Analyse
L’Amérique Latine à nouveau ciblée
par l’Empire US
Mohsen Abdelmoumen
Mardi 3 mars 2015
Le continent sud-américain est dans
la ligne de mire de l’impérialisme US
qui fomente, selon son accoutumée, des
opérations secrètes visant le Venezuela,
le Brésil, l’Argentine, et toute autre
nation refusant de suivre la feuille de
route étasunienne. Tous les coups sont
permis et les USA, renouant avec leur
passé trouble dans la région, concoctent
des coups d’Etat et autres tentatives de
déstabilisation. Dans cette conjoncture
très dangereuse où s’entremêlent le soft
power et les coups tordus de la CIA
allant de la guerre économique à
l’assassinat politique, nous voyons à
quel point les Etats-Unis veulent
changer la carte politique de l’Amérique
Latine qui est entrée dans un processus
durable d’installer des mouvements
progressistes au pouvoir en faussant
tous les calculs étasuniens, déchaînant
ainsi les foudres de l’Empire. La
politique d’agression permanente des
Etats-Unis vise plusieurs objectifs. Il
s’agit de limiter la grande influence
des pays du BRICS à ses portes et
surtout de la Chine, en reproduisant la
vieille méthode des opérations noires de
la CIA qui ont saigné l’Amérique Latine
pendant des décennies. Il faut aussi
briser l’alliance entre les pays du
continent sud-américain qui, désireux de
peser sur l’échiquier des négociations,
se sont groupés dans des organisations
comme le MERCOSUR ou l’UNASUR. Alors
qu’ils sont en guerre un peu partout
dans le monde, les Etats-Unis se
retrouvent isolés sur leur propre
continent, mis à part quelques pays
larbins comme le Canada, le Mexique et
la Colombie, cette dernière étant
devenue une base arrière pour les
opérations de déstabilisation des
gouvernements progressistes
démocratiquement élus.
Véritable
armée aux ordres des agents de la CIA,
les narcotrafiquants de Colombie
financent les opérations secrètes de
l’agence de renseignement US avec
l’argent de la cocaïne, drogue dure qui
empoisonne les gosses de New York et de
Miami. L’Empire a compris qu’il ne peut
pas effectuer des actions de grande
ampleur sans passer par le trafic de la
drogue et permet à la CIA de s’émanciper
du contrôle du Congrès en « se payant
sur la bête » dans l’opacité la plus
complète pour mener la guerre contre les
Etats progressistes d’Amérique Latine.
La fin justifiant les moyens pourvu que
les pays hostiles à la politique
américaine tombent, tous les moyens sont
bons, y compris les milliards de dollars
issus du trafic de la drogue. Cette
stratégie obscure permet à la Maison
Banche de nier sa culpabilité évidente,
puisqu’il s’agit d’opérations
clandestines et qu’aucun budget n’a été
alloué pour ces basses besognes : aucun
budget, donc aucune responsabilité
directe et, en cas d’échec,
l’administration américaine s’en lave
les mains. Le cas du Nicaragua où les
Etats-Unis, via la CIA, finançaient les contras contre
le gouvernement progressiste des
Sandinistes, et relaté par le
journaliste américain Gary Webb retrouvé
« suicidé » par deux balles dans la tête
en 2004, est plus que jamais
d’actualité. La configuration de
l’Afghanistan est un autre exemple
puisque la CIA, grâce à la mainmise sur
le pavot cultivé massivement et les
laboratoires clandestins protégés par le
gouvernement afghan fantoche, détient le
monopole mondial du trafic de l’héroïne.
Personne ne peut démentir la culture
industrielle du pavot en Afghanistan et
le fait que la CIA est devenue le plus
grand dealer d’héroïne de la planète.
Cela explique pourquoi les Etats-Unis ne
quitteront jamais l’Afghanistan, où les
officiers US gèrent les laboratoires de
transformation du pavot en héroïne. Cet
argent frais, immédiatement disponible
et qui ne laisse aucune trace, sert à
des opérations clandestines partout dans
le monde. Le professeur canadien Peter
Dale Scott l’a magistralement démontré
dans ses ouvrages « Drogue, pétrole
et guerre » publié en 2003 et« La
machine de guerre américaine » paru
en 2010.
Quand il s’agit de fomenter des coups
d’Etat et d’éliminer des progressistes,
la CIA réactive ses vieux réseaux de
déstabilisation de l’Amérique Latine,
les narcotrafiquants et les agents de
l’extrême-droite nostalgiques de la
« belle époque » des dictatures
militaires. Non seulement la CIA jouit
d’un budget alloué par le gouvernement
US mais elle détient le monopole des
deux plus grandes drogues de la planète,
l’héroïne d’Afghanistan et la cocaïne de
Colombie, ce qui lui permet de financer
des opérations sans rendre des comptes
au contribuable américain qui, dans ce
cas de figure, ne débourse pas un
centime. Les budgets occultes de la CIA
via son trafic de drogue et ses vieilles
filières en Afghanistan et en Colombie
étant devenus plus importants que le
budget fédéral, et en s’autofinançant
avec l’argent de la drogue, la CIA est
bel et bien un Etat dans l’Etat
échappant à tout contrôle et
représentant un danger considérable pour
l’humanité. Sachant le poids de l’agence
de renseignement américaine dans les
ambassades US à travers le monde, dont
certaines – pour ne pas dire la plupart
– sont véritablement des antennes de la
CIA implantées dans les pays étrangers,
jouir de budgets extra-légaux en dehors
de la finance publique est vital pour
l’aboutissement de toutes les opérations
noires et les coups montés fomentés ici
et là. L’argent est le nerf de la guerre
et l’Empire le sait très bien. En se
lançant dans le trafic de drogue, la CIA
a redoublé d’efficacité et, pour elle,
la drogue est un poison vital. Comme par
hasard, 4000 soldats américains seront
bientôt basés au Pérou pour soi-disant
lutter « contre le trafic de drogue ».
