Opinion
La présidente Cristina Kirchner contre
l’influence d’Israël en Argentine
Mohsen Abdelmoumen
La
Présidente de l’Argentine, Cristina
Kirchner. D.R.
Samedi 7 février 2015
L’Argentine n’a jamais connu une
vague de déstabilisation aussi
importante que ces dernières semaines,
au point où la présidente Cristina
Kirchner a été directement ciblée dans
une tentative de coup d’Etat élaboré
avec l’appui tonitruant des conglomérats
médiatiques internationaux, le
consortium argentin Clarín et
le journal La Nación, tous aux
mains des Israéliens. A maintes
reprises, Cristina Kirchner a affiché
son désaccord avec l’entité sioniste
d’Israël, comme elle l’a démontré au
cours de la guerre meurtrière de Gaza
menée par Netanyahu et l’Etat sioniste
en juillet dernier contre la population
civile de Gaza. Madame Kirchner avait
alors décidé d’ôter la nationalité à
tout Juif argentin qui participerait à
la guerre contre le peuple palestinien.
C’est dire si cette femme d’Etat
courageuse a fait bien plus que d’autres
chefs d’Etat arabes qui n’ont jamais osé
envisager l’idée même de critiquer
Israël. La sympathie de la présidente
argentine à l’égard de la cause
palestinienne et son hostilité à
l’entité criminelle d’Israël lui ont
valu immédiatement des représailles de
la part d’Israël mais aussi des
Etats-Unis où le poids du lobby sioniste
a toujours été déterminant sur le plan
politique et économique.
Un acharnement sans précédent a visé dès
lors l’Argentine qui est harcelée par
ses créanciers avec l’affaire des fonds
vautours, ce qui n’est certes pas le
fruit du hasard sachant que les deux
sociétés spéculatives Aurelius
Capital Management et Elliott
Management Corporation qui ont
racheté les créances restantes de la
dette argentine (soit 7%) sont
étroitement liées entre elles et sont
dirigées par deux sionistes notoires,
pour Aurelius, Mark D. Brodsky,
ancien membre du comité de gestion
d’Elliot Management, et pourElliot,
le magnat Paul Singer qui a financé les
deux campagnes présidentielles de George
W. Bush et qui milite avec conviction en
faveur du mariage gay au sein du parti
républicain. En 2012, il a versé 1
million de dollars pour démarrer une PAC
(comité d’action politique) américaine
nommée American Unity PAC
(comité d’action s’attachant
exclusivement à la protection et la
promotion de candidats de la Chambre et
du Sénat américain qui soutiennent la
liberté pour tous les Américains,
indépendamment de leur orientation
sexuelle), financée par des donateurs
sionistes et à laquelle Singer a versé
près de 3 millions de dollars entre mars
2013 et janvier 2014.
Les discours de Cristina Kirchner à
l’ONU où elle s’est attaquée
frontalement aux USA en les accusant de
fomenter des opérations de
déstabilisation via le terrorisme
économique, où elle a reproché aux USA
et aux pays de l’OTAN de financer et de
fournir de l’armement aux groupes
terroristes au Moyen-Orient, et ses
divers propos accusant Israël de crimes
contre l’humanité et de crimes de guerre
contre le peuple palestinien, sont des
déclarations d’une importance capitale
qui viennent en soutien à l’axe
antisioniste pour contrer la domination
américano-sioniste à l’ONU. Certains
chefs d’Etat arabes qui se complaisent
sous la domination sioniste totale et
qui rampent devant Israël devraient
prendre exemple sur cette grande femme
d’Etat qui, par son engagement, démontre
que la lutte est une affaire de courage.
