Algérie Résistance
L’Algérie dans tous ses états :
Ouyahia chef du RND et Sellal au FLN
Mohsen Abdelmoumen
M. Ahmed
Ouyahia et M. Abdelmalek Sellal. DR.
Vendredi 5 juin 2015
Mesdames et Messieurs, faites
vos jeux, rien ne va plus : le futur
président sera Ouyahia ou Sellal !
Après un remaniement gouvernemental
remanié en dernière minute et un ballet
rustique de chaises musicales avec
limogeages, permutations et autres
aberrations, et surtout la nomination
– Alléluia ! – d’un PDG qui ne
soit pas intérimaire à la tête de
Sonatrach – l’ère des intérimaires
serait-elle révolue ? – voici qu’un
pseudo congrès du FLN se pointe à la
vitesse de l’éclair et consacre
Abdelaziz Bouteflika président du parti.
Quel revirement de situation par rapport
au manque d’entrain du président de la
République qui, lors du 9 Congrès du
FLN, quand il jouissait encore de toutes
ses facultés mentales et
physiques, n’avait accepté que du bout
des lèvres la présidence d’honneur.
Les voies de
la Providence étant impénétrables, c’est
au moment où Bouteflika est moribond et
grabataire qu’il est parachuté président
effectif du FLN, alors qu’il devrait
rentrer chez lui pour finir ses jours
dans le repos et le calme, exigence
historique qui permettrait à l’Algérie
de sortir enfin de l’ornière creusée par
une chaise roulante et de reprendre son
processus d’évolution, bien que le
retard cumulé et les nombreux dommages
commis sous le règne Bouteflika, surtout
depuis sa maladie où il a été pris en
otage par son entourage, aient détérioré
l’État et n’aient été profitables qu’à
des cercles occultes, en l’occurrence le
clan de l’argent sale. Nous
expliquera-t-on quel sortilège a poussé
Abdelaziz Bouteflika à accepter la
présidence effective d’un FLN vidé de sa
substance et de tous ses militants,
alors qu’il l’avait refusée lorsqu’il
était maître de lui-même, prenant des
distances envers les partis ? Ce n’est
pas à Amar Saïdani, reconduit Secrétaire
général du FLN et qui a obtenu sa carte
de résident français grâce à Sarkozy, de
nous répondre avec sa derbouka
enchanteresse, mais au frère cadet du
président, Saïd Bouteflika, le parrain
et le fer de lance du clan de l’argent
sale. Rien que la symbolique de la
missive du président, ou plutôt celle
qui a été rédigée par Saïd, est criante
de vérité lorsque l’on sait qu’elle a
été lue par un membre du clan de
l’argent sale devenu ministre des
Relations avec le Parlement. Cette fois,
le président mourant n’a pas envoyé l’un
de ses conseillers et la main baladeuse
n’a pas eu besoin de sévir, car tout le
congrès dans son ensemble est une
fumisterie. Inutile donc de jouer sur
les mots, puisque ce congrès n’est
qu’une mascarade du moment où les
militants, les dirigeants du comité
central, d’anciens secrétaires généraux,
qui sont tous des poids lourds au sein
du parti, ont boycotté ce pseudo congrès
devenu le repaire du clan de l’argent
sale. La tactique de Saïd a consisté à
faire une OPA sur le FLN en le coupant
de sa base, gonflant le nouveau comité
central de familles de proches des
dirigeants actuels, la conception
familiale et régionale de la gestion des
affaires de l’État n’ayant jamais
atteint un tel niveau que sous l’ère
Bouteflika. Saïdani a même poussé le
vice jusqu’à inclure dans le comité
central certains noms de ses adversaires
qui ont boycotté le congrès et la
nouvelle mouture du FLN version
derbouka. On a donc rempli la salle avec
des gens qui n’ont rien à voir avec le
FLN, amenant les participants en car,
leur fournissant des repas et des
chambres d’hôtel payés par le mgamel
(pouilleux) Ali Haddad et ses
maîtres qui ont offert un congrès sur
mesure au drabki Saïdani. Comble du
délire : leur euphorie imbécile et
dégoûtante a même poussé certains
d’entre eux à évoquer un cinquième
mandat.
