Analyse
Le trafic des trésors archéologiques
d’Irak,
de l’invasion US à Daech-IS
Mohsen Abdelmoumen
L’armée américaine
à Babylone en Irak. DR.
Samedi 14 mars 2015
La Mésopotamie est une antique région
du Moyen Orient située entre le Tigre et
l’Euphrate qui recouvre le nord-est de
la Syrie et le nord de l’Irak. Sa
civilisation a donné naissance à
l’agriculture, à l’écriture, dont
l’apparition est estimée à 3500 avant
JC, à l’urbanisme, aux 24 heures dans
une journée, à la création
d’institutions, au droit, aux lois, au
commerce, à l’art sous plusieurs formes
(architecture monumentale, sculpture,
peinture, orfèvrerie), à la musique,
etc. Cette région regorge de trésors
inestimables disséminés sur des
centaines de sites archéologiques
majeurs et des dizaines de milliers plus
petits qui ont déjà fait l’objet de
pillages par des aventuriers européens
au XIXe siècle et ensuite par l’armée US
lors de l’invasion en 2003. A l’époque
de l’invasion criminelle US-britannique
en 2003, de nombreux archéologues et
historiens ont reproché aux armées
occidentales d’avoir pillé le patrimoine
irakien, accusant Washington d’avoir
violé les accords internationaux de la
Convention de La Haye datant de 1907 qui
interdit formellement les pillages.
Aujourd’hui, l’armée de fantassins à la
solde des USA et d’Israël, Daech-IS,
fait à son tour main basse sur les
trésors de l’Irak, destinés à décorer
les intérieurs luxueux des
collectionneurs privés occidentaux qui
les conservent en toute discrétion et ne
les rendront jamais. Ainsi disparaît le
patrimoine national irakien, témoin
d’une civilisation éblouissante, dans
les coffres-forts et les salons de
l’Occident. Le pillage intensif et
systématique des régions envahies par
Daech-IS permet à l’organisation
terroriste de financer son entreprise de
mort et de destruction en fournissant
pétrole et objets d’art à bas prix. Mais
le diable est dans les détails et qui
dit vendeur, dit acheteur, et tous ceux
qui vendent ou achètent le fruit des
rapines ont autant de sang sur les mains
que les égorgeurs qui massacrent les
peuples du Moyen-Orient.
Le monde s’insurge contre le saccage
des vestiges millénaires de la
Mésopotamie par l’organisation
terroriste en oubliant que le patrimoine
irakien n’a été épargné par personne. A
titre d’exemple, en 2003, l’armée US
avait établi une base militaire de 150
hectares dans les ruines de Babylone,
appelée le camp Alpha, ce qu’un rapport
du British Museum de 2005 avait comparé
à l’établissement d’un camp
militaire autour de la Grande Pyramide
en Egypte ou autour de Stonehenge en
Grande-Bretagne. Située à 90 kms au
sud de Bagdad, Babylone a abrité l’une
des sept merveilles du monde. Qui n’a
pas entendu parler des Jardins suspendus
de Babylone ? Capitale de deux des plus
illustres rois de l’Antiquité,
Hammourabi (1792-1750 av. JC) qui a
offert à l’Histoire l’un des premiers
codes de lois, et Nabuchodonosor
(604-562 av. JC.) qui a construit les
jardins suspendus, l’antique ville de
Babylone est considérée comme l’un des
sites archéologiques les plus importants
au monde s’étendant sur 2100 hectares au
bord de l’Euphrate. Alexandre le Grand
est mort avant d’avoir pu concrétiser
son rêve : faire de Babylone sa nouvelle
capitale. Lors de l’invasion US de 2003,
la cité antique a été mise à sac, les
musées de Nabuchodonosor et d’Hammourabi
ainsi que les archives de la
bibliothèque de Babylone ont été volés
et détruits. Les Yankees qui n’ont pas
d’histoire ni de monuments historiques,
et qui ont gardé une mentalité de
gardiens de vaches et de chercheurs d’or
massacreurs du peuple légitime
d’Amérique, c’est-à-dire les
Amérindiens, n’ont éprouvé aucun état
d’âme en foulant de leurs bottes de
soudards une terre millénaire qui a été
le berceau de la civilisation. Une
