Interview
Son Excellence le Dr. Nikolaos van Dam :
« Il aurait été préférable de ne pas
intervenir militairement en Libye, car
comme en Syrie, en Irak et au Yémen,
cela s’est avéré être un désastre »
Mohsen Abdelmoumen
Son
Excellence le Dr. Nikolaos van Dam. DR.
Lundi 4 juin 2018
English version here Mohsen
Abdelmoumen : Vous êtes un diplomate
et vous connaissez très bien la région
du Moyen-Orient où vous avez été
ambassadeur des Pays-Bas dans plusieurs
pays. Vous avez aussi été Envoyé Spécial
des Pays-Bas en Syrie. D’après vous, la
solution diplomatique et politique
a-t-elle encore une chance d’aboutir en
Syrie après cette guerre sanglante ?
Son Excellence
le Dr. Nikolaos van Dam : La
question de savoir si une solution
politique est encore possible dépend des
principales parties, syriennes et
étrangères, impliquées directement ou
indirectement, ou par proxy, dans le
conflit. Les objectifs des parties
belligérantes sont si éloignés que la
conclusion d’un compromis semble
extrêmement difficile, sinon impossible,
notamment parce que les parties rivales
continuent en réalité à préférer
s’éliminer mutuellement. Cela fournit un
terrain plus fertile pour une «solution»
militaire, qui finalement ne se révélera
pas être une «solution» durable mais
plutôt un reflet de l’équilibre des
forces militaires.
Ce qui aurait
peut-être pu être réalisé par le
dialogue entre le régime et ses
opposants aux premiers stades de la
révolution syrienne devint de plus en
plus difficile par la suite avec tous
les massacres et destructions qui se
produisirent. Plus la guerre durait,
plus il devenait difficile de négocier
et de parvenir à un compromis. La haine
mutuelle entre les parties en conflit
est immense.
Bien sûr, le
dialogue que je propose depuis plus de
sept ans ne garantit pas le succès, mais
le refus de tout dialogue est une
garantie d’échec, comme nous l’avons vu
au cours des sept dernières années.
La plupart des
opposants syriens à l’époque n’étaient
en mesure d’accepter aucun compromis
avec le régime, non seulement en raison
de leurs sentiments extrêmement hostiles
et de leurs émotions négatives envers le
régime, mais aussi parce qu’ils
s’attendaient toujours à recevoir un
fort soutien militaire et politique
étranger, comme ce fut le cas en Libye,
qui a causé la chute et la mort du
dirigeant libyen Kadhafi. À l’inverse,
le régime abhorrait l’idée de devoir
partager le pouvoir avec ceux qui
tentaient de le renverser et voulait
amener ses représentants les plus en vue
devant la justice internationale.
On pourrait faire
valoir que le régime n’a jamais été
intéressé par un dialogue quelconque qui
aurait pu entraîner des changements ou
des réformes politiques drastiques, mais
il n’a pas été essayé, à mon avis, assez
longtemps. Les efforts sérieux du début
auraient dû être poursuivis. Parfois, il
faut même faire un effort sérieux si
l’on n’est pas pleinement convaincu des
possibilités de réussir.
Plusieurs pays,
dont la Turquie, l’Arabie saoudite, la
Ligue arabe et d’autres, ont en effet
fait de sérieux efforts pour aider à
trouver une telle solution au début.
Mais à partir d’août 2011, divers
dirigeants étrangers, y compris le
président américain Obama et d’autres
ont commencé à demander au président
Bachar al-Assad de se retirer ou de
démissionner et la plupart d’entre eux
ont continué à le faire encore et encore
depuis, bien qu’avec quelques variantes
et changements plus récemment.
