Chronique de
Palestine
Premier colloque mondial sur l’apartheid
israélien
Muhammad Hussein
Militants,
femmes/hommes politiques et partisans de
la cause palestinienne se réunissent
à Istanbul pour le premier colloque
mondial sur l'apartheid israélien le 29
novembre 2019
Photo: Middle East Monitor
Lundi 16 décembre 2019
Muhammad Hussein
–
L’occupation continue du territoire
palestinien par Israël, ainsi que les
efforts qu’Israël déploie pour imposer
un statut de citoyen de seconde zone aux
citoyens palestiniens et aux habitants
de la Cisjordanie occupée ont motivé la
tenue du «
Premier colloque mondial sur l’Apartheid
israélien » à
Istanbul, en Turquie le week-end
dernier.
Ouvrant le
colloque, le Président de l’Union des
Organisations non-gouvernementales du
Monde islamique (UNIW) Ali Kurk a
rappelé le soutien massif des
gouvernements occidentaux au système d’apartheid
israélien et à Israël globalement,
et a déclaré : « Le droit international
a été vidé de son sens c’est maintenant
le droit du plus fort qui règne. »
Général à la
retraite des forces armées turques nommé
conseiller politique en chef du
président turc Recep Tayyip Erdogan en
2016, Adnan Tanriverdi a expliqué que
Jérusalem était particulièrement en
danger de devenir une ville purement
juive étant donné la politique d’Israël
d’évacuer
les maisons palestiniennes à
Jérusalem-Est occupée et de soit
permettre à des colons juifs de les
occuper soit de les détruire.
Exclusivité juive
L’ancienne
secrétaire exécutive de la commission
économique et sociale des Nations unies
pour l’Asie occidentale (CESAO),
Rima Khalaf, a déclaré qu’Israël «
est le seul pays au monde à accorder une
citoyenneté à part entière sur la base
d’une religion héritée. » Elle a
également lié le système d’apartheid
israélien au darwinisme racial qui a
prévalu tout au long des 19ième et
20ième siècles en Europe, ce qui a
favorisé une idéologie de suprématie
raciale et ethnique qui est la cause
profonde de l’apartheid.
L’archevêque de
l’église orthodoxe grecque à Jérusalem,
Atallah Hanna, a ajouté : « les
occupants israéliens veulent que les
musulmans et les chrétiens se montrent
racistes les uns envers les autres »
mais ça ne marchera pas car « nous
partageons une identité palestinienne
commune. »
Il a averti
qu’Israël mène une campagne de nettoyage
ethnique progressif à Jérusalem dans le
but d’en faire une ville purement juive.
La population chrétienne de la ville
sainte a diminué au fil des ans, a-t-il
ajouté, ne représentant plus maintenant
qu’un pour cent de la population. La
solution, dit-il, est que les chrétiens
et les musulmans unissent leur force car
ils sont également insultés et opprimés
par l’occupation israélienne.
Ils veulent évacuer
Jérusalem et étendre leur domination
coloniale … Nous leur disons : nous ne
partirons pas, nous resterons et
protégerons notre terre.
Richard Falk,
ancien enquêteur des Nations Unies sur
les droits de l’homme a dit qu’Israël
perpétue l’héritage du colonialisme à
l’européenne en renversant les données
démographiques sur le terrain. Ce projet
sioniste « se développait à une époque
où la colonisation s’effondrait, » et
cet héritage colonial n’est tout
bonnement pas mort en
1967 mais se poursuit encore
aujourd’hui avec le soutien «
inconditionnel » de ses alliés tels que
les États-Unis.
