Algérie résistance
Est-ce une fatalité d’être dominé par
l’Occident ?
Mohsen Abdelmoumen
Photo:
D.R.
Lundi 3 novembre 2014
Une lecture plus qu’évidente s’impose
à la lumière de l’actualité, dont les
événements quasi quotidiens nous
confirment que, nous, populations
d’Afrique et du monde arabo-musulman,
sommes des éternels colonisés. En effet,
nous ne pouvons que constater que
l’Occident nous dirige toujours après
des siècles de sang et de larmes, et que
les traîtres de chez nous favorisent la
prospérité et le travail des Lawrence
d’Arabie modernes. L’Occident nous
invente des printemps et des hivers
« démocratiques » à sa guise, nous
engluant dans la colonisation des quatre
saisons en créant des concepts de
révolutions arc-en-ciel. Qu’en est-il de
nous dans ce processus ? Si les
Occidentaux se sont faufilés dans la
faille de nos guéguerres
confessionnelles, ethniques, raciales,
tribales, pour mieux nous dominer, que
faisons-nous pour nous affranchir de
leurs nouvelles chaînes ? Sentons-nous
au moins à quel point nous sommes
asservis ? Rosa Luxembourg ne
disait-elle pas déjà à l’époque :
« celui qui ne bouge pas ne sent pas ses
chaînes »? Nous ne faisons que
gesticuler, inconscients d’être un
élément docile dans le dispositif des
Occidentaux, c’est-à-dire un tas de
pions sur un échiquier, nous bornant à
nous lamenter sur notre sort en
pataugeant dans un sous-développement et
une décadence inavoués.
Les
exemples sont multiples et se
manifestent clairement dans le cas de la
Tunisie où, après nous avoir vendu un
printemps sans hirondelles mais rempli
de chauve-souris, le service après-vente
du capital a voulu nous éblouir avec un
soi-disant renouveau en ne trouvant rien
de mieux que de ramener sous les feux de
la rampe un dinosaure de 88 ans resurgi
de l’ère Bourguiba et qui, par-dessus le
marché, était chef de la police de
celui-ci. Cela rend espoir à tous les
despotes de la région, vieillards
cacochymes, qui peuvent à nouveau
espérer une deuxième jeunesse et garder
le pouvoir éternellement. Pourquoi ne
pas ressusciter Bourguiba tant qu’on y
est ? Bien évidemment, tout le monde
doit suivre la cadence et s’émouvoir de
cette grande épopée démocratique qui
consiste à nous replonger dans un passé
lointain pour vivre notre présent. On
sort des gens du congélateur pour les
remettre sur scène et… bonne route.
Sommes-nous donc condamnés à reculer
pour avoir l’impression d’avancer ?
C’est ce que semble nous dire l’Occident
en voulant nous coller comme modèle le
laboratoire tunisien sans nous informer,
bien entendu, de la rencontre de
Ghannouchi avec Béji Caïd Essebsi à
Paris bien avant les récentes
« élections ». Mais, bon sang, pourquoi
toujours Paris ou, quand ce n’est pas
Paris, c’est Londres ou Washington ?
Pourquoi devons-nous chaque fois aller
valser à Vienne pour gérer notre cuisine
interne ? Que s’est-il déroulé lors de
cette réunion secrète entre Ennahdha et
Nidaa Tounes à Paris, dont rien n’a
filtré, ni dans les medias ni chez les
politiques ? C’est pourtant là que s’est
joué l’avenir de la Tunisie, avec des
hommes du passé. Pourquoi Ennahdha ne
présente-t-il pas de candidat aux
présidentielles prochaines ? Est-ce
normal pour la deuxième force politique
en Tunisie ? Cela fait-il partie du deal
qui a eu lieu à Paris ? L’arrivée au
pouvoir d’Ennahdha, membre de la Troïka,
a été sanglante, rappelons-nous les
attentats et les prêches dans les
mosquées contre les opposants politiques
inscrits dans sa liste des personnalités
à éliminer et dont certains ont été
assassinés. Qui a envoyé, via la Turquie
d’Erdogan, grand frère de la confrérie
des Frères musulmans, des milliers de
Tunisiens et Tunisiennes faire les
divers djihads, allant de celui du nikah
à celui des égorgements, si ce n’est
Ennahdha que l’on cherche à nous
présenter aujourd’hui comme un parti
acceptable ? Où vont échouer ces
milliers de terroristes tunisiens, une
fois leur mission terminée en Syrie ?