Le clan de Saïd a ficelé ce congrès
de la corruption et de la honte pour
reconduire à la tête du FLN un Saïdani
décrié de toutes parts et empêtré dans
un océan de magouilles et de biens mal
acquis, notamment chez ses maîtres
gaulois. Ce simulacre de congrès
participe à la même farce tragique à
laquelle nous assistons, blasés et
écœurés, depuis des mois. La nomination
des directeurs à la tête des principales
entreprises de l’État est une autre
jonglerie, car seuls les conseils
d’administration sont habilités à nommer
leurs PDGs, ce qui revient à dire que
ceux qui utilisent le nom du président
pour organiser tout ce cirque ont violé
la loi comme ils en sont coutumiers. Ce
manège grossier comporte plusieurs
objectifs, parmi lesquels le besoin
impératif de contrer la thèse de la
vacance du pouvoir et faire accroire que
le président est apte à changer les
membres du gouvernement ainsi que les
chefs des entreprises publiques,
artifice prétendant nous convaincre
qu’Abdelaziz Bouteflika est toujours aux
commandes de l’État et parfaitement en
mesure d’exercer le pouvoir. Telle est
la conception de l’exercice du pouvoir
du frère cadet du président, Saïd, et de
son gang, pour lesquels diriger un pays
consiste à permuter, limoger et nommer à
tout va, bref remplir le vide sidérant
en termes de gouvernance et de
stratégie. Autre aberration, Saïdani
nous vante qu’Abdelmalek Sellal,
l’actuel Premier ministre, était présent
au congrès du FLN en tant que délégué et
s’est même procuré une carte du parti.
Sans douteZemmar (chieur)
Saïdani n’a-t-il jamais entendu parler
de l’article 120 du Parti unique, car à
l’époque, cet ancien pompiste se
consacrait avec passion à l’art de la
percussion et de la danse du ventre.
Rappelons-lui que Sellal était
sous-préfet sous le Parti unique et que
chaque individu à tous les postes de
responsabilité se devait d’être encarté
au FLN. Le clan présidentiel dirigé par
Saïd pense-t-il vraiment nous faire
avaler le fait que Sellal ait attendu
2015 pour avoir une carte d’un FLN dont
sont exclus tous ses cadres et son
comité central ? Par ailleurs, comment
se fait-il que l’illustre drabki Saïdani
oublie subitement sa déclaration selon
laquelle Sellal n’était pas fait
pour la politique, alors
qu’aujourd’hui il exhibe avec
ostentation la carte d’affiliation de
son frère militant ? Le
stratagème d’encarter Sellal répond à
une intention bien précise qui se
confirmera dans un futur proche, car
tous ces faits rassemblés, soit
l’encartage de Sellal au FLN, son
nouveau statut de délégué, les membres
de son gouvernement intégrés au comité
central, démontrent que l’exécutant
Saïdani n’est pas une pièce maîtresse
dans l’après-Bouteflika, contrairement à
Abdelmalek Sellal qui était déjà
présidentiable avant le quatrième mandat
funeste. Mais un changement de dernière
minute s’est produit avec la
reconduction d’un président paraplégique
et diminué mentalement, la proximité de
Sellal avec le DRS suscitant la méfiance
du gang de Saïd, ce qui a constitué un
obstacle à son élection à un moment où
le rapport de force penchait en faveur
du clan présidentiel doté du soutien du
chef d’État-major Gaïd Salah.
Aujourd’hui cependant, l’équilibre a
basculé et l’après-Bouteflika étant
amorcé, il faut un candidat qui, cette
fois, sera celui du consensus. Dans
cette optique, Abdelmalek Sellal est
devenu incontournable à la succession de
Bouteflika dans le cadre d’un
réajustement au sein du pouvoir.
Organiser un congrès en un mois et
virer les anciens membres du comité
central du FLN est inédit, tout comme
ramener des membres du gouvernement au
comité central du FLN à défaut d’avoir
nommé des membres du FLN au
gouvernement : il fallait offrir un
appareil électoral à Sellal et signifier
que la majorité est présente au
gouvernement. Cela s’appelle faire d’une
pierre plusieurs coups. La clé au FLN se
trouve donc désormais dans les mains de
Sellal et non dans celles de Saïdani,
bien que ce dernier ait déployé des
efforts titanesques en léchant toutes
les bottes qui se présentaient à lui :
celles de Bernard Bajolet, chef de la
DGSE française et d’autres commis de
l’Élysée, celles du représentant de
l’Internationale socialiste, celles de
l’ambassadeur de France Bernard Emié qui
était au premier rang lors du congrès
des bateleurs du FLN, et j’en passe.