évaluation des dégâts occasionnés à
Babylone a fait l’objet d’un rapport
établi par de nombreux experts sous
l’égide de l’Unesco en 2009. D’après ce
rapport, les troupes d’occupation ont
nivelé le site au bulldozer pour
construire une aire de stationnement
pour leurs véhicules lourds ainsi qu’une
piste d’atterrissage pour leurs
hélicoptères à proximité du théâtre
antique ; elles ont construit des
remblais de protection avec des poteries
et des briques gravées de caractères
cunéiformes qu’elles avaient pulvérisées
au préalable ; elles ont creusé des
tranchées pour y stocker leurs réserves
de carburant ; elles ont fait rouler
leurs poids-lourds sur la voie sacrée
(le chemin de procession), brisant les
dalles et causant des dommages
irréparables ; elles ont placé trois
rangées de blocs de béton de deux tonnes
en plein milieu de cette même voie ;
elles y ont disposé une rangée de
conteneurs HESCO remplis avec de la
terre jonchée de fragments
archéologiques, prélevée près du mur
oriental de l’enceinte sacrée ; elles
ont fixés des barbelés au moyen de
piquets en acier plantés dans le mur
d’enceinte et au milieu de la voie
processionnelle ; elles ont fait une
découpe de 2,5 m sur 1,5 m, profonde de
50 cm, dans le même mur, et ont brisé
des briques composant les corps des
animaux qui ornent la célèbre Porte
d’Ishtar. Nous posons la question
suivante : y a-t-il une différence entre
Daech-IS et l’armée US ? Tout comme
l’Unesco n’a jamais jugé utile jusqu’ici
d’inscrire la légendaire Babylone sur sa
liste des sites classés patrimoine
mondial, le comité des sanctions des
Nations unies a, pendant des années,
refusé d’accorder l’autorisation à des
équipes internationales d’évaluer les
dommages et les menaces pour le
patrimoine culturel de l’Irak dans le
sillage de la guerre du Golfe, en dépit
de la nécessité urgente de constituer
une documentation visant à la
conservation du patrimoine irakien en
raison des dommages de guerre, du
pillage et du développement agricole
d’urgence.
Actuellement aux mains de Daech-IS,
Mossoul, capitale de la province de
Ninive, est entourée de 1791 sites
archéologiques enregistrés dans lesquels
l’organisation terroriste peut puiser à
volonté. Cette position centrale au
milieu d’une région dotée d’un
patrimoine dont la richesse incalculable
suscite la convoitise des marchands
voraces et des riches collectionneurs,
constitue une manne inépuisable. Le 26
février dernier, Daech-IS a diffusé une
vidéo mettant en scène sa destruction de
bas-reliefs et de sculptures au musée de
Mossoul, considéré comme le plus
important musée en Irak après le Musée
national de Bagdad. D’après l’une de nos
sources, expert en patrimoine, la
plupart des éléments exposés à
l’intérieur du musée étaient des copies
d’originaux, 1 500 pièces ayant été
envoyées à Bagdad en 2003 pour les
mettre en sécurité. Une petite partie
seulement était susceptible d’être
authentique, mais les images de la vidéo
sont étrangement floues lorsqu’elles
montrent les débris. Gageons que ces
pièces rares n’ont pas été détruites et
qu’elles sont actuellement acheminées en
Occident, via la Turquie, par ceux qui
vont pouvoir en tirer profit.
Auparavant, les terroristes avaient fait
exploser la Bibliothèque publique de
Mossoul, brûlant des milliers de livres
et manuscrits rares. Au regard de cette
vidéo qui a fait le tour du monde et qui
a déchaîné un tollé mondial au niveau
des gouvernements, des médias, des
instances comme l’Unesco, réussissant
même l’exploit de faire sortir le
Secrétaire général des Nations Unies de
sa léthargie chronique, nous aimerions
savoir pourquoi Daech-IS a attendu
février 2015 pour nous présenter sa
nouvelle version d’« Une nuit au musée »
alors que Mossoul est sous sa
domination depuis le 10 juin 2014.