Les mesures que Madame Kirchner vient de
décider, notamment la dissolution des
structures des services de renseignement
argentins, le SI (Secrétariat du
Renseignement, anciennement le SIDE),
prouvent à quel point ces organismes
très sensibles de l’Etat étaient
gangrenés. En coupant les têtes des
serpents nichés dans les institutions et
l’appareil sécuritaire de son pays avec
une fermeté, une détermination et une
compétence sans égale, Cristina Kirchner
a géré la crise majeure que l’Argentine
vient de traverser, montrant à tous les
chefs d’Etat comment trancher sans
hésitation face à l’axe
américano-sioniste qui ne cherche qu’à
briser les pays hostiles à sa politique
tentaculaire. L’Etat criminel et voyou
d’Israël et son ranch américain,
vulgaire bassecour des sionistes, ne
connaissent qu’un seul langage, celui de
la force. Le chef d’Etat qui ne maîtrise
pas ce langage est destiné à être écrasé
et à se soumettre, quand il n’est pas
destitué par un coup d’Etat et assassiné
comme on l’a vu dans plusieurs nations
brisées par cet axe maléfique et
ravagées par la guerre. L’Argentine de
Cristina Kirchner appartient au bloc de
résistance latino-américain qui fait
face à Israël et qui est composé du
Venezuela, du Brésil, de la Bolivie, de
l’Uruguay, du Chili, de Cuba, et la
connexion des opérations visant la
présidente argentine sont en lien direct
avec les positions combattives et
déterminées de celle qui reste un
soutien de taille au peuple palestinien,
dont la est cause reléguée aux
oubliettes par les traîtres qui dirigent
le monde arabe et qui ont vendu leur
honneur depuis des lustres.
L’Etat sioniste d’Israël ne permet à
personne de lui tenir tête, mais
l’Argentine et sa présidente ont décidé
de lui signifier qu’en Argentine, Israël
n’est non seulement pas le bienvenu mais
ne décide de rien, contrairement à ce
qui se passe ailleurs, comme en France
ou en Arabie saoudite qui ont choisi le
camp des sionistes depuis longtemps. Le
false flag du torchon français
qui ne mérite même pas d’être nommé et
qui est devenu une référence dans le
langage victimaire, visait à mettre en
place la nouvelle politique d’Israël qui
consiste à harceler et à briser les
reins à tous les résistants et à tous
les antisionistes en France, pays ayant
la plus grande communauté juive en
Europe. La chasse aux antisionistes est
désormais ouverte sur le plan mondial,
car ce qui se passe en France se
répercute dans toute l’Europe :
poursuites judiciaires et intimidations
visant tous les pro-palestiniens et les
antisionistes, même des enfants. Il est
certain que d’autres actions de type
attentats se produiront afin de
renforcer cette vague de
néo-Maccarthysme qui submerge l’Europe.
L’attaque dirigée contre le journal
torchon français a eu lieu pour préparer
le terrain à une guerre contre le Liban
et le Hezbollah, avec l’Iran dans la
ligne de mire. La marche triomphale de
Benyamin Netanyahu paradant à Paris
comme un conquérant au cours de « la
manif pour tous » du 11 janvier a été
suivie immédiatement par un bombardement
israélien dans le Golan, tuant un
général iranien et des cadres du
Hezbollah. Bien évidemment, comme tout
le monde est « Charlie » et soutient
Israël en cautionnant ce torchon
sioniste qui s’attaque essentiellement
aux musulmans, personne ne s’est élevé
contre ce nouvel acte guerrier de
l’entité criminelle d’Israël. Le
false flag de Paris a balisé
l’intervention d’Israël au Golan,
portant les germes d’une autre guerre au
Liban, sauf qu’Israël a toujours eu peur
d’affronter le Hezbollah et l’Iran.
Notons que le contexte actuel est marqué
par les défaites stratégiques de
Daech-IS, véritable infanterie fabriquée
par l’axe américano-sioniste pour servir
les intérêts d’Israël (Daech-IS n’a
jamais tiré un seul coup de feu contre
Israël !), et qui perd de jour en jour
du terrain. C’est le moment choisi par
Israël pour essayer de contrecarrer la
défaite de Daech-IS harcelé par l’armée
syrienne et les combattants kurdes qui
traquent les terroristes sans relâche et
les ont encerclés. En bombardant le
Liban, Israël a essayé de briser le
siège subi par son infanterie, Daech-IS.
La riposte fulgurante du Hezbollah a
montré sa capacité de frappe, saluée par
toute la résistance palestinienne, le
Hamas en tête, dépassant le schéma que
l’axe américano-sioniste a voulu offrir
au Moyen Orient, à savoir une guerre
confessionnelle entre chiites, sunnites,
etc. L’axe Hezbollah-Hamas est une pièce
maîtresse qui déjoue les desseins de
ceux qui ont voulu plonger le
Moyen-Orient dans une guerre
confessionnelle qui sert principalement
Israël. Nous ne rappellerons jamais
assez les propos de Brzeziński prédisant
qu’Israël sera un jour le plus grand
Etat au Moyen Orient. Son calcul est
faussé par cette alliance stratégique
qui est la clé de la victoire définitive
sur Israël, ainsi qu’on l’a vu dans les
différentes guerres où Israël a fui face
au Hezbollah comme en 2006, ou lors des
différentes offensives face au Hamas à
Gaza où l’armée sioniste a essuyé une
défaite cinglante, préférant s’en
prendre aux civils comme à son
accoutumée.
