-vous tous les
gros titres des médias : « Si la Syrie
s’en sort victorieuse dans un bref
délai, que se passera-t-il si les
moudjahidines occidentaux, comme ils
disent, revenaient au bercail ? ». Tous
craignent leur retour et tous prennent
des mesures préventives pour s’en
protéger, à commencer par l’Arabie
saoudite, mais aussi la Grande Bretagne,
la Hollande, l’Australie, le Canada,
etc. Et que faire lorsqu’on a peur de
leur retour ? Réponse : fabriquer un
« rêve séduisant » qui retienne ceux qui
sont déjà rendus dans notre région et
qui attire ceux qui sont encore en
Occident.
Une autre règle dit :
« Si tu es incapable d’assurer des
raisons supplémentaires pour ta
victoire, arrange-toi pour créer des
raisons supplémentaires qui
entraineraient ton adversaire dans la
crise ». L’« équilibrage des crises »
devient alors la solution qui compense
ton incapacité à briser les défenses de
ton ennemi. C’est ainsi qu’Israël,
incapable de briser la dissuasion créée
par la Résistance au Liban et en
Palestine, n’a cessé de leur créer des
problèmes semblables aux siens.
Partant de là,
comment faire pour que l’Arabie saoudite
et la Turquie ne soient pas, en fin de
compte, les deux seuls pays en crise ?
Comment faire pour que l’Iran, la Syrie,
et la Résistance subissent cette même
crise ? Comment ? Réponse : en
introduisant Daech !
Mais Daech répond
aussi à une deuxième nécessité imposée
du fait que nous sommes face à deux
blocs avec d’un côté, l’Iran, la Syrie,
et la Résistance pour notre région ; de
l’autre, le bloc mené par les USA. Même
si les USA arrivaient à jouer
gagnant-gagnant avec la Russie à
l’échelle internationale, ils n’en
demeureront pas moins « perdants » à
l’échelle régionale si leurs alliés sont
perdants. Qui d’autre que Daech jouerait
le rôle du tiers qui offrirait la
victoire à tous les alliés des USA ?
C’est ainsi qu’à la
fin de ce long film US, l’Arabie
saoudite et la Turquie pourront sortir
« gagnantes » car elles auront participé
à la victoire contre Daech. Ce qui
n’empêche pas les USA et leurs alliés
d’essayer encore toujours de vaincre la
Syrie et notre camp, en se servant de
Daech, bien qu’ils n’y soient pas
arrivés en joignant leurs efforts à ceux
du Qatar, d’Israël, de la France et du
reste de l’OTAN, sans oublier Al-Qaïda
et les Frères Musulmans […].
En résumé, Daech a
été fabriquée pour répondre à cette
volonté d’invasion la Syrie, laquelle
couvre d’autres nécessités :
l’équilibrage des crises, le sauvetage
des alliés perdants, le « rêve
séduisant » qui éloignerait les
terroristes menaçant la sécurité
nationale de tous. Cette dernière
nécessité étant de loin la plus
importante de toutes […].
Alors dire que la
Coalition internationale est là pour
exterminer Daech ? Non ! Quel serait
l’intérêt des USA ? Exterminer Daech
c’est reconnaître la victoire de la
Syrie et risquer le retour des
« moudjahidines » dans leurs pays
d’origine […].
Ils ont été envoyés
pour se faire tuer. Ils sont prêts à
mourir pour l’histoire qu’on leur a
inventée, croient à toutes les foutaises
qu’ils racontent, aux houris qui les
attendent au ciel, au déjeuner à la
droite du prophète… Ceux qui les
dirigent font partie des agences de
renseignement et sont en relation avec
le centre qui les a fabriqués, mais ne
peuvent pas les contrôler. C’est
l’aviation militaire US qui s’en charge.
Ainsi, elle a dû les faire reculer
d’Irbil, à moins que les USA ne les
aient indirectement dirigés vers cette
ville pour redresser Massoud al-Barzani
et l’attirer de leur côté.
Ils sont aux
frontières jordaniennes et servent
d’épouvantail aux Saoudiens auxquels on
a suggèré qu’ils attaqueront juste après
le Fête d’al-Adha [la Grande Fête], pour
qu’ils se précipitent à mendier leur
protection et payent cash 30 milliards
de dollars des installations
électroniques made in USA.
En conclusion : Daech
a été créée pour une mission. Il est
interdit de l’éliminer. Ses actions et
son rôle sont contrôlés par le feu US.
C’est la raison d’être de la Coalition.
2. Aujourd’hui
l’évènement est à Aïn al-Arab [Kobané].
Pourquoi cette ville précisément et
quelles sont les équations qui régissent
cette bataille ?
Je commencerai par
préciser un point important qui étonnera
peut-être nombre d’analystes.