Imaginons la quantité de salive dont
Saïdani à dû se départir pour cirer les
pompes de tout ce beau monde et les
contorsions qu’il a dû entreprendre,
renouant à son âge avec ses anciens
talents de danseuse du ventre, pour
courber l’échine devant ses mentors.
Quelle abnégation ! L’indic de la DGSE,
le zemmar Saïdani, aurait pu
donner le statut de membre du comité
central du FLN à l’ambassadeur de
France, qui assiste à des réunions
secrètes, dont celle qui a eu lieu dans
une pièce adjacente où des membres du
bureau politique ont été interdits
d’accès. Le jeu trouble de l’ambassadeur
français nous éclaire sur la prochaine
visite de François Hollande, car le
poids de la France dans l’équation de
l’après-Bouteflika se veut prépondérant,
grâce à ses accointances avec le clan de
l’argent sale.
L’un des enjeux majeurs de la
redistribution des cartes au sein du
pouvoir est le retour d’Ahmed Ouyahia à
la tête du RND, autre parti du pouvoir.
Le départ de son successeur-prédécesseur
s’est déroulé sans bruit ni résistance
et l’on ne peut pas dire qu’Abdelkader
Bensalah soit le révolté du Bounty. Il a
longtemps fixé la cheminée d’El
Mouradia, espérant y voir surgir une
fumée blanche ou noire, mais il n’y a
jamais eu de feu dans l’âtre. A la place
des signes divins, une machine bien
rôdée s’est mise en branle, en
l’occurrence « le pays profond » qui,
suite à des négociations, a porté à
nouveau Ouyahia à la tête du RND,
événement d’une importance capitale.
Dans le magma spongieux d’esbroufe et de
corruption instauré par le clan
présidentiel, Ouyahia arrive à point
nommé dans le calme et la sérénité et
reprend les commandes du RND dans une
opération qui n’a pas livré tous ses
secrets. Connaissant Ouyahia, il
n’opterait pas pour ce genre de
situation s’il n’avait reçu une feuille
de route de la part des décideurs. Le
soldat Ouyahia, tel le gladiateur qui
descend dans l’arène, va-t-il rencontrer
son destin ? Sans chercher à contester
la justesse de cette citation célèbre
d’un ancien président français, je
souhaite néanmoins que l’Algérie puisse
s’affranchir des références françaises,
de toutes les références, car nous ne
manquons ni de citations ni de
potentialités qui nous correspondent
davantage que celles d’une France qui se
meurt. Quoi qu’il en soit, Ahmed Ouyahia
devient présidentiable, comme je l’avais
déjà évoqué dans un précédent article.
Un consensus entre les pôles de
décision, c’est-à-dire l’État-major de
l’armée, le DRS et la présidence, a
abouti à deux éventualités pour la
présidence et les acteurs de
l’après-Bouteflika sont devant nous :
Ouyahia au RND et Sellal au FLN, sauf
que ces deux éléments sont proches d’un
seul centre de décision. Le rapport de
force a donc changé du tout au tout, les
deux candidats essentiels à la
présidence n’étant ni l’un ni l’autre
proches du clan présidentiel. En voulant
à tout prix peser dans le processus de
succession de Bouteflika, le clan
présidentiel mené par Saïd a perdu sur
tous les tableaux. Saïd Bouteflika qui
est étranger à la politique s’est trompé
lourdement en croyant qu’il allait
pouvoir être déterminant dans la
succession de son frère en occultant le
rôle majeur que jouent et joueront
toujours l’armée et le DRS. Cette faute
lui sera fatale. En réclamant le beurre
et l’argent du beurre, Saïd n’a rien
obtenu et il ne bénéficiera même pas du
sourire de la crémière.
Pendant ce temps, Ali Benflis, autre
enfant du FLN, fait un travail de
proximité aux quatre coins du pays,
organisant des pré-congrès et des
assemblées dans les régions, animant
réunion sur réunion, siphonnant la base
d’un FLN réduit à l’état de parade de
carnaval, et tente de se positionner en
alternative du pouvoir en place. Son
action sur le terrain tente de restaurer
le fait politique en s’impliquant auprès
du peuple qui ne croit plus à la
politique et encore moins aux
politiciens de quelque bord qu’ils
soient. Pour un homme issu du FLN et
ancien chef de gouvernement, avec un
long parcours dans les affaires d’État,
sa démarche de construire un parti
démocratique vivant lui permettra de
cristalliser l’opposition, et son assise
populaire le mettra directement sur
orbite au moindre faux-pas du pouvoir.