Fondée il y a plus de 3300 ans et
située sur les rives du Tigre à 30 km au
sud de Mossoul, la ville de Nimrud
(ancienne Kalkhu) était jadis capitale
de l’empire assyrien. Ses palais gardés
par d’énormes lamassu (taureaux
ailés à tête d’homme) ont fait sa
célébrité à travers le monde. Le
gouvernement irakien a confirmé que le
site avait été attaqué au bulldozer par
des groupes extrémistes armés dans la
journée du 5 mars, des camions ayant été
vus sur le site pour emporter le fruit
des pillages. Ce fut ensuite au tour de
la cité de Hatra, datée de 2000 ans et
située à 110 km au sud de Mossoul, puis
celui de Dur Sharrukin (actuelle
Khorsabad), « la forteresse de
Sargon », ancienne capitale assyrienne
datant de 800 av. JC située à 15
kilomètres au nord-est de Mossoul, ces
deux derniers sites étant classés au
patrimoine mondial de l’Unesco. Les
pillages et les destructions ont été
confirmés par le ministère irakien des
antiquités qui déclare toutefois ne pas
connaître l’étendue des dommages. Le 8
mars, le gouvernement irakien a exhorté
la coalition d’utiliser sa puissance
aérienne pour protéger les antiquités de
son pays contre le pillage et la
destruction exercés par Daech-IS. Le
ministre irakien du Tourisme et des
Antiquités s’est plaint que la coalition
qui a effectué 2 800 frappes aériennes
depuis août 2014 contre les positions de
Daech-IS en Irak et en Syrie, ne faisait
pas d’efforts pour sauver le patrimoine
inestimable de l’Irak. Il a ajouté que
les avions de la coalition avaient
surveillé les préparatifs des attaques
contre les sites, notamment à Hatra, et
s’est interrogé de savoir pourquoi la
coalition n’a pas empêché le désastre.
« Nous avons averti préalablement et
avertissons encore maintenant que ces
gangs avec leur idéologie takfiri
malade continueront à détruire et à
voler des objets tant qu’ils ne seront
pas contrés par un puissant moyen de
dissuasion, et nous attendons toujours
une forte position internationale pour
arrêter les crimes de Daesh qui ciblent
la mémoire de l’humanité », a-t-il
déclaré. Mais le général Martin Dempsey,
chef d’état-major interarmées US arrivé
à Bagdad le 9 mars après une visite sur
le Charles-de-Gaulle, le porte-avion
français qui a rejoint la coalition, a
répondu qu’il avait d’autres
préoccupations plus urgentes et qu’il
fallait user de « patience
stratégique » dans la lutte contre
Daech-IS. Le général Dempsey confirme
ainsi ce que nous savions déjà, à savoir
que la coalition ne combat pas ses
agents sur le terrain, Daech-IS. Au
passage, nous espérons qu’Alex, le
second maître qui était encore éboueur
l’année dernière et qui est désormais à
la barre du navire de guerre français, a
ôté toute crainte au général Dempsey
quant à l’efficacité opérationnelle du
porte-avion Charles-de-Gaulle. Si
ramasser les ordures n’a rien de
déshonorant en soi – bien au contraire,
cela participe à la salubrité publique –
on se demande quand même comment la
France s’est retrouvée le seul pays au
monde à confier le gouvernail de son
porte-avion à un ancien ouvrier de la
voierie. Passer du camion-poubelle au
Charles-de-Gaulle est assez singulier,
sans doute s’agit-il de ce que la France
appelle « l’excellence française »
appliquée à la marine militaire, mais
quand on sait que le porte-avion
français collectionne les pannes et
passe neuf mois par an à quai pour
réparations, la symbolique est
saisissante.
Les divers trafics de Daech-IS
en Irak. DR
La destruction des anciennes villes
de Mésopotamie s’est déroulée sans
qu’aucune vidéo ne soit diffusée,
contrairement aux images délivrées par
Daech-IS montrant la démolition à
coups de masse et au marteau piqueur
d’un lamassu de la Porte de
Nergal sur le site de Ninive, non loin
de Mossoul. Des témoignages font état
que les sites archéologiques ont été
pillés de tout ce qui était
transportable et que le reste avait été
rasé, d’autres affirment avoir entendu
des détonations, mais aucune image n’est
venue confirmer les rumeurs. Pourquoi
Daech-IS, qui pourrait concourir pour
les prochains oscars à Hollywood tant
l’organisation terroriste a prouvé son
efficacité en matière de production
cinématographique, n’a-t-il pas jugé
utile de nous montrer les images de ces
démolitions ? Pourquoi les Yankees, qui
prétendent combattre le terrorisme et
dont les satellites détectent le moindre
mouvement, restent-ils muets à ce sujet,
et surtout, pourquoi ne sont-ils pas
pressés d’arrêter Daech-IS dans ses
actions dévastatrices en vies humaines
et en sites patrimoniaux majeurs ? Ces
actes de destruction ont été décrits par
le Secrétaire général de l’ONU Ban
Ki-Moon comme un « crime de guerre ».