Des militants, des
responsables politiques et des partisans
de la cause palestinienne
se sont réunis
à Istanbul pour la «Première conférence
mondiale sur l’apartheid israélien»
le
29 novembre 2019 : Photo: Middle East
Monitor
Cette politique de
changement démographique fait que la
solution à deux états est morte et ne
constitue plus une solution viable, a
ajouté Richard Falk. C’est « une
solution fantôme ou une solution zombie
» qui refuse de mourir, à laquelle
s’accroche Israël parce que s’il renonce
à ce concept, il renoncera dans les
faits à la légitimité même d’un état
juif autonome et séparé. La réalité du
plan démographique israélien, les
manipulations politiques internationales
et le soutien des États-Unis créent les
conditions d’« une issue dystopique qui
repose sur la violence et l’apartheid. »
La non-fiabilité de
la solution à deux états a été reconnue
depuis longtemps par de nombreuses
personnes tant parmi les communautés
pro-Palestine que pro-Israël, certains
réclamant plutôt une solution à un état,
dans lequel les Palestiniens ont un
statut égal à celui des Israéliens et
l’apartheid a été aboli, tandis que
d’autres réclament une suprématie et une
identité juive renforcées dans l’état
d’Israël.
Les Palestiniens
doivent avoir une vision claire de
comment sortir de leur situation
difficile, a déclaré Haneen Zoabi,
ancienne députée arabe à la Knesset
(parlement)israélienne. Elle a insisté
sur le fait que les Palestiniens – que
ce soit en Cisjordanie ou en Israël – ne
seront pas libérés et l’apartheid ne
sera pas démantelé en allant devant les
tribunaux et en demandant de l’aide.
Le monopole
d’Israël dans le système judiciaire et
ses politiques d’apartheid ne
permettront pas à de telles entreprises
de réussir, a-t-elle expliqué. Mais
l’échec de ce type de tentatives a
réveillé les Palestiniens et les a
encouragés à être plus actifs.
Le colloque a très
efficacement mis en lumière l’ampleur du
système d’apartheid israélien et la
répression du peuple Palestinien grâce à
une diversité d’orateurs bien informés
et expérimentés, d’intellectuels,
d’universitaires et de figures de
premier plan. Une profusion de
statistiques et de recherches ont permis
de faire connaitre largement le calvaire
des Palestiniens vivant sous occupation
et les nombreuses violations
inqualifiables des droits de l’homme et
du droit international commises par
l’état d’Israël.
En revanche, ce que
le colloque n’a pas réussi à faire,
c’est fournir des solutions claires et
directes au problème de l’apartheid
israélien dans son ensemble. La
responsabilité n’en incombe pas
entièrement au colloque lui-même – il
n’est pas aisé de trouver des solutions
à la crise du « conflit »
israélo-palestinien – mais mis à part
l’appel lancé par Tanriverdi en faveur
d’une force militaire unie du monde
musulman, les recommandations quant à la
manière de soumettre Israël à des
pressions en utilisant le droit
international, les fréquentes références
au renversement de l’apartheid en
Afrique du Sud et au mouvement Boycott,
Désinvestissement et Sanctions (BDS),
une solution claire et unifiée a
cruellement fait défaut.
Le communiqué final
du colloque de l’UNIW comprenait les
cinq directives fondamentales qui
doivent être observées dans l’objectif
de former une Coalition Mondiale contre
l’Apartheid Israélien :
1. La
Coalition est ouverte à toutes les
personnes et organisations attachées aux
principes de justice, égalité, et
dignité pour tous ;
2. Le but de la coalition est de
contribuer au démantèlement du régime
d’apartheid israélien imposé au peuple
palestinien et de l’accélérer, dans le
cadre de la réalisation de l’égalité, de
la dignité et de la justice pour tous;
3. La Coalition utilisera tous
les moyens légaux disponibles à cette
fin ;
4. La coalition servira de forum
et de réseau de soutien permettant à ses
membres de maximiser l’impact de leur
travail dans leur domaine respectif,
dont la recherche, la sensibilisation,
l’action en justice, les activités de
boycott, désinvestissement, et sanctions
(BDS) en vue de combattre l’apartheid
israélien.
5. Dans toutes ses initiatives et
activités, la Coalition adhérera aux
principes énoncés dans le droit
international.
* Muhammad
Hussein est diplômé en politique
internationale et analyste politique des
affaires du Moyen-Orient, se concentrant
principalement sur les régions du Golfe,
de l’Iran, de la Syrie et de la Turquie,
ainsi que sur leurs relations avec la
politique étrangère occidentale.
5 décembre 2019
–
Middle East Monitor – Traduction:
Chronique de Palestine – MJB
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