Interview
Dr. María Páez Víctor : « Les États-Unis
se sont opposés, ont déstabilisé,
renversé ou assassiné chaque réformateur
progressiste apparu sur la scène
politique dans la région depuis plus
d’un siècle »
Mohsen Abdelmoumen
Dr. Maria
Paez Victor. DR.
Dimanche 20 mai 2018 English version here
Mohsen
Abdelmoumen : Pouvez-vous nous dire
quelle est la situation qui prévaut
actuellement au Venezuela ?
Dr. María Páez
Víctor : Il y a 6 questions clés
pour comprendre la situation au
Venezuela.
1) Le pétrole :
La première chose à comprendre est
que tout tourne autour du pétrole. Le
Venezuela possède les plus grandes
réserves de pétrole connues dans le
monde dans un emplacement géographique
hautement stratégique. Il faut 43 jours
pour qu’un pétrolier voyage du
Moyen-Orient aux raffineries du Texas,
alors qu’il ne faut que 4 jours à partir
du Venezuela. Les compagnies pétrolières
et les gouvernements qu’elles
soutiennent, convoitent le pétrole
vénézuélien. Si le pays ne produisait
que des mangues, personne ne se
soucierait de ce qu’il s’y passe. Le
gouvernement vénézuélien a pris le
contrôle de sa compagnie pétrolière
(PDVSA), a ouvert des contrats de
partenariat privé pour l’exploitation
pétrolière mais avec l’État qui détient
la majorité des parts, leur a fait payer
des taxes qui avaient été à 1% pendant
60 ans. Le revenu pétrolier – au lieu
d’être distribué aux élites
d’entreprises – a été utilisé pour
financer les services publics
nécessaires qui, pendant des décennies,
n’avaient pas réussi à répondre aux
besoins de la population.
2) La
souveraineté : Un gouvernement qui
ne suit pas la ligne des États-Unis, ne
se plie pas aux dictatures néolibérales
du Fonds monétaire international et de
la Banque mondiale, insistant sur le
fait que son peuple est souverain et
décidera de son propre avenir et aspire
à construire une société socialiste et
humaniste, ne sera pas toléré par la
superpuissance restante. Surtout un pays
de la région, que les États-Unis
considèrent encore comme leur
« arrière-cour ». Comment le
gouvernement vénézuélien a-t-il osé
nationaliser ses ressources naturelles,
sortir son armée de l’infâme École
militaire des Amériques et vendre son
pétrole à d’autres pays, et non
exclusivement aux États-Unis !
3) La guerre
économique : Il y a un plan
systématique et stratégique conçu par
Washington pour priver les Vénézuéliens
de nourriture et de médicaments. Ses
exécuteurs sont les grandes sociétés,
l’élite commerciale et les banques. Cela
ne pourrait pas être plus clair. En
1972-1973, les États-Unis, scandalisés
par le fait que le Dr. Salvador Allende,
un communiste, avait gagné les élections
au Chili, ont promis de se débarrasser
de lui. Le président Nixon a déclaré :
nous allons faire crier l’économie du
Chili. Et c’est arrivé. Avant le
terrible coup d’État qui a coûté la vie
d’Allende, l’économie chilienne était
sujette à la thésaurisation, à la rareté
induite, à l’inflation, aux
manipulations monétaires, au sabotage et
à la contrebande. C’est le même scénario
au Venezuela mais encore pire. Cela fait
maintenant 5 ans de guerre économique,
où les élites économiques
vénézuéliennes, les laquais des
puissances étrangères, sont tellement
soutenues financièrement qu’elles
peuvent mettre en œuvre la
thésaurisation, le sabotage,
l’entreposage, la manipulation
monétaire, l’exclusion financière et la
contrebande.
4) Une élite
corrompue et raciste : L’élite du
Venezuela contrôlait le gouvernement
depuis des années – ils étaient les
bénéficiaires de tous les revenus
pétroliers. Pendant 40 ans, ils se sont
approprié et ont dépensé l’équivalent de
12 plans Marshall. En 1999, lorsque le
président Hugo Chávez a été élu, la
pauvreté se situait entre 60 et 80% et
l’extrême pauvreté et la malnutrition
affectaient un tiers de la nation. La
révolution bolivarienne du Venezuela a
considérablement réduit la pauvreté, la
malnutrition et le vagabondage, et a
fourni des soins de santé universels et
une éducation gratuite de la crèche à
l’université. Elle a construit 2
millions de logements sociaux ces
dernières années.