Quand de nombreux experts accusent des
fonctionnaires de l’ONU de se livrer au
trafic des antiquités dérobées, et quand
on sait que l’ONU n’a jamais levé le
petit doigt pour empêcher les désastres
qui ravagent le Moyen Orient depuis des
années, la réaction outragée de Pokémon
(Ban Ki-Moon) est d’une hypocrisie rare.
Même duplicité de la part de la
Directrice générale de l’Unesco, Irina
Bokova, qui est sortie de sa torpeur
lors de la destruction du site de Nimrud
et qui a saisi le président du Conseil
de Sécurité des Nations Unies et la
procureure de la Cour Pénale
Internationale à ce sujet. Pense-t-elle
vraiment nous faire croire qu’elle va
traîner Al-Baghdadi devant la CPI ?
Il est intéressant de noter que la
succursale terroriste de Daech-IS
responsable de la destruction des
antiquités appelée pompeusement « comité
pour la promotion de la vertu et la
prévention du vice », porte le même nom
que le département officiel de l’Arabie
saoudite chargé de faire respecter la
« morale ». Notons également que les
pingouins wahhabites saoudiens ont
détruit en une vingtaine d’années 95%
des monuments historiques, tombeaux,
mausolées, et édifices religieux liés à
la famille du prophète Mohammed (QSSL) à
Médine et à La Mecque. A titre
d’exemple, la maison de Khadija,
l’épouse du Prophète, a été démolie et
remplacée par des toilettes publiques.
Les al-Saoud ont confié à l’entreprise
de la famille d’Oussama Ben Laden,
l’ex-numéro 1 d’Al-Qaïda, les travaux de
transformation de la Mecque, entraînant
la destruction des galeries de la Grande
Mosquée construites au XVIe siècle et
composées de colonnes abbassides et
ottomanes, dont certaines datent du
VIIIe siècle. Les sites témoins de
la vie du Prophète et de ses compagnons
sont systématiquement détruits pour être
remplacés par des gratte-ciels, des
centres commerciaux et des hôtels de
luxe, métamorphosant les lieux de
pèlerinage en autant de « Las Vegas »
religieux. La Royal Mecca Clock
Tower, deuxième tour la plus haute du
monde avec ses 600 m, une sorte
d’imitation mégalomaniaque de Big Ben, a
été construite à côté de la Kaaba et de
la Grande Mosquée qui sont complètement
écrasées par cette monstruosité de
mauvais goût ostentatoire. Et l’on
ose qualifier le roi illégitime
d’Arabie saoudite qui ne représente que
sa famille et sa personne « le gardien
des lieux saints de l’Islam » ! Les rois
d’Arabie saoudite ont trahi le message
du Prophète en transformant ce pays en
monarchie familiale et en finançant le
terrorisme sous l’œil bienveillant des
Etats-Unis. La monarchie moyenâgeuse qui
revendique une terre qui était plongée
dans les ténèbres n’a même pas la
reconnaissance du ventre vis-à-vis du
Prophète dont la grande civilisation
musulmane a rayonné dans le monde
entier. En dehors du fait religieux, ces
traîtres saoudiens n’ont jamais été
d’aucun combat et n’ont jamais soutenu
la cause palestinienne. L’argent du
Hadj (pèlerinage à La Mecque),
lequel draine chaque année des milliards
de dollars initialement destinés à être
distribués aux pauvres, est placé dans
des banques US et israéliennes par la
famille al-Saoud, premier financier du
terrorisme. Que représentent les Al
Saoud et autres familles bédouines de
cette terre aride, ces chameliers
illettrés égarés dans les ténèbres du
désert ? Qu’ont-ils apporté par rapport
à l’œuvre civilisatrice universelle de
l’Islam ? Ils n’ont fait que répandre
leur wahhabisme, poison qui détruit à
petit feu le monde musulman et qui ne
véhicule que l’ignorance, la barbarie et
la mort.
