Algérie Résistance
Prof. Mel Gurtov : « Il est temps pour
une remise à zéro dans les relations
américano-saoudiennes »
Mohsen Abdelmoumen
Le
Professeur Mel Gurtov. DR
Dimanche 17 janvier 2016
English version here:https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2016/01/16/prof-mel-gurtov-its-time-for-a-reset-in-us-saudi-relations/
Mohsen Abdelmoumen :
Vous évoquez dans un de vos articles le
non respect de la War Powers
Resolution par les présidents
américains successifs. Le président des
États-Unis décide-t-il seul, notamment
dans le cadre des interventions
militaires à l’étranger ? Peut-on encore
parler d’une démocratie aux États-Unis
lorsque des institutions comme le
Congrès ne pèsent pas dans la décision ?
Prof. Mel Gurtov :
Lorsqu’il s’agit des décisions majeures
sur la guerre et la paix, la pratique
des États-Unis, indépendamment de
l’administration, consiste en ce qu’un
petit cercle de conseillers personnels
du Président, surtout des civils plutôt
que des militaires, prennent les
décisions. Cette condition est
probablement vraie partout et ne peut
certainement pas être considérée comme
de la démocratie.
La Constitution des États-Unis
énonce clairement le rôle du Congrès
dans l’élaboration de la guerre, mais,
comme je l’ai souligné dans mon blog à
plusieurs reprises, le Congrès vote
rarement pour autoriser la guerre,
conteste rarement la décision du
président d’utiliser la force, interfère
rarement avec la stratégie ou la
tactique de guerre, et n’a jamais voté
pour retirer les forces que le président
avait engagées. C’est pourquoi
l’expression « présidence impériale, »
bien que d’abord utilisée pendant la
Guerre du Viêt Nam, reste valable.
La COP 21 a abouti à des
accords à Paris, pensez-vous que ces
accords seront respectés ?
Je pense que comme dans les accords
internationaux précédents sur
l’environnement, certains pays en
particulier dans l’Union Européenne vont
respecter la COP21, certains vont
prendre des mesures de transition comme
la Chine, et d’autres vont les ignorer.
Dans de nombreux cas, en particulier en
ce qui concerne les États-Unis, les
conditions politiques intérieures
dicteront la réponse à la COP21. Si un
Républicain gagne la Maison Blanche cet
automne, attendez-vous à ce que l’accord
ne soit pas pris en compte, tandis que
si un Démocrate gagne, il sera respecté,
mais même alors, sans le type d’urgence
que le changement climatique exige.
Malheureusement, la COP21 n’a pas de
modalités d’exécution, donc, comme
toujours, il s’agit d’engagements et pas
d’obligations conventionnelles.
Devant l’émergence de la
Chine, pouvons-nous évoquer un monde
multipolaire débarrassé de l’hégémonie
US ?
Un « monde multipolaire libre
d’hégémonie américaine » recevrait
probablement beaucoup de votes en Chine.
Mais je pense que c’est beaucoup trop
tôt pour souhaiter un tel monde, bien
que certains intellectuels chinois
insistent pour que la politique mondiale
soit multipolaire. Cependant, ils sont
en désaccord sur le nombre de pôles qui
existent. Comme je l’ai soutenu dans mon
livre, Will This Be China’s Century:
A Skeptic’s View (Ce siècle
sera-t-il celui de la Chine : vue d’un
sceptique), la Chine ne se qualifie
pas encore en tant que leader mondial en
dépit de son rôle économique de plus en
plus important. Sous de nombreux
aspects, elle n’exerce pas et ne veut
pas exercer le leadership sur les
grandes questions internationales,
laissant ainsi le champ libre aux
États-Unis qui insistent toujours sur le
fait qu’ils sont, comme l’a dit un jour
Madeleine Albright, la « nation
indispensable ».
Avec Daesh-ISIS, avec les
tensions américano-russes qui nous
renvoient à la guerre froide et avec de
vastes phénomènes de migration,
pensez-vous que nous sommes face à un
chaos semblable à celui que le monde a
connu dans les années 30 et qui a
conduit à la seconde guerre mondiale ?
Bref, existe-t-il un risque de troisième
guerre mondiale ?