De nombreux
politiciens étrangers ont naïvement
espéré que le président Bachar al-Assad
se retirerait volontairement en tant que
président de la Syrie, après toutes les
atrocités que le régime syrien aurait
commises contre les soi-disant
manifestants pacifiques et plus tard
contre les groupes militaires
d’opposition. Avec les principaux
groupes d’opposition syriens, ils ont
demandé à Al-Assad de signer
volontairement son propre arrêt de mort,
parce que le président légal de la
Syrie, selon eux, avait perdu sa
légitimité. C’était cependant
complètement irréaliste en ce sens que
ce qu’ils voulaient – même si cela
pouvait être justifié par leurs opinions
sur la justice et la légitimité – ne se
produirait certainement pas dans la
réalité.
L’alternative était
de vaincre militairement le régime
syrien. Mais l’intervention militaire
directe à l’époque était également
rejetée dans les démocraties
occidentales concernées.
Néanmoins, à titre
d’alternative, divers gouvernements
occidentaux et arabes ont choisi
d’intervenir militairement
indirectement, en armant, en finançant
et en soutenant politiquement les
différents groupes d’opposition syriens.
Cela s’est avéré suffisant pour amener
le régime dans une position militaire
délicate, mais pas assez pour le
renverser. Plus tard, divers pays ont
également commencé à intervenir
militairement directement.
La plupart des
gouvernements occidentaux et arabes ont
affirmé à maintes reprises qu’ils
voulaient une solution politique, ce qui
était vrai en principe. Mais ils
voulaient seulement une solution
politique qui conduirait à un changement
de régime, et cela s’est avéré
impossible sans moyens militaires
suffisants. Les résultats de
l’intervention militaire indirecte ont
été tout aussi désastreux que
l’intervention militaire directe
l’aurait été avec près d’un demi-million
de morts, des millions de réfugiés, un
pays en ruines et une nation en grande
partie détruite.
Vous avez écrit
un livre majeur que je considère très
important pour comprendre ce qu’il se
passe en Syrie «Destroying a Nation:
The Civil War in Syria», traduit
entre autres en langue arabe. D’après
vous, aurait-on pu éviter le scenario
catastrophe qui s’est produit en Syrie ?
Si oui, comment ?
Une des questions
clés dans ce livre est de savoir si la
guerre sanglante en Syrie aurait pu être
évitée, et si elle aurait pu être
prédite. Ma réponse est que c’était
inévitable et que l’on pouvait s’y
attendre. Ce qu’on ne pouvait pas
prédire, cependant, ce sont les effets
désastreux de ce qu’on appelle le
printemps arabe et l’ingérence étrangère
dans la guerre syrienne qui a débuté en
2011.
Déjà, bien avant
2011, nous avons vu comment, à maintes
reprises, le régime baathiste a traîté
impitoyablement toutes les menaces
contre lui, que celles-ci aient été
imaginées ou réelles : les opposants au
régime ont été emprisonnés, torturés,
tués, assassinés, ou se sont suicidés
avec plus d’une balle, ou ont été
traités par d’autres moyens répressifs.
Une dictature
brutale avec des caractéristiques et des
comportements tels que le régime
baathiste syrien, ne pouvait
raisonnablement pas être censée
abandonner le pouvoir volontairement à
la suite de manifestations pacifiques,
comme celles qui ont commencé avec la
révolution syrienne en 2011. On ne
pouvait pas non plus espérer que le
régime abandonnerait volontairement son
pouvoir à la suite d’une guerre par
procuration féroce sur le territoire
syrien qui a été encouragée et soutenue
militairement et financièrement par des
mandataires régionaux, comme la Turquie,
l’Arabie saoudite et le Qatar, ou des
pays occidentaux comme les États-Unis,
la Grande-Bretagne et la France. J’ai
prédit il y a plus de deux décennies,
dans mon livre précédent « The
Struggle for Power in Syria » – et
ce n’était pas si difficile à prédire –
que tout effort pour effectuer un
changement de régime entraînerait (et
devrait entraîner) d’énormes effusions
de sang. Et c’est ce que nous avons vu
au cours des années depuis le début de
la révolution syrienne et nous en sommes
encore témoins aujourd’hui. Ceux qui ne
s’attendaient pas à un bain de sang
aussi important ne connaissaient pas
assez l’histoire syrienne ou souffraient
d’une overdose de vœux pieux, ou les
deux.