L’élite
vénézuélienne a montré par sa violence
épouvantable dans l’opposition qu’elle
est égoïste, vile et raciste, au point
de payer des criminels pour mettre le
feu aux bâtiments publics, tuer des
passants, attaquer une maternité, lancer
des grenades à partir d’un hélicoptère
sur la Cour suprême, détruire les bus
publics et, le plus horrible, de mettre
le feu aux jeunes hommes « qui avaient
l’air Chavistes », en d’autres termes,
qui avaient la peau sombre. Cette élite
ne se soucie pas de savoir combien son
propre peuple souffre tant que les
puissances étrangères ne lui auront pas
rendu le gouvernement qu’elle est
incapable de gagner aux urnes. Les
principaux dirigeants de l’opposition
ont parcouru le monde en demandant aux
pays puissants de sanctionner et
d’isoler diplomatiquement et
financièrement leur propre pays, sans se
soucier que la nourriture et les
médicaments se raréfient.
5) Un excellent
processus d’élection : Il est
scandaleux, même dans ce climat
politique de mensonges et de
désinformation, que l’on puisse
considérer que le gouvernement
vénézuélien n’est pas démocratique et
que le président Maduro est un
dictateur. En 19 ans, il y a eu 23
élections différentes, toutes
surveillées par des témoins nationaux et
internationaux et le gouvernement en a
gagné la plupart mais en a aussi perdu
quelques-unes. Et on retiendra que
l’ex-président des États-Unis, Jimmy
Carter, a déclaré en 2012 que : « En
fait, sur les 92 élections que nous
avons suivies, je dirais que le
processus électoral au Venezuela est le
meilleur au monde. » La protection
anti-fraude du système est très efficace
car chaque vote a trois garanties : une
empreinte digitale, un vote électronique
et un reçu papier. De plus, il y a une
forte présence d’observateurs nationaux
et internationaux. Ironiquement, ni les
États-Unis, ni le Canada, ni la plupart
des pays européens n’acceptent des
observateurs internationaux à leurs
élections.
6) Les élections
présidentielles le 20 mai 2018 : Les
États-Unis et leurs alliés sont
impliqués dans la subversion et la
disqualification de la démocratie
vénézuélienne en discréditant les
prochaines élections présidentielles du
20 mai. Après avoir agressivement exigé
ces élections, maintenant ils les
décrient et exigent qu’elles soient
stoppées parce qu’ils savent que la
majorité des Vénézuéliens soutiennent
leur propre gouvernement.
Dans un exemple
étonnant d’hypocrisie de la mentalité
coloniale, le Parlement européen a
adopté le 3 mai une résolution (492 voix
pour, 87 contre, 77 abstentions)
exigeant que le Venezuela suspende les
élections présidentielles. L’arrogance
européenne tend manifestement à exiger
qu’un autre pays (même extérieur à
l’Europe !) ne respecte pas sa propre
loi, ses règlements électoraux et ses
arrangements négociés avec les
dirigeants de leur opposition.
Les États-Unis, le
Canada, l’Union européenne, l’OEA (ndlr :
Organisation des États américains)
et le soi-disant Groupe de Lima des
laquais de l’aile droite des
gouvernements de la région sont en train
d’attaquer les élections qu’ils avaient
réclamées l’année dernière. Les lois
vénézuéliennes stipulent que les
élections devaient avoir lieu en
décembre 2018, mais ils voulaient les
élections l’année dernière. Le
gouvernement a négocié avec l’opposition
en République dominicaine et une date
d’avril 2018 a été convenue.
L’opposition a demandé plus de temps. Le
gouvernement a de nouveau accepté et ils
ont arrêté la date du 20 mai 2018.
Maintenant, l’Union
européenne dit qu’elle « n’accepte pas »
les élections parce qu’il n’y a pas de
« garanties », sans préciser ce qu’elles
signifient, ils demandent un « retour à
l’ordre constitutionnel » sans allusion
ni tentative de connaître et de
comprendre les lois et la Constitution
vénézuéliennes.
En fait, c’est la
stratégie d’abstention des États-Unis
que les principaux leaders de
l’opposition suivent pour que les
élections puissent être disqualifiées.
Ils ont refusé de se présenter aux
élections et exhortent les gens à ne pas
voter. Le gouvernement a demandé à
maintes reprises à ces partis
d’opposition de se présenter aux
élections. Ils essaient de diaboliser un
système électoral autrement performant.
En somme, c’est un montage, un scénario
de théâtre pour continuer à diaboliser,
contrarier et sanctionner un
gouvernement qu’ils souhaitent
renverser. Heureusement, l’opposition
est divisée et quelques dirigeants se
présentent aux élections, malgré les
critiques acerbes de leurs propres
camarades opposants.