Comme la France en Europe,
l’Argentine est le premier pays
d’Amérique latine ayant la plus grande
communauté juive avec près de 240 000
individus. L’histoire de l’immigration
juive en Argentine remonte au début du
XVIe siècle, suite à l’expulsion
d’Espagne des juifs sépharades, mais
s’est développée à partir du milieu du
XIXe siècle avec l’arrivée de nouveaux
immigrants en provenance d’Europe. Le
phénomène s’est amplifié à la fin du
siècle par l’intermédiaire du baron
Moritz von Hirsch, riche philanthrope
juif-allemand comptant parmi les cinq
plus grandes fortunes d’Europe, et
fondateur de la Jewish Colonization
Association. Via son association,
von Hirsch a parrainé l’immigration
juive de masse en Argentine pour y créer
des colonies agricoles autonomes. Fin du
XIXe, l’association de von Hirsch était
propriétaire de plus de 600 000 hectares
de terres en Argentine, peuplées par
plus de 200 000 Juifs. Aujourd’hui, les
héritiers de ces immigrants devenus de
grands propriétaires terriens sionistes,
sont les principaux exportateurs de
viande et de céréales, ils pèsent très
lourd dans la sphère politico-économique
et sont majoritairement contre la
politique du gouvernement Kirchner. Le
phénomène de colonisation en Argentine
se poursuit à travers des entreprises
qui achètent des milliers d’hectares
avec des capitaux israéliens.
L’Argentine est un pays riche avec de
grandes étendues consacrées à
l’agriculture, l’élevage, des ressources
minières et maritimes, etc. et très peu
peuplée par rapport à son étendue. Dans
son projet du Grand Israël, Theodor
Herzl avait envisagé plusieurs pays pour
y implanter l’Etat israélien : la
Palestine, l’Ouganda mais aussi
l’Argentine. Selon certains sionistes,
la Patagonie pourrait constituer la
Nouvelle Sion en Amérique du Sud, en
solution de repli ou en seconde
implantation israélienne dans le monde.
Cette vaste région encore inexploitée
recèle des ressources immenses, dont
l’eau douce avec l’Aquifère Guarani qui
est la troisième plus grande réserve
aquifère du monde, les gisements de
pétrole et de gaz, et autres richesses
minières qui suscitent bien des
convoitises. Mais contrairement au
gouvernement français qui est
entièrement soumis à Israël et
pro-sioniste, l’Argentine de Cristina
Fernandez Kirchner revendique sa
souveraineté. Cela explique pourquoi
Madame Kirchner est ciblée.
Les positions favorables de
l’Argentine vis-à-vis de la République
islamique d’Iran sont directement liées
à la campagne de déstabilisation ciblant
le gouvernement argentin, et il faut
remonter jusqu’en 1994 pour comprendre
l’origine des évènements actuels avec
l’attentat terroriste qui avait détruit
l’AMIA (Association mutualiste
israélo-argentine) à Buenos Aires, le 18
juillet 1994. La mort suspecte ce 18
janvier du juge d’instruction Alberto
Nisman, en charge du dossier de l’AMIA,
s’inscrit dans le prolongement de cette
affaire jalonnée depuis le début de
fausses déclarations, de manipulations,
de fraudes, mensonges et blocages de
toutes sortes qui n’ont jamais permis à
l’enquête d’aboutir. Depuis ce qui est
considéré en Argentine comme le pire
attentat que le pays ait connu et qui
avait fait 85 tués et 230 blessés, la
plupart des médias argentins, à la solde
d’Israël, donnent la même version des
faits, c’est-à-dire que l’Iran est
coupable d’avoir commandité cet attentat
exécuté par un membre du Hezbollah au
volant d’une Renault Trafic blanche. Les
responsables de l’AMIA et de la DAIA
(secteur politique de la communauté
juive abrité par l’AMIA), qui avaient
échappé à l’attentat en ayant été
étrangement invités ce jour-là à se
réunir dans un bar par la radio juive
JAI, ont dénoncé un acte terroriste
« antisémite », alors que la majorité
des victimes n’étaient pas juives, les
locaux de l’AMIA étant ouvert à tous.
