Syrie
Syrie / Les raisons de la
prétendue bavure US
à Deir ez-Zor
Naram Sargon

Mardi 20 septembre 2016
À chaque fois que la situation
devient trop angoissante pour les
Syriens, Naram Sargon est là pour
éclairer en insufflant courage et
optimisme. À le lire, on se réjouirait
presque que la trêve respectée par la
Syrie et la Russie avec, pour la
première fois depuis le début de la
guerre, des frappes meurtrières de la
Coalition internationale menée par les
USA sur les positions de l’Armée
syrienne à Deir ez-Zor, soit aujourd’hui
suspendue [1] jusqu’à nouvel
ordre et respect de la parole donnée
contraint ou forcé… À savoir que 135
soldats syriens sont tombés depuis le
début de cette trêve, sans compter les
blessés et les civils [NdT].

Vu toutes les preuves en notre
possession, ce serait perdre notre temps
que de prêter attention aux déclarations
du ministre américain de la Défense, et
du commandant en chef de l’Armée
américaine, insulter notre intelligence
en nous expliquant le pourquoi et le
comment de leurs « tirs amis » sur Deir
ez-zor.
Ce serait
tout aussi inutile que de chercher à
convaincre du lien évident entre Daech
et le projet américain : Daech, le Front
al-Nosra et les islamistes étant les
troupes terrestres de l’armée des USA au
Moyen-Orient depuis la guerre en
Afghanistan ; les Forces aériennes US
étant les troupes aériennes de Daech, du
Front al-Nosra et des islamistes…
Car la
question est : que signifient les
frappes aériennes de la Coalition
internationale menée par les USA au
nord-est de la Syrie, opération
manifestement préméditée pour permettre
aux troupes de Daech d’avancer et ainsi
de mélanger les cartes, tandis que dans
le même temps l’Armée de l’air
israélienne assurait une couverture
aérienne au Front al-Nosra à Quneitra,
au sud du pays [2] ?
Et pourquoi
cette « bavure aérienne » et ces tirs
amis sur Deir ez-Zor et le Golan, après
les échecs des tentatives US cherchant à
convertir la trêve à Alep en un hiatus
militaire et la route du Castello en un
cordon secret reliant le chorion turc
aux groupes armés du Front al-Nosra ?
Cette
opération n’est pas un message ordinaire
posté par les USA dans la boîte aux
lettres du mont de Tharda, mais le
premier aveu indubitable de leur
impuissance face à l'Armée syrienne et
ses alliés du nord au sud du pays ;
leurs propres alliés au sol titubant à
Alep, dans la Ghouta de Damas et à Idleb.
Tout indique
que l'« Armée islamiste US » n’est plus
en mesure de provoquer ses chocs sur le
terrain et que Daech n’est plus cette
force invincible capable d’avancer sur
n’importe quel front, aussi faible
soit-il, sans le secours de l’une ou
l’autre des grandes puissances parmi les
États de la Coalition menée par les USA.
Tout indique
que la prétendue bavure US a été
exécutée en réponse aux avancées de
l'Armée syrienne sur plusieurs fronts à
Deir ez-Zor, lesquelles ont démontré la
baisse des performances des attaques
daechiennes, tout comme le siège des
meutes du Front al-Nosra [devenues, par
une entourloupe grotesque, Fatah al-Cham
pour profiter de la trêve dont il est
exclu selon l’accord américano-russe du
9 septembre ; NdT] à Alep, a démontré
leur corrosion en dépit de leur
mobilisation et de leur surarmement en
préparation de la « mère des batailles »
depuis plus de deux ans.
En effet, les
batailles d'Alep ont révélé les
capacités de manœuvres désormais
limitées du Front al-Nosra, dont les
vagues déferlantes successives ont
accumulé des pertes l’ayant transformé
en une masse molle telle qu’il n’est
plus capable d’exécuter la moindre
attaque dans le sud du pays sans
l’assistance publique et explicite des
Israéliens.
Ce qui
signifie que nous sommes entrés dans une
étape de ramollissement du noyau dur des
forces islamistes terroristes, surgies
depuis la guerre US sur l’Afghanistan,
et que nous affrontons directement les
forces qui se dissimulaient derrière et
qui manipulaient, les mains couvertes de
leurs gants de terroristes, les
marionnettes islamistes sur la scène des
prétendus révolutionnaires syriens.
En d’autres
termes, Israël et les USA sont sortis
des coulisses une fois que les Turcs ont
trébuché pour se retrouver face à face
avec la Russie, les USA tentant
désespérément de couvrir le Front al-Nosra
sous l’habit des derviches soufis,
pendant que l’armée israélienne lui
offrait son gilet de fer [3] pour
lui éviter de mourir.