Qui a encouragé le terrorisme en
Tunisie, sinon Ennahdha qui joue
maintenant l’apaisement et qui prétend
se positionner en arbitre d’un
gouvernement national voulu par ses
maitres occidentaux ? Ghannouchi
n’a-t-il pas déclaré que la Tunisie
était une terre de transit pour tous les
djihadistes ? Transit pour aller où ?
Vers la Syrie, la Libye, ou l’Algérie ?
En faisant profil bas depuis un bon
moment, ce qui n’est pas dans ses
habitudes ni dans celles de ses maîtres
qataris et saoudiens, Ghannouchi a évité
de reproduire les fautes de ses frères
algériens mais, quoi qu’il fasse, il
reste un terroriste rusé qui attend son
heure. Les Occidentaux, après l’échec de
leur chaos créatif en Libye, en Syrie,
au Yémen, au Soudan, etc. veulent coûte
que coûte nous faire miroiter le modèle
tunisien en nous l’agitant sous le nez
comme une promesse de transition
aboutie. C’est du déjà vu. Ils essaient
de nous faire admettre que la Tunisie
est le laboratoire qui a réussi les
tests. Sommes-nous donc des rats de
laboratoire ? Effectivement, le chaos
libyen n’offre pas d’autre choix à
l’Occident que de nous vanter les
charmes des reliques purulentes d’un
printemps maudit. Il faut sauver les
meubles face au fiasco qui a détruit des
pays, et l’exploitation du « modèle »
tunisien est essentielle dans l’agenda
et le calcul de l’Occident qui nous
fabrique ainsi un nouveau scenario, même
s’il exhale des relents pestilentiels.
Applaudissez bonnes gens, les
chancelleries occidentales en ont décidé
ainsi et nos peuples, quantité
négligeable réduite à l’état de tubes
digestifs, sont destinés à animer les
printemps de l’impérialisme et du grand
capital qui s’accommodent de tout,
travaillent avec n’importe qui, y
compris les pires crapules, mais surtout
pas avec de vrais patriotes qui
revendiqueraient d’être les égaux de ces
Occidentaux. Tout est bon, sauf des
patriotes au pouvoir susceptibles
d’exiger une indépendance réelle et non
pas illusoire.
Autre cas, autres circonstances : les
récents événements au Burkina Faso où le
peuple dans sa totalité n’a pas pu
obtenir de Blaise Compaoré ce qu’a
produit la lettre de sommation de
François Hollande lui ordonnant de
quitter le pouvoir immédiatement.
Compaoré s’est exécuté illico presto et
a rejoint la Côte d’Ivoire, autre
contrée qui mériterait d’être rattachée
au Bois de Boulogne. La France commence
à évoquer les printemps « noirs », via
ses médias mainstream à la solde du
grand capital. Il faudra donc s’attendre
à un effet boule-de-neige concernant les
despotes que la France a placés en
Afrique et qu’elle va certainement
recycler dans un futur proche. On
pourrait appeler cela un renouvellement
du personnel nommé par la France à la
tête de certains Etats africains.
Nouvelle conjoncture, nouveaux larbins.
Non content de sa récente prestation
dans les affaires internes du Burkina
Faso, le président « normal » François
Hollande, qui s’est distingué par un
règne cauchemardesque pour la population
française, a offert à son peuple une
conférence de presse digne d’Halloween
avec Erdogan « le Magnifique », sans
avoir besoin du célèbre déguisement de
clown. Merdogan n’a pas hésité à
gémir comme il sait si bien le faire et
à se plaindre à ses amis de l’Otan pour
leur reprocher de ne pas avoir bombardé
toute la Syrie et d’avoir restreint
leurs bombardements sur Kobané
uniquement. L’œil d’Erdogan n’est pas
fixé que sur « l’Œil des Arabes » (ndlr :
Aïn al-Arab, nom arabe de Kobané) mais
sur toute la Syrie et, dans cette
optique, il offre une assistance
diversifiée à ses amis de Daech-ISIS.