Le Pentagone y a envoyé les 1 et 15
Février deux contingents militaires US
composés d’un peu plus d’une
cinquantaine d’hommes qui resteront
jusqu’en février 2016 pour « former les
forces armées péruviennes dans
l’exécution d’opérations spéciales ». A
quoi rime cette présence militaire au
Pérou ? Depuis quand l’Empire lutte-t-il
contre le trafic de drogue ? Et de
quelles « opérations spéciales »
s’agit-il ? Les USA ont-ils l’intention
d’ouvrir au Pérou des prisons secrètes
comme à Guantánamo pour y pratiquer la
torture en toute impunité ? 3200 autres
soldats US débarqueront prochainement
pour constituer une véritable armée
d’occupation qu’il va falloir surveiller
attentivement, car quand les Etats-Unis
parlent « d’opérations spéciales » et de
« lutte contre le trafic de drogue », on
peut s’attendre au pire.
Un coup d’Etat planifié par les
Etats-Unis, avec la complicité de
l’Europe et d’Israël, prévu pour le 12
février a été déjoué au Venezuela grâce
aux services de renseignement civils et
militaires. 10 personnalités de
l’opposition dont un général de l’armée
de l’air à la retraite ont été arrêtées.
Les putschistes sont passés aux aveux et
ont fait des révélations très graves,
livrant les noms de ceux qui sont
impliqués dans ce scénario effrayant,
dont le maire de Caracas, Antonio José
Ledezma Díaz et le chef du parti Primero
Justicia, Julio Borges. Les sources
vénézuéliennes confirment que
l’ambassade des Etats-Unis à Bogota a
été choisie comme siège central des
opérations, sous les ordres du SOUTHCOM
(US Southern Command) responsable de
toutes les actions militaires en
Amérique centrale, Amérique du sud et
aux Caraïbes. Ricardo Zuñiga, conseiller
spécial d’Obama et directeur aux
affaires interaméricaines, un expert en
opérations subversives et criminelles,
était chargé de conduire l’« Opération
Jericho » avec l’implication d’ONG
rompues au travail de déstabilisation
comme la NED (National Endowment for
Democracy), l’IRI (International
Republican Institute), la NDI (National
Democratic Institute), la Freedom
House de George Soros, et
l’International Center for Non-Profit
Law. « Bon sang ne peut mentir », dit
l’adage : né au Honduras, Zuñiga est le
petit-fils de Ricardo Zuñiga Augustinus,
un politicien du Parti national qui a
soutenu la dictature militaire d’Oswaldo
López. Ricardo Zuñiga a dirigé l’antenne
de la CIA à La Havane de 2009 à 2011 où
il recrutait et finançait des opposants
pour renverser le gouvernement cubain. A
la lumière de ces éléments, les
laboratoires étasuniens
prépareraient-ils un « printemps
sioniste » en Amérique Latine dans la
logique du « chaos créatif » cher à
Condoleezza Rice ?
Le bombardement du Palais
présidentiel, l’Assemblée nationale, la
télévision Telesur, le ministère de la
Défense, le siège de la Direction du
renseignement militaire, le Conseil
national électoral et d’autres sites à
Caracas, la plupart situés dans des
zones densément peuplées, devait avoir
lieu le 12 Février, Journée de la
Jeunesse commémorant la victoire dans la
bataille qui s’est déroulée contre
l’empire espagnol dans la ville La
Victoria en 1814. Cet anniversaire donne
lieu chaque année à de grands
rassemblements et le bombardement prévu
aurait fait un grand nombre de victimes.
Un avion Tucano d’Academi,
ancien nom de la société militaire
privée Blackwater, et peint aux
couleurs de l’armée de l’air
vénézuélienne, devait décoller d’une
base en Colombie pour pilonner plusieurs
sites stratégiques dont le palais
présidentiel, et tuer le président
Nicolas Maduro qui devait être remplacé
immédiatement par María Corina Machado,
l’agent des Américains et ancienne Yale
World Fellow. Les chefs
de la droite vénézuélienne, Maria Corina
Machado, Leopoldo Lopez et Antonio
Ledezma avaient d’ailleurs signé un «
appel pour un accord national de
transition » qui a été publié le 11
février dans le journal El Nacional,
prouvant ainsi leur implication dans le
coup d’Etat. L ‘« accord de transition »
est un plan de démantèlement du projet
socialiste de la Révolution
bolivarienne, visant la privatisation
des industries nationalisées et la
reprise de la PDVSA, l’industrie
pétrolière de l’État. Ce programme
prévoyait aussi de juger les dirigeants
actuels pour crimes. Des vidéos, une
carte des cibles de bombardement et
d’autres éléments de preuve essentiels
ont été dévoilés à la télévision
nationale avec les détails. Le pilote
avait reçu un visa de l’ambassade
américaine à Caracas pour lui-même et
d’autres putschistes, afin qu’ils
puissent s’échapper du Venezuela au cas
où le complot échouerait.
Le président Maduro a fait une
allocution à la télévision nationale
pour révéler les faits et accuser le
gouvernement des États-Unis d’avoir
participé à ce complot. Il a également
déclaré qu’une vidéo réalisée par le
groupe de putschistes devait être
diffusée après la chute du gouvernement,
le script ayant été écrit avec l’aide
d’un conseiller de l’ambassade
américaine. Le maire de Caracas, Antonio
José Ledezma Díaz, a été arrêté le 19
février pour tentative de coup d’Etat.
