Analyse
ONU / Syrie : Les mises en scène
et les réunions théâtrales se
poursuivent !
Bachar al-Jaafari

Jeudi 29 mars 2018
Au lendemain de la réunion
extraordinaire du Conseil de sécurité du
19 mars dernier, où la Russie avait
empêché par un vote de procédure
l’adoption de l’ordre du jour censé
faire intervenir le Jordanien et Haut
Commissaire des Nations Unies aux droits
de l’homme pour mieux condamner la Syrie
quant à son prétendu mépris de la
situation humanitaire des civils [1], le
Docteur Bachar al-Jaafari avait déclaré
à la télévision nationale : « Les
réunions théâtrales du Conseil de
sécurité, de l'Assemblée générale et de
l’ensemble des tribunes des Nations
Unies à New York, à Genève et à La Haye
sur les allégations de l’usage de
produits chimiques par les autorités
syriennes, se poursuivront tant que
l'Armée syrienne continuera à progresser
dans la guerre contre le terrorisme et à
mettre en échec le complot ourdi contre
la Syrie et le peuple syrien [2]. Pour
mémoire, voici
son intervention au Conseil de sécurité,
suite au 49ème rapport du
Secrétaire général de l’ONU sur la
situation en Syrie [3], où les États
occidentaux ont, encore une fois, accusé
la Syrie et ses alliés d’imposer toutes
les catastrophes aux civils de la Ghouta
orientale presque entièrement libérée du
terrorisme par l’Armée syrienne, d’Afrin
occupée et détruite par l’Armée et les
suppôts d’Erdogan, et d’ailleurs …[NdT].

Merci,
Monsieur le Président,
Permettez que
je commence par adresser les sincères
condoléances du gouvernement et du
peuple de mon pays à mon collègue, le
délégué de la Fédération de Russie, pour
le tragique événement qui a emporté la
vie des enfants au Centre commercial de
Kemerovo.
Monsieur le
Président,
Je notais, il
y a quelques minutes, que seuls deux
États Membres du Conseil de sécurité
disposaient encore d’une ambassade à
Damas sur un total de quinze. C’est
pourquoi les déclarations des
représentants de ces deux États furent
les plus exactes et les plus précises
quant à la description de la réalité
humaine, en mon pays, et à son
évaluation de manière impartiale et
objective.
Monsieur
le Président,
Fin 2016, à
partir de cette même enceinte, nous
avions annoncé aux nôtres que le
Gouvernement syrien libérerait la partie
Est d'Alep des groupes terroristes
armés. En tant que Gouvernement, Armée
et État responsables de la patrie, nous
l’avons fait.
Aujourd'hui,
nous voici leur annoncer que l'heure de
la libération de toute la Ghouta
orientale des sévices de ces groupes
terroristes a sonné. Tout comme nous
leur annonçons que nous libérerons le
Golan, Afrin, Raqqa, Idlib et chaque
empan de nos territoires occupés ; car,
comme n’importe lequel de vos États,
nous refusons toute présence armée et
toute force d'occupation sur notre sol,
quels qu’en soient les prétextes.
Des victoires
qui n’auraient pu se concrétiser sans
que notre cause ne soit juste, sans les
sacrifices de l'Armée arabe syrienne
soutenue par le peuple, et sans le
soutien des amis et des alliés.
Les vérités
récemment découvertes lors des dernières
opérations de libération de la Ghouta
orientale prouvent, une fois de plus, ce
que nous n’avons cessé de vous rapporter
depuis le premier jour de la guerre
terroriste internationale lancée par
l'Arabie saoudite, le Qatar, Israël, la
Turquie, les États-Unis, la
Grande-Bretagne et la France contre mon
pays ; les souffrances endurées par les
Syriens étant, en effet, principalement
dues aux agissements des groupes
terroristes armés contre les civils.