Comme on pouvait
s’y attendre, le régime syrien a saisi
tous les moyens possibles pour rester au
pouvoir. Sa stratégie d’alliances
temporaires dans le but de monopoliser
le pouvoir s’est répétée à diverses
occasions depuis 1963 jusqu’à
aujourd’hui, également pendant la guerre
syrienne qui a débuté en 2011. Cela
n’avait pas toujours d’importance pour
les dirigeants baathistes de se demander
s’ils allaient former des alliances avec
d’autres partis qui n’étaient pas du
tout idéologiquement proches d’eux, ou
même avec des partis qui étaient en fait
leurs ennemis, aussi longtemps qu’ils
pourraient atteindre leur objectif
principal, qui était de rester au
pouvoir et de le monopoliser. C’était la
fin qui justifiait tous les moyens.
Si les pays
occidentaux et arabes n’avaient pas
interféré avec leurs livraisons d’armes
et leur soutien militaire contre le
régime syrien, l’opposition syrienne
aurait bien sûr déployé de sérieux
efforts pour renverser le régime,
inspiré par les développements en
Tunisie, Libye et Egypte. Après tout,
les dirigeants de ces trois pays avaient
été renversés après des manifestations
massives et, dans le cas de la Libye,
après une intervention militaire
directe. Sans ingérence étrangère,
cependant, l’insurrection de
l’opposition aurait très probablement
été violemment réprimée beaucoup plus
tôt, à la suite de laquelle beaucoup
moins de victimes seraient tombées. Il
n’y aurait pas eu autant de millions de
réfugiés qu’il y en a maintenant, et le
pays serait moins en ruines. Oui, la
dictature syrienne aurait continué sans
relâche tout aussi bien, mais elle se
poursuit maintenant, et dans des
circonstances bien pires.
À mon avis, il
aurait mieux valu que les pays étrangers
reculent dans la guerre syrienne et
restent à l’écart, plutôt que d’essayer
d’imposer une solution avec des moyens
militaires insuffisants, avec les
conséquences désastreuses que nous
connaissons aujourd’hui.
Je trouve votre
article écrit en mai 2014 « Syria:
The West Should Stop Raising False
Expectations »
toujours d’actualité. D’après vous, le
but des Occidentaux n’était-il pas
seulement de faire changer le régime
d’Al-Assad sans avoir un plan bien
précis, ce qui a mené au chaos actuel ?
Même après sept
années de guerre sanglante et quelque
500 000 morts, beaucoup de politiciens
occidentaux et arabes ont encore
tendance à être aveuglés, dans une
certaine mesure au moins, par un vœu
pieux, à la suite duquel ils continuent
officiellement à aborder le conflit en
Syrie sur un terrain soi-disant moral.
Ils n’ont jamais été prêts à accepter la
réalité de base, qui veut qu’avec une
volonté limitée et des moyens limités,
seuls des objectifs limités peuvent être
atteints. Divers politiciens occidentaux
et arabes ont ainsi indirectement aidé
la guerre à continuer avec tous ses
morts, ses réfugiés et sa destruction.
Je ne suis pas au
courant d’un plan clairement défini des
pays occidentaux et arabes pour aider à
parvenir à une solution politique. Oui,
il y a, bien sûr, des principes et des
objectifs spécifiquement définis, dont
certains ont été définis dans le
Communiqué de Genève (2012) et les
résolutions du Conseil de sécurité des
Nations Unies, comme la résolution 2254,
mais il n’y a pas de plan clair sur la
manière d’atteindre concrètement les
objectifs proclamés de manière
pacifique, en tenant compte des
positions des parties impliquées qui
bloquent tout compromis politique.