Rappelons – c’est devenu un secret de
polichinelle – les rapports étroits
entre Erdogan et Daech-ISIS dont nous
avons bien du mal à énumérer toutes les
transactions allant du pétrole et du gaz
irakien qu’il vend pour ses copains
coupeurs de têtes qui enrichissent les
banques turques, jusqu’aux divers
trafics qu’il entretient, lui qui a
profité de la destruction totale de
l’industrie textile syrienne, fleuron de
ce pays, profitant du séisme qu’a vécu
la Syrie. Tel un charognard, Erdogan
s’engraisse de la destruction massive de
l’Irak et de la Syrie, et il en demande
davantage à ses maîtres occidentaux. Les
Américains et leur coalition de pantins,
quant à eux, nous ont offert
la « blague » de l’année qui consiste à
larguer des armes et des munitions à
Daech-ISIS en faisant porter le chapeau
à la météo et en nous faisant croire
qu’ils ont fait une erreur de ciblage.
Tout le monde sait que Daech-ISIS est le
monstre de Frankenstein des USA, il est
inutile de nous raconter des histoires à
la Belle au Bois Dormant en publiant des
bulletins météo de l’OTAN. Chacun sait,
à moins d’être le dernier des abrutis,
que les USA sont les créateurs du
terrorisme islamiste, socle sur lequel
repose la stratégie de domination du
monde arabe. Il faudrait cesser
d’insulter ce qu’il nous reste de
neurones en essayant de nous faire gober
des couleuvres. Kobané restera une plaie
béante dans l’histoire de l’Occident,
car elle a été sacrifiée malgré la
puissante machine de guerre surnommée
« la coalition » qui a derrière elle le
soutien d’une armada de médias
mainstream. Une fois de plus, les
Occidentaux nous ont prouvé qu’ils font
tout, excepté combattre le terrorisme.
Qu’y a-t-il de plus ridicule que de
vendre cette marchandise avariée qui
consiste à prétendre que Daech-ISIS
serait plus puissant que la coalition de
l’OTAN ? Nous ne sommes pas dupes de ces
mensonges, nous avons bien compris que
les Occidentaux ne veulent pas tuer
leurs amis et ceux d’Israël. Qu’ils
cessent leurs bombardements
« démocratiques » sur cette ville qui ne
servent qu’à faire diversion et à
brasser du vent. Le combat
antiterroriste, c’est tout sauf ce
qu’ils font en ce moment à Kobané où des
jeunes femmes tiennent tête aux hordes
barbares créées par l’Occident et
donnent des leçons de bravoure à des
armées qui n’ont jamais gagné aucune
guerre. Vous, les dirigeants de l’OTAN,
le sacrifice de ces femmes qui se font
exploser pour échapper à vos monstres de
Daech-ISIS vous empêche-t-il de
dormir la nuit ?
Voilà le venin que l’Occident a voulu
répandre dans le corps de tout le monde
arabe et de tous les pays
sous-développés. Ainsi va le monde
arriéré dans lequel nous pataugeons : de
transitions en fausse couches de
printemps hivernaux, tant que le capital
prospère, circulez, il n’y a rien à
voir. Pourquoi nos peuples abusés
désabusés se laissent-ils manipuler et
pourquoi, à chaque fois qu’ils remuent
un orteil, on leur ressort la stabilité
et la sécurité ? Mais stabilité et
sécurité de qui et de quoi ? Bien sûr,
on sait à qui profite le crime.
Cependant, arriver au point où nos chefs
d’Etat se baladent en chaise roulante ou
avec des cannes et exécutent au doigt et
à l’œil les murmures de Fafa (ndlr :
nom algérien de la France), juste
les murmures, ne laisse pas
d’étonner. Paris éternue et nous chopons
un rhume. Nous sommes des peuplades
errant à travers le temps, tels des
fantômes qui se baladent entre les
différentes dimensions. Nos présidents
vieux, sales et moches, et nos
gouvernements nous baratinent tout en
obéissant à l’Occident, et nous sommes
incapables de les faire déguerpir ou de
les dégager, car nous subissons une mort
qui nous ravage de l’intérieur. En
Algérie, les sourires des enfants de
Novembre se sont éloignés du rivage
d’Alger et les ténèbres des chacals de
tous bords ont envahi le ciel lumineux
de notre patrie. La terre des vaillants
guerriers est entrée en léthargie par
l’impotence et l’avidité d’un groupe de
personnes et de la bourgeoisie
compradore qui a livré notre pays à la
France sans aucun remords en perdant
toute dignité, profitant de la lassitude
du peuple à guerroyer comme il l’a
toujours fait contre les ennemis de la
nation, dont ces nouveaux riches sont
l’étendard et qui pillent et volent
notre nation. Pourquoi nous cantonner
dans les réflexes du colonisé, nous qui
avons croisé le fer avec tant de nations
conquérantes, pourquoi la chaise
roulante a-t-elle eu raison de nos rêves
révolutionnaires, et pourquoi nous
cantonne-t-elle dans le régionalisme, la
corruption et le clientélisme ? Où est
la fêlure ? Allons-nous rester figés
dans une Histoire en mouvement pour
ensuite revenir au congélateur et
ranimer des surgelés politiques ?
