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Reprise de Palmyre et
l’hypocrisie des élites occidentales
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AFP 2016
Joseph Eid
Mardi 29 mars 2016
Source:
Sputnik
Le dimanche de la
Pâques catholique a été un jour
doublement heureux pour nombreuses
personnes, chrétiennes comme non
chrétiennes, car au matin de ce jour a
été confirmée la libération totale de la
ville de Palmyre par l’armée arabe
syrienne.
En effet, cette
ville classée patrimoine mondial de
l'UNESCO depuis 1980 et ville
martyre, était occupée par les
terroristes de Daech depuis mai 2015
jusqu'à sa toute récente libération par
l'armée gouvernementale syrienne. Cette
victoire est doublement, voire
triplement symbolique, ayant eu lieu
le jour de Pâques, ayant permis
d'une part de sauver tout ce qu'il est
encore possible de sauver dans cette
cité antique culturellement parlant, et
stratégiquement car ouvre la voie à
l'armée syrienne pour une vaste
offensive à l'Est du territoire syrien,
vers Deir ez-Zor qui est tenu
courageusement par les forces spéciales
syriennes tout en étant encerclés par
l'EI depuis de longs mois. Ainsi que
vers Raqqa, capitale proclamée de
Daech.
Analysons
maintenant les réactions à
l'international. Le président russe
Vladimir Poutine a téléphoné au
président syrien Bachar al-Assad pour
transmettre ses félicitations après la
libération de Palmyre. Un soutien
reconfirmé donc de la Russie (dont la
position n'a pas changé) à la Syrie dans
la lutte antiterroriste et la défense de
sa souveraineté nationale. Même
enthousiasme côté iranien. L'Iran a en
outre ajouté qu'il continuera lui aussi
à soutenir la Syrie dans le combat
contre les groupes terroristes. Le
secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon
s'est félicité de la reprise de Palmyre
par l'armée syrienne. Certains diront
avec moins d'enthousiasme, mais tout de
même.
Mais le plus
intéressant était et reste d'observer
les réactions au sein des élites
occidentales: politiques comme
médiatiques. Que dire si ce n'est rien
de nouveau à l'horizon. La mauvaise foi
a pratiquement toujours été le fer de
lance de ces dites « élites ». Le plus
triste étant c'est qu'on a bien eu
l'impression du regret de certains (bien
que maquillé en belles paroles
hypocrites) de la libération de la
martyre Palmyre des griffes des
takfiristes daéchiens.
Obama et son «
proche ami » Cameron avaient
vraisemblablement avalé leur langue. La
Grande-Bretagne ayant préféré garder
simplement le silence. Les USA, après
avoir pris une pause pour retrouver un
peu leur esprit, ont fait savoir à
travers leur Département d'Etat que «
bien que la priorité est de défaire
Daech, ils n'avaient pas de préférence
ni pour Assad ni pour Daech ». Sans
commentaires. Terrible mauvaise foi
surtout après les récents nouveaux
attentats terroristes, notamment à
Bruxelles, et tout en sachant
parfaitement que les seuls qui luttent
véritablement sur le terrain contre la
vermine terroriste sont justement les
militaires syriens et leurs alliés
(véritables, pas ceux de la fausse
coalition), ainsi que les forces kurdes.
Ou devrait-on
peut-être nous aussi être silencieux
lorsqu'on voit des attaques terroristes
en plein centre de l'Europe? Après tout,
c'est bien les élites occidentales qui
en portent entière responsabilité (avec
leurs « amis » du Golfe, épargnés pour
le moment). N'est-ce pas eux qui
laissaient sans aucune limitation (si ce
n'est de façade) partir des jeunes
extrémistes combattre en Syrie « le
grand méchant Assad » pour après les
laisser revenir lorsque ces mêmes
extrémistes subissent des revers
évidents mais ayant obtenu une grande
expérience de combat et de violence?
Evidemment nous ne le ferons jamais.
Pour la simple raison que nous faisons
bien la différence entre ces mêmes
élites occidentales (qu'elles soient
politiques ou médiatiques) et les
simples citoyens des pays occidentaux,
dont beaucoup aujourd'hui réalisent (ou
commencent à réaliser) les mensonges de
ceux qui les gouvernent.