Peu après l’explosion, le chef de la
sécurité de l’ambassade d’Israël déclara
qu’il s’agissait d’une voiture piégée,
thèse immédiatement reprise par le
gouvernement argentin et les médias, en
occultant le rapport des pompiers qui
indiquait clairement qu’il s’agissait
d’une explosion interne. Interpol lança
une alerte rouge à l’encontre de
plusieurs officiels iraniens incriminés
par Israël. Dès lors, Les accusations
contre l’Iran ont été régulièrement
relayées par la presse entièrement
dirigée par des israéliens, le groupe
Clarin SA étant à l’avant-garde
d’une campagne sans précédent contre
l’Iran et qui a pris une nouvelle forme
aujourd’hui en ciblant directement la
présidente Cristina Kirchner. Rappelons
que Clarin SA est le plus grand
conglomérat de médias en Argentine
dirigé par la veuve de Felipe Noble,
Ernestina Herrera de Noble, l’une des
femmes les plus riches d’Argentine.
Outre le journal Clarin (le
plus gros tirage en Argentine), le
groupe possède Canal 13,
Volver,Multicanal, TN, Radio
Mitre, Cablevision, La 100, La Razón,
Artear, TyCSports, Pol-ka,
La Voz del Interior, Olé, Diario Los
Andes, FiberTel et d’autres médias.
Un autre attentat du même type avait
déjà eu lieu contre l’ambassade
israélienne le 17 mars 1992, faisant 29
morts et 242 blessés, mais à cette
occasion également et tout aussi
« miraculeusement », aucun responsable
israélien n’avait été touché alors qu’il
s’y tenait une importante réunion avec
tous les services du Shin Beth
d’Amérique du Sud. Mais tous les invités
ont bizarrement quitté les lieux un
quart d’heure avant l’explosion pour se
réunir au bar du Sheraton. Là aussi, le
premier rapport avait conclu à une
explosion interne, mais les responsables
de l’ambassade israélienne ayant affirmé
qu’il s’agissait d’un attentat à la
voiture piégée, leur version fut
officialisée. En mars 2002, la revue
Noticias a publié un entretien avec le
juge Alfredo Bisordi de la Cour suprême
qui a déclaré à propos de « la voiture
piégée » qui avait détruit l’Ambassade
d’Israël : « on nous dit que le
moteur de la voiture a été mis sous
scellés, mais cela s’est fait sans
procès-verbal ». Sachant
que le moteur en question est venu par
avion d’Israël, il était évidemment
difficile d’établir un procès-verbal…
C’est un officier israélien, Ron Gordny,
chef de la sécurité de l’ambassade et
membre du Shin Beth, qui a certifié
l’implication d’une voiture piégée mais
il a toujours refusé de témoigner. Le
juge Bisordi a mentionné également la
présence de marines et de Bérets Verts
que l’on n’a jamais pu identifier. Le
juge a en outre subi des pressions de la
part d’agents du FBI qui rôdaient sur
les lieux et qui l’ont menacé de mort
pour l’empêcher de dévoiler
l’intervention de militaires étrangers.
Il est évident que les deux attentats
proviennent de la même matrice : les
immeubles ciblés étaient en travaux,
avec des ouvriers qui entraient et
sortaient, transportant des gros sacs et
du matériel de chantier. Dans les deux
cas, la thèse de l’attentat à la voiture
piégée a été dictée par les Israéliens
alors qu’il n’y avait ni carcasse de
voiture ni cratère pour le prouver.
Aucun responsable juif n’était présent
au moment de l’explosion, que ce soit
dans les locaux de l’ambassade ou de
l’AMIA. La direction de la DAIA et de
l’AMIA, ainsi que l’ambassade d’Israël,
se sont opposées violemment à toute
expertise n’allant pas dans le sens
qu’elles voulaient, et aucune
contre-expertise n’a été tolérée. Des
expertises indépendantes sérieuses
exécutées par des scientifiques ont
prouvé qu’il n’y avait pas eu de voiture
piégée, mais elles ont été réfutées par
la communauté juive et l’ambassade
d’Israël qui n’admettaient pas un autre
récit que le leur. D’aucuns établissent
un parallèle entre ces deux attentats et
celui qui avait frappé en 1946 l’hôtel
King David, siège du commandement
militaire britannique en Palestine avant
la création de l’Etat d’Israël, attentat
organisé par le groupe terroriste juif
Irgoun dirigé par Menahem Begin ou
encore celui organisé par Itzak Shamir
qui a coûté la vie au Comte Bernadotte,
envoyé de l’ONU en 1947 pour organiser
la partition de la Palestine entre Etats
juif et palestinien, et d’autres
attentats sionistes qui ne se comptent
plus tant ils sont nombreux.