En
s’attaquant à Deir ez-Zor, les USA ont
avoué ouvertement qu’ils avaient réalisé
que la bataille d'Alep ne tournait plus
en leur faveur et que toutes leurs
tactiques, ou ruses humanitaires,
n’exauceraient plus leur espoir de
sauver les milices armées sur lesquelles
ils ont misé. Et ceci, parce qu’ils les
ont entendues jouer leur oraison funèbre
et ont compris que leur effondrement à
Alep bouleverserait leur projet au nord
de la Syrie, s’il était suivi de leur
chute probable à Idleb avant celle d’Obama.
D’où leur décision de pénétrer l’est du
pays sous le prétexte de « tirs amis »,
juste pour suggérer ce qu’ils sont
encore capables de faire et qu’ils
referont, peut-être.
Le projet US
n'a pas changé. Seule la carte
d’approche a été modifiée du fait des
difficultés insolubles rencontrées. Si
le régime syrien qui tient la « porte de
la Méditerranée » ne tombe pas, autant
le transformer en un régime inutile à la
Russie, à la Chine, à l'Iran et à leur
profondeur asiatique, en l’emprisonnant
entre la mer Méditerranée et le fleuve
Euphrate, ce qui fermerait l’immense
corridor entre la porte occidentale et
la « porte orientale », autrefois gardée
par Saddam Hussein selon la rumeur.
C’est parce
que le projet US consiste désormais à ce
que l’une de ces deux portes soit
hermétiquement fermée par un verrou US,
ou que les deux soient séparées par une
barrière hostile à l’une des portes, que
les États-Unis cherchent clairement à
installer n’importe quelle entité
fragile entre la Syrie et l'Irak, de
sorte que sa frontière naturelle soit
l’Euphrate et qu’elle soit peuplée par
n’importe quelle organisation ou bloc
militaire hostile à l’État syrien dans
la région est du pays. D’où, la
promotion de l’idée d’une partition
inévitable de la Syrie.
Une partition
censée se concrétiser par un « arc de
combats » allant de Idleb à Abou Kamal
via Alep, Raqqa et Deir ez-Zor, lequel
arc serait coupé par la ligne
horizontale d’une entité kurde,
également fragile, créée dans sa partie
nord.
C’est ce qui
explique que les États-Unis avaient
déployé Daech le long du fleuve
Euphrate, pendant un court laps de
temps, avant de veiller au déploiement
du Front al-Nosra sur une ligne allant
vers Idleb, lequel a tenté d'atteindre
la côte afin d’achever l’enclave
géographique projetée, entre la mer et
le fleuve.
Pour ceci,
les prétendus révolutionnaires, dits
« modérés » du Front al-Nosra et
apparentés, étaient censés s’approprier
Alep, Idleb et la côte, puis se ruer
vers Raqqa, Deir ez-Zor et Abou Kamal
sous prétexte de les libérer de Daech
qui devait docilement reculer vers la
région d’Al-Anbar en Irak, sans combat,
exactement comme il avait docilement
reculé à Jarablus afin de laisser place
aux turcs, pour lesquels entrer dans la
place Taksim, à Istanbul, fût beaucoup
plus difficile et plus coûteux que
d’entrer dans Jarablus massivement
occupée par les Daechiens et les
terroristes suicidaires.
Mais ce
énième projet, destiné à compenser
l’échec de la mainmise US sur toute la
Syrie, puis la moitié de la Syrie, a
échoué à son tour, à cause de la
résistance de Deir ez-Zor et de la ville
de Hassaké où l’Armée syrienne veillait.
De ce fait,
Il était donc très clair que l’Armée
syrienne n’abandonnerait pas Deir
ez-Zor, devenue la Stalingrad de
l’Euphrate, et que la libération
prochaine d’Alep signifiait que l’arc de
combats, dessiné par les planificateurs
US et leurs complices, allait partir en
miettes, les Forces syriennes étant
susceptibles d’avancer à grande vitesse
d’Alep libérée vers Raqqa et Deir
ez-Zor ; un trajet tactique plus
avantageux que celui allant de Raqqa
libérée vers Alep.
Or, les USA
ont tout tenté pour empêcher l’avancée
de l’Armée syrienne selon la ligne Alep
libérée-Raqqa-Deir ez-Zor, notamment en
poussant les Kurdes et lesdites Forces
Démocratiques Syriennes [FDS] à
s’étendre pour contrôler « l’arc de
combats » de l’Euphrate jusque Raqqa.