Entretemps, une
société de sondage la plus respectée au
Venezuela a eu récemment des résultats
intéressants liés aux élections
présidentielles du 20 mai :
- 86% de
Vénézuéliens rejettent toute
intervention internationale dans le
pays
- 70% des
Vénézuéliens disent qu’ils vont
participer aux élections – c’est une
autre défaite pour la section de
l’opposition, soutenue par
Washington, qui appelle à
l’abstention
- 55% déclarent
qu’ils vont voter pour Maduro
- 11% déclarent
qu’ils voteront pour Henri Falcon
- 2% déclarent
qu’ils voteront pour Javier Bertucci
- 50% déclarent
considérer le fonctionnement de
l’Assemblée constitutionnelle
nationale comme: « Très bon, bon ou
normal à bon »
- 71%
considèrent que Maduro va gagner les
élections (2 mai 2018, TELESUR)
Il y a une forte
confiance que la Démocratie au Venezuela
est vivante et bonne, et c’est pourquoi
les États-Unis, le Canada, l’Union
européenne et ses alliés en ont peur.
En résumé, les
Etats-Unis et leurs alliés au Canada et
en Europe sont impliqués dans une
conspiration visant à renverser le
gouvernement démocratique et populaire
de Nicolás Maduro parce qu’ils veulent
contrôler le plus riche gisement de
pétrole du monde qui se trouve au
Venezuela et ils veulent un gouvernement
servile et obéissant qui acceptera les
pots-de-vin et permettra aux États-Unis
et à ses multinationales de gouverner et
d’opprimer le peuple vénézuélien comme
il l’a fait ces 40 dernières années
avant le président Hugo Chávez.
Comment
expliquez-vous l’acharnement de
l’impérialisme US à vouloir déstabiliser
tous les gouvernements progressistes
d’Amérique Latine ?
Y a-t-il une
explication adéquate de la cupidité, des
préjugés et de l’orgueil de vouloir
dominer le monde?
Il y a la question
des ressources naturelles dont les
États-Unis ont besoin pour leur
capitalisme vorace. Ils ont épuisé ou
ont perdu des ressources en raison du
manque de protection de l’environnement
et du consumérisme effréné. La région
latino-américaine étincelle avec des
richesses incalculables – un autre El
Dorado pour ce « capitalisme sauvage »
comme Chavez l’a appelé.
La quête de pouvoir
des États-Unis est masquée par l’idée de
son « exceptionnalisme », semblable à
l’adoption par l’Empire britannique du
« fardeau de l’homme blanc » comme
prétexte pour opprimer les autres
nations. Il existe un historique, une
preuve évidente, que les États-Unis se
sont opposés, ont déstabilisé, renversé
ou assassiné chaque réformateur
progressiste apparu sur la scène
politique dans la région depuis plus
d’un siècle. Leurs politiques agressives
remontent au XIXe siècle quand ils ont
ouvertement volé au Mexique, par les
guerres et la duplicité, 50% de ses
terres du Sud-Ouest actuel qui
comprennent la Californie, le Texas, le
Nouveau-Mexique, l’Arizona, le Nevada,
l’Utah, le Colorado, le Wyoming, le
Kansas et l’Oklahoma. La Doctrine Monroe
est un document de colonialisme flagrant
dans lequel les États-Unis s’attribuent
la « protection » de la région. La
création de l’Organisation des États
américains est l’instrument par lequel
les États-Unis ont manœuvré pour imposer
leurs politiques à la région et ont
donné à la sinistre École des Amériques
les moyens par lesquels ils contrôlaient
les forces armées des différents pays.
Le FMI et la Banque mondiale sont
devenus le leurre venimeux par lequel
leurs économies ont été prises au piège
de l’usure. L’acharnement des États-Unis
est un mélange de cupidité – en voulant
leurs ressources naturelles et leur
expansion pour leurs sociétés
capitalistes – et aussi de préjugés.
Leur propension raciste remonte très
profondément dans la culture et
l’histoire des États-Unis. Les restes de
leur guerre civile sanglante restent
visibles aujourd’hui dans le traitement
des citoyens noirs, qui sont emprisonnés
de manière disproportionnée et tués par
la police. Les personnes noires et
brunes d’Amérique latine et des Caraïbes
semblent être considérées comme des
êtres inférieurs. Récemment, le
président Trump a qualifié les Mexicains
de criminels et de violeurs et les
nations africaines de « trous à rats ».
Quelle est votre
analyse à propos de la destitution de
Dilma Roussef et de l’emprisonnement de
l’ancien président Lula? A votre avis,
est-ce un hasard qu’on emprisonne le
président Lula alors que tous les
sondages le donnaient vainqueur lors des
futures élections brésiliennes ? Ne
pensez-vous pas qu’il s’agit d’une
vulgaire manipulation et d’un complot ?
Nous assistons à la
corruption du cadre même de la
démocratie, comme nous l’avons compris
jusqu’à présent. C’est ce qu’on appelle
une guerre juridique par laquelle le
Parlement et les pouvoirs judiciaires
sont manipulés de manière à éliminer les
opposants politiques et à se moquer des
préférences électorales d’un peuple.