Comme dans tous les cas de false
flag, les incohérences sont
innombrables et les déclarations
mensongères ou les prétendues preuves
sont impitoyablement démenties par les
faits. Dans le cas de l’AMIA, les
nombreux témoignages des riverains et
des victimes déclarant sous serment
qu’aucune voiture n’était garée devant
les bâtiments ont été ignorés. L’absence
de cratère et de carcasse devant les
immeubles a donné lieu à des
mystifications et des mensonges sans
aucune réalité scientifique. Ainsi, huit
jour après l’attentat, les services
israéliens ont creusé la chaussée devant
l’établissement et ont annoncé avec le
plus grand sérieux qu’ils avaient trouvé
le « cratère » ! Un témoin a relevé le
numéro de plaque d’une voiture
stationnée dans laquelle il a vu un
personnage activer le détonateur à
distance mais sa déclaration a été
écartée. Un journaliste a vu et décrit
un personnage ramasser des objets près
de l’AMIA, juste après l’explosion et
les mettre dans un sac, alors que
c’était la panique totale et que chacun
voulait apporter son aide aux blessés.
Lorsque le journaliste a interrogé
l’individu pour lui demander s’il était
policier ou agent et ce qu’il faisait,
celui-ci a juste répondu qu’il
collectait les parties d’une Renault
Trafic blanche. Un peu plus tard, les
Israéliens accusaient l’Iran d’avoir
envoyé un kamikaze du Hezbollah au
volant d’une Renault Trafic blanche pour
faire sauter l’AMIA… La famille du
prétendu kamikaze a fait savoir que
celui-ci se trouvait au Liban au moment
des faits, qu’il ne savait pas conduire
et qu’il avait été tué deux mois après
l’attentat de l’AMIA lors d’un raid
israélien.
En mars 1995, le procureur général de
l’État d’Israël, Dorit Beinisch, a fait
une demande au juge fédéral en charge du
dossier de l’AMIA, Juan José Galeano,
pour qu’un mandataire puisse recevoir le
témoignage de Carlos Alberto Telledin,
inculpé pour avoir fourni le « véhicule
piégé » lors de l’attentat. La demande
de Beinisch était soutenue par une
lettre de créance du chancelier
israélien Shimon Peres et une autre
d’Itzhak Avirán, l’ambassadeur israélien
en Argentine. Un supposé procureur
israélien, Eldad Gafner,
est donc arrivé avec une
accréditation et a obtenu trois
entretiens avec le détenu Telleldin en
1996. Or, un journaliste collaborateur
du journal Nueva Sión argentin,
a mené une enquête qui a conclu que
Gafner n’était nullement un procureur,
mais un agent du Mossad. Celui-ci
voulait obtenir de Telleldin des aveux
qui serviraient de preuve pour accuser
le commissaire Juan José Ribelli et
d’autres officiers de la police urbaine
de Buenos Aires, de complicité dans
l’achat de la supposée voiture piégée.
Une vidéo montre le juge Galeano offrir
à Telleldin 400 000 dollars pour accuser
le commissaire Ribelli qui a été
incarcéré suite à l’accusation de
Telleldin, mais son avocat est parvenu à
se procurer la vidéo de l’entretien et à
la faire diffuser à la télévision, ce
qui a suscité un scandale retentissant.
Le juge Galeano avait reçu cette somme
des services de renseignement, le SIDE,
sur les ordres du ministre de
l’Intérieur Carlos Corach, avec
l’autorisation du président Carlos Menem
et l’accord de Rubén Beraja, banquier
véreux et président de la DAIA qui a
d’ailleurs fait de la prison pour la
faillite frauduleuse de la banque qu’il
dirigeait, la Banca Mayo. La libération
du commissaire Ribelli a suivi
immédiatement cette diffusion. Tous les
Argentins et les Iraniens qui avaient
été arrêtés ont finalement été
innocentés et libérés, y compris
Telleldin. En août 2005, le juge Galeano
a été destitué et démis de ses fonctions
sur accusation de graves irrégularités
dues à une mauvaise gestion de l’enquête
et est poursuivi pour crimes graves,
ainsi que ses assistants, et pour avoir
cédé aux intimidations d’Israël. Carlos
Menem, l’ancien président et son
ministre de l’Intérieur, Carlos Corach,
sont quant à eux empêtrés dans des
procès sans fin et notamment mis en
cause pour entrave à l’enquête sur
l’attentat contre l’AMIA.