Le président qui va venir sera celui
de la thérapie de choc avec des coupes
sociales qui provoqueront un
mécontentement populaire qui risque
d’emporter le pays et qui est un facteur
pris très au sérieux au plus haut niveau
et même sur le plan international, à
savoir les différents partenaires de
l’Algérie, car si la maison s’effondre,
tout le monde sera perdant. Plus que
jamais, Abdelmalek Sellal et Ahmed
Ouyahia s’avèrent décisifs dans
l’après-Bouteflika, ne craignant pas
d’être impopulaires avec les mesures
draconiennes inévitables qui devront
être prises, chacun d’eux s’appuyant sur
des appareils électoraux puissants tels
que le FLN et le RND. Si Ouyahia est
capable de faire face à une situation
d’austérité et de tensions, Sellal, par
l’exercice de la fonction de Premier
ministre, a appris à encaisser et a
développé des capacités de résistance
face au mécontentement populaire, comme
on l’a vu lors des troubles à Ghardaïa
ou avec les mouvements contre le gaz de
schiste. L’essentiel de leurs atouts,
c’est qu’ils sont tous deux soutenus par
l’armée et le DRS, ce qui est d’une
importance capitale. Ceux qui résument
ces annonces à des rumeurs consistant à
détourner les regards des vrais enjeux
se fourvoient, car la diversion et la
ruse sont partout ailleurs que dans le
retour d’Ouyahia à la tête du RND et
l’adoubement de Sellal au FLN. Par
ailleurs, Ouyahia qui a déclaré un jour
que l’argent sale s’était faufilé dans
les articulations de l’État, connait
mieux que tout le monde le poids de ce
dernier dans la décision politique, et
l’on sait que certains siègent dans son
parti. Que fera-t-il, lui qui est plus
politicien qu’affairiste et qui
s’implique dans une Algérie où l’argent
pèse énormément en politique ?
L’un des chantiers majeurs du futur
président portera sur la réhabilitation
du politique et des affaires de l’État
qui ne se fera que par la neutralisation
du clan de l’argent sale et de ses
affairistes qui ont porté des coups très
durs à l’économie nationale et ont
dégradé l’image de l’État. S’il n’y
avait pas eu ce massacre à ciel ouvert,
l’Algérie aurait pu devenir une
puissance économique à part entière,
malheureusement la corruption
généralisée nous a éloignés de cette
opportunité de devenir un pays émergent.
Le quatrième mandat est une calamité à
tous les égards, il est contre nature,
contre-productif et surtout criminel.
Les avantages que nous avions avec un
prix du pétrole très élevé ne sont plus
d’actualité. La déliquescence du règne
de Bouteflika et l’amateurisme de Saïd
et de son gang, ont favorisé l’émergence
d’une camarilla qui n’osait pas
s’afficher ni s’aventurer dans le champ
politique auparavant. Cette mafia
représentée par Ali Haddad et ses
quarante voleurs était quasi inexistante
avant le quatrième mandat. Ces
arrivistes sans foi ni loi se sont
immiscés au-devant de la scène grâce à
une vacance du pouvoir propice à la
prise de contrôle de Saïd dont la survie
repose uniquement sur ce groupe.
L’absence de consensus qui a vu la
reconduction par défaut de Bouteflika
pour un quatrième mandat a fortifié
l’ascendant du clan de l’argent sale qui
pèse désormais sur les décisions et les
nominations, dont celle d’un larbin de
Haddad à l’Anep n’est qu’un exemple
parmi tant d’autres. La nomination de
Djamel Kaouane, l’ancien directeur de
publication du quotidien Le Temps
d’Algérie appartenant à Ali Haddad,
au poste de distributeur de billets de
l’Anep est venue renforcer Hamid Grine,
le ministre de la Communication issu lui
aussi du privé et qui a échappé de
justesse au catapultage prévu lors du
dernier remaniement ministériel.
L’arrivée d’un PDG issu du privé et
subordonné, pour ne pas dire suborné, au
patron du FCE permet à celui-ci de
prendre le contrôle du magot de la pub
de l’État. Cette nomination aura des
répercutions certaines sur les titres de
presse opposés au clan de l’argent sale,
puisque c’est désormais l’employé de
Haddad qui distribuera l’argent public à
ses anciens concurrents, ce qui
constitue un cas flagrant de conflit
d’intérêts. Sachant que les annonces
publicitaires des entreprises et des
administrations dans les médias publics
et privés passent obligatoirement par
l’Anep, ce nouveau coup fourré du clan
de l’argent sale sous forme de
nomination d’un valet du clan
présidentiel favorisera la mainmise de
Haddad et de Saïd sur les appels d’offre
en les destinant à des journaux
insignifiants pour qu’ils passent
inaperçus, de façon à rafler les marchés
et continuer la rapine en pratiquant le
gré à gré en toute quiétude.
