Syrie
Al-Mouallem à De Mistura : « Nous
n’accepterons plus votre transgression
de l’objectivité pour satisfaire telle
ou telle partie »
Lundi 14 mars 2016
Conférence de
presse de Monsieur Walid al-Mouallem,
vice-premier ministre et ministre syrien
des Affaires étrangères et des Expatriés
Mes frères et
sœurs,
Nous nous
réjouissons de la présence parmi nous du
Docteur Bachar al-Jaafari, chef de la
délégation arabe syrienne, ainsi que des
membres de cette délégation qui quittera
demain [Dimanche 13 mars] pour Genève.
Naturellement, que Dieu les protège, car
leur mission est nationale.
Nous avons
reçu une lettre de Stephan de Mistura
nous informant que la date de sa réunion
avec notre délégation, dans les locaux
des Nations Unies, est fixée au lundi
matin, 14 mars, et que la session
débutera par cette première rencontre.
C’est une
bonne chose, mais notre délégation ne
répétera pas les erreurs de la session
précédente, c'est-à-dire qu’elle ne
restera pas à attendre, à Genève,
l’arrivée des autres délégations au
siège des Nations Unies plus de
24H avant d’entamer le dialogue.
Nous espérons
que ce dialogue aura lieu avec la plus
grande participation « des oppositions »
conformément au mandat confié à M. de
Mistura par le Conseil de sécurité et
les communiqués de Vienne et Munich,
notamment avec la participation des
représentants de l' « opposition
nationale », lesquels n'ont pas élu
domicile dans les hôtels cinq étoiles à
l'étranger et ne sont pas tenus par des
agendas étrangers. Raisons pour
lesquelles nous espérons leur présence,
d’autant plus que nulle opposition ne
peut prétendre représenter, à elle
seule, toutes les autres.
La semaine
dernière a vu un flot de déclarations
émanant de M. de Mistura, dont sa
conférence de presse du 9 courant où il
a précisé le programme de la session qui
débutera donc le 14 mars, en disant
qu’elle concernera le gouvernement, la
Constitution, les élections
parlementaires et présidentielles,
lesquelles devront avoir lieu dans les
18 mois à partir de cette date.
Premièrement,
les documents des Nations Unies
n’accordent pas à M. de Mistura le droit
de proposer l’ordre du jour des
réunions, car c’est sur ce sujet que
doivent s’entendre les interlocuteurs,
le dialogue étant censé se dérouler
entre Syriens et sous direction
syrienne. Notre délégation est prête
pour en discuter.
Ensuite,
lorsque M. de Mistura parle de la
Constitution, il sait que c’est au futur
« gouvernement d'union nationale » d’en
discuter et que c’est à lui de désigner
le comité chargé de rédiger une nouvelle
Constitution ou de modifier la
Constitution actuelle, avant de la
soumettre à l’approbation effective du
peuple syrien par referendum.
L’autre point
sur lequel je voudrais revernir concerne
ce que M. de Mistura a déclaré à propos
des élections dans les 18 mois à venir.
S’agissant des élections parlementaires,
elles sont prévues dans les textes des
communiqués de Vienne et de la
résolution du Conseil de sécurité. En
revanche, nul n’a le droit, ni M. de
Mistura, ni qui que ce soit d’autre, de
parler des élections présidentielles.
C’est un droit réservé exclusivement au
peuple syrien et, par conséquent, je
répète que ce qu’a déclaré M. de Mistura
constitue une transgression à l’ensemble
des textes des Nations Unies et des
communiqués de Vienne et de Munich,
lesquels précisent que c’est au peuple
syrien de décider de l’avenir de la
Syrie.
C’est
pourquoi, je dis à M. de Mistura :
« Dorénavant, nous refuserons que vous
transgressiez l’objectivité pour
satisfaire telle ou telle partie et que
notre délégation rejettera toute
tentative visant à mettre cette question
des élections présidentielles à l’ordre
du jour. Notre délégation n’est pas
autorisée à le faire. Ce droit
n’appartient qu’au peuple syrien et à
lui seul ».
Quant aux
élections parlementaires, actuellement
en cours de préparation, elles répondent
à une échéance constitutionnelle qui
doit être respectée et ne contreviennent
pas au « dialogue » de Genève.
C’est pourquoi nous n’acceptons pas les
réserves de quiconque sur ce sujet,
étant donné que nous attendons de la
part de ceux qui préconisent la
démocratie de respecter l’application
des exigences constitutionnelles, non de
s’en offusquer. Nous sommes heureux de
constater la motivation populaire avec
plus de 11 000 candidats inscrits. Ce
qui prouve que les Syriens tiennent à la
vie et à façonner l’avenir de leur pays.