Ce n’était pas une première pour lui
puisqu’il avait déjà soutenu le coup
d’Etat contre le président Chavez en
2002. Lorsqu’il était gouverneur du
district de Caracas, il avait appliqué
une répression féroce contre les
protestations sociales, visant en
particulier les étudiants et les
journalistes, comme María Verónica
Tessari, journaliste touchée à la tête
par une grenade lacrymogène lors des
manifestations estudiantines du 19 mars
1992, et décédée ce 15 janvier après
sept opérations et une longue agonie, ou
comme la travailleuse Leonarda Reyes,
tuée lors de la répression des
travailleurs de l’informel le 28
novembre 1996. Il a en outre participé
activement à la grève des entreprises
pétrolières qui visaient à renverser le
président Chavez, et aux « guarimbas »
en 2014. Son « palmarès » comprend la
répression sanglante des citoyens, les
crimes, la persécution politique, les
licenciements abusifs, les détournements
de fonds et de biens sociaux, les
malversations, etc. Il est de plus très
lié avec Israël où il a effectué
plusieurs voyages en secret.
Le renversement du gouvernement était
planifié en plusieurs phases, la
première ayant été déclenchée lors du
déplacement du président Maduro à
l’étranger, lorsqu’il faisait la tournée
des pays de l’OPEP, les 5. 6 et 7
janvier. Il s’agissait pour la droite
d’instaurer une déstabilisation
économique en accumulant les produits de
première nécessité afin de provoquer une
pénurie dans les supermarchés, de façon
à propager le mécontentement du peuple
et de l’inciter au pillage. Pendant des
semaines, les Vénézuéliens ont fait la
file devant les magasins vides, les
files d’attente étant infiltrées
d’agents chargés de pousser au pillage,
mais les Vénézuéliens ne se sont pas
laissés manipuler. Le gouvernement a
rétorqué avec l’Opération « Dignité »,
en confisquant les biens amassés pour
les redistribuer à la population à des
prix équitables, tout en arrêtant les
entrepreneurs complotistes. C’est ainsi
que plus de mille tonnes de nourriture
ont été saisies dans un entrepôt
appartenant à une société liée au parti
de droite.
Etrangement, le 5 Février, le
représentant de l’ambassade allemande
avait diffusé une lettre d’avertissement
aux citoyens allemands résidant au
Venezuela, leur recommandant de prendre
des précautions particulières dans le
cas de « troubles politiques comme ceux
qui ont eu lieu au printemps 2014 ». La
lettre suggérait aux ressortissants
allemands de se munir d’un
approvisionnement de deux semaines en
nourriture, eau et produits de première
nécessité. La lettre indiquait également
qu’une perte de l’accès à l’électricité
et Internet était envisageable.
L’ambassade d’Allemagne semblait bien
informée qu’un coup d’Etat allait se
produire.
La deuxième phase consistait à
formuler de fausses accusations
diabolisant le gouvernement vénézuélien
au niveau international. Soutenue par
Washington et les médias internationaux,
la droite vénézuélienne accusait le
gouvernement Maduro de faire vivre à son
peuple une crise humanitaire parce que
la production alimentaire était
paralysée et que les gens n’avaient pas
de quoi se nourrir. Dans cette tentative
de diffamer le gouvernement Maduro,
trois anciens chefs d’Etat
latino-américains, Andres Pastrana de
Colombie, Felipe Calderon du Mexique et
Chili Sebastian Pinera du Chili, sont
arrivés fin janvier au Venezuela pour
visiter le leader de l’opposition,
Leopoldo Lopez, incarcéré et en attente
de jugement pour avoir organisé les
émeutes de 2014, les « guarimbas » qui
ont fait 43 morts et plus de 800
blessés. Les ex-présidents à la solde
des Etats-Unis ont organisé une
conférence de presse pour exiger la
libération de Lopez en accusant le
gouvernement vénézuélien de violation
des droits de l’Homme.
Début février, le président Maduro a
interpelé les Etats-Unis pour qu’ils
cessent leur ingérence et a accusé
Washington d’essayer de corrompre les
fonctionnaires d’Etat pour les inciter à
trahir le gouvernement. Il a également
dénoncé les récentes réunions du
vice-président Joe Biden avec divers
dirigeants latino-américains, au cours
desquelles il leur a déclaré que « Maduro
tomberait bientôt » et qu’il n’y aurait
plus de programme Petrocaribe. Petrocaribe
est le programme vénézuélien qui fournit
le pétrole à des pays des Caraïbes à bas
prix en couvrant 40% de la demande de
pétrole de la région latino-américaine.
Et enfin le coup d’Etat du type
11/09/1973 au Chili, avec le
bombardement prévu le 12 février des
sites stratégiques, et financé depuis
Miami.
Les organisations révolutionnaires et
le haut commandement militaire ont
aussitôt manifesté leur unité et la
défense de la Révolution bolivarienne du
Venezuela. Vladimir Padrino Lopez, le
ministre de la Défense et commandant
opérationnel stratégique de la FANB
(Forces armées nationales
bolivariennes), a dénoncé le complot
avec un groupe d’officiers de haut
rang : « Les Forces armées
bolivariennes réitèrent leur soutien et
leur loyauté envers le président Nicolas
Maduro Moros et réaffirment leur
attachement à la volonté du peuple, et
avec le plan de la patrie dans la
construction du socialisme »,
a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis, selon leur habitude,
ont nié toute implication dans cette
tentative de coup d’Etat, mais ils
n’expliquent pas le fait que lorsqu’il
a comparu devant un comité de la Chambre
des représentants pour faire son rapport
sur la stratégie de sécurité des
États-Unis de 2015, le général
Vincent Stewart, directeur du
Département des renseignements de la
Défense, a prédit une vague de
protestations violentes au Venezuela
lors des prochaines élections
législatives. D’où tient-il ces
informations ? Serait-il devenu voyant
extra-lucide ? Rappelons également les
propos de Barak Obama dans sa nouvelle
stratégie de sécurité nationale : « Nous
sommes du côté des citoyens dont le
plein exercice de la démocratie est en
danger, comme les Vénézuéliens ».