Un article paru dans National
Geographic a révélé qu’en juin 2014, les
forces de sécurité de l’armée irakienne
avaient arrêté Abou Abdulrahman
al-Bilawi, commandant du conseil
militaire de Daech-IS. L’examen de son
ordinateur a révélé de nombreuses
informations détaillant la structure de
l’organisation terroriste, livrant les
identités et noms de guerre de tous les
combattants étrangers, leurs numéros de
téléphone et adresses courriel, les noms
des hauts dirigeants et leurs mots de
passe, les initiales des taupes à
l’intérieur des ministères et les
comptes complets des finances du groupe.
Avant la prise de Mossoul, les actifs de
Daech-IS s’élevaient à 875 milliards de
dollars, auxquels on peut ajouter 1,5
milliards de dollars récoltés dans les
différents pillages qui se sont déroulés
lors de la chute de la ville. Les
informations découvertes ont permis de
mettre à jour la provenance des fonds
récoltés non seulement par la vente du
pétrole issu des champs pétrolifères de
l’est de la Syrie, mais aussi de la
contrebande des différentes matières
premières pillées et des antiquités
d’une valeur inestimable provenant des
fouilles archéologiques. C’est ainsi que
Daech-IS a amassé 36 millions de dollars
rien que dans le pillage et le trafic du
trésor archéologique d’al-Nabak dans les
montagnes de Qalamoun à l’ouest de Damas
en Syrie, et dont les antiquités datent
de 8 000 ans. Les villes et villages de
la région de Qalamoun comptent parmi les
plus anciens établissements humains de
l’Histoire et portent le témoignage de
civilisations successives, certains de
leurs habitants parlant encore la
vieille langue syriaque.
L’Unesco estime que le commerce à
l’échelle mondiale « d’antiquités de
conflit » pourrait être évalué à plus de
2,2 milliards de dollars. Les «
antiquités de conflit » sont des
artefacts pillés et vendus
clandestinement à des marchands illégaux
à travers le monde, et dont les profits
sont versés pour financer l’activité
terroriste. D’après les
experts enquêtant sur le sujet, les
pillards gagnent de 1% à 5% du prix de
vente final, les intermédiaires
empochant entre 95% et 99%. Par
conséquent, Daech-IS a vendu des
quantités inimaginables d’antiquités
pour amasser 36 milliards de dollars
rien que pour la vente du trésor
archéologique d’al-Nabak en Syrie. Nous
conseillons donc à l’Unesco de réviser
ses chiffres et de cesser de nous
prendre pour des idiots. Serena Shim, la
journaliste américaine d’origine
libanaise couvrant le conflit Daech-IS
pour Press TV, est décédée le 19 octobre
2014, tuée dans un accident de voiture
dont les circonstances sont plus
qu’étranges. Quelques heures avant sa
mort, elle avait délivré l’information
dénonçant la porosité de la frontière
turco-syrienne traversée par les
terroristes avec l’assistance des
services secrets turcs, Daech-Is
utilisant des camions des ONG dont ceux
de l’OMS (Organisation Mondiale de la
Santé) pour ses différents trafics. Elle
avait pointé du doigt l’implication des
services secrets turcs et étrangers
comme la CIA et le Mossad dans la
contrebande de l’aide alimentaire, et
était accusée d’espionnage par le MIT
(services de renseignement turcs), alors
qu’elle faisait son travail de
journaliste d’investigation. Témoin
direct du trafic à grande échelle entre
Daech-IS et la Turquie avec la
complicité des services de
renseignements turcs et occidentaux,
Serena Shim a été éliminée dans le
silence des médias de propagande
occidentaux et laisse deux orphelins. Il
n’y a aucun doute que ce que Serena Shim
avait découvert au sujet du trafic de
l’aide humanitaire peut être appliqué
aux antiquités. D’Irak ou de Syrie, les
trésors archéologiques volés transitent
par la Turquie et finissent en Occident,
à Bruxelles, l’une des plaques
tournantes du trafic d’antiquités par sa
position stratégique au sein de l’Union
Européenne, à Paris, à New York ou à
Munich, là où les gens riches et les
diplomates hantent les magasins
d’antiquités ayant pignon sur rue et
proposant des objets de contrebande en
toute impunité.
