Syrie
Syrie / Vienne 3 :
La vaine stratégie du quintet de
Washington
Bachar al-Jaafari
Samedi 27 janvier 2018
Le 12 janvier 2018, Al-Mayadeen TV
rapportait les confidences d’une source
européenne selon laquelle des
représentants de cinq pays [États-Unis,
Grande-Bretagne, France, Arabie
saoudite, Jordanie] s’étaient rencontrés
à Washington pour mettre au point, un
projet de réformes constitutionnelles en
Syrie. Le projet devait être remis à la
Russie comme base des futures
négociations dans le cadre du processus
de Genève sous l’égide de l’ONU, et une
deuxième rencontre devait avoir lieu une
semaine plus tard.
Dans la matinée du 26 janvier, Al-Mayadeen
TV déclarait que cette deuxième réunion
avait bien eu lieu ce mardi 23 janvier,
à Paris, en marge de la réunion des
représentants d’une trentaine de pays,
laquelle s’est notamment soldée par une
« Déclaration de principes contre
l’impunité d’utilisation d’armes
chimiques », déclaration censée remédier
à une malheureuse paralysie de l’ONU
lorsqu’il s’agit de la Syrie et des
vetos de la Russie.
Par ailleurs,
cette même chaîne publiait le fameux
projet du quintet de Washington [*] reçu
de Vienne, où il a été remis à quelques
personnalités dont l’envoyé spécial de
l’ONU Staffan de Mistura, organisateur
têtu de Vienne 3, après l’échec
sciemment programmé de Genève 8 par son
adoption exclusive de la déclaration
desdits opposants du « Groupe de Riyad »
soutenus par le Quintet de Washington,
et avant la tenue non désirée du congrès
du 29 janvier prochain organisé par la
Russie à Sotchi..
En bref, il
s’agit d’un retour à la case d’avant
départ : mise de la Syrie sous tutelle
directe des Nations Unies,
décentralisation masquant une partition,
gouvernements locaux, constitution
détaillée en rapport avec les buts
recherchés… tout le contraire de la
résolution 2254 évoquée à tout bout de
champ !
Dans
une revue de presse récente nous avions
souligné un bout de phrase de la
conférence de presse commune d’Emmanuel
Macron et de
Recep Erdogan reçu à Paris ce 5
janvier :
«… le format d’Astana-Sotchi
n’est, à mes yeux, pas tout à fait le
bon… Pourquoi ? Parce que je pense que
plusieurs autour de la table n’ont pas
tout à fait les mêmes intérêts que le
président Erdogan. Leur intérêt est plus
de construire leur influence, leur
puissance et leur propre compromis
bilatéraux avec la Syrie, plutôt que de
construire une vraie stabilité
inclusive… je pense
qu’il faut associer d’autres puissances
de la région et il faut, surtout en
termes de modalités, ce qui n’est pas le
cas aujourd’hui au sein de Sotchi, nous
assurer que toutes les sensibilités,
toutes les oppositions sont bien
représentées et que nous nous mettons
dans le cadre de ce qui d’ailleurs a été
décidé au sein des Nations Unies,
c'est-à-dire la possibilité de laisser
toutes celles et ceux qui ont fui soit
Daech, mais la plupart du temps le
régime de Bachar al-Assad, pouvoir
s’exprimer dans le processus que nous
mettrons en place… ».
Le processus
que nous mettrons en place ? Quel
processus ? Avec quelles autres
puissances ? Maintenant, nous le savons
[NdT].
CONFERENCE DE PRESSE DU DR BACHAR
AL-JAAFARI
Bonsoir à
vous tous,
Hier et
aujourd’hui, nous avons eu avec Monsieur
l’envoyé spécial du Secrétaire général
[de l’ONU] des pourparlers aussi
constructifs que possible, d’autant plus
que nous sommes à la veille de la tenue
du congrès de Sotchi.
Naturellement, nous avons profité de
cette rencontre pour répondre à ses
questions ; lesquelles portaient
principalement sur les résultats
attendus du « Congrès national syrien »
à Sotchi. À ce stade, il n’a pas été
possible de répondre à certaines de ces
questions puisque, comme vous le savez,
ce congrès n’a pas encore eu lieu.
En réalité,
les résultats du congrès de Sotchi
seront la résultante du dialogue entre
les participants syriens eux-mêmes, car
son but est le dialogue entre Syriens
sans ingérences étrangères. Sont
attendus environ 1600 invités
représentant les différentes composantes
du peuple syrien.