Le président Maduro a en outre
rapporté qu’il existe une conspiration
internationale contre le Venezuela, y
compris dans les médias. Il a déclaré
qu’il avait des preuves de l’implication
du personnel de l’ambassade américaine
dans la tentative de coup d’Etat, et a
également assuré que les villes de
Bogota (Colombie), Miami (Etats-Unis) et
Madrid (Espagne), sont des centres « qui
conspirent contre notre pays ». En
conséquence, le président Maduro a
décidé de prendre des mesures
diplomatiques et politiques vis-à-vis du
gouvernement des Etats-Unis, en accord
avec la Convention de Vienne et le droit
international, pour la défense de la
République bolivarienne du Venezuela.
Nicolas Maduro a énuméré les quatre
décisions à sa ministre des Affaires
étrangères, Delcy Rodriguez.
« D’abord, j’ai commandé au
chancelier Rodriguez de procéder
immédiatement et conformément à
l’article 11.1 de la Convention de
Vienne pour réviser, réduire, adapter et
limiter le nombre de responsables
américains qui sont dans l’ambassade
américaine au Venezuela. L’ambassade
américaine a 100 employés, nous en avons
17 aux Etats-Unis. Nous exigeons
l’égalité. »
Deuxièmement, citant l’article 41 et
41.2 de la Convention de Vienne, le
président a informé qu’il convenait
d’aviser tous les employés de
l’ambassade américaine que les réunions
politiques au Venezuela étaient
interdites, le gouvernement vénézuélien
devant être avisé et donner son
autorisation pour que des réunions
puissent avoir lieu.
Troisièmement, tout citoyen américain
qui souhaite visiter le Venezuela devra
demander un visa. « Nous allons
mettre en œuvre un système de visa
obligatoire, tous les Américains devront
obtenir un visa et en payer les frais,
au même titre que les Vénézuéliens qui
désirent voyager aux Etats-Unis. Celui
qui veut venir pour le tourisme, un
séjour culturel, sportif, éducatif, sera
le bienvenu, mais il faudra un
visa. Cette mesure est conforme à la
réciprocité et les frais seront facturés
en dollars, au même prix que celui
pratiqué par l’ambassade américaine. »
Quatrièmement, le gouvernement du
Venezuela a établi une liste de
responsables américains qui ont commis
des crimes en violation des droits de
l’Homme et qui sont interdits d’entrée
sur le sol vénézuélien. « C’est une
liste d’interdiction qui concerne des
dirigeants politiques qui ont violé les
droits humains et qui ont bombardé les
peuples d’Irak, de Syrie et du Vietnam.
Il ne leur sera pas accordé de visa et
ils ne pourront jamais venir au
Venezuela. Ce sont l’ancien président
George W. Bush, l’ex-vice président Dick
Cheney, le directeur de la CIA John
Brennan, les sénateurs et députés Bob
Menendez, Marco Rubio, Ileana Ross-Lehtinen
et Mario Diaz-Balart. Ces terroristes ne
pourront jamais entrer au Venezuela.»
Après l’annonce de ses mesures, le
président Maduro a souligné que le
peuple du Venezuela respecte le peuple
américain et en est solidaire. « J’ai
pris ces mesures contre l’oligarchie
impériale américaine. Le Venezuela est
ouvertement contre les empires mondiaux.
Nous n’acceptons pas les lois ou
sanctions impériales, nous ne les
reconnaissons pas. » Pour terminer,
le président Maduro a exigé que le
président Obama rectifie sa politique
d’intervention contre le Venezuela, en
lui rappelant qu’il avait essayé de lui
parler à maintes reprises mais sans
succès : « Pourtant, je suis
président comme vous ».
Au Brésil, une vaste campagne de
dénigrement sévit dans certains organes
de presse et sur les réseaux sociaux à
l’encontre du Parti des Travailleurs
(PT), de la présidente Dilma Roussef et
de l’ex-président Luiz Ignacio Lula da
Silva. Une rumeur a circulé annonçant le
décès de l’ancien président Lula. Un
autre mensonge absurde émanant du
magazine Voir de Brasilia a circulé un
peu plus tard quand un « journaliste » a
publié le 14 Février un article relatant
que l’ancien président Lulla donnait une
fête d’anniversaire pour les trois ans
de son neveu « Thiago » de Brasilia,
fête dont le coût s’élevait à 220 000
dollars, chaque invité se voyant offrir
un I pad. Or, Lula n’a pas de neveu de
ce nom vivant à Brasilia. Une autre
rumeur a circulé pendant le carnaval
alléguant que les comptes épargne à la
Caisse Fédérale d’Epargne allaient être
confisqués, ce qui a conduit le ministre
des Finances à faire une déclaration
pour démentir cette fausse information.