L’attentat contre l’AMIA imputé aux
autorités iraniennes visait à déclarer
l’Iran comme un Etat terroriste, et à
briser les relations d’amitié entre
l’Iran et l’Argentine, Israël exigeant
de juger huit hauts responsables
iraniens, dont l’ancien ministre de la
Défense Ahmad Vahidi et l’ex-président
Akbar Hachémi Rafsandjani. La République
islamique s’est élevée vigoureusement
contre cette accusation et a refusé
d’extrader ses ressortissants suspectés.
Suite à l’attentat, les musulmans
d’Argentine ont été malmenés et ont subi
des pressions, certains étant filés par
des hommes armés. Les Israéliens ont
posé une bombe à la mosquée Al Tawhid en
2001 et un agent du Mossad a blessé
grièvement un chargé d’affaires iranien
en lui tirant une balle dans la région
du cœur. Les autorités argentines de
l’époque n’ont jamais enquêté sur cette
tentative de meurtre. En 2005,
l’ex-ambassadeur d’Iran, Hade
Soleimanpour, a été capturé par Interpol
au Royaume-Uni mais les Britanniques
n’ont retenu aucune charge contre lui et
l’Argentine a dû payer 250 000 dollars
de frais d’indemnisation.
L’Iran et l’Argentine entretiennent
une amitié diplomatique depuis plus d’un
siècle, les deux pays ayant traversé des
épreuves similaires leur permettant de
tisser des liens étroits. L’Iran
désirant se doter du nucléaire avait
fait appel à l’Argentine et les deux
Etats avaient engagé des négociations
avancées dans ce domaine, portant sur la
formation des scientifiques iraniens en
Argentine, des accords sur la vente de
matériel et d’équipements, ainsi que la
livraison d’uranium enrichi. Une
livraison d’uranium enrichi a bien eu
lieu, mais sous la pression des
Etats-Unis, le gouvernement de Carlos
Menem a interrompu le processus au début
des années 1990, poursuivant néanmoins
les négociations plus discrètement. En
2006, un magistrat argentin a proposé
que les responsables iraniens et
libanais accusés puissent s’exprimer
devant lui dans un pays neutre, mais
après réflexion, tous les Iraniens ont
refusé cette proposition afin de montrer
leur détermination à ne pas entrer
dans une logique qui n’était pas la
leur, puisqu’ils n’avaient rien à se
reprocher. Enfin, début 2013,
l’Argentine a conclu un accord avec
l’Iran lui permettant d’auditionner les
personnalités mises en examen dans des
conditions correctes. La convention
d’enquêter conjointement a été ratifiée
par le Parlement iranien après plusieurs
mois de discussions. Dans un discours
portant sur cette coopération, Cristina
Kirchner a déclaré qu’elle voulait
connaître la vérité sur l’attentat et
savoir qui avait caché les preuves, les
gouvernements précédents ayant étouffé
l’enquête. Bien entendu, les
responsables de l’AMIA et de la DAIA ont
refusé catégoriquement le partenariat
irano-argentin, ainsi que le juge
Alberto Nisman, et la presse s’est
empressée de répandre son venin contre
la présidente argentine et contre
l’Iran. Depuis l’attentat, il est devenu
impossible de défendre les Palestiniens
ou de critiquer Israël sous peine d’être
taxé d’antisémitisme.
C’est dans le contexte de
« l’attentat » contre le torchon
français Charlie Hebdo à Paris que
rebondit l’affaire de l’AMIA avec le
retour précipité de vacances du juge
Alberto Nisman, le 12 janvier. Contre
toute attente, celui-ci a brusquement
interrompu son séjour en Espagne pour
revenir avec précipitation en Argentine
et a déposé dès le lendemain un rapport
de près de 300 pages à la juge fédérale
de permanence, les tribunaux étant
fermés en raison des vacances d’été. Ce
rapport accusait ni plus ni moins la
présidente Cristina Kirchner et son
ministre des Affaires étrangères, Héctor
Timerman, ainsi que d’autres
personnalités politiques
pro-gouvernementales, de conspirer pour
couvrir les personnalités iraniennes
impliquées dans l’attaque contre l’AMIA
en 1994. Selon l’accusation de Nisman,
l’Argentine aurait conclu un accord avec
l’Iran pour annuler le mandat d’arrêt
international d’Interpol contre les
hauts responsables iraniens, en
contrepartie d’échanges commerciaux : le
pétrole d’Iran contre les céréales
d’Argentine. Nisman a en outre demandé à
la juge fédérale de geler les actifs de
la présidente et des autres personnes
visées par la plainte. Un mandat d’arrêt
avait même été préparé contre Madame
Kirchner et son ministre, c’est dire la
gravité de l’affaire. Le 14, Nisman a
envoyé un résumé de l’acte d’accusation
à des journalistes et à des
parlementaires de l’opposition,
information aussitôt répercutée par la
presse argentine et mondiale aux ordres
d’Israël. L’ancien secrétaire général
d’Interpol, Roland Noble, qui était en
charge d’Interpol de 2000 à 2014 a
contesté catégoriquement les allégations
à l’encontre du gouvernement argentin.
