Analyse
Trump et
Ben Salmane :
Rencontre entre un malchanceux et un
perdant
Nasser Kandil
Jeudi 22 mars 2018
Lors de la première rencontre,
entre le président américain Donald
Trump et le prince héritier saoudien
Mohammad ben Salmane [MBS], a été conclu
un véritable « contrat du siècle » :
environ 500 milliards de dollars
accordés à Trump au profit du secteur
économique étatsunien, contre le
couronnement de MBS moyennant la
liquidation de la famille régnante
saoudienne et une bonne correction
infligée à la famille régnante qatarie.
Avant leur deuxième rencontre, les
deux hommes avaient nourri les rêves les
plus fous afin de réaliser, au moment
jugé opportun, le versant politique de
leur contrat.
Lequel
contrat consistait à commencer par un
règlement de la question palestinienne
via l’annonce de Jérusalem comme
capitale d’Israël, suivie de l’annonce
d’une alliance
américano-israélo-saoudienne contre
l’Iran, d’une escalade
militaro-politico-diplomatique contre la
Syrie et le Yémen qui modifierait les
équilibres, d’une discorde explosive au
Liban qui étranglerait la Résistance, et
d’un appui soutenu à la séparation d’un
Kurdistan irakien qui placerait l’Iran
dans leurs collimateurs.
Cette
deuxième rencontre a eu lieu [ce 20 mars
2018] alors que le coup d'État de
l'ex-président yéménite Ali Abdallah
Saleh soufflé par MBS a échoué et lui a
coûté la vie, que le projet d’un
mini-État indépendant kurde a avorté en
Irak, que les paris de sabotage de la
stabilité en Iran ont pris fin de la
même manière qu’a pris fin le scandale
de l’enlèvement du Premier ministre
libanais Saad Hariri sans que la
discorde espérée ne se concrétise, que
les campagnes d'escalade en Syrie ont
été couronnées par la reprise de
positions militaires d’une grande
importance par l'Armée syrienne avec le
soutien de ses alliés, et que le
« contrat du siècle » s’est heurté au
peuple palestinien qui a coupé la route
à tout partenaire qui l’accepterait.
Des défaites
qui ont culminé avec la victoire
éclatante du président russe Vladimir
Poutine lors d'une élection
présidentielle, transformée en une fête
démocratique populaire, avec une
participation supérieure à toutes les
attentes.
Une deuxième
rencontre, alors que le Sénat américain
se prononçait sur une résolution visant
à mettre fin à l’assistance militaire
des États-Unis à la coalition saoudienne
au Yémen, que l’administration
américaine est occupée par la
préparation des dossiers de négociation
avec la Corée du Nord et ce qu’ils
nécessitent pour l’amélioration des
relations avec la Russie et la Chine,
que l’option de la Résistance se
renforce au Liban et en Irak à travers
les alliances en faveur de l’union et
contre la discorde en vue des élections
législatives, que la situation
israélo-palestinienne se complique et
que les deux principaux alliés des
États-Unis en Syrie, les Turcs et les
Kurdes, se dirigent vers une guerre
longue et féroce.
Trump aura
tenté de persuader son hôte d’arranger
la réconciliation avec le Qatar, en
dépit des hourras golfistes prétendant
que Rex Tillerson a été éjecté de son
ministère à la demande de MBS, lui-même,
pour cette même raison.
De son côté,
MBS se sera contenté de persuader Trump
d’exercer des pressions contre la
résolution de cesser les livraisons de
pièces de rechange et de munitions,
nécessaires au ravitaillement de
l’aviation militaire saoudienne, pour
continuer la guerre au Yémen [résolution
finalement rejetée par le Sénat
américain ce mardi 20 mars par 55 voix
contre 44 ; NdT].
Et tous les
deux auront discuté du comportement
qu’il faudra adopter à l’égard des
relations israélo-palestiniennes, des
moyens d’éviter encore plus de
difficultés et de défaites, de
l’hypothèse d’ajourner le transfert de
l'ambassade américaine à Jérusalem au
mois de Mai prochain et, surtout, des
actions à mener suite à l’impasse dans
laquelle ils se sont engouffrés du fait
de l’axe de la Résistance allant de
l’Iran, à l’Irak, à la Syrie et au
Liban, d’autant plus qu’il bénéficie du
soutien grandissant de la Russie et de
la Chine.
Trump a gagné
beaucoup d’argent [*] et MBS a
théoriquement gagné le trône, mais
l’échec les guette de toutes parts.
C’est là, une
rencontre entre un malchanceux et un
perdant.
Nasser
Kandil
21/03/2018
Traduit de
l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Top
News / Rubrique « Les points sur les i »
http://topnews-nasserkandil.com/final/Full_Article.php?id=8366
[*]‘That’s
peanuts to you’ [Trump exhibe ses ventes
d’armes à la Saoudie]
https://www.youtube.com/watch?v=9O0uR03s7m4
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour
|