La propagande veut
que Daech soit liée à une couleur
confessionnelle précise et la présente
comme le protecteur des uns contre le
danger des autres. Certains gobent
encore cette histoire. En réalité, nous
sommes passés d’une étape où les USA
travaillaient sur la discorde
confessionnelle en Irak, en Syrie et au
Liban, à une nouvelle étape où il n’est
plus question de partition sur des bases
confessionnelles. Le jeu est devenu trop
dangereux car l’Arabie saoudite
tomberait. Dans ce cas, les 10 millions
de barils sortis de la région du Qatif
sous l’autorité morale du Cheikh
Nemr
Al-Nemr
[3] seraient perdus pour les USA
et pour les Saoudiens à la fois.
De même, lorsque Massoud al-Barzani a
annoncé qu’il souhaitait organiser un
référendum sur l’indépendance du
Kurdistan irakien suite à l’offensive
subite de Daech le 9 juin 2014, il n’a
trouvé que Netanyahou pout le féliciter.
Les USA ont dit « stop », interdiction
d’aller vers la partition de l’Irak et
la création d’un État kurde car la même
chose se produirait en Turquie.
En somme, ils en seraient arrivés au
« suicide » contre lequel les a mis en
garde l’ex-secrétaire général de l’OTAN,
A.F.Rasmussen, lorsqu’ils se sont tous
réunis à Frankfort en 2012 pour discuter
du projet de partition du Moyen-Orient
proposé par l’historien Bernard Lewis ;
projet basé sur la déflagration des
composantes
sociales et ethniques du Monde Arabe et
Musulman, en poussant ses populations à
s’entretuer sur des bases
confessionnelles et doctrinaires [4].
Ce qui revient à faire sauter les
frontières dessinées par MM. Sykes et
Picot et à concrétiser le « chaos »
constructeur ou destructeur, appelez-le
comme vous voudrez.
3. Mais quelles en
seraient les conséquences ?
Plusieurs micro-États
chiites sur la côte du Golfe
arabo-persique dépendant de l’Iran et
plusieurs micro-États chiites et
alaouites sur la côte méditerranéenne.
Des couleurs confessionnelles que les
USA n’apprécient pas particulièrement,
d’autant plus que ces deux valeurs
géostratégiques se trouveraient au sein
d’une alliance dirigée par l’Iran.
Cette objection de
Rasmussen prise en considération par
Henri Kissinger, lors de la réunion de
la « Commission des Sages » présidée par
Madeleine Albright déléguée par l’OTAN,
l’a amené à proposer une nouvelle
théorie consistant à jouer sur les
cordes démographiques et les tensions
confessionnelles pour disloquer les
sociétés locales, faire pression, et
affaiblir les États, sans pour autant
aller jusqu’aux partitions. Par
conséquent, Daech et Jabhat al-Nosra
font l’affaire, et diviser sur des bases
confessionnelles n’est plus de mise.
En effet, si le souci
de Daech et de Jabhat al-Nosra était
confessionnel, qu’est-ce qui les a
poussés à sélectionner Quneitra, Mossoul
ou Aïn al-Arab ? Quneitra n’a pas de
couleur confessionnelle, mais sa
géographie est en liaison avec la
sécurité d’Israël. De même pour Mossoul
choisie pour être le siège du Califat
d’un prétendu État islamique, alors
qu’elle est éloignée de Bagdad qui
aurait été plus indiquée en la matière.
Et pourquoi pas Tikrit ? Est-ce parce
qu’elle est plus proche des frontières
turques ?
Par conséquent, il
s’agit de désormais de dessiner de
nouvelles frontières. Pour s’en
convaincre, il suffit de situer le
positionnement de Daech et de Jabhat al-Nosra
en rappelant, au passage, que cette
dernière organisation est en passe
d’être considérée comme le
« Front anti-Assad modéré »
alors qu’elle est une branche officielle
d’Al-Qaïda ; laquelle Al-Qaïda, ne
reconnait pas Daech.
Positionnement de Jabhat al-Nosra :
-
Aux frontières entre le Liban et la
Syrie
-
Aux frontières entre le Liban et la
Palestine
-
Aux frontières entre la Syrie et la
Palestine
Positionnement de
Daech :
-
Aux frontières entre la Syrie et
l’Irak
-
Aux frontières entre la Syrie et la
Turquie
-
Aux frontières entre l’Irak et la
Turquie
-
Aux frontières entre l’Irak et la
Jordanie
-
Aux frontières entre l’Irak et
l’Arabie saoudite
Quant à l’invasion de
Aïn al-Arab, elle est destinée à
parfaire le tracé des frontières entre
la Syrie et la Turquie.