En même temps, le juge fédéral de
Première instance, Rodolfo Canicoba
Corral, chargé du dossier de l’AMIA, a
accusé Nisman de travailler pour son
propre compte sans l’en informer et de
tirer ses informations exclusivement des
services de renseignement.
Il faut savoir qu’Alberto Nisman
clamait régulièrement depuis des années
qu’il détenait les preuves irréfutables
que l’Iran était impliqué dans
l’attentat contre l’AMIA, sans toutefois
produire ces fameuses preuves. Notons
aussi que Nisman, issu d’une famille
juive d’Argentine, faisait des voyages
fréquents en Israël où il a notamment
présenté son rapport à la Cour Suprême
de Tel Aviv et qu’il était l’invité
régulier de diverses manifestations
sionistes aux Etats-Unis. Il était aussi
un visiteur régulier de l’ambassade
américaine qu’il informait de
l’évolution de son enquête qu’il
modifiait selon les desideratas des
Américains. Par ailleurs, le juge était
très proche de l’espion n° 1 en
Argentine, le chef du contre-espionnage
Horacio Antonio Stiusso, dit « Jaime »,
membre des renseignements argentins
depuis 1972 et limogé à la mi-décembre
par décision présidentielle en même
temps que deux des principaux dirigeants
du SI, soupçonnés de fuites et de manque
de loyauté. Quelques heures avant sa
comparution devant le Parlement argentin
où il devait expliquer ses allégations,
Nisman a été retrouvé mort d’une balle
dans la tête à son domicile de Buenos
Aires. Le suicide a été évoqué dans un
premier temps, d’autant plus que Nisman
avait emprunté une arme à Diego
Lagomarsino, un informaticien qui
travaillait pour lui depuis 2007 et qui
est le dernier à avoir vu le procureur
en vie lorsqu’il lui a remis le calibre
22 la veille de sa mort. Mais
l’évolution de l’enquête amène les
autorités judiciaires à privilégier la
thèse de l’assassinat. Au cours d’une
récente conférence de presse,
Lagomarsino a témoigné que le juge
Nisman lui aurait dit « qu’il
n’avait plus confiance en qui que ce
soit, pas même en ses gardes du corps ».
Sur l’instigation de la presse aux
mains des Israéliens, des manifestations
publiques ont eu lieu en Argentine sous
le slogan « Je suis Nisman » et le
gouvernement a été accusé de corruption.
Dans la semaine suivant la mort de
Nisman, la présidente Kirchner a déclaré
dans une allocution à la télévision,
vouloir dissoudre les services de
renseignement pour les remplacer par un
organisme doté de nouvelles fonctions et
étroitement contrôlé par le bureau du
Procureur général. Depuis, on assiste à
la montée au créneau de l’opposition
pour accuser la présidente Kirchner du
meurtre de Nisman. Madame Kirchner a
répondu dans une lettre adressée au
peuple argentin : « Le suicide
(ndlr : de Nisman), j’en
suis convaincue, n’est pas un suicide.
Ceux qui ont tronqué les enquêtes de
Nisman après l’avoir manipulé de son
vivant, ont l’intention d’exploiter
aussi sa mort. Ils l’ont utilisé vivant
et ensuite, ils avaient besoin de lui,
mort. C’est triste et terrible. Non
seulement l’accusation de Nisman
s’effondre, mais elle constitue un
véritable scandale politique et
judiciaire ».