Dans mes moments les plus
pessimistes, je pense qu’un tel risque
existe. Outre la menace ISIS, les
tensions américano-russes et la crise de
la migration, il y a d’énormes menaces à
la sécurité avec le changement
climatique mondial et la réémergence de
groupes militants d’extrême-droite et
des partis anti-démocratiques en Europe,
aux États-Unis, et ailleurs. Si
l’économie mondiale implose, le risque
d’une nouvelle guerre mondiale sera
considérable. Je dis toujours que je
suis pessimiste à court terme, mais
optimiste sur le long terme. J’ai
désespérément envie de croire qu’il y a
suffisamment de bonnes personnes et que
des mouvements populaires progressistes
et forts vont triompher et persuader les
dirigeants politiques à rechercher des
solutions humaines aux grandes questions
de notre temps. Je regarde surtout vers
les forces progressistes en Europe et
aux États-Unis, vers la transformation
d’esprit des gens en Chine, et vers les
ONG environnementales dans le monde en
développement pour ouvrir la voie. Mais
le monde d’aujourd’hui est,
malheureusement, une bombe à
retardement.
D’un côté, on voit un système
d’espionnage massif qui contrôle la vie
des gens, et d’un autre côté, on voit un
groupe terroriste comme Daesh-ISIS qui
recrute dans les réseaux sociaux et
frappe quand il veut et où il veut,
comment l’expliquez vous ? Daesh est-il
seulement une organisation cantonnée
dans des endroits reculés de la Terre,
ou est-ce plus compliqué ? Comment
expliquez-vous le fait que des avions
américains ont exfiltré des chefs de
Daesh tout récemment ?
Daesh semble être une organisation
terroriste plus complexe et plus capable
que, par exemple, Al-Qaïda ou les
Talibans, et aussi plus brutale.
Contrairement aux autres, Daesh a
maîtrisé les réseaux sociaux et a
efficacement utilisé son attrait
idéologique. En bref, Daesh est vraiment
devenu un État. Mais sa capacité à
frapper en dehors du Moyen-Orient n’est
pas un mystère : dans une société
ouverte, tout le monde peut trouver une
arme et tuer des gens. Les polices de
Paris, Bruxelles, Londres et New York
peuvent traquer les escadrons de suicide
d’ISIS, mais elles ne seront jamais en
mesure d’identifier tous ceux qui ont
une mission d’assassinat. Le mieux que
nous puissions faire en Occident, comme
en Chine et en Russie d’ailleurs, est
d’espérer être capables de réduire la
taille et les capacités de Daech et des
autres organisations terroristes
jusqu’au point où ils ne pourront causer
que des dommages minimes.
Devant la tension actuelle
qui est à son apogée entre l’Arabie
Saoudite et l’Iran, les USA doivent-ils
revoir leur alliance avec le régime
saoudien, surtout quand un accord sur le
nucléaire iranien vient d’être conclu ?
Quand on exporte en cinq ans 12.5
milliards de dollars en armements vers
des pays comme l’Arabie Saoudite qui
exécute des opposants sur la place
publique comme Nemer-al- Nemer, et tant
d’autres, les Occidentaux peuvent-ils
encore parler de démocratie et de droits
de l’homme ? Le vrai pouvoir n’est-il
pas dans les banques et le complexe
industriel militaire ?
Il est temps pour une remise à zéro
dans les relations
américano-saoudiennes. Le fossé
croissant entre l’Arabie saoudite et
l’Iran a provoqué une grande
consternation dans les cercles
politiques décisionnels aux États-Unis (www.nytimes.com/2016/01/05/us/politics/us-struggles-to-explain-alliance-with-saudis.html).
Une fois de plus, les responsables
américains sont appelés à répondre à la
vieille question qui consiste à soutenir
ou non un allié qui ne se comporte pas
en accord avec les intérêts américains
ou à l’abandonner. L’administration
Obama, comme toutes celles qui l’ont
précédé et qui remontent aux années
1930, attache une grande valeur au
pétrole saoudien, malgré l’excédent de
pétrole actuel. Mais ces jours-ci, elle
veut aussi la participation saoudienne
dans les pourparlers avec l’Iran sur
l’avenir politique de la Syrie et sur
l’assaut contre ISIS. Malheureusement,
les Saoudiens sont en train de montrer
(surprise, surprise !) qu’ils ont leurs
propres intérêts, lesquels incluent une
confrontation avec l’Iran en intervenant
dans la guerre civile au Yémen en
utilisant une force criminelle
disproportionnée et en évitant un
engagement militaire profond en Syrie.