En effet, la guerre
a été initiée (en réaction aux atrocités
du régime) sans toutefois disposer de
moyens suffisants et d’une planification
suffisante pour que cette guerre contre
le régime puisse réellement être gagnée.
Avant de s’engager dans la guerre, les
pays étrangers interférents auraient du
étudier suffisamment la situation
militaire pour être sûrs que leurs
alliés syriens avaient une chance
réaliste de l’emporter, mais apparemment
ils ne l’ont pas fait. Pour être capable
de vaincre et de tuer un lion, il faut
être sûr d’être le plus fort et le mieux
armé, afin d’éviter d’être vaincu et
tué.
Que pensez-vous
de l’abandon de l’accord du nucléaire
iranien par Donald Trump et quel sera,
d’après vous, l’impact d’un tel retrait
sur la région ?
Le retrait de
l’accord nucléaire avec l’Iran par le
président américain Donald Trump est
extrêmement dangereux, notamment parce
que la position américaine semble en
outre viser une sorte de changement de
régime en Iran. Les soi-disant
«expériences» de «changement de régime»
ailleurs se sont le plus souvent soldées
par des catastrophes. Les
exemples de l’Afghanistan, de l’Irak, de
la Libye, de la Syrie et du Yémen (sans
parler du Vietnam, du Laos et du
Cambodge) devraient être suffisamment
clairs, mais différents politiciens
occidentaux et arabes se sont révélés
incapables d’en tirer des leçons. Les
États-Unis veulent négocier un nouvel
accord nucléaire avec l’Iran, mais
seulement si l’Iran fait exactement ce
que les Etats-Unis exigent, et je ne
pense pas qu’il soit réaliste de
s’attendre à ce que cela se produise.
Il y a le phénomène
récurrent que lorsque les politiciens
veulent plus que ce qu’ils peuvent
raisonnablement obtenir, ils finissent
par avoir moins que ce qu’ils avaient à
l’origine. Par conséquent, il vaut mieux
maintenir intact le présent accord
nucléaire avec l’Iran que d’essayer de
le remplacer au prix de nouvelles
violences et déstabilisations au
Moyen-Orient.
Ne pensez-vous
pas qu’il y a un risque de confrontation
directe entre, d’un côté, Les États-Unis
et leurs alliés Israël et l’Arabie
saoudite et de l’autre, la Russie et ses
alliés, tels que l’Iran ?
À l’exception de
certains politiciens en Israël, je pense
que la plupart des pays mentionnés
veulent éviter une confrontation
militaire directe avec l’Iran, mais les
politiques américaines actuelles peuvent
néanmoins entraîner une telle
confrontation. En Syrie, il y a déjà le
danger d’une confrontation militaire
entre les États-Unis et l’Iran, et entre
Israël et l’Iran, sans parler des
affrontements militaires entre d’autres
partis militairement présents en Syrie
et dans la région au sens large.
Vous qui êtes un
diplomate chevronné qui connaissez très
bien le Moyen-Orient, ne pensez-vous pas
qu’il devrait y avoir une issue
politique à la guerre que mène l’Arabie
saoudite au Yémen ?
Bien sûr, il
devrait y avoir une solution politique à
la guerre au Yémen. Cette guerre,
cependant, est un autre exemple des
résultats désastreux de l’intervention
militaire étrangère, qui à son tour sape
les perspectives d’un compromis entre
les Yéménites eux-mêmes. L’intervention
militaire d’un pays au Yémen (en
l’occurrence l’Arabie Saoudite) peut
déclencher une intervention militaire
par procuration d’autres partis
soutenant le camp attaqué par l’Arabie
Saoudite.
L’Europe ne
devrait-elle pas jouer un rôle
géopolitique dans la région qui pourrait
nous éviter une guerre ?