L’entreprise ETRHB Haddad ayant fait
main basse sur une quantité
impressionnante de chantiers publics
qu’elle ne peut assumer et dont la
plupart sont à l’arrêt, la
sous-traitance et la surfacturation ont
encore de beaux jours devant elles.
La publication de The Economist
Intelligence Unit, un think
tank britannique proche du
Financial Times et de The
Economist, qui met en garde contre
la menace qui pèse sur les fonds
souverains de l’Algérie, préconisant une
diversification de l’économie afin
d’améliorer l’évaluation du risque
souverain de l’Algérie, vient renchérir
les propos alarmants d’Abdelmalek Sellal
concernant la situation économique qui
annonce une période de vaches maigres.
Ces mises en garde n’empêchent pas
Haddad « les-deux-brouettes » de
continuer son travail de nuisance en
représentant indûment l’Algérie au cours
des Rencontres Algérie 2015 organisées
par Business France et qui se sont
déroulées ces 1 et 2 juin à Paris, avec
dans sa poche un programme
d’investissement public de 262,5
milliards de dollars US sur la période
2015-2019, de quoi allécher les
entreprises d’une France en faillite. Ce
pignouf a-t-il réédité à Paris la même
performance qu’il a faite en Chine en
offrant l’argent et les femmes
algériennes aux entrepreneurs ? Cette
prodigalité qui a révulsé tous les
Algériens et probablement choqué les
Chinois n’a pourtant pas empêché le
géant chinois des équipements de
télécommunication Huawei de
choisir Casablanca au Maroc pour établir
son nouveau siège pour la région
« Afrique francophone », tout comme
Renault a préféré implanter deux usines,
dont une géante à Tanger qui exporte,
elle, contrairement à la petite usine
d’assemblage de la Renault Symbol que le
gouvernement algérien refile à toutes
ses administrations ! Sans parler de
Peugeot et de Ford qui envisagent
d’investir également au Maroc. Ce patron
arriviste illettré, incapable de
formuler une phrase correcte et qui n’a
aucun sens politique, a donc pu
débarquer en France pour traiter de
l’économie de l’Algérie et négocier avec
des politiciens français et des chefs
d’entreprise sans être accompagné de
ministres algériens. Est-ce donc Ali
Haddad qui gouverne l’Algérie ? Et s’il
s’occupait de terminer le tronçon
d’autoroute de 8,5 km à Azazga qui
attend depuis six ans, où les habitants
ont fermé la commune en signe de
protestation, ou le stade de Tizi Ouzou
et tous les autres chantiers en rade ?
Nous aimerions savoir combien le beggar
Haddad a payé le magazineJeune
Afrique, connu pour sa vénalité,
pour lui dresser un portrait élogieux
dans une prochaine édition. A défaut
d’être efficace dans le concret, Haddad
essaie de se construire une image
médiatique qui est exactement à l’opposé
de ses réalisations professionnelles,
dans la même logique que celle de ses
copains du clan présidentiel qui ont
commandé neuf pages au Figaro
pour chanter les louanges du règne de
Bouteflika. Ce même Figaro n’a
pas hésité quelque temps plus tard à
qualifier de « militants » les
terroristes éliminés récemment par
l’ANP. Voilà comment la presse et le
régime français traitent les bougnoules
atteints du complexe du colonisé dont le
clan présidentiel est le symbole. Si les
Saïd, Haddad et autres gangsters en col
blanc ont pollué notre patrie, l’Algérie
recèle encore de gens intègres qui
préféreraient mourir plutôt que d’élever
leurs enfants dans la corruption et les
biens mal acquis, même si ce clan a tout
fait pour répandre ces fléaux. L’espoir
réside dans cette catégorie de gens
honnêtes qui sont la sève de notre
Algérie éternelle, et cela nous
encourage à continuer la lutte.