Les personnes ayant une longue
implication dans la politique américaine
au Moyen-Orient déplorent le fossé qui
se creuse entre les États-Unis et
l’Arabie saoudite, mais insistent sur le
fait que les Saoudiens restent un allié
trop précieux pour être abandonné.
Dennis Ross, depuis longtemps
négociateur au Département d’Etat
américain pour le Moyen-Orient, écrit:
« L’éloignement de l’Arabie saoudite
va soulever d’autres questions avec les
partenaires traditionnels de l’Amérique
au Moyen-Orient et pourrait induire en
erreur les Iraniens qui penseront que
les États-Unis ne leur rendront jamais
des comptes concernant l’accord
nucléaire ou leur comportement régional »
(www.nytimes.com/roomfordebate/2016/01/04/saudi-arabia-a-dangerous-ally/the-saudis-are-rightly-concerned-about-iran).
Pour les analystes comme Ross, l’Iran
demeure le principal ennemi dans la
région. Tant qu’une telle vision
persiste, le soutien, surtout avec les
paquets d’armes de plusieurs milliards
de dollars, pour les « partenaires
traditionnels » comme l’Arabie saoudite
et Israël, restera ferme, peu importe le
nombre de fois et la façon significative
dont les dirigeants de ces pays font le
pied de nez à Washington.
C’est là que réside l’énigme qui
semble si souvent affecter l’élaboration
des politiques des États-Unis au
Moyen-Orient et ailleurs. Combien de
temps un soi-disant allié peut-il être
toléré et choyé avec des montagnes
d’armes, lorsque ses actions
contredisent la politique américaine et
violent les normes internationales ? La
famille royale saoudienne utilise un
système politique autoritaire qui
nourrit l’islamisme radical, réprime la
critique politique, et viole
systématiquement les droits humains. Ses
exécutions de masse dont tout récemment
celle d’un religieux chiite de premier
plan et de 46 autres prisonniers sont
symptomatiques d’un pouvoir brutal et
précaire qui se soucie peu de combler
les différences entre sunnites et
chiites dans la région, d’appliquer avec
succès le programme d’armement nucléaire
de l’Iran, et encore moins des valeurs
humaines.
Est-ce un partenariat qui mérite
d’être préservé ? Et que faut-il dire
des priorités et objectifs des
États-Unis au Moyen-Orient si la réponse
est oui ? Tant que le chien américain
remue la queue saoudienne au
Moyen-Orient, les gens ordinaires
resteront convaincus que la stabilité
pétrolière et axée sur la répression est
la seule chose qui compte pour les
leaders américains. Les Saoudiens ont
parfaitement le droit de choisir leurs
ennemis, mais du même coup les USA ont
parfaitement le droit de cesser
d’apaiser et de s’attirer la faveur d’un
pays qui est peu fiable et indigne de
soutien. C’est le même argument pour
l’abandon du Pakistan, un autre
partenaire américain que Washington
récompense constamment avec des armes,
malgré les résultats épouvantables du
Pakistan en matière de droits humains,
de règles démocratiques et de lutte
contre le terrorisme (voir mon post 97,
sur les dictateurs armés). Et il en est
de même pour mettre fin au soutien
réflectif d’Israël, dont les actions
dans les territoires occupés et le
traitement des Palestiniens sont des
violations manifestes du droit
international et de l’éthique humaine.
Jusqu’à présent, la réponse des
États-Unis a été une critique tiède sur
l’exécution du religieux, une demande
diplomatique pressante de « retenue » à
l’égard de l’Arabie Saoudite et de
l’Iran, et un rappel inutile à la maison
des Saoud de trouver en priorité un
moyen de mettre fin à la guerre civile
syrienne. L’administration Obama aurait
pu gérer cette dernière épreuve de force
saoudo-iranienne différemment,
toutefois.
Premièrement, elle aurait dû exiger
que la vie de l’ecclésiastique, sans
parler de celle des 46 autres personnes,
soit épargnée. Cela aurait évité la mise
à sac de l’ambassade saoudienne à
Téhéran et le renforcement consécutif de
la ligne dure en Iran. Si la demande des
États-Unis n’avait pas été satisfaite,
il y aurait alors eu matière à prendre
des mesures supplémentaires, telles que
la réduction des importations de pétrole
de l’Arabie Saoudite, l’arrêt du soutien
logistique de ses opérations aériennes
au Yémen – qui, en premier lieu,
n’auraient jamais dû se produire – et de
couper l’aide militaire aux Saoudiens.