C’est ainsi que Dilma Rousseff, Lula et
Cristina Fernandez ont été écartés. Ils
essaient de faire la même chose à Rafael
Correa qui, même hors du pouvoir, est
considéré comme une menace. Ils essaient
de faire la même chose au président
Maduro en organisant des procès
extraterritoriaux ridicules en essayant
de manipuler les lois internationales.
Rien de tout cela n’a à voir avec la
justice ou la démocratie, mais pour
éliminer les puissants opposants
politiques par d’autres moyens que les
élections parce que la droite ne peut
pas obtenir le vote populaire. Leur
sectarisme, leur étroitesse d’esprit,
leurs « mesures d’austérité » pour
réduire l’État-providence sont autant de
questions qui ne poussent pas les gens à
voter pour eux, à moins, bien sûr, de
mentir sur ce qu’ils ont l’intention de
faire (comme Macri et Lenin Moreno).
La guerre juridique
tord et déforme la primauté du droit, ce
qui est une chose très dangereuse à
faire. Ces partisans de la droite ne
respectent pas les règles de la
démocratie représentative. Afin de
contrôler l’administration
gouvernementale, ils sont prêts à
frapper les piliers de l’État lui-même.
Dans leur corruption, en fonction de
leurs ambitions, ils discréditent le
Pouvoir Judiciaire et le Pouvoir
Législatif. Cela conduira inévitablement
l’aile gauche et le gouvernement
progressiste (et ils reviendront au
pouvoir) à réécrire les règles de la
démocratie en renforçant la Démocratie
Participative, en démocratisant les
banques et les médias qui se sont
prostitués sur l’autel de la servilité
débridée devant les puissants et en
mettant en œuvre de nouvelles lois
créatives pour protéger les droits de
l’homme et la volonté du peuple.
Comment
expliquez-vous le fait que
l’extrême-droite revient en force en
Amérique Latine, notamment au Brésil et
en Argentine, après avoir eu des
gouvernements progressistes ?
Certains
gouvernements progressistes, notamment
le Brésil, l’Argentine et même
l’Équateur, pensaient que la victoire
aux élections politiques était
suffisante. Ils jouaient avec un jeu de
cartes dont ils ne se rendaient pas
compte qu’il était marqué contre eux. Le
pouvoir de l’aile droite (et de leurs
soutiens étrangers) a été sous-estimé,
et l’influence étrangère n’a pas été
vérifiée. Par exemple, en dépit du fait
que le personnel de l’ambassade des
États-Unis rencontre l’opposition, la
récompense et la finance, peu de choses
ont été faites pendant de nombreuses
années. Des consultants étrangers et des
fonds étrangers ont été acheminés vers
des ONG d’opposition. Rien de tout cela
n’aurait été toléré aux États-Unis, au
Canada ou en Europe. Au Brésil, le
changement politique sous Lula n’a pas
été reflété dans les changements
structurels juridiques, comme ils
étaient au Venezuela, et une forte
alliance avec les mouvements sociaux a
été défectueuse.
L’une des premières
choses que le président Chávez a faite a
été d’appeler à une nouvelle
Constitution qui était cruciale pour
réaliser le genre de changement dont le
pays avait besoin. De même, au
Venezuela, les mouvements sociaux de
toutes sortes (indigènes, agraires,
culturels, étudiants, centrés sur le
genre, travailleurs, etc.) ont été
incorporés comme acteurs sur la scène
politique, ce qui a conduit à une
profonde « conscientisation » (comme le
célèbre éducateur brésilien Paulo Freire
aurait dit) dans lequel un peuple prend
conscience de son oppression, de sa
situation dans le domaine politique et
de commencer à agir comme une classe
unie à elle-même (comme Marx l’aurait
dit). Cela s’est moins produit dans les
autres pays où la droite est revenue au
pouvoir. Mais l’expérience et la
nécessité sont de grands enseignants, et
les gens dans les pays où la droite a
aujourd’hui le contrôle prendront
bientôt une autre direction.
La vérité est que
ce sont les gouvernements de gauche qui
rétablissent très souvent les droits de
l’homme et protègent la démocratie dans
la région. Les gouvernements de droite
en Amérique latine sont incapables de
contrôler le vote populaire et sont
arrivés au pouvoir par la corruption
(Pérou, Colombie, Panamá), la fraude
(México), le coup d’État (Honduras) et
les coups d’État parlementaires et
juridiques (Brésil, Paraguay). Macri et
l’Équateur sous Moreno sont les seules
exceptions, car ils ont clairement
remporté les élections, mais certains
diraient en masquant leurs intentions
réelles. Nous verrons une nouvelle
« marée rouge » et plus tôt que tard
dans la région, car une fois que les
gens auront goûté à la souveraineté, ils
ne reviendront probablement pas à leurs
chaînes.