L’Union européenne
devrait bien sûr jouer un rôle politique
pour empêcher de nouvelles guerres dans
la région, mais elle n’a pas les
capacités militaires pour l’imposer. Et
imposer des solutions ne fonctionne
généralement pas si les parties
directement concernées ne sont pas
elles-mêmes suffisamment disposées à
coopérer.
Pensez-vous que
les Européens qui se maintiennent dans
l’accord sur le nucléaire iranien
peuvent combler le vide laissé par les
Américains ?
L’Union européenne
n’a pas les capacités militaires pour
combler le vide laissé par les
Américains. Ce sont les Américains qui
devraient s’en tenir à l’accord qu’ils
ont eux-mêmes signé.
À votre avis, le
moment n’est-il pas venu pour un monde
multipolaire où des puissances comme
l’Union européenne, la Chine, la Russie,
devraient s’impliquer de façon à ne pas
laisser les Américains décider seuls de
l’avenir de l’humanité ?
C’est plus facile à
dire qu’à faire. Tout cela dépend dans
une large mesure du pouvoir militaire et
économique des pays concernés, et
surtout de leur leadership politique.
C’est le peuple des États-Unis qui a
choisi démocratiquement le président
américain, pas nécessairement sur des
thèmes de politique étrangère, mais
plutôt sur des questions nationales.
Néanmoins, le président américain, après
avoir été élu démocratiquement dans son
propre pays, décide de manière
autoritaire sur beaucoup de questions
étrangères au détriment des peuples non
américains qui n’ont pas eu leur mot à
dire dans son élection. Le Président
américain remplit ses promesses
électorales nationales en se retirant de
l’accord nucléaire avec l’Iran et en
déplaçant l’ambassade des États-Unis en
Israël à Jérusalem, et ainsi, d’une
manière dite « démocratique », viole le
droit international et les accords
internationaux. Le droit international
et les accords devraient avoir la
priorité sur les promesses électorales
nationales.
En tant que
diplomate, vous avez connu un pays comme
la Libye qui est devenue aujourd’hui un
sanctuaire pour les terroristes, mettant
en danger tous les pays d’Afrique du
Nord et du Sahel. Peut-on espérer une
solution politique à la crise libyenne
et quels sont, à votre avis, les pays
qui pourraient jouer un rôle-clé dans le
processus politique ?
L’intervention
militaire des pays occidentaux et arabes
a contribué à une nouvelle guerre civile
en Libye, qui dure depuis plus de sept
ans et a fortement divisé le pays. Cela
a donné lieu à un nouveau terrorisme, à
une instabilité accrue dans la région, à
une vague de réfugiés qui traversent la
Libye vers l’Europe, à la traite des
esclaves parmi les réfugiés, etc.
L’intervention
militaire étrangère en Libye, en vertu
du principe des Nations Unies sur la
responsabilité de protéger, aurait
nécessité une gigantesque opération
militaire de plusieurs années pour
laquelle aucun pays occidental n’a été
préparé. C’est l’une des raisons pour
lesquelles il aurait été préférable de
ne pas intervenir militairement en
Libye, car comme en Syrie, en Irak et au
Yémen, cela s’est avéré être un
désastre.
Une solution
politique ne sera probablement possible
que si les principaux partis acceptent
un leadership commun, mais ils veulent
tous dominer eux-mêmes. Par conséquent,
il est difficile d’identifier clairement
les pays qui pourraient jouer un
rôle-clé dans le processus politique
libyen. Ce devrait être une solution
politique libyenne dans laquelle l’ONU
pourrait jouer un rôle d’intermédiaire.
Ne pensez-vous
pas qu’en ne respectant pas l’accord sur
le nucléaire iranien, les États-Unis
risquent de perdre toute crédibilité et
de ne pas pouvoir conclure d’autres
accords et traités dans le futur ?