Contrairement à ce que nous chantent
sur tous les tons le régime français et
ses porte-paroles, je rappelle une
énième fois que l’Algérie n’a aucun
intérêt avec la France, puisque celle-ci
ne permettra jamais le transfert des
technologies vers l’Algérie. Notre pays
a tout intérêt à se tourner
totalement vers les pays émergents tels
les BRICS plutôt que de perdre notre
potentiel avec de prétendus partenariats
encouragés par le clan de l’argent sale
et Ali Haddad qui participent au
massacre économique de notre pays. Les
forfaitures et forfanteries de ce
kharay doivent cesser
immédiatement ! Il faut stopper
l’hémorragie de toute urgence et qu’il
rembourse les impôts qu’il n’a pas payés
! Nous n’arrêterons jamais d’interpeler
les pouvoirs publics pour qu’ils mettent
fin aux méfaits de cet énergumène auquel
nous prédisons d’ores et déjà une chute
plus dure que celle de Khalifa. La
traque a d’ailleurs commencé avec le
scandale du tronçon d’autoroute de 110
km reliant le port de Djen Djen, dans la
wilaya de Jijel, à l’autoroute Est-Ouest
à El Eulma. Une commission d’enquête
menée par le Secrétaire général du
ministère des Travaux publics et des
cadres du cabinet du Premier ministre a
été dépêchée récemment par Abdelmalek
Sellal concernant le retard des travaux
qui sont à l’arrêt depuis 24 mois. Ce
chantier d’1,65 milliards d’euros
attribué à l’entreprise privée ETRHB
Haddad, l’entreprise publique SAPTA et
la société italienne d’Udine Rizzani de
Eccher, devait être livré en 36 mois,
mais les travaux n’évoluent pas depuis
la pose de la première pierre le 15 août
2013 et l’entreprise italienne a plié
bagages en conseillant aux Algériens de
la rappeler quand ils auront réglé leurs
problèmes. Le port de Djen Djen est un
port stratégique considéré comme le plus
grand ouvrage portuaire méditerranéen en
termes d’espace en eau profonde, destiné
à devenir la plus grande zone franche
d’Afrique et l’un des principaux
terminaux de transbordement de
conteneurs en méditerranée, mais Ali
Haddad ne se soucie pas de la
finalisation de la voie d’accès qui
permettrait à cette infrastructure
portuaire de se développer. Nous
demandons que des commissions d’enquête
soient dépêchées partout où l’entreprise
de Haddad sévit dans tout le territoire
national, car le cahier des charges de
Haddad dépasse de très loin ses
capacités et il ne finit pas les
chantiers que l’État lui octroie. Il est
temps de punir ce Haddad pour les
travaux qu’il s’est engagé à réaliser et
qu’il n’a pas finalisés. Pourquoi les
citoyens seraient-ils obligés de se
serrer la ceinture alors que ce goinfre
insatiable est en train de s’enrichir en
se livrant à des crimes économiques qui
ravagent le pays ?
Afin de se constituer comme faction
décisionnelle dans l’avenir de
l’Algérie, le clan de l’argent sale a
grignoté les espaces qu’offrent une
vacance de pouvoir doublée
d’illégitimité et une faiblesse de
toutes les institutions de l’Etat,
aubaine inespérée pour Saïd qui dirige
le pays à la place de son frère. Nul
besoin de sortir la calculette pour
évaluer les troupes dont disposent
Haddad et Saïd pour prétendre négocier
quoi que ce soit, ces mafieux n’ont
aucune assise populaire. Le jeu s’est
fermé, le fou du roi chancelle, la tour
tremble sur ses bases, et les jours de
la monarchie voulue par Bouteflika sont
comptés. Ce n’est pas la valse des
procès de corruption comme ceux de
l’Autoroute Est-Ouest, El Khalifa,
Sonatrach, qui s’inscrivent autant dans
la diversion que dans le besoin de faire
le ménage dans la maison avant de rendre
les clés, qui va nous persuader du
contraire. L’organisation des procès à
la sauce Bouteflika pour faire sauter
quelques fusibles afin d’éviter de
traduire en justice les véritables
responsables qui figurent tous dans le
clan présidentiel ne dupent pas le
peuple algérien. L’obstination de Saïd
Bouteflika à vouloir pousser à El
Mouradia le fauteuil roulant de son
frère malade et inapte, avec la
bénédiction de la France qui ne cherche
que son intérêt et des contrats tous
azimuts, nous a coûté très cher à tous
points de vue. Mais le piège s’est
refermé sur le clan présidentiel qui ne
négociera rien, ni l’après-Bouteflika,
ni la succession, alors que c’était l’un
des objectifs recherchés de ce quatrième
mandat. Nous avons perdu un temps
précieux et des milliards au moment où
la France avec laquelle le clan
présidentiel a pactisé au Val-de-Grâce
est gagnante. Nous sommes devenus un
dépotoir pour toutes les crasses
françaises : 450 entreprises et
entrepreneurs français sont implantés en
Algérie et 7000 entreprises françaises
exportent leurs produits de moindre
qualité chez nous. Pourquoi la France
encourage-t-elle la production du gaz de
schiste en Algérie alors qu’elle
l’interdit sur son propre territoire ?