Nous avons des
informations sur la présence d’éléments
terroristes de Daech qui seront utilisés
contre ce qui reste de gouvernements
progressistes en Amérique Latine, par
exemple le Venezuela. Avez-vous des
informations à ce sujet ?
Je n’ai pas
d’informations personnelles, seulement
ce que m’ont dit les gens le long de la
frontière avec la Colombie : le danger
de raids continus par des
paramilitaires, le meurtre de dirigeants
communautaires par ces tueurs payés, et
la contrebande organisée flagrante qui
s’y produit. La Colombie a une histoire
terrifiante de violence, de meurtres et
de massacres. La semaine dernière, des
fosses communes avec 9000 corps ont été
trouvées dans ce pays. La coopération de
l’armée colombienne avec les mafias
paramilitaires et narcotrafiquantes est
légendaire. Et avec sept bases
militaires américaines en Colombie, il
n’est pas du tout improbable qu’il y ait
des plans pour déclencher la terreur au
Venezuela afin de renverser le
gouvernement. Selon le président
colombien Santos, 3000 soldats
colombiens sont actuellement envoyés à
la frontière, prêts pour une
intervention « humanitaire » au
Venezuela. Si une invasion survient, il
y aura une guerre à grande échelle et
elle engloutira la région.
Une nouvelle
importante que la presse mondiale a
refusé de publier est que le rapporteur
officiel indépendant des Nations Unies,
le professeur Alfred M. Zayas, a déclaré
il y a quelques semaines qu’il n’y avait
pas de « crise humanitaire » au
Venezuela malgré les reportages et les
généralisations. « … la population ne
souffre pas de la faim comme dans de
nombreux pays d’Afrique et d’Asie – ou
même dans les favelas de São Paolo et
d’autres zones urbaines du Brésil et
d’autres pays latino-américains … la
« crise humanitaire » peut être
facilement exploitée pour justifier un
« changement de régime », sous prétexte
que le gouvernement laisse la population
mourir de faim. Certains États
prétendent que le gouvernement
vénézuélien ne peut plus garantir les
droits du peuple. Par conséquent, une
crise humanitaire a émergé et maintenant
ils veulent intervenir militairement
pour « sauver » le peuple vénézuélien
d’une expérience socialiste ratée. »
(venezuelanalysis.com/analysis/13614)
J’ai interviewé
son Excellence l’ambassadrice du
Venezuela auprès de la Belgique et de
l’Union européenne, Madame Claudia
Salerno Caldera, et je l’ai
interrogée sur l’éventualité d’une
intervention militaire américaine au
Venezuela. Elle m’a répondu par
l’affirmative. Pensez-vous que les USA
peuvent intervenir militairement contre
le gouvernement légitime du président
Maduro ?
Avec un tel
déséquilibré à la Maison Blanche, toute
imprudence est possible. Cependant, je
pense qu’ils utiliseraient des troupes
colombiennes et peut-être du Brésil et
de la Guyane. Pourquoi risquer vos
propres soldats quand vous avez de la
chair à canon à votre disposition auprès
de gouvernements aussi avides et avilis?
Cependant, la
Colombie organise des élections
présidentielles le 27 mai, soit 7 jours
après les élections vénézuéliennes (20
mai). Cela signifie que le gouvernement
colombien ne peut pas envahir le
Venezuela avant cette date de peur de
risquer sa campagne électorale, ce qui
n’est pas bon pour le gouvernement. De
même, il y a des millions de Colombiens
qui se sentent favorables à un Venezuela
qui a si bien traité leurs 2 millions de
compatriotes qui y résident maintenant.
Ainsi, une incursion colombienne à
l’intérieur du Venezuela risque
également de provoquer de graves
troubles intérieurs pour le
gouvernement, ce qui a certainement
empêché la Colombie d’entrer au
Venezuela pendant toutes ces années.
L’armée colombienne
est de trois fois la taille de l’armée
vénézuélienne. Elle est expérimentée
dans la guerre car elle combat les
guérillas depuis 50 ans, et elle dispose
de ressources et d’armes à travers les
sept bases de l’armée américaine qui y
sont stationnées. Cependant, c’est en
grande partie une armée démoralisée qui
n’a pas le quart du moral et la
détermination de l’armée du Venezuela,
l’armée de Bolívar. Et quiconque connaît
les questions militaires vous dira que
le moral d’une armée est essentiel au
succès. En outre, le Venezuela a un
peuple uni, inspiré et très fier qui
défendra farouchement ses terres.
Le gouvernement
vénézuélien n’est pas seul; il a le
soutien de nombreux pays non alignés, et
non des moindres, de la Chine et de la
Russie, la plupart des Caraïbes, y
compris, bien sûr, Cuba. La Russie et la
Chine ont toutes deux mis en garde les
Etats-Unis de ne pas interférer dans le
gouvernement du Venezuela. Leurs
investissements au Venezuela sont
substantiels et ils ne seraient pas
prêts à voir le Venezuela envahi. Ces
investissements sont très bien
accueillis par les pays
latino-américains car ils ne viennent
pas avec des « conditions
contraignantes » de politique comme les
investissements du FMI et de la Banque
mondiale. Ils sont un autre problème
douloureux pour les États-Unis.