Le retrait des
États-Unis de l’accord nucléaire iranien
a rendu encore plus difficile la
conclusion de transactions fiables
futures dans lesquelles les États-Unis
sont impliqués. En fait, les États-Unis
ont déjà perdu une certaine crédibilité
bien avant. Par exemple, dans le
prétendu processus de paix au
Moyen-Orient, les États-Unis n’ont
jamais vraiment été un intermédiaire
honnête, en raison de leur position
pro-israélienne, qui est en partie le
résultat du puissant lobby pro-israélien
aux États-Unis. Néanmoins, les
États-Unis restent un pays-clé qui est
nécessaire pour aider à réaliser une
solution politique, juste parce qu’ils
ont les moyens de forcer Israël à un
compromis avec les Palestiniens.
Un autre exemple
est que le président Obama n’a pas agi
contre le régime syrien après que
celui-ci aurait apparemment utilisé des
armes chimiques en été 2013, traversant
ainsi les soi-disant «lignes rouges» du
président Obama. Les États-Unis n’ont
pas réagi militairement, même si cela
avait été suggéré. Cela a sérieusement
miné la crédibilité des États-Unis et
démontré que leurs menaces n’avaient pas
de dents. Une intervention militaire
totale en Syrie aurait été imprudente à
mon avis, compte tenu des conséquences
graves probables (comme ce fut le cas en
Irak après l’intervention militaire
américano-britannique de 2003 et en
Libye en 2011, ainsi qu’en Afghanistan).
Cependant, menacer d’une intervention
militaire, même si ce n’est que de
manière implicite, et par la suite ne
pas l’exécuter, a fortement miné la
crédibilité des États-Unis et des pays
occidentaux en général. De plus, ils ont
donné l’impression au régime syrien
qu’il pouvait s’en tirer avec presque
rien.
Interview
réalisée par Mohsen Abdelmoumen
Qui est Son
Excellence le Dr. Nikolaos van Dam ?
Son Excellence le
Dr. Nikolaos van Dam est un spécialiste
de la Syrie et du Moyen-Orient et un
ancien Ambassadeur des Pays-Bas en Irak,
en Égypte, en Allemagne et en Indonésie.
Il a étudié les Sciences Politiques et
Sociales à l’Université d’Amsterdam, y
compris les Relations Internationales et
l’Histoire du Moyen-Orient moderne,
ainsi que la langue arabe et l’Islam, il
a reçu son doctorat en Sciences
Politiques et Sociales avec distinction
en 1973. Il a reçu le titre de Docteur
en Littérature à l’Université
d’Amsterdam en 1977, après avoir soutenu
avec succès sa thèse sur Le rôle du
sectarisme, du régionalisme et du
tribalisme dans la lutte pour le pouvoir
politique en Syrie.
Le Dr. van Dam a
enseigné l’histoire moderne du
Moyen-Orient à l’Université d’Amsterdam
en 1970-1973, fait des recherches sur le
terrain en Syrie, en Irak, au Liban et
en Jordanie en 1970-1975, était membre
du personnel du Département de
l’assistance technique internationale du
Ministère des affaires étrangères des
Pays-Bas, s’occupant du Yémen en
1975-1976, membre de la section
Moyen-Orient du ministère des Affaires
étrangères des Pays-Bas en 1976-1980,
premier Secrétaire à l’ambassade des
Pays-Bas à Beyrouth, couvrant le Liban,
la Jordanie, les territoires
palestiniens occupés (Cisjordanie) et
Chypre en 1980-1983, Chargé d’Affaires
a.i. des Pays-Bas à Tripoli (Libye) en
1983-1985, Directeur adjoint des
Affaires Africaines et du Moyen-Orient
au ministère des Affaires étrangères des
Pays-Bas en 1985-1988, Ambassadeur des
Pays-Bas à Bagdad, en Irak, en
1988-1991, Ambassadeur des Pays-Bas au
Caire, couvrant l’Égypte et les
territoires palestiniens occupés en
1967, en 1991-1996, Ambassadeur des
Pays-Bas à Ankara, couvrant la Turquie
et l’Azerbaïdjan en 1996-1999,
Ambassadeur des Pays-Bas à Bonn et
Berlin, Allemagne en 1999-2005,
Ambassadeur des Pays-Bas à Jakarta,
couvrant l’Indonésie et le Timor-Leste
en 2005-2010, Ambassadeur des Pays-Bas
auprès de l’ASEAN (2010). En 2011, il a
été membre du Conseil Consultatif
néerlandais pour les Affaires étrangères
de la Commission pour la Paix et la
Sécurité, membre du Conseil de la
Fondation The Oriental Institute
de Leiden et membre du Conseil
consultatif pour l’Éducation et la
Recherche de l’Institut néerlandais des
Relations internationales de
Clingendael. En 2012, il a été membre du
conseil consultatif du The Rights
Forum et membre du conseil
d’administration de la Indonesia
Nederland Society. En 2015-2016, Dr.