Observez bien leur
jeu. Daech s’est approchée d’Irbil
[capitale de la région autonome du
Kurdistan en Irak] dans un but
d’expansion qui n’a donc rien à voir
avec la cause chiite. Si tel était le
cas, il aurait été plus logique que
Daech se dirige vers Samarra, mais
Samarra est une ligne rouge. Et si Daech
voulait mettre la main sur une zone
disputée par les uns et les autres, il
aurait été plus logique que ses
combattants se dirigent vers Kirkouk,
l’un des plus grands centres pétroliers
de l'Irak. Mais ils ont préféré se
diriger vers Irbil, autre ligne rouge
puisque, comme l’a dit le New York
Times, dès qu’Obama en a été informé, il
a immédiatement envoyé ses bombardiers
B-1 pour dresser un « mur de feu » face
à leur avancée.
Résultat : Daech a
été fort utile pour dénoncer les
Peshmergas qui ont assisté sans bouger à
la déroute des troupes de l’armée
irakienne [5] et Massoud
al-Barzani [président du gouvernement
régional du Kurdistan en Irak et chef du
parti démocratique du Kurdistan, le PDK]
a obtempéré devant la volonté des USA.
A-t-il abandonné l’idée d’un état kurde
indépendant en Irak ? A-t-il mis les
Peshmergas sous la protection exclusive
des USA alors qu’il les louait tantôt
aux Israéliens tantôt aux Turcs ?
Toujours est-il qu’il est « le protégé »
et que c’est son drapeau qui doit
flotter sur Aïn Al-Arab, non celui de la
Turquie ou du PYD syrien [Parti kurde de
l’Union démocratique, coprésidé par
Saleh Muslim]
Et ceci parce que
les Unités de
protection du peuple [YPG, de
Yekîneyên
Parastina Gel, qui forment la
branche armée du PYD] sont un mélange de
mouvements indépendants, ce qui explique
qu’ils peuvent se comporter avec
justesse ou tomber dans l’erreur. Leurs
déclarations du type « Nous sommes dans
l’opposition mais nous ne voulons pas
nuire à la Syrie ni à l’Armée syrienne,
nous ne voulons être des instruments aux
mains des puissances étrangères parce
que la Syrie est notre patrie et que
nous n’oublierons pas ses bienfaits » ne
font pas partie du dictionnaire US,
d’autant plus que les USA ne supportent
pas cette multiplicité de joueurs et
doivent en limiter le nombre.
Concernant le jeu
Kurde, Daech a dû abandonner des villes
importantes telles que Idleb et Alep
pour entrer dans Aïn al-Arab ; laquelle,
une fois de plus, ne présente pas un
grand intérêt pour leur projet
prétendument confessionnel. Mais là, et
contrairement à Irbil, nous avons eu
droit aux explications de l’état-major
des armées des États-Unis nous disant
que les conditions sur le terrain
empêchaient leurs bombardiers de sauver
Aïn al-arab […].
4. N’ont-ils pas
déclaré que ce n’était pas leur
mission ?
En effet, John Kerry,
a déclaré que « Kobané n'était pas un
objectif stratégique » [6].
Entretemps les forces kurdes qui
défendaient cette ville ont été saignées
pour les faire plier, et Abdullah Öcalan
a appellé par à l’unité de tous les
kurdes [7] pour sauver Kobané.
Tous se sont rendus chez Al-Barzani, et
nous avons eu droit à la photo souvenir
de 12 chefs politiques kurdes lui
déclarant leur allégeance.
Massoud al-Barzani est sacré « chef des
Kurdes ». La mission conçue pour Aïn al-Arab
est remplie. Il n’est plus question
qu’elle tombe aux mains de Daech. Les
bombardements US sont désormais plus
efficaces [8]. Les équations sont
modifiées, et la Turquie doit s’assoir à
la table des négociations.
5. Pour quelles
raisons la Turquie s’abstient-elle de
participer à la Coalition
internationale ? Comment comprendre les
conditions qu’elle avance pour sa
participation et notamment son
acharnement contre le Président syrien ?
Comment comprendre les déclarations d’Erdogan
refusant d’armer le PYD et le traitant
de parti terroriste ?
Pour moi, la Turquie
et les USA marchent ensemble […]. Les
USA ont leur projet et la Turquie a le
sien mais qui, néanmoins, reste au cœur
du projet US. Daech est née à la demande
des USA et la Turquie l’a couvée par
procuration.
Il est désormais de
notoriété publique que le gouvernement
turc et le Qatar portent l’étiquette des
Frères Musulmans et que le projet de les
porter au pouvoir en Égypte, en Tunisie,
en Libye, en Syrie et en Irak, a été
confié à Mme Hilary Clinton en tant que
ministre des Affaires étrangères des USA
pour en finir avec la Résistance dans
notre région […]. Peu leur importait le
sacrifice d’alliés tels que Hosni
Moubarak et Zine el-Abidine. Peu leur
importait l’assassinat de Mouammar
Kadhafi. Il leur fallait faire plier
Bachar al-Assad et que le meilleur
s’acquitte de la besogne après la
distribution des rôles […].