Pourquoi ces régressions perpétuelles
infécondes qui font de nous des pays en
voie de disparition ? Le Soudan a
éclaté, ainsi que l’Irak, la Syrie, la
Libye, le Yémen, et la liste est
ouverte, n’en déplaise à ceux qui se
cantonnent dans leur aveuglement
politique en espérant tirer profit de
leurs maîtres occidentaux, alors que
ceux-ci ont montré à maintes reprises
qu’ils sacrifieront sans état d’âme tous
leurs larbins, une fois leur utilité
passée, pour sauvegarder leurs intérêts.
Quant à nous, les peuples, nous devons
prendre conscience que la destruction de
nos pays d’une manière directe ou
indirecte est devenue un objectif
stratégique du capital et de
l’impérialisme, pendant que certains
s’accrochent au pouvoir, rivalisant pour
plaire à l’Occident. Ces dirigeants
politiques qui n’ont rien appris de
l’Histoire sont destinés à disparaître
et à tomber telles des feuilles mortes,
et un court communiqué lu au journal
télévisé de 20 h à Paris ou ailleurs
sera leur seul éloge funèbre. Et nous
continuerons à nous taper dessus,
l’Occident poursuivant sa stratégie en
alimentant nos guerres confessionnelles,
ethniques, tribales, et autres querelles
de basse-cour. Et nous persisterons à
fermer les yeux et à écouter les
chuchotements de Paris, de Londres et de
Washington, au grand bonheur d’Israël
qui se délecte de notre putréfaction et
de notre enthousiasme à aller en
chantant vers l’abattoir et à participer
au démantèlement de nos Etats, chacun
comme il peut, jusqu’au jour où l’entité
sioniste d’Israël deviendra le plus
grand pays du Moyen Orient. En espérant
l’éveil qui n’est pas pour demain,
puisque nos partis, nos élites, nos
opposants, et toute notre société civile
sont hors-jeu, nous attendrons Godot le
temps qu’il faut, car dans notre
détresse immense, s’il y a bien une
chose que nous savons faire, c’est de
patienter.
C’est comme si nous avions affaire à
des nations de spectateurs qui se
regardent mourir. Chez nous, c’est tous
les jours Halloween entre les coups
d’Etat, les destitutions, et autres
catastrophes. Seuls sont préservés les
pays des Bédouins niqueurs de chameaux
où la modernité se résume à construire
des buildings géants et où la femme n’a
pas le droit de conduire une automobile,
où la loi de kafala archaïque
règne en maître et où les débats sociaux
se limitent à discuter sur la manière
correcte de faire les ablutions, où
n’existe aucune créativité, sauf dans la
consommation de ce que l’Occident
produit. Le génie d’antan a abandonné
nos contrées arides et nous sommes
devenus des peuples et des nations
maudites, où l’on continue à lapider
l’intelligence, à emprisonner ou
assassiner tout ce qui est moderne et
progressiste en nous. Nous nous
précipitons sur les concepts-pièges
concoctés par l’Occident et, telle une
bête primitive, nous les rongeons comme
des os jetés par le maître blanc.
Traînez vos carcasses, peuples maudits,
aucun Eden ne vous accueillera, vous qui
aimez assassiner, lapider, décapiter,
dans un train-train quotidien monstrueux
en vous accrochant à des pouvoirs
illusoires à la solde de l’Occident qui,
même dans ces heures sombres où la crise
du capitalisme a atteint son apogée, a
réussi à vous domestiquer. La seule
lueur d’espoir ne peut exister que dans
le désespoir, celui-là même qui verra
disparaître tous les peuples et les
nations qui ne méritent pas d’être sur
terre, et à ce moment, vos printemps
seront vos hivers et vos automnes seront
vos étés. Buvez jusqu’à la lie le fiel
des nations et des peuples colonisés.