Comment
expliquez-vous les sanctions que les
États-Unis et l’Union Européenne veulent
imposer au gouvernement légitime du
président Maduro ?
Les sanctions
américaines font partie de leur guerre
économique contre le Venezuela. Elles
sont une violation du droit
international : elles sont contre les
chartes de l’ONU et de l’OEA (ndlr :
Organisation des États américains),
contre le Pacte international relatif
aux droits civils et politiques et le
Pacte international relatif aux droits
économiques, civils et culturels et
constituent un crime contre l’humanité
parce qu’elles créent
intentionnellement la souffrance du
peuple. En bref, elles sont immorales
car elles empêchent le pays d’acheter de
la nourriture et des médicaments.
Les gouvernements
canadien et européen s’inclinent
honteusement devant le président le plus
ignorant et le plus vénal des
États-Unis. Le Venezuela ne signifie
rien pour ces pays, alors ils pensent :
» Laissons à Trump sa marotte et
laissons-lui le Venezuela. Ces sanctions
ne nous affectent pas du tout, et
peut-être que nous pourrons obtenir le
« bon» côté de Trump. » Pathétiquement,
ils pensent qu’il a un bon côté. Le
Canada se donne un mal fou pour plaire à
Trump afin qu’il ne jette pas l’accord
de l’ALENA à la poubelle et l’Union
européenne continue de penser que Trump
est un allié respectable. On pourrait
s’attendre à ce que des alliés, des
gouvernements favorables aux États-Unis
comme ceux-ci essaient d’influencer un
président néophyte et erratique des
États-Unis vers une coexistence
pacifique avec d’autres pays. Ils
devraient apprendre la dignité et la
droiture des nations des Caraïbes au
lieu de complimenter la brute en lui
tapant dans le dos.
D’après vous,
l’impérialisme US et ses larbins
cesseront-ils un jour de vouloir
déstabiliser des pays et imposer leurs
diktats aux peuples ?
À court terme, sous
cette administration Trump, non.
Cependant, à long terme, quand leur
déficit de plusieurs milliards de
dollars frappera enfin le mur et qu’ils
verront que le dollar n’est plus la
monnaie universelle du commerce, ils
pourraient se relâcher car leurs
problèmes intérieurs seront prioritaires
au lieu d’essayer de dominer d’autres
terres. Ce que je souhaite pour le
peuple des États-Unis, c’est un leader,
un parti, un gouvernement, qui
s’occupera de leurs besoins en matière
d’éducation, de santé et de logement,
qui se rendra compte qu’être le gendarme
du monde ne vaut pas leur souffrance et
que la coopération et la solidarité avec
les peuples du monde récolteront
beaucoup de richesses dont ils ignorent
l’existence. Pour cela, ils doivent
arriver à la conclusion que leur
complexe militaro-industriel ne leur a
apporté que le mal, la dépression, la
pauvreté, la mort et le mépris de la
majeure partie du monde.
J’ai été très
impressionnée que Bernie Sanders ait été
capable d’attirer les jeunes d’une
manière politique significative, et le
fait qu’il a rendu le mot socialisme
acceptable sur la scène politique
américaine – c’est un véritable exploit
! Alors peut-être qu’il y a encore de
l’espoir pour les États-Unis – et le
monde.
Que reste-t-il
de crédibilité à ces médias au service
de l’impérialisme qui sont financés par
les multinationales et qui passent leur
temps non pas à dire la vérité mais à
diffuser de l’intox et à relayer la
propagande de l’impérialisme pour
destituer des pouvoirs politiques
légitimes comme celui du président
Maduro ?
Ce n’est pas un
problème si compliqué, il suffirait que
des gouvernements courageux démantèlent
les conglomérats médiatiques,
interdisent ces monopoles. Si cela se
produit, nous pouvons avoir de nombreux
médias, des penseurs indépendants, un
journalisme créatif, et enfin, une
presse qui a de vraies normes et
réglementations. En d’autres termes,
nous avons besoin de la démocratisation
de la presse, en la dissociant des
grandes sociétés, des Murdoch et
d’autres de ce monde. Lorsque très peu
de gens possèdent des journaux, la
télévision et la radio, quand ce sont
les grandes entreprises qui décident ce
que nous entendons et apprenons, nous
devenons asservis à leurs fausses
informations et leurs contrevérités pour
le bénéfice de leurs intérêts
économiques et politiques. Nous sommes
confrontés à de vagues notions de
« droit de savoir » et de « liberté de
la presse » qui ne fonctionnent que dans
un seul sens.