La visite de François Hollande à la
mi-juin s’inscrit dans une tentative de
peser dans l’après-Bouteflika et de
préserver ses intérêts. Je persiste à
dire que pour redresser notre pays, le
futur président devra annuler tous les
contrats avec la France, parce qu’ils
ont été extorqués en ayant recours à
l’abus de faiblesse, comme dans
l’affaire Bettencourt. Cela suffit !
L’amateurisme et la légèreté avec
lesquelles les affaires de l’Etat ont
été gérées – peut-on encore parler
de gestion dans ce cas de figure ? – et
notamment l’économie du pays avec
l’import import qui a explosé sous le
règne de Bouteflika, comme on le voit
avec le scandale des concessionnaires de
voitures qui ont pratiqué l’évasion
fiscale massive, nous coûtent un réveil
qui se révèle douloureux, et les
chiffres officiels annoncés par Sellal,
le militant du FLN cru 2015, sont
catastrophiques. L’Algérie a perdu des
milliards de dollars et l’endettement se
profile à l’horizon. Au moment où l’on
devrait faire payer tous les patrons du
privé comme Haddad et consorts qui
s’engraissent avec les commandes
publiques, c’est aux Algériens que
Sellal demande de se serrer la ceinture.
Nous lui rétorquons qu’il faudrait
d’abord fournir les ceintures aux
citoyens et qu’il devrait mettre hors
d’état de nuire tous ceux qui ont coulé
l’Algérie, tels Ali Haddad et ses
copains coquins, son maître Saïd,
champions de l’évasion fiscale et de la
surfacturation et autres crimes
économiques. Comment expliquer le fait
que l’Algérie a effacé les dettes de
nombreux pays d’un coup de baguette
magique, alors que l’on sait que les
dettes se rééchelonnent et se
transforment en investissements mais ne
s’effacent pas ? Quel est le retour des
millions offerts à la Tunisie qui a
accepté une base de l’OTAN sur son
territoire ? Des milliards se sont
volatilisés sans qu’il y ait la moindre
contrepartie alors qu’aujourd’hui, ces
sommes seraient utiles au pays.
Bouteflika et son clan ont géré les
caisses de l’Etat comme s’il s’agissait
de leur patrimoine personnel. On devrait
non seulement instaurer un impôt sur la
fortune mais interdire les marchés de
gré à gré, récupérer les impôts impayés,
l’argent détourné, réglementer les
importations, baisser les salaires des
ministres, députés, PDGs, cesser les
gaspillages, miser sur les PME PMI
locales, créer une production nationale
hors hydrocarbures, etc. Le chiffre de
100 000 associations implantées sur le
territoire national qui ne servent à
rien participent à la gabegie
généralisée. Il faut réviser tout ce
mécanisme archaïque qui a gangrené le
pays et qui a propagé la corruption.
Changeons de cap, c’est le moment ou
jamais et le temps presse ! Quand on
pense que le fisc italien s’est porté
partie civile contre les anciens
dirigeants de Saipem pour récupérer une
partie de l’argent détourné et que la
Sonatrach a vu sa demande rejetée par la
Cour de Milan pour non-conformité à la
législation, on se demande si les
juristes de la Sonatrach sont d’une
incompétence crasse ou s’ils obéissent à
des desseins obscurs que nous ignorons.
Pourquoi le fisc algérien ne se
porte-t-il pas partie civile lui aussi ?
