Syrie
ONU / Nous récupérerons le Golan
par la paix ou par la guerre
Bachar al-Jaafari
Mardi 20 novembre 2018
Le 16 novembre 2018, la
Quatrième Commission de l’Assemblée
générale des Nations Unies a adopté
plusieurs projets de résolution sur
l’UNRWA et les pratiques israéliennes en
Territoire palestinien occupé et
au Golan syrien occupé.
Le projet
de résolution intitulé « Le Golan syrien
occupé », a été adopté par 151
voix pour ; 2 voix contre [Israël et
pour la première fois, les États-Unis] ;
14 abstentions [Australie, Cameroun,
Canada Côte d'Ivoire, Guatemala
Honduras, Iles Marshall, Mexique,
Micronésie, Palau, Panama, Papouasie,
Nouvelle Guinée, Rwanda, Togo ; comme
rapporté par SANA][1].
Le
compte-rendu du site de l’ONU en langue
française [2] précise :
I. Par le projet de résolution (A/C.4/73/L.22)
intitulé « Le Golan syrien occupé »,
l’Assemblée générale demanderait à
Israël de renoncer à modifier le
caractère physique, la composition
démographique, la structure
institutionnelle et le statut juridique
du Golan syrien occupé et en particulier
de renoncer à y établir des
implantations ; considèrerait que toutes
les mesures et décisions législatives et
administratives qui ont été prises ou
seront prises par Israël, Puissance
occupante, pour modifier le caractère et
le statut juridique du Golan syrien
occupé sont nulles et non avenues,
constituent une violation flagrante du
droit international et de la Convention
de Genève relative à la protection des
personnes civiles en temps de guerre, et
n’ont aucun effet juridique ;
demanderait aussi à Israël de renoncer à
imposer aux citoyens syriens du Golan
syrien occupé la nationalité israélienne
et des cartes d’identité israéliennes,
et de renoncer à ses mesures de
répression à l’égard de la population de
ce territoire » [3].
II. Le
représentant d’Israël s’est félicité que
les États-Unis se soient « placés du
côté de la vérité ». Il a signalé
que des milliers de personnes souffrent
en raison du régime d’Assad, en Syrie,
et a jugé que ce dernier accusait Israël
de tous les maux pour faire oublier ses
propres exactions. « Il y a ceux
qui essaient de stabiliser la région et
ceux qui cherchent à la terroriser »,
a-t-il asséné. Prévenant qu’Israël
n’acceptera jamais d’être contraint de
se mettre en péril, il a rappelé que le
Golan est un territoire essentiel à sa
sécurité. « Je serai clair : nous
ne nous retirerons pas des hauteurs du
Golan. Et il est temps que la
communauté internationale accepte cette
situation. »
Pour
mémoire, voici
la traduction des deux interventions du
Dr Bachar al-Jaafari, délégué permanent
de la Syrie auprès des Nations Unies :
la première, suite au vote sur le
projet ; la deuxième, en réponse aux
déclarations du délégué d’Israël. [NdT].
I.
INTERVENTION SUITE AU VOTE SUR LE PROJET
DE RÉSOLUTION INTITULÉ :
« LE GOLAN SYRIEN OCCUPÉ »
Vu que c’est
ma première prise de parole devant la
Quatrième Commission, permettez,
Monsieur le Président, que je vous
félicite pour la direction réussie des
travaux de cette commission. Permettez
aussi que je remercie toutes les
délégations ayant voté en faveur des
projets de résolution d’aujourd’hui,
notamment le point 54 et le point 55
relatif au projet de résolution intitulé
« le Golan syrien occupé ». Merci aux
délégations de Cuba et d’Indonésie pour
les avoir présentés et aux délégations
qui les ont soutenues.
Monsieur le
Président,
Le vote d’une
majorité écrasante d’États Membres en
faveur de ces projets de résolution
adresse, une fois de plus, un message
clair et sans équivoque aux États-Unis
et à Israël, la puissance occupante.
Un message
qui dit que l’occupation israélienne du
Golan syrien est inacceptable et viole
les dispositions de la Charte des
Nations Unies ainsi que les principes du
droit international.
Un message
qui exige qu’Israël mette fin à
l'occupation de tous les territoires
arabes occupés et cesse immédiatement
ses violations des droits de l'homme et
du droit international, y compris la
« Quatrième Convention de Genève de
1949 » adoptée, comme vous le savez, non
loin de la période qui a vu la partition
de la Palestine.
Aujourd’hui,
le vote très majoritairement favorable
au projet de résolution sur le Golan
syrien occupé réaffirme que les États
Membres refusent la poursuite de son
occupation et que la tentative de son
annexion par Israël reste nulle, non
avenue et sans effet juridique sur le
plan international, conformément à la
résolution 497 [adoptée à l’unanimité en
1981].
Une
résolution imprescriptible malgré toutes
les tentatives de contournement par
Israël et les États-Unis. C’est pourquoi
la dernière farce israélienne,
consistant à mener ce qui a été présenté
comme « élections locales » au Golan
syrien occupé, a été mise en échec par
ses « citoyens syriens » le 30 octobre
2018.
Et c’est
pourquoi l’activisme d’Israël en faveur
de la multiplication des colonies ainsi
que sa collaboration avec les groupes
terroristes armés, issus de Daech et du
Front al-Nosra, dans la zone de
séparation sur le Golan sont désavoués
et réprouvés par l’ensemble de ceux qui
tiennent à maintenir le droit
international, à mettre fin aux
occupations étrangères et à refuser
l’annexion des territoires d’autrui par
la force.