Fait curieux, ces innombrables rumeurs
ne visent jamais les membres des partis
de l’opposition. Dans l’acharnement de
la droite à dénigrer Dilma Roussef et le
PT, le rival éconduit de la présidente
aux dernières élections, Aécio
Neves, président du PSDB (Parti
social démocrate brésilien), a vilipendé
la position de soutien du gouvernement
brésilien envers Nicolas Maduro qui
vient de déjouer un coup d’Etat. Les
propos nauséabonds de ce Neves
contre la présidente Roussef et
son gouvernement pour leur solidarité
avec la République Bolivarienne du
Venezuela, et ses insultes à l’égard des
présidents Chavez et Maduro, nous
prouvent que la droite brésilienne est
liée à la droite vénézuélienne et
qu’elles sont toutes deux le pur produit
des laboratoires de la CIA. Un sénateur
qui prend la défense du maire putschiste
de Caracas, Antonio Ledezma, ne
peut être qu’un putschiste lui-même.
Dans le but d’enrayer la corruption
et la collusion entre le monde politique
et entrepreneurial au Brésil, le
gouvernement de Dilma Roussef a
entrepris une vaste opération « mains
propres », lancée en mars 2014 sous
l’appellation « Opération Lava Jet ». Il
s’agit d’une enquête portant sur un
vaste système de blanchiment d’argent et
de détournement de fonds impliquant
Petrobras, le géant pétrolier brésilien,
de grands entrepreneurs et des
politiciens, et qui se chiffre à des
milliards de dollars. L’enquête a
démontré que des entreprises qui ont des
contrats avec Petrobras ont reçu de
l’argent détourné des caisses de la
société pétrolière et effectué des
dépôts sur des comptes en Suisse. Suite
aux arrestations effectuées dans le
cadre de cette opération, l’ancien
directeur de Petrobras, Paulo Roberto
Costa, des entrepreneurs et des
politiciens sont accusés de corruption
et d’évasion fiscale. Bien entendu,
l’alliance formée par les partis
d’opposition, les médias et les groupes
d’affaires se déchaîne contre le Parti
des Travailleurs et le gouvernement,
utilisant le scandale révélé par
l’opération Lava Jet pour affaiblir
Dilma Roussef et son parti, et
démanteler Petrobras, colonne vertébrale
de l’économie brésilienne, pour
le livrer aux appétits internationaux.
D’ailleurs, le PSDB
(parti social démocrate brésilien) ne
cache pas ses intentions en déclarant
que Petrobras devrait être divisé en
entreprises autonomes et une société
holding. Par la suite, certains
actifs pourraient être vendus ou
privatisés,offrant ainsi à des intérêts
privés internationaux un patrimoine qui
appartient à la population brésilienne.
La notation de Petrobras récemment
rétrogradée dans la catégorie
spéculative par Moody limitant l’accès
aux crédits et aux investissements,
n’est qu’un avant-goût dans la guerre
sans merci livrée à l’Etat brésilien et
à sa présidente. Le 6 février, pour
contrer les attaques et redresser la
situation désastreuse de Petrobras, la
présidente Dilma Roussef a posé un geste
fort en nommant Aldemir Bendine, le
président directeur général de la Banque
du Brésil depuis 2009, à la tête du
géant pétrolier. Bendine est reconnu
internationalement pour sa bonne
gouvernance à la tête de la banque du
Brésil qui a été élue la banque la plus
éthique du monde par l’institut
Ethisphère aux Etats-Unis en 2014.
Certaines voix évoquent l’opportunité
pour l’Etat brésilien de racheter les
actions de la société au moment où elles
ont perdu de leur valeur. Pour un quart
de ce que les titres valaient il y a
quelques années, l’État reprendrait
ainsi possession de la gestion de
l’entreprise.
Le 24 février, l’ancien président
Lula a participé à une manifestation au
siège de l’ABI (Association Brésilienne
de la Presse) à Rio de Janeiro pour la
défense de Petrobras. Cet
évènement était parrainé par
l’Union centrale des travailleurs (CUT)
et la Fédération unitaire des
travailleurs du pétrole (FUP), avec
une présence importante de représentants
des syndicats, des associations
professionnelles, des dirigeants de
mouvements sociaux comme João Pedro
Stedile du MST (Mouvement des Sans
Terre), ainsi que des étudiants, des
artistes et des journalistes. « Au
lieu de pleurer, nous défendons ce qui
est nôtre : Petrobras. Parce que
défendre Petrobras c’est défendre le
Brésil, défendre le Brésil c’est
défendre les travailleurs brésiliens, et
défendre les travailleurs brésiliens
c’est défendre la démocratie » a
déclaré Lula sous les applaudissements
de la salle qui criait « Lula, le
guerrier du peuple brésilien ! ». L’ancien
président Lula a fait une comparaison
entre les campagnes de déstabilisation
actuelles et celles menées contre les
présidents Vargas, Juscelino Kubitschek,
João Goulart et contre lui-même en 2005,
au moment des plaintes à propos de
l’allocation mensuelle : « Ils
veulent punir Petrobras et criminaliser
la politique. Cette société est une
source de fierté pour moi et pour tous
les Brésiliens. Nous ne pouvons pas
jouer le sort de Petrobras à cause d’une
poignée de personnes dans une famille de
86 000 travailleurs. » Lula a
ajouté que la présidente Dilma Rousseff
devait « relever la tête et dire :
j’ai gagné les élections et je gouverne. Il
a fustigé l’opposition : « J’ai vécu
beaucoup de choses dans ce pays. J’ai
reçu beaucoup d’insultes et d’attaques,
rien de tout cela ne m’a perturbé. Je
vais vous dire une chose et je veux que
la presse le publie. Je suis le fils
d’une femme analphabète et d’un père
analphabète, et l’héritage le plus
important laissé par ma mère est de
marcher la tête haute et personne ne me
fera courber la tête dans ce
pays. L’honnêteté est incontournable. Je
veux la paix et de la démocratie, mais
s’ils veulent la guerre, je sais bien me
battre. Ils continuent à faire
aujourd’hui ce qu’ils ont toujours
fait. L’idée est de criminaliser avant
d’être jugé, et vous êtes criminalisé
par la presse. Si l’on dit un mensonge,
il devient souvent la vérité dans
l’esprit de millions de personnes. Je
suis venu deux fois à la présidence sans
elle », a-t-il ironisé à propos de
la presse dans son propre siège
national. Avant le début de la réunion,
des manifestants pour et contre le Parti
des Travailleurs (PT) se sont affrontés
devant le siège de l’ABI situé sur une
avenue animée de Rio. Les militants du
PT et les membres de la CUT et de la
FUP, la plupart avec des chemises
rouges, se sont bagarrés avec un groupe
de personnes qui protestaient contre le
gouvernement, demandant la destitution
de Dilma Roussef.