Sachant que depuis leur invasion en
Irak, les Etats-Unis ont adopté une
réglementation autorisant l’exportation
des antiquités irakiennes soi-disant
pour les « protéger » et qu’aucune loi
internationale n’oblige à restituer les
objets volés s’ils n’ont pas été
identifiés par un musée ou une
institution, les Indiana Jones et autres
« archéologues »-aventuriers sont
désormais à pied d’œuvre pour collecter
les antiquités afin de garnir les
cabinets secrets des riches
collectionneurs privés. C’est ainsi que
Thomas Livoti, « archéologue » et
capitaine du corps des Marines US, a été
chargé de « protéger » les antiquités du
pillage de guerre. Ce « Captain America »
est actuellement basé à Fort Bragg, la
plus grande base d’entraînement
militaire au monde située en Caroline du
Nord et qui abrite les forces
aéroportées, les forces spéciales, la
FORSCOM (United States Army Forces
Command), l’USARC (United States Army
Reserve Command). D’après une interview
publiée en juillet 2014 dans un journal
du Montana dont il est originaire, le
capitaine Livoti prétend « combattre »
efficacement le terrorisme en
« protégeant » les antiquités, monuments
et autres biens culturels. Au début de
2003, le Capitaine Thomas Livoti a été
mobilisé lors de l’invasion US en Irak,
en tant que membre de la 1 force
expéditionnaire des Marines. L’unité de
Livoti a sévi au nord de Bagdad, dans
l’ancienne cité de Babylone, le
« fameux » camp Alpha décrit plus haut
où il a pu exercer ses pseudos
compétences d’agent déguisé en
« archéologue ». Son ordre de mission
était le pillage systématique. Quand on
sait les dégâts qui ont été infligés au
site de Babylone, on peut se demander de
quelle « archéologie » il s’agissait.
Après la guerre, Livoti a quitté le
corps des Marines et a effectué un stage
pour le Département d’Etat. Rien de
moins. Réserviste de l’Armée,
Livoti est spécialisé dans le vol
organisé des biens culturels et des
antiquités au cours des opérations
noires, et a été engagé par l’armée US
pour aider à rétablir l’unité de la
Seconde Guerre mondiale créée en 1944,
le Monuments, Fine Arts, and
Archives program, surnommé les « Monuments
Men », et démantelée
en 1951. Ce Livoti avoue que
Daech-IS et l’ASL (armée syrienne libre)
se livrent au trafic des objets
archéologiques. En homme du terrain, il
maîtrise très bien le sujet, puisqu’il
l’a lui-même exercé pour le compte des
Etats-Unis d’Amérique pendant la seconde
guerre du Golfe. Sa déclaration est
capitale car, que ce soit l’ASL financée
par les Américains et leurs marionnettes
occidentales, qataries, saoudiennes et
turques, ou que ce soit Daech-IS qui, de
l’aveu même d’Hillary Clinton est une
création des Etats-Unis et de ses
services de renseignement certainement
en partenariat avec le Mossad israélien,
nous déduisons que le pillage qui sévit
en Irak et qui fait pousser aux
Occidentaux des cris d’orfraie et leur
fait verser des larmes de crocodile, est
un processus de pillage organisé ou
seuls les masques changent mais où les
commanditaires restent les mêmes, à
savoir les maîtres de Washington, Tel
Aviv, Londres et autres capitales
occidentales. Le bras armé des
Occidentaux, Daech-IS, est en train de
finir la sale besogne que les Américains
avec leurs alliés britanniques ont
commencée il y a plusieurs années. Et
dire qu’ils ont envoyé leurs troupes sur
la présentation des « armes de
destruction massive » par Colin Powell,
en l’occurrence un échantillon de
l’urine de celui-ci. Nous caressons
toujours l’espoir de voir juger les
Powell, George W. Bush, Wolfowitz,
Condoleezza Rice, Cheney, leur caniche
britannique Tony Blair et toute la
clique des néocons, pour crimes contre
le genre humain et contre le patrimoine
universel de l’humanité qu’ils ont
détruit et volé. Nos diverses sources
bien informées affirment que ces
criminels ont acquis pour eux-mêmes ces
trésors archéologiques qu’ils exhibent
avec fierté dans leurs salons
dégoulinants du sang du peuple irakien
et de tous les peuples opprimés de la
terre.
Mohsen Abdelmoumen
Published in Oximity, March14,
2015:https://www.oximity.com/article/Le-trafic-des-tr%C3%A9sors-arch%C3%A9o-1
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