Erdogan sait
parfaitement que ce n’est plus le sujet
du moment. Alors, n’accordez pas trop
d’importance à ses slogans, son nouveau
projet est tout autre et a plutôt
surpris les délégués US qui se sont
rendus la semaine dernière à Ankara.
Partant du fait que
Daech est son enfant commun avec les
USA, mais que c’est lui qui la contrôle,
qui peut toujours s’en servir comme
épouvantail, qui peut la nourrir ou la
sevrer selon les circonstances, il a
décidé qu’il serait dommage de se passer
de ses services. II a donc expliqué à
ses visiteurs sa nouvelle mission pour
Daech, avec cartes à l’appui.
Cette nouvelle
mission consiste à concentrer les forces
de Daech dans la zone à cheval sur la
Syrie et l’Irak entre les deux fleuves
du Tigre et de l’Euphrate et, en évitant
Bagdad, à les faire occuper le corridor
qui irait vers le zone désertique en
direction de la Jordanie. C’est ainsi,
qu’il pense pouvoir acheminer le gazoduc
qatari vers l’Europe sans avoir à se
battre avec les gouvernements syriens et
irakiens. Et c’est ainsi, qu’il pense
satisfaire les USA et l’Europe qu’il
libérerait de sa dépendance au gaz russe
[…].
Les délégués US lui
ont répondu que Daech devait avoir une
date de péremption, car il était
impossible de justifier une telle
occupation de ces terroitoires par des
terroristes, ni devant leurs Forces
armées, ni devant leur opinion publique,
même s’ils en étaient les géniteurs, et
qu’il n’était pas question de jouer de
la sorte avec l’organisation des pays
exportateurs de gaz et de pétrole.
Là est le désaccord
entre la Turquie et l’administration US,
lequel arrive suite à l’incapacité
évidente de ses autres alliés à se
battre sur le terrain […]. Et c’est ce
qui explique qu’elle peut, à n’importe
quel moment, se dégager de toutes
responsabilités pour les laisser face à
leurs crises de perdants . N’a-t-il pas
suffi qu’Erdogan hausse le plafond de
ses prétentions pour que Joe Biden
rappelle tous ces alliés régionaux à
l’ordre [9] dans son fameux
discours à Harvard ?
Nasser Kandil
19/10/2014
Source :
Vidéo You Tube d’Alfadaiya TV [Syrie];
M. Nasser Kandil est interrogé par Mme
Racha Al-Kassar
https://www.youtube.com/watch?v=hpRL3c5Qm_Q
Transcription et
traduction par Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] Project for the New American Century
http://en.wikipedia.org/wiki/Project_for_the_New_American_
Century#.22New_Pearl_Harbor.22
[2] Stratégie
impériale pour un nouvel ordre mondial:
les origines de la Troisième Guerre
mondiale.
http://www.mondialisation.ca/strat-gie-imp-riale-pour-un-nouvel-ordre-mondial-les-origines-de-la-troisi-me-guerre-mondiale/16186
[3]
Les saoudiens condamnent à mort
l’opposant religieux et politique Sheikh
Baqir-Al Nemr
http://www.lejournalduforkane.com/les-saoudiens-condamnent-a-mort-lopposant-religieux-et-politique-sheikh-baqir-al-nemr
[4] L’historien
Bernard Lewis, le « Printemps Arabe » et
les nouveaux assassins.
http://www.mondialisation.ca/lhistorien-bernard-lewis-le-printemps-arabe-et-les-nouveaux-assassins/5402894
[5] Les Kurdes en rêvaient, grâce à
l'EIIL ils l'ont fait
http://www.slate.fr/story/88817/eiil-kurdes
[6] Pourquoi Kobané n'est pas une ville
stratégique pour les USA
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20141009.OBS1700/pourquoi-kobane-n-est-pas-une-ville-strategique-pour-les-usa.html
[7] Les kurdes, tous
unis pour sauver Kobané
http://www.zamanfrance.fr/article/kurdes-tous-unis-sauver-kobane-12867.html
[8]Syrie : les Kurdes contrôlent la
majeure partie de Kobané
http://www.rtl.fr/actu/international/syrie-les-kurdes-controlent-la-majeure-partie-de-kobane-7774934694
[9] EIIL - Le vide-président des USA,
Joe BIDEN, mange le morceau !
http://www.youtube.com/watch?v=DEC_WeOYdvo
Monsieur Nasser
Kandil est libanais,
ancien député, Directeur de TopNews-nasser-kandil,
et Rédacteur en chef du quotidien
libanais Al-Binaa
Le sommaire de Mouna Alna-Nakhal
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