Les monarchies obsolètes, comme celle du
roitelet du Maroc, au lieu de concentrer
leurs efforts pour améliorer le sort de
leurs peuples, vivent dans des palais
luxueux et dépensent des millions de
dollars dans les casinos occidentaux. Le
roitelet du Maroc a-t-il tenté de
récupérer ses territoires de Ceuta et
Melilla qui sont toujours sous
domination espagnole ? Au lieu de cela,
le Maroc a soudoyé des hauts
fonctionnaires et des journalistes
occidentaux à coup de milliers de
dollars pour défendre les intérêts d’une
classe privilégiée, offrant un pont d’or
à des journalistes américains et
européens pour combattre à travers leurs
articles les revendications de liberté
du peuple sahraoui, qui sera libre tôt
ou tard, que le Maroc le veuille ou non,
et pour contrer l’Algérie. Nul besoin de
recruter à Washington ou à Paris pour
tenter de nuire à l’Algérie, l’ennemi
est à l’intérieur de la maison, sachant
que Hamid Grine, le ministre de la
Communication, de la Publicité et de la
Vertu, de la République Algérienne
Démocratique et Populaire roule pour le
Makhzen. Voilà donc bien des dollars qui
auraient pu être économisés. Les
révélations de notre ami Chris Coleman,
le Snowden arabe, ont fait éclater un
véritable scandale à l’ONU en dévoilant
que l’ambassadeur marocain à Genève
avait réussi à infiltrer l’entourage de
l’ex-Haut Commissaire aux Droits de
l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, offrant
des centaines de milliers de dollars
pour mieux manipuler toutes ses actions
concernant le dossier des violations des
droits de l’homme au Sahara Occidental.
Des membres de son staff, dont le
Suédois Anders Kompass, Directeurs des
Opérations sur le terrain, et le
Sénégalais, Bacre Waly Ndiaye, Directeur
des Procédures Spéciales, participaient
à des réunions à huis clos au siège de
l’ambassade marocaine dans le but de
fournir des informations
confidentielles. Ces centaines de
milliers de dollars ont été dépensés par
le roitelet du Maroc pour contrecarrer
les objectifs de l’ONU et de son envoyé
au Sahara occidental, Christopher Ross,
et pour discréditer le travail des
fonctionnaires honnêtes, enlevant le
pain de la bouche du peuple marocain qui
crève la dalle et qui émigre en masse,
fuyant un roitelet de poche dirigé par
l’Occident et Israël. Toutes ces
pratiques mafieuses montrent l’état de
délabrement de ces monarchies qui ne se
soucient pas de la misère de leur
population. Mohamed VI du Maroc aurait
pu construire des écoles et des usines
pour son peuple, mais non ! Il faut
plaire à l’Occident et à Israël et lui
offrir ses parties charnues. Jusqu’à ce
jour, le Maroc n’a publié aucun démenti
à propos de ces révélations.
Aujourd’hui, nous réclamons notre
statut de colonisés, car comment
pourrions-nous accepter que des pays en
faillite totale nous imposent leur loi,
si nous n’étions pas des peuples
atteints du complexe du colonisé ?
L’Occident se démène dans des crises
systémiques et, malgré cela, nous nous
mettons à genoux devant lui. On est loin
des Phares de Baudelaire mais nous
restons quand même aux ordres, plaçant
nos repères en Occident qui est notre
seul référent à la modernité, cet
Occident restant pour nous, peuples
arriérés, l’unique modèle viable, notre
boussole. Offrant de nous-mêmes notre
cou au bourreau, nous sommes des
syndromes de Stockholm ambulants.