Le Venezuela a été
clairement victime d’une campagne
médiatique de mensonges et
d’exagérations pour dénigrer un
gouvernement que le Département d’État
américain veut détruire. Ainsi des
histoires de « Vénézuéliens mangeant des
animaux du zoo » « des gens tuant des
chevaux », « des mères abandonnant des
enfants au bord de la route », « les
gens meurent de malnutrition », « les
peuples indigènes apprennent l’arabe »
(comme si c’était un crime), « Maduro
veut être président à vie » sont tous
des mensonges élaborés qui sont
présentés comme des faits.
Lorsque le
président Chavez a été confronté à
l’opposition ouverte et militante de la
principale chaîne de télévision et de
radio de son pays qui est une propriété
privée, il ne les a pas fermés (comme un
dictateur l’aurait fait). Il a octroyé
les moyens par lesquels des centaines de
quartiers pauvres et de conseils
communaux ont pu établir leurs propres
stations de radio locales et même des
stations de télévision, où les gens
pouvaient exprimer leurs propres
préoccupations, créer leurs propres
programmes qui les intéressaient
vraiment. C’était un moyen de
démocratiser les médias. Ce ne sont pas
des médias contrôlés par le
gouvernement, ce sont de véritables
médias communautaires indépendants, en
effet, ils n’hésitent pas à critiquer et
à signaler les lacunes de
l’administration.
L’impérialisme
US et ses alliés continuent à nous gaver
avec « les droits de l’homme », « la
démocratie » et la « liberté
d’expression », alors qu’ils font
l’inverse en déstabilisant des pays et
en intervenant partout dans le monde.
Comment qualifiez-vous ces actes
hostiles qui visent des États
souverains ? À votre avis, les
États-Unis sont-ils une vraie démocratie
où le peuple détient le pouvoir, ou bien
est-ce plutôt une minorité qui dirige ?
Au Canada, nous
recevons, sans l’avoir sollicité, le
New York Times avec l’édition
dominicale de l’un de nos principaux
journaux. Depuis, je suis consternée par
les mensonges du NYT au sujet du
Venezuela, la seule partie que je lis
est son encart du Sunday Book Review.
Il y a une semaine, ils ont passé en
revue 4 livres, qui avaient tous une
variante du titre: ce qui ne va pas
avec la démocratie aux USA. Ainsi,
ce ne sont pas seulement certains
d’entre nous, en dehors des États-Unis,
qui ont observé la détérioration
constante de leur vie sociale et
politique, mais des gens réfléchis et
intelligents des États-Unis qui
constatent et ressentent cette
détérioration.
L’Idole de guerre
imprègne cette société avec ses guerres
de conquête, ses bombes et ses drones,
ses prisons secrètes, son acceptation de
la torture, son traitement révoltant des
Noirs et des Hispaniques, sa position
prédatrice envers la Nature, sa culture
des armes à feu, son record honteux
d’emprisonnement, sa faible
participation électorale, ses massacres
aux armes à feu, son industrie de
l’armement, sa violence, et son
industrie du divertissement obsédée par
le sexe, tout cela use petit à petit le
sain, le positif, les idéaux affirmant
la vie qui peuvent flotter dans
l’imagination collective et le désir des
citoyens américains. Sa démocratie, et
le tissu même de leur vie sociale en
tant que nation, est un objet
d’inquiétude même pour ses citoyens. Les
États-Unis arrivent à un carrefour où
ils devront choisir entre un mode de vie
qui adore la Mort et la Conquête ou
celui qui adore la Vie et la Paix.
L’heure est
grave. Je suis Algérien et mon pays qui
est un allié du Venezuela est visé par
différents cercles occultes liés à
l’impérialisme. Ne pensez-vous pas que
des pays comme l’Algérie, le Venezuela,
Cuba, etc. doivent constituer un front
commun plus que jamais nécessaire pour
la sauvegarde de leur souveraineté ? N’y
a-t-il pas nécessité d’un front mondial
contre l’impérialisme ?
Absolument, et ne
pensez pas que cela n’arrive pas. Le
Venezuela a cultivé des liens solides
avec Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, les
Caraïbes, de nombreux pays africains et
ex-soviétiques, l’Algérie et d’autres
pays arabes, l’Inde, la Chine et la
Russie. Voyez les votes à l’ONU et à
l’OEA où les États-Unis n’ont pas réussi
à condamner le Venezuela parce qu’ils ne
peuvent pas obtenir les votes.
Il y a quelques
jours à peine, le nouvel ambassadeur des
États-Unis auprès de l’OEA, Carlos
Trujillo, menaçait avec la plus grande
arrogance les pays des Caraïbes pour
leur soutien au Venezuela : « nous
ne permettrons pas aux Caraïbes de
bloquer les efforts de la majorité des
pays de la région pour faire pression
sur le gouvernement du Venezuela »
(2018/05/18 apporea.com).