Les Saoudiens aurait alors pu reprendre
leurs esprits et réaliser que leurs
problèmes de sécurité ne seraient
uniquement intensifiés que par la
rupture des relations avec l’Iran et que
par la dramatisation de la division
sectaire entre chiites et sunnites.
Bien sûr, dans le « monde réel » de
la politique étrangère, les États-Unis
ne sont pas prêts et n’ont jamais été
préparés à adopter une telle ligne forte
fondée sur des principes d’action.
L’accès au pétrole, le soutien à Israël,
et la dépendance à des monarchies
autoritaires du Moyen-Orient ont été les
principes de base de la politique
américaine depuis de nombreuses
décennies. Pourtant, ne serait-ce pas
utile d’examiner si la violence et les
privations de droits de l’homme au
Moyen-Orient ne pourraient être
atténuées par l’adhésion des États-Unis
à un ensemble différent de priorités,
comme la justice sociale, la protection
de l’environnement, avec un accent sur
l’eau, une gouvernance responsable et
transparente, et la démilitarisation à
travers des réductions substantielles
des armements et des transferts d’armes
?
Dans votre article
Consorting with the devil, vous
avez évoqué le recrutement d’agents de
la CIA au sein des universités
américaines, comme l’a montré notamment
un scandale à Harvard en 1985.
Pensez-vous que ce système de recruter
des agents au sein des universités soit
efficace quand on connaît l’échec de la
politique américaine dans de nombreux
dossiers, comme le dossier irakien,
afghan, libyen, syrien, ou iranien ?
Les échecs de la politique des
États-Unis ne semblent jamais limiter la
capacité de recrutement des services de
renseignement. Les gens veulent des
emplois et le glamour, aujourd’hui plus
que jamais, pourrait-on dire. Cela vaut
particulièrement pour les universitaires
et les professionnels tels que ceux dont
je parlais à propos de l’American
Psychological Association (APA).
Tout récemment, le Pentagone a annoncé
que les psychologues à Guantanamo ne
seraient plus impliqués dans les
interrogatoires ou dans les services de
santé mentale pour les détenus, en
conformité avec les nouvelles directives
éthiques de l’APA. Mais la CIA, le FBI
et d’autres organisations peuvent
toujours effectuer des interrogatoires
illégaux dans d’autres endroits à
l’extérieur des États-Unis, sans doute
avec l’aide de psychologues et de
psychiatres privés. En outre, le
gouvernement jouit d’un fort soutien
pour la CIA et d’autres activités de
renseignement, y compris les tirs de
drones, au sein du Congrès américain et
du public. Donc, bien qu’il semble que
l’attractivité de la CIA aurait pu
diminuer au fil du temps, je ne vois
aucune preuve qu’elle ait baissé. En
effet, en cette ère de terrorisme, la
CIA et d’autres groupes sont
susceptibles de prospérer en termes
d’argent et de recrutement.
Après le scandale de Benghazi
où la secrétaire d’État Hillary Clinton
a perdu un ambassadeur, et après le
scandale de ses emails, à votre avis,
Madame Clinton a-t-elle moralement le
droit de se présenter à la candidature
au poste le plus important, c’est-à-dire
la présidence ? En l’absence de débat
intéressant et avec l’apparition
farfelue d’un agitateur doublé d’un
comédien comme Donald Trump, ces
élections américaines ne sont-elles pas
le reflet d’une régression pour une
nation comme les États-Unis ?
La prochaine élection présidentielle
est en effet embarrassante pour une
démocratie. Je suis moins préoccupé par
les faiblesses d’Hillary Clinton que je
le suis par la force de Trump, Cruz,
Rubio, et d’autres dans le camp
républicain. Les raisons sont sans doute
évidentes : leur appel aux pires
instincts et valeurs de beaucoup
d’Américains, leur mépris pour la
science et la vie intellectuelle en
général, leur racisme et leur
militarisme, la facilité avec laquelle
ils mentent et évitent des réponses
simples aux questions, et leur manque
d’expérience pour gouverner. Ce serait
une catastrophe si l’une de ces
personnes était élue, mais même si elles
ne le sont pas, et je ne crois pas
qu’elles le seront, le fait qu’elles ont
eu un certain succès à attirer des
électeurs est une mauvaise nouvelle pour
le pays, maintenant et à l’avenir.