Ce n’est pas
par hasard que ce congrès de Vienne 3 a
coïncidé avec la fuite ou, plutôt, la
distribution préméditée d’un document
non officiel [no paper document]
tournant autour de la relance du
processus politique de Genève relatif à
la Syrie ; lequel document a été conçu
par les représentants d’États qui se
sont réunis à Washington, puis à Paris.
Il s’agit de
représentants des États-Unis, de la
Grande-Bretagne, de la France, de
l’Arabie saoudite et de la Jordanie. Et
ce sont tous, comme vous le savez, des
partenaires dans l’effusion du sang
syrien en mon pays ; ce qui est en soi
conforme à la comédie noire que nous
vivons dans un nouvel épisode de la
série de complots contre la Syrie. En
effet :
-
Comment serait-il possible
qu’un État comme l’Amérique, qui a
créé Daech, a protégé Daech, a
soutenu Daech et qui continue à se
battre sur le sol syrien pour Daech…
un État qui viole militairement la
souveraineté syrienne sur son sol en
défiant ostensiblement toutes les
chartes, les lois et les conventions
internationales… comment serait-il
possible qu’un tel État dont les
propres mains et celles de ses
instruments ont trempé dans le sang
syrien, un État qui a agressé
directement la Syrie… comment
serait-il possible que cet État
puisse parler de solution politique
et d’avenir en Syrie ?
-
Comment serait-il possible
que des États comme la
Grande-Bretagne et la France qui
suivent la politique américaine tel
un aveugle dirigeant un autre
aveugle… comment serait-il possible
que ces deux États puissent imaginer
une quelconque solution ou un
quelconque horizon en Syrie ?
-
Comment serait-il possible
qu’un État comme la Jordanie qui
abrite la cellule secrète
d’opérations militaires MOK, qui a
accueilli des terroristes venus de
toutes parts sur son territoire
devenu un refuge tranquille pour
sept camps d’entrainement militaire,
avant de les envoyer en Syrie…
comment serait-il possible,
fondamentalement parlant, qu’un tel
État puisse parler de souveraineté
et participer à une solution
politique en Syrie ?
-
Enfin et surtout, la Saoudie,
perle de la couronne, summum de la
démocratie, phare de la liberté en
Orient… la Saoudie, modèle de l’État
de droit, parangon des constitutions
et de la justice sociale, oasis du
bien-vivre et de l’égalité des
sexes, icône des élections et de la
transmission du pouvoir… comment
serait-il possible que ce pays de
l’ignorance [jahili de Jahiliya :
période antéislamique dans le
Coran ; NdT] puisse participer à
l’élaboration d’une constitution
moderne pour la Syrie ? C’est
assurément une comédie noire !
Ledit
document non officiel en rapport avec
« la relance du processus politique de
Genève pour la Syrie », tel est son
intitulé, est totalement inacceptable et
ne mérite même pas l’encre de son
écriture, car notre peuple n’accepte pas
et n’acceptera pas que des solutions lui
arrivent par parachutes ou sur le dos
des tanks. En tous cas,
Mesdames et Messieurs, le langage
utilisé par les concepteurs de ce
document non officiel indique qu’ils se
sont comportés de manière irresponsable.
Le processus politique de Genève est
présenté comme s’il était mort. Ils
tentent, en vain, de donner l’impression
qu’ils cherchent à le relancer ; mais,
comme dit le proverbe, ils l’assassinent
et défilent à ses funérailles.
De notre
côté, nous pensons que c’est là une
tentative vouée à l’échec. Son but est
de torpiller les pourparlers de Genève,
le Congrès de Sotchi et toute
perspective de solution politique en
Syrie, car c’est en accord avec leurs
politiques destructrices dans la région.
Je pense que
le résumé que je viens de vous présenter
nous évitera les questions et réponses,
pour aujourd’hui.
Merci
beaucoup
Dr Bachar
al-Jaafari
26/01/2018
Envoyé
permanent de la Syrie auprès des Nations
unis et chef de la délégation syrienne à
Vienne.
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Source :
Al-Fadaiya [Syrie
https://www.facebook.com/SyrianNewsCenter/videos/1770361972998113/
Note :
[*]
[Le projet du Quintet]
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
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