Le Brésil est aussi touché par
l’affaire Swissleaks et la banque HSBC,
puisque 8667 Brésiliens propriétaires de
6606 des comptes ouverts entre 2006 et
2007 ont détourné 7 milliards de
dollars. Le Sénat brésilien vient de
voter la création d’une commission
d’enquête parlementaire chargée de faire
toute la lumière sur ce dossier,
systématiquement ignoré par les grands
médias brésiliens. Selon le sénateur qui
a proposé cette commission d’enquête, le
silence des médias prouve l’implication
de personnages puissants qui ont
toujours pu compter sur la complicité
des organes de presse. Autre fait
marquant qui ne plaît pas à la droite et
qui prouve que Dilma a bien suivi le
conseil de Lula et relève la tête, le
ministre de la Planification a signalé
que le gouvernement prévoit d’augmenter
les impôts sur les grandes fortunes dans
les prochaines mesures d’ajustement
budgétaire. Le paquet fiscal établi par
le gouvernement pour boucher le trou
dans les comptes publics contient des
mesures qui permettront d’atteindre les
contribuables les plus riches avec des
augmentations d’impôt. L’une des
initiatives à l’étude est la création
d’un impôt sur les grandes fortunes. Par
ailleurs, un grand partenariat
sino-brésilien va voir le jour avec
l’investissement massif de la Chine dans
l’acier et la métallurgie au Brésil, ce
qui permettrait de relancer l’économie
brésilienne tout en offrant la
possibilité à la Chine qui connaît des
problèmes de pollution et de pénurie
d’eau, d’atténuer ces problèmes en
investissant dans la production de
l’acier par l’intermédiaire d’une usine
innovante non polluante installée au
Brésil.
En Argentine, le gouvernement de
Cristina Kirchner est aussi visé. Une
marche organisée par le Parti judiciaire
a eu lieu à Buenos Aires le 18 février
« en hommage » au juge Nisman, sauf que
cela n’avait rien à voir avec un hommage
mais à une nouvelle tentative de
déstabiliser le gouvernement Kirchner.
Celui-ci fait face à un groupe de juges
et de procureurs corrompus liés aux
grands médias et aux groupes
économiques, tous partisans de
l’impunité pour les crimes commis sous
la dictature militaire, certains d’entre
eux étant d’anciens responsables
politiques de cette époque obscure.
Cette caste pourrie au sein de la
magistrature s’active pour enterrer les
affaires de blanchiment d’argent, de
détournement de fonds, de crimes et de
trafic de drogue, mais aussi du cas de
l’AMIA, dont nous avons parlé dans un
précédent article. Non seulement ces
juges ne paient pas d’impôts mais ils
statuent dans des dossiers concernant
des entreprises dans lesquelles ils sont
actionnaires.
Dans le cadre de l’enquête sur
l’attentat de l’AMIA en 1994, le
procureur Gerardo Pollicita a déposé le
13 février la plainte déjà introduite le
14 janvier par le procureur Nisman
retrouvé mort à son domicile, plainte
pour délit d’entrave à la justice à
l’encontre de la présidente Kirchner, de
son ministre des Affaires étrangères,
d’un membre du Congrès et d’autres
personnalités politiques favorables à
Cristina Kirchner. Invité à se présenter
devant le Congrès pour expliquer
l’accusation portée contre le chef de
l’Etat et un ministre, le procureur
Pollicita a préféré décliner
l’invitation sous prétexte de « confidentialité
de la procédure » et que sa
comparution impliquerait « de
répondre aux demandes des membres du
Congrès, ce qui pourrait faire échouer
différentes lignes d’enquête si les
détails étaient rendus publics ».
Rappelons qu’avant sa mort, le procureur
Nisman avait accepté l’invitation de
l’opposition de se présenter devant le
Congrès et avait auparavant porté ses
accusations dans tous les réseaux
médiatiques. Il est évident que cette
plainte concoctée à l’ambassade US était
sans fondement puisque la justice
argentine l’a rejetée le 26 février. En
effet, le juge fédéral Daniel Rafecas
statuant sur l’affaire a annoncé qu’il
n’engagerait pas de poursuites contre la
présidente « faute d’éléments
essentiels pour ouvrir une instruction »
argumentant son rejet dans un document
de 63 pages.