Nous n’avons
absolument pas été surpris par le vote
des États-Unis contre le projet de
résolution sur le Golan syrien occupé,
parce qu’ils sont le principal associé
politique et militaire d’Israël dans ses
agressions et ses guerres contre notre
région, et son principal protecteur
contre tout jugement de ses crimes
depuis des décennies.
Et,
aujourd’hui, les États-Unis occupent à
leur tour des territoires syriens via
leurs forces spéciales ; revivifient les
terroristes de Daech dans la région
d’Al-Tanf et dans la région nord de Deir
ez-Zor, ainsi que dans nombre d’autres
pays ; en plus de collaborer avec Israël
au pillage des ressources du Golan
syrien occupé, par le biais de sociétés
américaines de prospection des
hydrocarbures, en violation de toutes
les normes et lois internationales. Je
citerai deux sociétés en particulier :
l’Afek Oil and Gas, une filiale de la
société américaine Genie Energy et la
société AES. Nous parlons donc de faits
avérés.
En
conséquence, ce vote des États-Unis,
contre le projet de résolution
concernant le Golan syrien par
opposition à la très grande majorité des
autres États Membres, à l’exception
d’Israël désigné par « puissance
occupante » aussi bien par les Nations
Unies que par les États-Unis, signifie
clairement au reste du monde que leur
rôle de promoteur du processus de paix
au Moyen-Orient est fini.
Par leur
vote, ils s’en sont eux-mêmes exclus,
alors qu’en tant que Grande puissance,
Membre permanent du Conseil de sécurité
des Nations Unies et pays hôte de cette
Organisation à New York, les États-Unis
auraient été mieux inspirés de créer une
coalition internationale pour établir la
paix, mettre fin aux occupations
israéliennes, restituer les territoires
arabes occupés à leurs propriétaires
légitimes, dont le Golan syrien occupé à
la Syrie, et édifier un État
palestinien ; plutôt que de créer une
coalition internationale illégitime pour
soutenir le terrorisme, les agressions
et occupations.
Merci,
Monsieur le Président
II.
INTERVENTION EN RÉPONSE AUX
DÉCLARATIONS DU DÉLÉGUÉ D’ISRAËL
Merci
Monsieur le Président et désolé pour
cette reprise de parole. Mais la
question de l’occupation israélienne du
Territoire palestinien et du Golan
syrien n’est pas une question d’humeur
soumise aux desiderata des Israéliens.
La question
de l’occupation est une question
juridique et c’est sous cet angle que
nous la traitons en tant que diplomates
aux Nations Unies. D’où le caractère
décisif du vote d’aujourd’hui, les États
Membres ayant absolument voté contre
cette occupation israélienne puisque
seul Israël, évidemment, et les
États-Unis lui sont favorables.
Par
conséquent, l’ambassadeur israélien
s’est révélé incapable d’intégrer ce
message politique et juridique à la fois
et, de surcroit, a commis une série
d’erreurs révélant la faible
compréhension du droit international du
côté d’Israël et des représentants
d’Israël.
Pour exemple,
il a usé de l’expression « les hauteurs
du Golan ». Une expression inadéquate,
car le Golan syrien occupé consiste en
des hauteurs, des vallées, des plaines,
des ruisseaux, des sources d’eau et même
un lac, le Lac de Tibériade, etc.
Le Golan ne
se résume donc pas à des « hauteurs »,
mais les Israéliens le désignent
délibérément ainsi, pour l’intégrer à ce
que nous a donné à entendre
l’ambassadeur israélien quant à ces
« hauteurs » prétendument garantes de la
sécurité d’Israël, comme si nous vivions
encore à l’époque du Moyen Âge,
lorsque les soldats occupaient les
collines et les sommets des montagnes.
Un
raisonnement qui n’a plus lieu d’être.
Aujourd’hui, existent les missiles, les
avions, les navires et nombre d’autres
moyens ayant mis fin au rôle des
hauteurs et des montagnes du point de
vue militaire. Mais même si ce
raisonnement est toujours valable, cette
terre occupée est reconnue syrienne par
pratiquement tous les États membres et
elle réintégrera la Syrie, qu’Israël le
veuille ou pas.
Quant à
la déclaration de l’ambassadeur
israélien affirmant qu’Israël ne se
retirera pas des « hauteurs » du Golan ;
qu’il comprenne devant vous tous, ici
présents, que si Israël ne se résout pas
à restituer le Golan syrien occupé à la
Syrie et à ses habitants, il ouvre la
porte à d’autres options : des options
de guerre !
Nous
récupérerons le Golan par la paix ou par
la guerre. Tel est notre message à
Israël et à l’ambassadeur d’Israël.
Derrière
moi est assis mon collègue de la
délégation syrienne, un fils du Golan,
un diplomate de haut niveau, un déplacé
du Golan depuis 50 ans. Avec sa famille,
il est déplacé à Damas depuis qu’Israël
a occupé le Golan. Vous avez devant vous
l’une des victimes de l’occupation
israélienne du Golan syrien.
Assez du
mépris d’Israël pour le droit
international et les résolutions des
Nations Unies ! Si ces résolutions lui
indifférent, qu’il quitte donc cette
organisation. Il n’y a plus sa place.
Merci
Monsieur le Président
Dr
Bachar al-Jaafari
Délégué
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies
17/11/2018
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Sources :
vidéos / The Syrian Mission to the
United Nations
https://www.youtube.com/watch?v=ZxA0dTXypa0
https://www.youtube.com/watch?v=E9qvDsZcGsU
Notes :
[1] [sananews.sy]
[2] [La
Quatrième Commission achève ses travaux
avec l’adoption de neuf projets de
résolution sur l’UNRWA et les pratiques
israéliennes ainsi que deux textes sur
la Polynésie française et Guam]
[3] [Point
55 de l’ordre du jour A/C.4/73/L.22
]
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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