Il apparaît de plus en plus que le
rôle de l’ex-chef du contre-espionnage
argentin, Horacio Stiusso, est
prépondérant dans cette affaire, sachant
qu’il était l’homme de confiance de la
CIA, du FBI et du Mossad. Stiusso était
la source principale du juge Nisman dans
l’enquête de l’AMIA, exerçant sur lui un
ascendant majeur. Sachant les liens
étroits que le chef du contre-espionnage
argentin entretenait avec les services
de renseignement américains et
israéliens, toutes les questions sont
ouvertes quant à cette affaire qui
secoue l’Argentine. En 42 années
d’exercice au sein des services de
renseignement argentins, Stiusso, celui
que l’on pourrait appeler l’Edgar Hoover
argentin, a accumulé des dossiers,
photos, données, et secrets sur toutes
les personnes d’influence. Non
content de ce pouvoir occulte, Stiusso
aurait aussi fait des affaires juteuses.
Il est accusé par Gustavo Vera,
législateur de la ville de Buenos Aires,
de détournement de fonds, blanchiment
d’argent, enrichissement illicite,
trafic d’influence et corruption,
accusations fondées par l’existence des
diverses sociétés créées par Stiusso et
d’autres ex-agents du SI dans l’exercice
de leurs fonctions au sein des services
de renseignement. « Comment, avec un
salaire mensuel de 15 000 pesos, peut-on
diriger des entreprises qui ont un
patrimoine de six millions de pesos ? »,
s’est interrogé Gustavo Vera. Il a aussi
demandé d’enquêter sur les activités de
la société American Tape, dont Stiusso
faisait partie, ainsi qu’une douzaine
d’autres entreprises qui entretenaient
des liens avec Stiusso et ses
collaborateurs, telles American Vial,
Construcciones y Tecnologia,Avícola
De la Cruz SA et Cañaba Don Enrico.
Stiusso vient d’être assigné à
comparaître en tant que témoin par la
procureure Viviana Fein chargée de
l’enquête sur la mort suspecte du juge
Nisman.
Plus que jamais, l’axe de résistance
antisioniste est visé et mis à l’épreuve
à travers le harcèlement des groupes de
soutien et des personnalités soutenant
la cause palestinienne à travers le
monde. Celles et ceux qui affichent de
la sympathie à l’égard du peuple
palestinien sont harcelés par Israël et
ses alliés qui veulent opprimer tout ce
qui n’est pas sioniste avec des
stratagèmes fallacieux qu’ils manipulent
avec aisance, notamment avec une
terminologie inventée par les spin
doctors sionistes qui monopolisent
le monde médiatique, la sphère politique
et économique. Les termes
« antisémitisme », qui ne concerne pas
que les Juifs, nous ne le répéterons
jamais assez, « apologie du terrorisme »
sont devenus des armes redoutables
brandies contre tous ceux qui résistent
à Israël. L’heure de faire payer au
monde ses positions en faveur des
Palestiniens est arrivée, chacun doit
« être Israël » et gare à celui qui
n’obéit pas. Perfide et machiavélique
comme toujours, l’entité sioniste
d’Israël sait quand et où frapper. Il
est plus que jamais nécessaire pour les
résistants antisionistes, de contrer la
mainmise de cet Etat fasciste, assassin
et criminel, de le chasser de toutes les
instances, et de traduire ses dirigeants
devant les tribunaux pour crimes contre
le genre humain. De ce fait, les
alliances doivent s’intensifier au sein
du bloc antisioniste, anti-Israël et
leurs alliés américains et autres.
L’heure est à la mobilisation générale
de tous ceux qui luttent pour la cause
juste du peuple de la Palestine afin
qu’il retrouve la terre qui lui a été
volée et en chasser les sionistes
usurpateurs. Tous les amis de la
Palestine doivent s’unir pour contrer
cette nouvelle offensive du bloc
sioniste qui, sachant qu’il a perdu sur
le plan moral, exerce une propagande
monstrueuse. Le loup sioniste ne
dévorera que les cibles isolées. Tant
que nous serons unis et que nous
formerons un bloc, il se tiendra à
distance. Ne laissons pas l’Argentine
faire face toute seule à ce complot qui
ne dit pas son nom et, sachant que
l’Argentine est à un tournant majeur
avec les élections présidentielles en
octobre prochain, soutenons la
présidente Cristina Kirchner dans son
combat pour la souveraineté de son pays
et l’honneur de l’humanité toute
entière.
Mohsen Abdelmoumen
Published on Oximity, February 7,
2015:https://www.oximity.com/article/La-pr%C3%A9sidente-Cristina-Kirchner-c-1
on Whatsupic:http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-monde/1423305220.html
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