Vous appelez à un consensus
entre la Chine, les États-Unis
d’Amérique et la Russie, alors que
d’autres appellent à la guerre.
Pensez-vous que le camp du consensus et
de la coopération entre nations dans la
paix et le respect pourra tenir face aux
velléités du complexe
militaro-industriel ?
Il sera de plus en plus difficile de
faire valoir un engagement sérieux entre
les Etats-Unis, la Chine et la Russie
dans un proche avenir. La Chine est de
plus en plus considérée comme la
principale préoccupation de sécurité
américaine, et la Russie est déjà dans
le camp ennemi. La Russie sera encore
plus difficile à engager que la Chine en
raison de la personnalité et des
ambitions de Poutine, et surtout parce
que la Russie n’a pas les types de
connexions officielles et non
officielles (ONG et de peuple à peuple)
avec les États-Unis que la Chine
possède. Le rôle des complexes
militaro-industriels dans ces trois pays
est, bien sûr, un obstacle majeur à la
coopération. Mais le nationalisme étroit
est également un obstacle dont on peut
voir le fonctionnement, par exemple,
dans les litiges en Ukraine, en Syrie et
en mer de Chine méridionale.
Vous qualifiez Netanyahu
d’ennemi de la paix. Pourquoi, à votre
avis, les États-Unis entretiennent-ils
des liens aussi étroits avec Israël ?
Comme beaucoup d’observateurs l’ont
dit au fil des ans, les liens des
États-Unis avec Israël sont le résultat
de plusieurs facteurs durables : le rôle
des États-Unis dans la création d’Israël
en 1948, le lobby pro-israélien à
Washington et la position géopolitique
d’Israël au Moyen-Orient. Même si les
relations des États-Unis avec Israël ont
été très tendues avec le comportement
d’intimidation de Netanyahu qui remonte
à l’époque où il contestait Yitzhak
Rabin quand les Accords d’Oslo ont été
signés, il est difficile d’imaginer que
la sécurité et d’autres liens avec
Israël vont changer fondamentalement.
Autrement dit, il n’y a aucun groupe de
pression fort aux États-Unis pour les
Palestiniens et même si de nombreux
Juifs américains sont critiques de la
politique israélienne, il n’y en a pas
assez pour forcer un président ou un
congrès à changer la politique
américaine. Netanyahu, bien sûr, le sait
et l’exploite, ce qui lui permet
d’éviter une véritable paix avec les
Palestiniens tout en pouvant compter sur
le soutien militaire américain.
Interview réalisée par Mohsen
Abdelmoumen
Qui est le professeur Mel
Gurtov ?
Mel Gurtov est professeur émérite de
sciences politiques et d’études
internationales à l’Université d’État de
Portland, Oregon, et rédacteur en chef
d’Asian Perspective, un trimestriel
international. Gurtov a précédemment
fait partie du personnel de la RAND
Corporation à Santa Monica, en
Californie (1966-1971), où il était un
co-auteur des Pentagon Papers, et à
l’Université de Californie, Riverside
(de 1971 à 1986), où il était professeur
de sciences politiques. Il a publié plus
de vingt livres et de nombreux articles
sur les affaires de l’Est asiatique, sur
la politique étrangère des États-Unis,
et sur la politique mondiale, sous la
perspective des intérêts humains. Ses
plus récents ouvrages sont : Will
This Be China’s Century? A Skeptic’s
View (Lynne Rienner, 2013);Global
Politics in the Human Interest, 5e
édition (Lynne Rienner, 2007);Superpower
on Crusade: The Bush Doctrine in US
Foreign Policy (Lynne Rienner,
2006); et Confronting the Bush
Doctrine: Critical Perspectives from
Asia-Pacific, co-édité avec Peter
Van Ness (Routledge, 2005).
Mel Gurtov se rend régulièrement en
Asie, où il a été professeur invité et
chercheur Senior Fulbright à
l’Université Waseda à Tokyo et à
l’Université d’études étrangères de
Hankuk de Séoul, et a donné des
conférences dans les universités et
instituts de recherche en Corée du Sud,
au Japon et en Chine. Il parle
couramment le chinois.
Son blog sur les affaires étrangères,
“In the Human Interest” (en anglais) est
:www.mgurtov.wordpress.com.
Published in Oximity, January 16,
2016:https://www.oximity.com/article/Prof.-Mel-Gurtov-Il-est-temps-pour-une-1
In Whatsupic:http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-monde/1453013186.html
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