D’autre part, au cours d’un discours
devant l’Assemblée ce 1 mars, la
présidente Kirchner qui était interrogée
sur l’affaire de l’AMIA, a répondu que
l’attentat de l’AMIA n’était pas qu’une
attaque contre Israël mais contre
l’Argentine et les Argentins : « Je
le dénonce comme une attaque contre
l’Argentine » a-t-elle affirmé. « Malheureusement,
l’affaire AMIA est devenue un enjeu de
la politique nationale et internationale. »
Faisant référence aux propos d’Itzhak
Aviran, l’ex-ambassadeur israélien en
Argentine de 1993 à 2000, qui avait
déclaré lors d’une interview début
janvier que « la grande majorité des
coupables des attentats de Buenos Aires
ne sont plus de ce monde et c’est nous
qui les avons supprimés »,
ajoutant : « nous savons qui sont
les auteurs du bombardement de
l’ambassade et ils l’ont fait une
seconde fois ». La présidente
Kirchner a déclaré qu’elle allait faire
la demande officielle à l’Etat d’Israël
afin que l’ancien ambassadeur vienne
témoigner devant le juge en Argentine.
« On a toujours utilisé la cause de
l’AMIA pour diffuser des preuves
inexistantes », a-t-elle dit,
ajoutant que depuis le début, l’enquête
avait été dirigée sur une fausse piste.
Au sujet des dissimulations, la
présidente a dit que s’il y avait des
retards et des dissimulations dans le
procès de l’AMIA, il fallait regarder de
l’autre côté, pas du sien : « l’AMIA
n’a pas explosé pendant notre
gouvernement, elle a explosé il y a 21
ans et voilà 21 ans que les familles
réclament justice. 21 années ont passé
et nous n’avons pas une seule
condamnation ». Faisant référence
au cas du procureur Nisman, Cristina
Kirchner a dit regretter sa mort comme
celle de n’importe quel être humain,
néanmoins elle s’est interrogée sur la
position contradictoire du procureur
concernant la dissimulation supposée de
la présidente dans l’affaire de l’AMIA.
Lors de l’enquête sur le décès du juge
Nisman, deux documents contradictoires
ont été trouvés, l’un en décembre 2014
et l’autre en janvier 2015. Un document
reconnaissait le sérieux de la
présidente dans l’affaire de l’AMIA et
l’autre l’accusait de dissimulation.
Selon la présidente, quelque chose s’est
produit pendant que le juge était en
vacances qui l’a incité à produire
l’accusation, et elle s’est interrogée
sur ce qui s’est passé entre le moment
où Nisman est parti en vacances et celui
de son retour en Argentine.
Concernant le conflit entre
l’Argentine et les fonds vautours, la
présidente a souligné qu’ils ont essayé
de bloquer la gestion du gouvernement
mais ils n’ont pas réussi. Selon elle,
le gouvernement a réussi à désendetter
définitivement l’Argentine. « Les
fonds vautours sont des suceurs de sang
internationalement reconnus. Les
gouvernements n’ont pas à s’endetter
pour payer une dette. Si nous nous
endettons, c’est pour financer les
travaux d’infrastructure ou la
croissance, et non pour le bénéfice d’un
secteur financier international »
a-t-elle signifié.
A l’avant-veille des élections
présidentielles qui se tiendront en
octobre prochain, il est intéressant de
noter quelques unes des réalisations du
gouvernement de Cristina Kirchner :
abrogation des lois d’impunité,
instauration d’une allocation
universelle aux enfants, l’Argentine a
atteint les plus hauts niveaux de
l’inclusion sociale en matière de
sécurité sociale, création de programmes
pour l’accès universel à des prêts,
allocations aux jeunes et accès à
internet, gros investissement dans la
flotte ferroviaire avec de nouveaux
trains, création de plus de 5 millions
d’emplois, rétablissement des
conventions collectives, activation du
Conseil pour le salaire minimum
national, réindustrialisation du pays,
construction de l’infrastructure la plus
importante en 50 ans, achèvement du
barrage de Yacyreta et de la centrale
nucléaire Atucha II, construction et
lancement dans l’espace du premier
satellite argentin, créant ARSAT,
société d’État, reprise du programme
nucléaire stratégique en investissant
plus de 11 milliards USD, rapatriement
de plus de 1000 scientifiques et
création du ministère de la Science et
de la Technologie, ouverture de neuf
nouvelles universités nationales et
création du programme national de
bourses, rétablissement du statut de
travailleur rural, adhésion au MERCOSUR,
UNASUR et à la CELAC, ouverture
de tous les fichiers classés et
permission à tous les agents de
renseignement de parler de l’affaire de
l’AMIA, coopération juridique avec la
République islamique d’Iran à l’ONU en
vue de résoudre le cas de l’AMIA, octroi
d’importantes ressources économiques et
humaines à ceux qui instruisent le
dossier de l’AMIA, etc.
Les dirigeants des trois pays cités
dans cet article ont le mérite d’avoir
travaillé pour leur peuple et d’avoir
servi leur pays et non pas leurs
intérêts personnels, au risque de
s’attirer les foudres des
multinationales et de la nébuleuse
impérialiste qui utilisent tous les
moyens pour abattre ces gouvernements
légitimes et populaires, car les
intérêts des peuples ne sont jamais
compatibles avec ceux des
multinationales et de l’empire US. Une
guerre impitoyable est en cours et la
force de ces dirigeants d’Amérique
Latine ne peut provenir que de leurs
peuples respectifs qui ont connu les
ténèbres des régimes dictatoriaux
vassaux des Etats-Unis et qui
s’émancipent aujourd’hui du régime
fasciste des USA. L’Empire est incapable
de s’adapter aux temps qui changent et
essaie de briser tout espoir en Amérique
Latine en pratiquant la politique du
soft power ou en fomentant des coups
d’Etat, des agitations et des
manifestations programmées, pour faire
tomber les chefs d’Etat progressistes.