J’invite donc nos concitoyens à voter
massivement lors de cette échéance pour
que nous puissions offrir à la
communauté internationale une image
claire de la nature de notre peuple.
Concernant
« l’arrêt des combats », nous nous y
sommes engagés à partir du 27 février
dernier. Nous le sommes toujours. Vous
vous rappelez qu’au moment où nous avons
cessé les combats, nos Forces armées
progressaient sur tous les fronts. Par
conséquent, la raison de cet accord
consenti par la direction syrienne ne
peut être interprétée autrement que par
son souci d’arrêter l’effusion du sang
syrien. Il n’empêche que des violations
de la part des groupes armés ont eu
lieu ; certaines violations contre
lesquelles l’Armée syrienne a riposté,
d’autres qu’elle a négligées.
Ici, il nous
faut réaffirmer le droit de nos Forces
armées de répondre à ces violations et
je dis aux membres de la commission
compétente à Genève -laquelle, à notre
grand regret, compte une majorité de
représentants d’États qui ont conspiré
et continuent de conspirer contre la
Syrie- que le droit de réponse à de
telles violations est légitime. Il ne
peut être considéré comme une violation
par lui-même et c’est ce que notre Armée
est amenée à faire.
À cette
occasion, j'invite tous ceux qui portent
illégalement des armes à profiter de
l’arrêt des combats et à prendre le
chemin de la « Réconciliation » et du
règlement de leur situation. Tous ceux
qui ont été dupés doivent réaliser que
l’arrogance n’est plus de mise et que la
crise se dirige vers sa fin. Nous
accueillerons donc favorablement tous
ceux qui souhaitent participer, aux
côtés de notre Armée, à la lutte contre
le terrorisme de Daech, du Front al-Nosra
et des organisations qui leur sont
liées.
Ces deux
derniers mois nous avons assisté à une
guerre médiatique particulièrement
féroce. Elle a commencé par des annonces
d’intervention militaire au sol, puis
est passée aux projets de partition. Je
vous dis que nul n’ose prendre le risque
d’une intervention terrestre, d’où le
recul sur ces propos.
Ils ont dit :
« Nous voulons que toutes les forces de
la Coalition interviennent… », et la
dernière déclaration du Président Obama
a prouvé qu’il n’interviendra pas. Que
ceux qui veulent intervenir seuls,
commencent donc par l’emporter au Yémen.
De même, ils ont parlé d’un plan B, et
il y a deux jours John Kerry a déclaré
qu’il n’y avait pas de plan B.
Ces propos
sont sans fondement. Ils n’existent que
dans l’esprit de certains. Certains à
qui je rappellerai l’Histoire et plus
particulièrement ce qui s’est passé en
Syrie en 1925, lorsque la Grande
Révolution syrienne a éclaté parce que
le colonialisme français projetait la
partition de la Syrie en mini-États.
C’est donc en
toute confiance que je vous dis que
notre peuple refusera toute tentative de
partition. D’ailleurs, le Président Al-Assad
n’a cessé de dire dans tous ses discours
que nous libérerons chaque pouce de la
terre syrienne du terrorisme takfiri.
Quant à la
piste du fédéralisme promue par les
médias étrangers citant le vice-ministre
russe des Affaires étrangères, Sergueï
Riabkov, sachez qu’ils en ont fait une
lecture irréaliste, étant donné qu’il a
bien dit : « à condition que les Syriens
soient d’accord… ».
Et moi, je
dis en ma qualité de citoyen syrien ma
conviction que vous êtes tous d’accord
avec moi pour refuser le discours sur le
fédéralisme.
Nous sommes
tous pour l’unité de la Syrie, de sa
géographie et de son peuple. Nous sommes
tous pour son indépendance, sa
souveraineté et son intégrité
territoriale. C’est du moins ce
qu’affirment tous les documents
internationaux concernant la Syrie, y
compris ceux qui tentent de remédier à
la situation actuelle.
Je vous
remercie.
Walid al-Mouallem
Vice-premier ministre
et ministre des Affaires étrangères et
des Expatriés
Damas, le 12/03/2016
Source :
Vidéo / Al-Fadaiya [Syrie]
https://www.youtube.com/watch?v=OMDSvjs3WvA&feature=youtu.be&app=desktop
Transcription
et traduction par Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
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