Il était aussi
intéressant de lire les « analyses » de
certains « experts » et « bienpensants »
médiatiques français. Le Monde, Le
Figaro, Libération, bref tout le « beau
monde » habituel. Cette même hypocrisie
assez typique des médias du mainstream
et peut-être même plus extrême encore
dans le cas des médias français (si l'on
compare avec les médias anglophones). En
gros le message passé est le suivant: «
Palmyre libérée oui d'accord. Mais cela
renforce les positions d'Assad.
Donc pas bien ». Comme quoi, la ville
patrimoine mondial de l'humanité aurait
mieux fait de rester encore martyrisée
par des extrémistes, y compris sortis
tout droit des cités ouest-européennes,
pour qui la notion même de culture est
totalement absente, que d'être reprise
par l'armée du gouvernement légitime du
pays auquel elle appartient.
Vraisemblablement,
l'Occident politico-médiatique n'a
toujours pas appris les dangereuses
leçons de faire joujou avec les
terroristes pour arriver à ses fins
géopolitiques (dans le cas syrien, se
débarrasser d'un leader arabe patriote
laïc défendant son pays contre
l'interférence néocoloniale et le
terrorisme la création duquel ce même
néocolonialisme a grandement contribué).
Y compris après les attentats contre ses
propres citoyens. Une hypocrisie qu'il
risque de payer cher. En passant, il
était assez alarmant, une fois encore,
d'observer le grand buzz des attentats
de Bruxelles (et qui a sa place, la
question n'est pas là) et le manque
presque total de solidarité avec les
victimes chrétiennes pakistanaises
attaquées justement le jour de Pâques.
Mais cela est une autre histoire.
Dernière chose.
Certains « experts », vraisemblablement
aussi pour des raisons de haine et de
mauvaise foi, affirment que la « reprise
de la ville de Raqqa » sera impossible.
Notamment un certain Jean-Pierre Filiu,
professeur en histoire du Moyen-Orient
contemporain à Sciences-Po, sur France
Info. « Raqqa c'est un quart de million
de personnes. On ne peut pas essayer de
prendre ces villes avec des forces qui
sont ni arabes, ni sunnites. Si le
Hezbollah est engagé, si les commandos
russes sont là, comment voulez-vous que
les habitants de Raqqa se rallient à ces
étrangers », nous dit ce « brave »
expert. Propagande une fois encore. Si
les Russes ne sont effectivement pas
Arabes (bien que nous ayons nombre de
citoyens russes d'origine arabe), les
Libanais du Hezbollah ne sont-ils pas
arabes? Ou notre professeur
l'aurait-oublié? Quant à l'aspect
sunnite et juste pour rappel une fois
encore: l'armée arabe syrienne, est à
l'instar de la majorité de la population
syrienne, une armée composée d'Arabes et
majoritairement de musulmans sunnites.
Cette même armée
ayant libérée la Perle du désert
dimanche dernier. Le tout en « oubliant
» également d'indiquer que récemment les
habitants de plusieurs quartiers de
cette même Raqqa se sont soulevés contre
Daech, en arborant des drapeaux
nationaux syriens et en scandant des
slogans pro-gouvernementaux et pro-armée
de Syrie. Juste au cas où.
Quant à la
perspective ou non de la reprise de
Raqqa, n'est-ce pas les mêmes qui nous
annonçaient depuis plusieurs années la «
chute imminente » d'Assad, pour après
nuancer leurs propos et déclarer qu'Assad
ne pourra sauvegarder que la « Syrie
utile » (la capitale Damas et la zone
côtière) et qui prennent maintenant une
douche bien froide en voyant l'armée
syrienne gagner sur tous les axes? On
verra donc qui aura raison. Courage à
l'armée syrienne et à tous ceux qui
luttent contre le terrorisme. Un
terrorisme qui ne fait pas de différence
que vous soyez Syriens, Irakiens,
Belges, Pakistanais ou Nigérians. D'où
l'énorme danger de jouer avec lui.
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Publié le 30 mars 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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