Les Etats-Unis d’Amérique continuent de
ronger le continent sud-américain comme
la peste en voulant stopper
l’émancipation de ces peuples qui
aspirent à un monde meilleur à travers
le courage et la compétence de leurs
dirigeants qui ont fait preuve
d’intégrité et de dévouement envers leur
patrie et leur peuple. Au lieu de
s’occuper de la faillite sévissant sur
leur propre territoire dont la ville de
Detroit dévastée en est l’exemple le
plus frappant, et d’aider les millions
de leurs concitoyens qui vivent dans la
misère, les Etats-Unis continuent à
vouloir exporter à coups de bottes leur
American way of life, symbolisé par la
clochardisation de la population
américaine. Ce doit être très
désagréable pour les USA de voir leurs
anciennes provinces dirigées par des
chefs d’Etat charismatiques aimés par
leurs peuples, car de nos jours, le
gouvernement US n’est même plus un
modèle pour ses propres citoyens. C’est
ce que ne parvient pas à comprendre
l’élite politique américaine qui semble
vivre dans une autre dimension et qui
n’a pas guéri de ses vieux réflexes
putschistes. L’administration américaine
a certainement misé dès le départ sur
l’échec à court ou moyen terme des
dirigeants progressistes au fur et à
mesure que ces derniers exerçaient le
pouvoir, une faute d’appréciation qui a
vu tous les plans US s’effondrer, car
les gouvernements d’Amérique Latine ont
réussi à appliquer des programmes
sociaux très performants qui mettent
l’être humain au centre de leur
politique et non pas le profit. Plus
encore, certains pays sont devenus des
puissances régionales et même mondiales.
Les Etats-Unis ont sous-estimé
l’évolution historique qui s’est
produite en Amérique Latine et leur
arrogance les a marginalisés sur leur
propre continent qu’ils ont saigné de
tous temps.
A Cuba, l’administration Obama a
changé de stratégie en utilisant le soft
power, l’embargo et les sanctions
n’ayant pas réussi à briser la
résistance. Fidel Castro a bien compris
la nouvelle tactique de la Maison
Blanche lorsqu’il a déclaré qu’il ne
ferait jamais confiance aux Américains.
Les USA veulent coûte que coûte
récupérer Cuba dans leur sphère
d’influence et Cuba est désormais sur le
chemin de la normalisation.
L’administration US vise à faire
imploser Cuba de l’intérieur, ce qu’elle
n’a pas réussi avec les pays d’Amérique
Latine qui échappent à son emprise.
Ironie de l’Histoire, Cuba qui a inspiré
tous ces pays risque de basculer dans le
giron américain. Avec perfidie,
l’administration américaine a opté pour
frapper le symbole de la résistance
avant de s’attaquer aux autres pays. Que
cache le deal entre l’administration
Obama et Cuba ? C’est la revanche des
Yankees qui, en reprenant Cuba sous leur
tutelle, adressent un message aux autres
nations : « Vous pourrez nous
résister tant que vous voudrez, vous
finirez par revenir manger dans notre
main, comme Cuba ».
Le continent sud-américain est menacé
par les manœuvres machiavéliques des
Etats-Unis et il existe une similitude
entre les pays progressistes dont les
gouvernements sont visés par les mêmes
attaques des grands consortiums
médiatiques et des opposants liés aux
Etats-Unis et à la CIA, avec le rôle
central des ambassades américaines sur
place qui ne font plus de la diplomatie
depuis longtemps et se sont convertis à
la subversion et à la déstabilisation
des nations qui dérangent les plans de
l’Oncle Sam. La stabilité de l’Amérique
Latine ne tient désormais qu’à un fil.
Les gouvernements progressistes ayant
des assises populaires très importantes,
l’irresponsabilité des USA les pousse à
provoquer des guerres civiles dans les
pays qu’ils veulent assujettir. Les
Etats-Unis n’ont pas saisi le changement
qui s’est opéré en Amérique Latine
malgré leurs bataillons de spins doctors
spécialistes en tout et en rien qui
n’ont absolument pas compris que plus
rien n’est comme avant, et que
l’Amérique Latine a opté pour le progrès
en choisissant des dirigeants qui
portent ce projet. Ce n’est pas un coup
d’Etat qui va stopper ce processus
historique. En pratiquant la politique
de la terre brûlée, les USA démontrent
leur faiblesse à toute la planète,
néanmoins une bête blessée peut faire de
grands dégâts, c’est pourquoi les
peuples d’Amérique Latine doivent rester
mobilisés face à l’ogre US et ne pas
hésiter à achever la bête au moment
opportun. Les USA ont raté plusieurs
rendez-vous avec l’Histoire en refusant
d’admettre un monde multipolaire et en
s’accrochant à leur hégémonie, leur
cécité les perdra.
Nous ne le répéterons jamais assez,
c’est en s’unissant que tous les pays
progressistes en Amérique Latine et
ailleurs pourront déjouer les complots
et toutes les opérations de
déstabilisation élaborés par
l’impérialisme US et ses caniches. Il
est impossible d’abattre l’ogre
impérialiste en restant isolé, il faut
donc intensifier les alliances et serrer
les rangs en restant vigilant en
permanence, car les ennemis ne
désarmeront jamais et profiteront de
chaque moment de relâchement pour
frapper les Etats progressistes. Nous
sommes confrontés à une véritable guerre
d’usure menée par l’impérialisme US et
ses alliés face à l’axe de résistance à
leur hégémonie totalitaire. Plus que
jamais, l’union fait la force face à la
barbarie américano-sioniste !
Mohsen Abdelmoumen
Published in Oximity, March 3,
2015 :https://www.oximity.com/article/L-Am%C3%A9rique-Latine-%C3%A0-nouveau-1?faid=591765
in Whatsupic :http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-usa/empire-us456876.html
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