Syrie
Syrie : Mauvaise nouvelle pour
Alep mais
bonne nouvelle pour d’autres…
Mouna Alno-Nakhal
Mercredi 23 septembre 2015
C’est ce que nous dit M. Åsmund
Asdal, coordinateur de la Réserve
mondiale de semences du Svalbard, en
Norvège, financée par les États mais
aussi par la fondation de Bill Gates,
dans un article de Russia Today du 22
septembre 2015 :
« Cette Arche
de Noé végétale… va être mise à
contribution en raison du conflit
syrien. À cause de la guerre et des
bombardements en Syrie, la banque de
gènes d'Alep a été détruite, et le
centre chargé de sa gestion espère
récupérer des graines pour reconstituer
ses stocks dans les pays voisins de la
Syrie… au Liban ou encore au Maroc, pays
aux climats proches de celui de la
Syrie ».
« C'est la
première fois que l'on nous demande de
récupérer des graines » aurait indiqué
M. Asdal ; « c’est une mauvaise nouvelle
pour l'ICARDA et pour la banque de gènes
d'Alep qui est détruite, mais, pour
nous, c'est la confirmation que la
Réserve mondiale du Svalbard est une
mesure mondiale utile et indispensable
».
Qu’est-ce donc l’ICARDA ? Nous
nous contenterons de ce qu’en dit
Wikipedia [2] :
« Le Centre international de
recherche agricole dans les zones arides
(ICARDA) est l'un des quinze centres de
recherche membres du Groupe consultatif
pour la recherche agricole
internationale. Créé en 1977, sa station
principale et ses bureaux se trouvent à
Alep en Syrie. À la fin des années 1990,
des chercheurs de l'ICARDA engagent des
programmes de phytosélection
participative avec des agriculteurs dans
les zones de pluies peu productives du
Maroc, de la Syrie et de la Tunisie. En
Syrie, les variétés d'orge sélectionnées
au champ par les agriculteurs ont donné
des résultats supérieurs aux variétés
qui avaient été sélectionnées en
station, dans des conditions et des
environnements très différents des
conditions réelles, souvent difficiles,
de cultures. Devant ce succès le
dispositif a été étendu à d'autres
cultures ainsi qu'à d'autres pays ».
La banque de gènes d’Alep est
détruite, mais ce n’est pas tout ! En
plus des terroristes qui l’ont sciemment
saccagée, la tempête de sable accusée
d’avoir provoqué, le vendredi 11
septembre 2015 [3], la chute
d’une grue dans la grande mosquée de la
Mecque, avant que le gouvernement
saoudien n’en rejette la responsabilité
sur le groupe Ben Laden [4], a
aussi frappé Alep.
À croire que le hasard court au
secours des « rebelles terroristes
modérés » de M. Obama, lesquels
continuent à balancer leurs canons de la
mort de plus en plus perfectionnés sur
la ville et s’acharnent, depuis des
mois, à priver ses habitants d’eau et
d’électricité. Voici, en quelques mots,
le témoignage d’une amie restée à Alep
et qui n’a pas l’intention de la quitter
:
« Deux semaines de sables ! Une
tempête qui n’a rien à voir avec ce que
tu as connu et laquelle serait sans
précédent dans nos régions. Depuis, il
n’a pas plu. Tous les potagers du
quartier ont disparu. Tous nos
magnifiques jardins sont morts, sauf
peut-être nos arbres résistants qui
pourront reprendre vie, et toujours pas
d’électricité ni d’eau au robinet.
Chaque réparation réussie par les
services publics est suivie de sabotage,
si bien que nous n’avons grosso modo
qu’une heure d’électricité par jour. Et
comme nous n’avons l’eau que par pompage
électrique, tu comprends que nous
pouvons juste cuisiner et faire un brin
de toilette… Du sable partout, une
grisaille franchement inhabituelle, une
chaleur étouffante, sombre dedans,
sombre dehors à
travers des vitres sales, quand les
fenêtres n’ont pas été condamnées,
puisqu’à quoi bon réparer pour la énième
fois et où trouver le vitrier et
l’argent pour le payer ? ».
Après avoir ciblé son patrimoine
industriel, avoir démonté ses usines,
les avoir transportées en pièces
détachées vers la Turquie, grâce aux
bons soins d’Erdogan et de sa clique, au
vu et au su des satellites des puissants
de ce monde…
Après avoir saccagé son patrimoine
architectural en profitant du trafic
« révolutionnaire » sur tous les marchés
des antiquités, notamment à Londres, à
New York, à Amman, à Tel-Aviv, à
Beyrouth…
Après avoir détruit son patrimoine
scientifique et culturel par
l’assassinat de ses savants, la
destruction de ses écoles, de ses
bibliothèques, de ses hôpitaux …
Après avoir déchiré son tissu social
en poussant sa population à l’exode,
provoquant une vague de migration
illégale, truffée de faux passeports
syriens entre les mains de non-Syriens,
et bizarrement concomitante avec le
retrait des « Patriot » allemands de
Turquie…
Voici un malheur dont ni les
terroristes, ni leurs donneurs d’ordre,
ne pourraient être tenus pour
responsables. Une tempête de sable qui
décapite le label Ben Laden à sa
source ; fait que les agriculteurs
syriens ne pourraient plus disposer de
graines sélectionnées par les
générations successives depuis des
milliers d’années à moins de recourir à
une banque où ils auraient déposé leurs
propres génomes végétaux, entre temps
dispersés dans des pays pas
nécessairement proches ni voisins ; en
plus de prouver l’incontestable
utilité de « la banque de l’apocalypse »
et le génie humaniste de ses fondateurs…
[5].
Quelle aubaine et que de
hasards !
Mouna Alno-Nakhal
23/09/2015
Notes :
[1] La
«banque de l'apocalypse» au secours de
l'agriculture syrienne
http://francais.rt.com/international/7266-syrie-semences-banque-mondiale-svalbard
[2] Centre
international de recherche agricole dans
les zones arides
https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_international_de_recherche_agricole_dans_les_zones_arides
[3] Grande
mosquée de La Mecque : la chute d'une
grue fait 107 morts et 238 blessés
http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/arabie-saoudite-65-morts-dans-la-chute-d-une-grue-dans-la-grande-mosquee-de-la-mecque-728571
[4] Chute de
la grue à la Mecque : le groupe Ben
Laden décapité en Arabie Saoudite
http://www.afrik.com/chute-de-la-grue-a-la-mecque-le-groupe-ben-laden-decapite-en-arabie-saoudite
[5] L’« arche
de Noé végétale » en Arctique
http://www.mondialisation.ca/l-arche-de-no-v-g-tale-en-arctique/8091
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