Pourtant il existe d’autres modèles,
comme les pays du BRICS, mais non, notre
étoile reste l’Occident qui s’ingénie à
nous inventer des concepts mortifères à
satiété. Le mot révolution est tellement
vidé de sa substance, on nous l’a servi
à tant de sauces, que le simple fait
d’aller aux chiottes est devenu
« révolutionnaire ». Dans notre
aliénation, nous avons été les piliers
du capital, lui permettant de retarder
son agonie par notre inertie et notre
manque de combativité, voire notre mort
clinique, et l’impérialisme, stade
suprême du capitalisme, va pouvoir venir
nous dépecer tout à sa guise à l’image
de nos tribus, nous transformant en
autant de marchés supplémentaires. Notre
absence de clairvoyance et de
combattivité nous rend directement
responsables de notre disparition
programmée. Les populations occidentales
qui subissent une crise systémique
majeure du capitalisme, permettent au
capital mourant de respirer en acceptant
d’être réduites à la précarité et au
travail en noir massif, et en renonçant
passivement à la destruction de leurs
acquits sociaux que leurs grands-parents
avaient conquis par la lutte, pendant
que nous nous soumettons au sud. Cette
convergence régressive de la société
occidentale en perte de repères et de la
nôtre avec sa mentalité de colonisé et
de sous-développé offre un répit au
capital en déclin. L’inverse serait la
mort immédiate du capitalisme et de
l’impérialisme. Pourquoi le capitalisme,
même laminé de l’intérieur et ne
produisant plus rien, se base-t-il sur
l’individualisme, si ce n’est pour
contrer les forces d’union à travers le
monde ? Il se recycle grâce à nos
déchéances respectives et à la
fragmentation de nos sociétés. Un
travail à l’échelle mondiale avec toutes
les forces anticapitalistes est plus
qu’indispensable pour pousser le capital
dans ses derniers retranchements,
anéantir son mode de fonctionnement
bestial consistant à exploiter l’homme
par l’homme, et y mettre un terme
définitif. Il est plus que jamais
nécessaire d’être internationaliste si
l’on veut exister en tant qu’être
humain. En attendant, le capital survit
grâce au délabrement des forces de
travail et de leur encadrement, que ce
soient les syndicats ou les partis
ouvriers, et grâce au relâchement des
peuples du sud. Les institutions du
grand capital s’alimentent de la
corruption caractérisée des régimes qui
lui sont inféodés, comme nous l’avons
plus haut dans l’exemple du lobbying
marocain auprès de la presse occidentale
et des fonctionnaires de l’ONU. Nos
guerres de primates qui se basent sur la
religion, l’ethnie, l’esprit tribal,
etc. conjuguées à une société
occidentale délabrée livrée à
l’ignorance et à l’analphabétisme
galopant, ont participé à consolider la
mainmise du capital et de son bras armé
l’impérialisme. Tout le monde végète
sous la domination capitaliste en
regardant le dépeçage de pays entiers à
la télévision, le capitalisme misant sur
la division entre les peuples et
amplifiant l’individualisation de la
société, chacun vivant dans la
débrouille et l’indifférence du sort de
son voisin. Tous ces facteurs font de
nous des êtres dominés au lieu d’êtres
des hommes et des femmes libres. Bref,
chacun tapine pour le capital en
chantant « Tout va très bien Madame la
Marquise », et surtout pas
l’Internationale. Les capitalistes sont
plus intelligents que les sociétés
qu’ils dominent, ils offrent
l’apocalypse au sud et la précarité au
nord, et même si la plus-value baisse,
ils la préfèrent à la révolution. Au
lieu d’avoir contre lui des forces de
résistance alliées par la douleur et le
sang versé, le capital s’offre le loisir
de manipuler au gré de son envie des
moutons bêlants. Au nord, c’est :
« consommez pour être heureux », et au
sud c’est : « égorgez-vous les uns les
autres à la grâce de dieu ». Pendant ce
temps, le capitalisme prospère dans un
investissement à court et à moyen terme
sachant que dans le long terme, il est
condamné à mourir par ses propres
mécanismes. Et l’impérialisme mourra
inéluctablement des effets secondaires
de la fin du capitalisme. L’exemple à
suivre nous vient des peuples d’Amérique
Latine qui nous offrent une lueur
d’espoir dans ces ténèbres opaques, et
ce n’est pas un hasard si ces pays qui
ont réussi à s’affranchir du joug de
l’Empire retrouvent la croissance et
l’épanouissement de leurs citoyens. Il
n’est pas trop tard pour les damnés de
la terre de relever la tête, de briser
leurs chaînes et de clamer haut et
fort : « Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous ! ».
Mohsen Abdeloumen
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