Des dizaines
de milliers de civils qui continuent de
sortir de la Ghouta orientale. Des
dizaines de milliers de civils dont les
témoignages affirment que les groupes
terroristes, comme ils avaient agi à
Alep et ailleurs, confisquaient leurs
libertés et leurs biens, dispersaient
leurs familles, les empêchaient de se
rendre dans les zones contrôlées par
l'État pour continuer à les utiliser
comme boucliers humains et faire main
basse sur les aides humanitaires qui
leur étaient destinées afin de les
distribuer à leurs partisans ou les leur
vendre à des prix exorbitants, et
ciblaient de leurs balles et obus les
passages sécurisés pour leur sortie, par
l’État syrien, entraînant la mort de
dizaines d'entre eux, dont un certain
nombre de frères palestiniens.
Ces quelques
jours et ces dernières semaines, ce que
nous avons vu au sein de ce Conseil
comme agitations hystériques contre
l'État syrien, lequel ne faisait
qu’exercer son droit souverain de
combattre les organisations terroristes,
purifier le territoire de la République
arabe syrienne du terrorisme, rétablir
la paix et la sécurité pour tous les
Syriens conformément à vos propres
résolutions de lutte contre le
terrorisme, prouve que l'objectif des
États soutenant ces organisations
terroristes n'a jamais été de soulager
les souffrances des civils syriens, mais
plutôt de pousser à leur poursuite, afin
d’exercer leur chantage politique et
humanitaire sur l’État syrien et sauver
les terroristes d’un destin inévitable.
Aujourd’hui,
je voudrais rassurer les sponsors du
terrorisme, certains étant présents dans
cette salle, que le plan misérable,
qu'ils ont promu tout au long des sept
dernières années pour masquer la nature
terroriste de ces organisations
islamistes takfiristes en tentant de les
présenter comme une « opposition
syrienne modérée », a échoué.
La Ghouta
n'est pas tombée, comme l’a déclaré ma
collègue déléguée des États-Unis. Elle a
été libérée, comme nous avons libéré
l'Est d'Alep. Ce qui est tombé dans la
Ghouta orientale est le terrorisme ; le
terrorisme et non les civils ! Et oui,
cette journée doit être celle de la
honte, comme elle l’a dit, mais la honte
pour les souteneurs du terrorisme parce
que par leur soutien aux groupes
terroristes pendant des années, dans le
but de changer le régime en Syrie par la
force et au profit des organisations
islamistes et takfiristes, ils ont mené
à de grandes souffrances pour le peuple
syrien.
Je ne tiens
pas là un discours en l’air. Voilà deux
jours, le général Joseph Votel,
commandant en chef du Central Command
des Forces étasuniennes désigné par
CentCom, a admis devant une commission
du Sénat américain présidée par le
sénateur Lindsay Graham, et je cite : «
Le changement de régime en Syrie par la
force, au profit d'un groupe d'opposants
islamistes, a échoué » [4] ; fin de
citation.
Monsieur le
Président,
Le Conseil de
sécurité a tenu 49 réunions officielles
jusqu’ici ; 49 réunions pour discuter de
ladite « situation humanitaire » en
Syrie, sans parler des réunions
informelles, des réunions d'urgence, et
des réunions en formule Arria au cours
desquelles le Conseil a entendu des
rapports et des évaluations pleines
d’affabulations que des hauts
fonctionnaires de l’ONU ont pris
l’habitude de présenter, afin de rendre
service aux politiques de certains États
occidentaux influents, au sein de votre
respecté Conseil, et de faire pression
sur le gouvernement syrien.
Des rapports
et des évaluations caractérisés par un
manque total de professionnalisme et
d'objectivité et la non reconnaissance
des agressions portées contre la
souveraineté, l'intégrité et l'unité
territoriales de la Syrie ; soit
directement par la Coalition
internationale menée par les États-Unis,
le régime turc ou les autorités
d’occupation israélienne ; soit
indirectement, par toutes ces parties
réunies et d’autres encore, sous couvert
de toutes sortes de soutiens accordés
aux organisations terroristes liées à
Daech, au Front al-Nosra et autres
milices fabriquées par ces États.
