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Macron, le Coronavirus et le virus du
profit
Mohamed Belaali
Capture
d'écran
Lundi 16 mars 2020
Le nombre de personnes infectées par le
Covid-19 ainsi que celui des décès ne
cesse d'augmenter à travers le monde. Si
la pandémie semble se stabiliser en
Chine, dans les autres pays notamment en
Europe, la propagation rapide du virus
fera encore, hélas, beaucoup de morts
(1).
Le Coronavirus a révélé d'une manière
éclatante l'incapacité et
l'impréparation des gouvernements
européens à faire face à cette pandémie.
Empêtrés dans des politiques libérales
d'austérité menées depuis des décennies
et dont l'une des conséquences
dramatiques est l'étouffement de
l'hôpital public, ces gouvernements
semblent naviguer à vue.
On se rend compte
beaucoup mieux aujourd'hui avec cette
crise sanitaire majeure de la nécessité
vitale de l'hôpital public. En Italie
par exemple, le manque cruel de moyens
humains, matériels et financiers oblige
le personnel soignant à trier les
patients mettant gravement en danger la
vie de ceux qui n'ont pas été «choisis »
: «Malheureusement, on fera des choix
basés sur l’espérance de vie. Si les
respirateurs en soins intensifs sont
saturés [...], alors on fera un choix
plus éthique que clinique. Entre une
femme de 50 ans sans maladie et une
femme, même plus jeune, qui a eu un
cancer, on choisira la femme en bonne
santé» (2). 20 000 médecins à
la retraite sont appelés à la rescousse.
Mais cela reste largement en deçà des
besoins. Les malades arrivent par flux
ininterrompus. Le personnel soignant,
qui réclame depuis des années des moyens
pour sauver l'hôpital public, est épuisé
et ne peut plus faire face à cette
urgence médicale. Le gouvernement
italien crie aujourd'hui au secours
alors qu'il est, ainsi que ses
prédécesseurs, le premier responsable de
la marchandisation de la santé et de la
dégradation de l'ensemble des services
publics. Paradoxalement l'aide n'est pas
venue de la France ou de l'Allemagne
mais de la Chine ! Vive la solidarité
entre les pays membre de l'Union
Européenne ! (3)
La France n'a pas
encore atteint la situation dramatique
de l'Italie. Mais le nombre de morts
augmente jour après jour. Là encore,
l'hôpital public tant méprisé et
abandonné par les gouvernements
successifs et surtout par Emmanuel
Macron, ne pourrait résister longtemps
si l'afflux des malades devenait massif.
On fait déjà appel aux médecins
retraités, aux étudiants et on procède à
la «déprogrammation immédiate des
interventions chirurgicales non
urgentes» (4).
Alors que les hôpitaux manquent
cruellement d'effectifs et de moyens
matériels, le président Macron n'a pas
annoncé dans son allocution du 12 mars
la moindre création de lits
supplémentaires ni de nouveaux postes.
Il s'est contenté de faire cyniquement
l'éloge du personnel soignant : «J'ai
vu il y a quelques jours, au Samu de
Paris, une mobilisation magnifique,
émouvante, exemplaire, où des étudiants,
à quelques mois de leur concours,
étaient là pour répondre aux appels,
aider, et où des médecins à peine
retraités étaient revenus pour prêter
main forte» (5). Mais on ne
combat pas le Coronavirus avec du
cynisme et des éloges !
Pourtant la crise de l'hôpital public ne
date pas d'aujourd'hui. L'ensemble du
personnel hospitalier mène un combat
formidable depuis maintenant plus d'un
an pour sauver l'hôpital public ou tout
du moins ce qu'il en reste. «On est
au bout, on est vraiment au bout. Donnez
les moyens au ministère de la Santé de
nous donner les moyens de soigner nos
patients!» lance un neurologue et
membre du Collectif inter-hôpitaux à
Emmanuel Macron lors de sa visite à
la Pitié-Salpêtrière le 27 février (6).
On sait déjà que les services des
urgences sont saturés depuis bien
longtemps : «on a tiré sur la corde
pendant des années, en enchaînant les
plans d’économies et la suppression de
100.000 lits en vingt ans, d’où la
tension permanente dans les urgences
aujourd’hui. Cela ne va pas
s’arranger : en 2018, on nous demande de
supprimer 55 postes de personnel non
médical et 8 postes de médecins dans le
groupe hospitalier de Seine-Saint-Denis»
(7). On organise
systématiquement la casse du service
public de santé depuis des années par
des politiques d'austérité et on appelle
aujourd'hui le personnel soignant, «ces
héros en blouse blanche» (8), à la
mobilisation sans pour autant lui
fournir les armes nécessaires pour
combattre ce terrible virus.
Le Coronavirus a eu
au moins le mérite de mettre en pleine
lumière les politiques criminelles
d'austérité imposées par l'Union
Européenne et appliquées avec un zèle
singulier par les pouvoirs locaux. Non
seulement les gouvernements ont réagi
avec beaucoup de retard, mais ils ont
procédé, indirectement, à la mise à mort
d'une partie des patients qui n'ont pas
pu être pris en charge faute de moyens.
Derrière le Coronavirus qui tue des
milliers d'hommes et de femmes à travers
le monde, se cache un autre virus
beaucoup plus dangereux pour l'homme et
pour la nature, le virus du profit.
C'est le véritable virus qui menace
l'existence même de l'homme et de la
nature.
Mohamed Belaali
(1)https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd402
99423467b48e9ecf6
(2)
https://www.europe1.fr/international/a-milan-les-habitants-inquiets-par-les-hopitaux-debordes-cest-une-vraie-tragedie-3954346
Voir également l'appelpathétique de ce
médecin italien :
https://nypost.com/2020/03/10/italian-doctor-at-heart-of-illness-shares-chilling-coronavirus-thoughts/
(3)https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-l-italie-appelle-au-secours_3861973.html
(4)https://www.mediapart.fr/journal/france/130320/emmanuel-macron-annonce-une-rupture-en
(5)https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/12/adresse-aux-francais
(6)https://www.ouest-france.fr/sante/hopital/video-emmanuel-macron-interpelle-par-un-neurologue-est-au-bout-vous-n-etes-pas-la-6755646
(7)https://www.20minutes.fr/sante/2239611-20180319-hopitaux-pourquoi-services-urgences-satures-plusieurs-villes-france
(8)https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/12/adresse-aux-francais
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