van Dam était Ambassadeur Envoyé Spécial
pour la Syrie.
Le Dr. Van Dam a
reçu de nombreuses décorations:
Chevalier de l’Ordre d’Orange Nassau –
Pays-Bas (1983), en reconnaissance de
son rôle de chargé d’affaires a.i. au
Liban pendant l’invasion israélienne de
1982 ; Officier de l’Ordre d’Orange
Nassau – Pays-Bas (1991), en
reconnaissance de son rôle d’ambassadeur
en Irak pendant la guerre du Golfe en
1990 ; Grand Officier de l’Ordre du
Mérite du Grand-duché de Luxembourg
(2003), en reconnaissance de son rôle de
représentant de la Présidence
luxembourgeoise européenne en Turquie en
1997; Croix du Chevalier-Commandeur de
l’Ordre du Mérite de la République
Fédérale d’Allemagne (2005), après avoir
été ambassadeur en Allemagne pendant
près de sept ans.
Il parle plusieurs
langues: arabe, néerlandais, anglais,
français, allemand, indonésien et
espagnol.
Le Dr. van Dam a
pris sa retraite le 1er août 2010, en
tant qu’Ambassadeur le plus ancien des
Pays-Bas (22 ans) au plus haut grade.
Il est l’auteur de
plusieurs ouvrages, dont : “Destroying
a Nation: The Civil War in Syria”,
London & New York (I.B. Tauris), 2017,
aussi disponible en e-book ; The
Struggle for Power in Syria: Politics
and Society under Assad and the
Ba’th Party, Fourth Edition, London
& New York (I.B. Tauris), 2011,
disponible en e-book ; Al-Sira’ ‘ala
al-Sultah fi Suriyah: al-Ta’ifiyah wa
al-Iqlimiyah wa al-‘Asha’iriyah fi al-Siyasah,
First Authorised Electronic Edition,
Jakarta, 2007, publié en deux éditions
préalables au Caire (Maktabat Madbuli),
1995 ; Suriye’ de ! ktidar Mücadelesi,
Istanbul (Ilitisim Yayinlari), 2000 ;
De Vrede die niet kwam. Twintig jaar
diplomaat in het Midden-Oosten,
Amsterdam (Bulaaq), 1998 (& Jan Keulen),
aussi en audio book et en Braille,
Nijmegen (Stichting Bibliotheek Le Sage
ten Broek), 1998 ; Hulanda wa
al-‘Alam al-‘Arabi: Mundhu al-Qurun al-Wusta
hatta al-Qarn al-‘Ishrin (ed.),
Lochem (De Tijdstroom), 1987 ; De Rol
van Sektarisme, Regionalisme en
Tribalisme bij de Strijd om de Politieke
Macht in Syri‘ (1961-1976), thèse de
doctorat, Université d’Amsterdam, 1977.
Le site officiel de Son Excellence
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