49 rapports,
des centaines de réunions, des centaines
d’évaluations et de briefings, des
milliers d’heures de travail et, malgré
tout cela, certains États nient toujours
que la cause de la « crise humanitaire »
est l'exploitation, par l’étranger, de
l’arme terroriste et des mesures
coercitives unilatérales imposées au
peuple syrien.
49 rapports,
et nous nous trouvons, Mesdames et
Messieurs, dans le cas de l’adage qui
dit : « comme si je blâmais un sourd et
demandais à un muet de se prononcer ».
Ou alors, Monsieur le Président, c’est
un autre adage hollandais qui pourrait
mieux traduire la situation puisqu’il
est issu de votre pays ; l’adage qui
dit : « les belles roses ont des
épines », vu que la Hollande est
productrice de belles fleurs.
Monsieur le
Président,
Le Secrétaire
général adjoint aux affaires
humanitaires, Mark Lowcock, a indiqué
que Kachkoul a été frappé par « une »
roquette [5], mais il n’a pas dit qui
l’a lancée.
M. Lowcock a
dit qu'il y avait huit centres
d’hébergement pour ceux qui sortaient
de la Ghouta, mais il n’a pas fait
mention des efforts du gouvernement
syrien pour accueillir les 150 000
citoyens civils qui en sont sortis. M.
Lowcock ignore qui s’occupe de ces huit
centres. M. Lowcock ne le sait pas. Ce
sont peut-être des extraterrestres qui
s’en occupent ?!
M. Lowcock a
dit que les Nations Unies, des
partenaires et le Croissant arabe syrien
aident les évacués de la Ghouta, ce qui
signifie que le gouvernement syrien ne
joue aucun rôle. Si tel est le cas,
pourquoi le sollicitez- vous M.
Lowcock ? Si vous ne le considérez pas
comme votre partenaire, pourquoi lui
demandez-vous des autorisations pour
envoyer les convois ?
M. Lowcock a
dit que 153 500 personnes d’Afrin se
sont réfugiés à Tal Raf’at à cause de ce
qu’il a textuellement qualifié d’«
opérations guerrières ». Des opérations
guerrières entre qui et qui ? Qui a
obligé 153 500 personnes à quitter
Afrin ? N’est-ce pas l’agression turque
contre cette ville M. Lowcock ?
M. Lowcock a
dit que le gouvernement syrien, et c’est
la seule fois où il en a parlé, a
autorisé l’acheminement d’un convoi
d’aide humanitaire vers le camp
d’Al-Roukbane. Mais il n’a pas dit que
ce sont les États-Unis qui bloquaient
les aides en direction de ce camp, parce
que ce sont les Forces américaines qui
l’occupent [6] ainsi que la région
d’Al-Tanf.
L’essentiel
est qu’il y aurait beaucoup à redire,
mais je ne veux pas vous prendre trop de
votre temps précieux. Nous n’allons pas
entrer dans les détails du contenu du 49ème
rapport du Secrétaire général. Je
citerai un seul exemple qui montre à
quel point il est loin de la neutralité
et de l’objectivité, vu qu’il consacre
neuf longs paragraphes aux souffrances
endurées par les civils de la Ghouta
orientale et aux dommages subis par ses
infrastructures du fait des actions
militaires gouvernementales, selon ses
dires. Neuf paragraphes ! Mais lorsqu’il
en vient à parler de ce qu’ont subi les
8 millions de civils, à Damas, ciblés
par plus de 2500 obus ayant fait des
milliers de martyrs et de blessés, avec
la destruction de maisons, d’hôpitaux et
de dispensaires, le rapport se contente
d’une seule courte phrase. Neuf
paragraphes et une seule phrase sur
Damas. Je cite : « Se sont également
poursuivies les attaques contre les
quartiers de Damas à partir de la Ghouta
orientale, entraînant des morts, des
blessés et des dégâts des
infrastructures civiles » ; fin de
citation.