A quoi nous a servi « Constantine,
capitale du monde arabe » qui a englouti
des milliards ? De quel monde
arabe s’agit-il ? Quel est le retour sur
investissement ? Où est le bilan de
cette opération ? Donnez-nous les
chiffres ! Et définissez-nous aussi le
système économique algérien actuel. Je
précise, quelle est la doctrine
économique de l’État algérien sous le
règne de Bouteflika ? Est-ce du
capitalisme ? Non. Un pays capitaliste
qui ne produit rien, qui dépend à 100%
de la rente pétrolière et dont le
secteur privé ne paie pas d’impôt n’est
pas capitaliste. Où est la
production nationale ? De quel
« consommez algérien » parlent les faux
dévots et prophètes du malheur national
comme Haddad et Cie ? L’Algérie compte
41 000 importateurs contre 1 000
exportateurs, et parmi ces importations,
près de la moitié concernent des
produits de mauvaise qualité. Est-ce que
dans le système capitaliste, on
privatise tout, comme le prône l’ignare
Haddad et certains chantres de
l’ultralibéralisme qui sortent du bois
ces derniers temps ? Non plus. Est-ce un
système socialiste, sachant que des
milliardaires font la loi et
s’engraissent en éludant les impôts ?
Encore non. Vous avez inventé un modèle
hybride, le « beggarisme », un
bric-à-brac de mesures hoquetantes,
dépourvu de stratégie politique,
économique, et sans aucune vision
qu’elle soit à moyen ou à long terme.
Parler économie et politique face à des
Saïdani et des Haddad relève du parcours
du combattant et demande de s’installer
dans une autre dimension que celle que
nous connaissons. D’ailleurs, si
j’évoque cette idée en en parlant à mon
cheval, il me donnera un coup de sabot.
Le bilan du règne de Bouteflika et de
son clan est calamiteux à tous points de
vue et nous rappelle des années sombres
où notre nation a payé ses choix
économiques. La situation de l’Algérie
d’aujourd’hui est extrêmement
inquiétante, tant au niveau intérieur
avec des émeutes, sit in et
grèves quasi quotidiens qui reflètent le
mécontentement populaire, que sur le
plan extérieur avec un contexte
géostratégique périlleux où Daech vise
la totalité du Maghreb à partir de la
Libye. Et ce n’est pas l’activation des
salafistes pour une histoire de minijupe
ou l’athéisme de Boudjedra, et demain le
feuilleton des non-jeûneurs du Ramadan –
encore la ruse et la diversion ! – qui
vont parvenir à détourner longtemps
l’attention publique des véritables
enjeux qui sont en train de se dessiner.
L’heure est au sauve-qui-peut pour le
clan présidentiel qui ne peut pas faire
face à la situation actuelle. La
révision constitutionnelle va
certainement être remise sur le tapis
très prochainement afin de réhabiliter
la fonction de chef du gouvernement et,
pourquoi pas, nommer un vice-président.
Quel qu’il soit, celui qui assumera la
fonction présidentielle devra gérer une
période de crise profonde pour la simple
raison que les criquets (Saïd, Haddad,
Saïdani et toute la clique des
corrompus) ont dévasté le pays et que
d’autres (les terroristes de Deach) se
pressent à nos frontières. Face aux
périls multiples, sécuritaires,
économiques et politiques, l’Algérie a
besoin d’un front interne soudé que le
pouvoir politique actuel n’est pas
capable de générer. Le futur président
héritera donc d’une situation
désastreuse et devra se coltiner les
douze travaux d’Hercule, et sa marge de
manœuvre sera bien moindre que celle
qu’a connue Bouteflika. L’État n’aura
pas d’autre choix que d’opérer la hausse
du prix de l’essence et de prendre des
mesures antisociales qui déplairont à
juste titre au peuple algérien. Le
réveil avec la gueule de bois économique
sera très dur. Se débarrasser de tous
les parasites constitués par les
pilleurs de la nation sera une nécessité
impérative, et pour cela, il faudra une
volonté politique. Dans ce climat tendu,
tous les subterfuges et diversions
n’arriveront pas à flouter la grille de
lecture, à savoir le retour en force
d’Ahmed Ouyahia et de Sellal qui, s’ils
semblent de prime abord concurrents,
s’inscrivent dans une même perspective :
l’après-Bouteflika. Les jours qui
viennent s’annoncent cruciaux, car l’été
algérien est caractérisé par des
rebondissements surprenants. Nous sommes
donc revenus à la case départ, un an
après l’affectation d’une chaise
roulante à la présidence, mais avec du
temps et beaucoup d’argent perdu, et un
peuple désabusé mais qui espère, comme
tous les peuples du monde, voir enfin
son pays avancer sur le chemin du
progrès et figurer à la place qu’il
mérite, après toutes ses luttes et ses
sacrifices, dans le concert des nations.
Mohsen Abdelmoumen
Published in Oximity, June 5,
2015:https://www.oximity.com/article/L-Alg%C3%A9rie-dans-tous-ses-%C3%A9tat-1
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