Mais les
Kurdes ont rechigné à descendre vers le
sud avant d’avancer vers l’ouest, vu
qu’ils se seraient confrontés à un
environnement hostile à leur idéologie
et à leur psychologie ; ce qui a fini
par réveiller le monstre démographique
kurde du sud-est de l'Anatolie craint
par les Turcs, lesquels ont menacé de se
retirer du projet.
Entretemps,
n’ayant pas réussi à libérer le Front
al-Nosra assiégé à Alep par l’Armée
syrienne, par la création d’une brèche
sur la route de Ramoussé au sud de la
ville, la route nord du Castello étant
fermée à toute subvention venue de
Turquie, les USA ont décidé de braver
les Russes et les Syriens en éliminant
la barrière de Deir ez-Zor par cette
opération ignoble d’une prétendue
bavure, aidés en cela par les Turcs qui
se sont généreusement proposés pour
« libérer » Raqqa aux côtés de la
Coalition internationale, comme nous les
avons tous entendus l’expliquer
récemment.
Ils ont donc
lancé leurs « tirs amis », suivis
immédiatement par les assauts de Daech
sur Deir ez-Zor, lequel Daech n’a même
pas eu peur du regard inquisiteur de
l’aviation US censée frapper tout ce qui
bouge à l’ouest de ses bases irakiennes.
N’y voyez surtout aucun paradoxe !
Selon ce
plan, si Deir ez-Zor tombait, les Turcs
se rueraient vers Raqqa et Deir ez-Zor,
tandis que Daech se retirerait selon le
même scénario qu’à Jarablus, sous
prétexte de l’énorme pression
militaire ; les Turcs ayant convenu avec
les USA que la ligne de l’Euphrate
serait une région internationale neutre
du fait que c’est une zone de guerre
contre Daech, lequel risque de la
reprendre si la Coalition internationale
se retirait. Il faudra donc que Daech
reste assiégé en Irak, pour empêcher son
expansion.
Et c’est
ainsi que la Turquie briserait les reins
des Kurdes en les coupant en deux
moitiés assiégées au nord de la Syrie.
C’est ainsi que les USA couperaient la
Syrie en deux moitiés de part et d’autre
de l’Euphrate, lequel deviendrait la
frontière d’une entité quelconque née du
fait accompli comme, peut-être, celle
qui s’édifierait autour des sbires de
Al-Joulani [fondateur du Front al-Nosra
et actuel chef de Fatah al-Cham] après
lavage de sa barbe ruisselante du sang
des Syriens. C’est ainsi que l’immense
corridor vers l’Asie serait coupé entre
la porte de la Méditerranée et la porte
orientale à la frontière de l’Irak.
C’est pour
toutes ces raisons que ces « tirs amis »
étaient dirigés contre la Russie et la
Syrie à la fois, pour imposer le point
de vue des USA concernant Alep,
c'est-à-dire l’ouverture de la route de
Ramoussé conformément à leurs conditions
de passage des convois « humanitaires »
librement et sans inspection. Ce qui
serait revenu à vider l’exploit
militaire de l’encerclement du Front al-Nosra
de tout bénéfice et à contourner le
contenu de l’accord américano-russe sur
Alep, étant donné que cet accord leur a
imposé de reconnaître cette organisation
terroriste comme « l’ennemi commun » au
même titre que Daech.
Mais malgré
ce coup terriblement douloureux à Deir
ez-Zor, en comprendre les raisons amène
à découvrir que le projet US titube,
tout autant que ses armées islamistes
terroristes, et que les USA sont
désormais convaincus que le peuple
syrien et ses alliés pourraient bien
être la raison qui démolirait leurs
projets et leurs armées…
Naram
Sargon
Écrivain syrien
résidant en Syrie
19/09/2016
Sources :
Al-Thawra [Syrie]
http://www.thawraonline.sy/index.php/selected-articles-list/108150-2016-09-19-08-39-11
Traduction
de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] Le
Commandement général de l’armée :
Expiration du régime de calme en Syrie
http://sana.sy/fr/?p=70224
[2] U.S.
aircrafts target Syrian Army position in
Deir Ezzor paving way for ISIS attack,
while the Zionist entity targets
position in Quneitra
https://syrianfreepress.wordpress.com/2016/09/17/usa-terrorists-kill-62-saa/
[3 ] Tsahal
utilise le système de défense ‘Dôme de
Fer’ dans le Golan
http://koide9enisrael.blogspot.fr/2016/09/tsahal-utilise-le-systeme-de-defense.html
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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