Monsieur le
Président,
Nous espérons
que les Nations Unies ne répèteront
contre la Ghouta orientale la conduite
systématiquement adoptée en d'autres
régions, fondée sur la non-assistance
aux régions libérées ou qui ont connu
des réconciliations, et qu’elles
initieront une nouvelle approche
conforme aux principes de leur Charte et
aux dispositions du droit
international ; une approche fondée sur
l’organisation et la coopération
totales avec le gouvernement de la
République arabe syrienne, lequel est
seul concerné par la protection et le
soutien des Syriens et le refus de céder
aux pressions et aux diktats politiques
imposés par certains pays occidentaux au
Conseil de sécurité, incompatibles avec
les principes et les valeurs de l'action
humanitaire, la Charte des Nations Unies
et le droit international.
Monsieur le
Président,
Au cours de
la semaine dernière, le ministère du
Commerce intérieur a distribué 4000
tonnes de produits alimentaires aux
concitoyens civils évacués de la Ghouta
orientale. Je ne sais pas d’où le
délégué français tient ses informations.
Mais c’est chose normale : ils n’ont pas
d’ambassade à Damas, ils ne disposent
pas d’informations crédibles.
Monsieur le
Président,
Les États
souteneurs du terrorisme ont donné des
instructions aux groupes terroristes
armés pour qu'ils utilisent à nouveau
des armes chimiques, en Syrie, et
fabriquent des preuves comme ils l'ont
fait précédemment, afin d’en accuser le
gouvernement syrien. Soyez, encore une
fois, attentifs à cette information.
Les
dernières informations que nous vous
avons transmises, hier, indiquent que
cette action théâtrale produite par les
Services secrets de ces États, jouée par
lesdits « casques blancs » et mise en
scène par les médias occidentaux se
prépare, cette fois-ci, pour des zones
proches de la ligne de désengagement
dans le Golan syrien occupé, où les
organisations terroristes comptent
utiliser des gaz toxiques contre les
civils de la ville d’Al-Harra, avant de
transporter les blessés dans les
hôpitaux de l’ennemi israélien. Vous
pouvez imaginer quels seront alors les
témoignages des médecins des forces
d'occupation israéliennes.
Les
informations indiquent aussi qu'une
autre mise en scène est en cours de
préparation dans les deux villages
d’Al-Hobait et de Qalb Lozeh, situés
dans la campagne d'Idlib, où des
véhicules de transmission par satellites
et des experts de différentes
nationalités ont été repérés, en plus de
la préparation d’une équipe d’acteurs
composée de femmes et d’enfants réfugiés
dans un camp situé à la frontière
turco-syrienne.
Je confie,
une fois de plus, ces informations
importantes au Conseil de sécurité.
Merci
Monsieur le Président.
Dr Bachar
al-Jaafari
Délégué
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies
27/03/2018
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Source :
The Syrian Mission to the United Nations
https://www.youtube.com/watch?v=4uJtsWCY-h0
Notes :
[1] Conseil
de sécurité: la Russie fait avorter par
un vote de procédure la tenue d’une
séance publique sur la situation des
droits de l’homme en Syrie
https://www.un.org/press/fr/2018/cs13255.doc.htm
[2] Le
tintamarre de l’Occident au
Conseil de sécurité ne se calmera que
par les défaites des terroristes en
Syrie
https://syrianownews.com/index.php?d=34&id=186400
[3] Conseil
de sécurité: nombreux appels à ne pas
retarder davantage la mise en œuvre de
la résolution 2401 pour une aide
humanitaire immédiate en Syrie
https://www.un.org/press/fr/2018/cs13266.doc.htm
[4] CENTCOM Commander Admits
Failure in Syria Strategy
http://www.theamericanconservative.com/articles/centcom-commander-admits-failure-in-syria-strategy/
[5] Au moins
44 morts et des dizaines de blessés, le
20 mars 2018, suite à des tirs de
roquettes lancées par des terroristes,
retranchés dans la Ghouta orientale, sur
un souk populaire dans le quartier de
Kachkoul aux environs de Damas
https://sana.sy/fr/?p=114438
[6] Camp d’Al-Roukbane : 60
000 réfugiés syriens séquestrés par des
terroristes protégés par Washington
https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/28/60-000-refugies-syriens-sequestres-terroristes-proteges-washington/
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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