Il y a de la force
dans l’unité et ces pays partagent des
défis similaires et affrontent
pratiquement les mêmes ennemis.
L’organisation ALBA est un excellent
exemple de solidarité internationale
créative, dans laquelle les pays se
regroupent pour fabriquer les
médicaments dont ils ont besoin,
promouvoir l’agriculture pour leurs
consommations domestiques et répondre à
leurs besoins éducatifs. PETROCARIBE est
un autre exemple de solidarité
internationale créative dans laquelle le
pétrole vénézuélien est disponible pour
les petits pays des Caraïbes sous
conditions spéciales. Je souhaite plus
d’organisations comme ALBA et
PETROCARIBE.
Israël continue
à tuer les Palestiniens notamment lors
des manifestations récentes réclamant le
droit de retour. Comment se fait-il
qu’Israël reste impuni pour les nombreux
crimes qu’il continue à commettre ?
Je n’ai pas d’idée
particulière sur le Moyen-Orient, je ne
connais pas l’arabe, je ne connais pas
personnellement la région, je n’ai pas
plus d’informations que ce que j’ai lu
dans les médias. Et je me méfie
tellement de ce qu’il y a à lire : si la
presse ment au sujet de l’Amérique
latine dont je connais tant de choses,
ne mentira-t-elle pas sur une région
dont je connais si peu ?
Cependant, mon
opinion personnelle et en aucun cas
celle d’un expert, c’est que soit vous
tuez votre ennemi ou soit vous vous
asseyez avec lui et vous négociez. Il
n’y a pas de voie médiane. La violence
engendre la violence et c’est un truisme
avisé. Les Palestiniens qui souffrent
depuis longtemps ont fait les frais d’un
voisin très puissant. Je suis désolée,
mais je n’en sais pas assez sur la
situation pour donner une idée plus
profonde, sauf qu’une solution à deux
États semble être ce qui peut apporter
la paix avec la justice. Et qu’en
Israël, le mouvement de paix là-bas
devra être un élément clé de cette
solution politique pour faire pression
sur leur propre gouvernement.
Comment
expliquez-vous qu’à chaque fois que des
résistants et des Justes soutiennent la
cause du peuple palestinien, ils sont
qualifiés d’antisémites ?
C’est une injure
qui est très dangereuse à lancer car
nous connaissons tous l’effroyable mort
et la destruction que de vrais
antisémites ont commis historiquement en
Europe. D’un autre côté, il y a des gens
qui accusent les autres d’être des
sionistes quand ils ne sont pas d’accord
sur un point qu’ils n’aiment pas. Ce
sont des insultes ad hominem que les
gens médiocres utilisent quand ils n’ont
plus d’arguments. Dans une situation
polarisée, ces insultes n’aident
personne et ne contribuent pas à trouver
des solutions et sont assez méprisables.
Nous vivons à une époque où – impensable
– les fascistes se lèvent dans toutes
sortes de pays, les charlatans
politiques se moquent des valeurs que
nous pensions être universellement
tenues, un temps pour les tweets
irresponsables, des courriels lâches,
des projections de boue sans se soucier
de l’endroit où elle atterrit, et d’un
journalisme médiocre et sans
discernement. Mais nous devons nous
élever au-dessus de tout cela, maintenir
nos principes et nos valeurs, refuser de
jouer à leurs jeux sales, donner
l’exemple et préserver notre propre
dignité.
Interview
réalisée par Mohsen Abdelmoumen
Qui est María
Páez Víctor ?
Le Dr. Maria Páez
Victor est une sociologue, née au
Venezuela et éduquée à Caracas, New
York, Mexico, en Angleterre et au
Canada. Pendant plusieurs années, elle a
enseigné la sociologie de la santé et de
la médecine ainsi que les politiques en
matière de santé et d’environnement à
l’Université de Toronto. Le Dr Páez
Victor a une expérience nationale et
internationale dans l’analyse des
politiques et l’évaluation de l’impact
de l’environnement et de l’énergie, avec
une expertise dans les domaines de la
santé. Elle est un membre actif de la
communauté latino-américaine au Canada.
Elle a administré
les Bourses de développement de
l’énergie durable, un programme
international de bourses d’études
supérieures des entreprises d’énergie du
G8, de 2002 à 2011. Conférencière à
l’Université de Toronto, elle donne des
cours de sociologie de la santé et de la
médecine; des cours sur les politiques
de santé et d’environnement à temps
partiel, de 1992 à 1996 et de 2003 à
2005. Elle a obtenu son doctorat
(Sociologie) à l’Université York,
Toronto, Canada en 1987. Elle a été
volontaire, à l’hôpital Mater
Misericordia de Nairobi, au Kenya, de
1985 à 1987.
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