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Et l’alternance politique, Frau Merkel ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
Facebook/Sputnik
Deutschland
Mercredi 27 septembre 2017
Source:
Sputnik
L’Union européenne, et plus généralement
l’Occident politique, adore donner des
leçons de «démocratie» et «d’alternance
politique» aux quatre coins de la
planète. En oubliant bien souvent de
balayer devant sa porte. Les
législatives allemandes en sont un
exemple.
Angela Merkel est au pouvoir en
Allemagne, la principale économie de
l'UE, depuis maintenant douze ans. Et
elle ne devrait pas s'arrêter là. En
effet, après la victoire de la
CDU aux
législatives, la chancelière est
désormais candidate pour un quatrième
mandat.
Nous n'allons pas
spéculer ici, comme certains
«bien-pensants» aiment à le faire, pour
savoir si les Allemands mériteraient
mieux que Mme Merkel au vu des nombreux
défis qu'affronte l'Allemagne nous
n'allons pas non plus nous demander si
le temps serait venu pour elle de
laisser la place à d'autres politiciens
allemands. Après tout, n'est-ce pas
«d'alternance» que les élites
occidentales aiment parler à longueur de
journée à propos de nombreux pays,
principalement non-occidentaux? Surtout
lorsqu'on se rappelle que Berlin se
considère à beaucoup de titres comme le
moteur de l'Europe bruxelloise.
Pourquoi? Car cela
n'est pas de notre ressort, mais de
celui des citoyens allemands d'en
décider.
Mais le souci qui
nous occupe ici, c'est qu'une fois de
plus on fait face à une hypocrisie
occidentale évidente. Pratiquement aucun
média central, pas plus qu'aucun
politicien de poids en Occident, n'a
remis en cause la longueur du mandat de
Frau Merkel. Alors, la question qui se
pose est relativement simple: «De quel
droit les "bien-pensants" occidentaux ne
cessent de mettre leur nez (ou tentent
de le mettre) dans les processus
politiques en Russie, Chine, Syrie, pays
d'Afrique, d'Amérique latine, Iran,
Turquie, et ainsi de suite…?»
Soyons honnêtes.
Pour beaucoup de Russes, comme de
Chinois, d'Africains ou de
Latino-Américains, le choix politique
des Allemands importe peu, voire pas du
tout. Pour certains, respect de la
souveraineté oblige, pour d'autres tout
simplement par manque d'intérêt. Alors
quand est-ce que les Occidentaux, et
surtout les élites occidentales, se
débarrasseront une bonne fois pour
toutes de la mentalité coloniale qui les
caractérise? Il est certain que si nous
avions posé cette question il y a 25
ans, à la chute de l'URSS, voire il y a
15 ans, beaucoup nous auraient ri au
nez. L'Occident était omnipuissant et se
considérait être en droit de décider de
l'avenir de tous.
Sauf que les temps
ont irrémédiablement changé, mes chers
amis. Le monde multipolaire n'acceptera
plus jamais le diktat d'un bloc limité
de pays, et plus particulièrement d'une
caste d'hommes politiques vampirisant
l'humanité. Tout cela c'est fini.
En ce sens, quelle
alternative proposent des pays comme la
Russie ou la Chine, fers de lance de la
nouvelle réalité? La réponse est la
suivante: respecter la souveraineté de
tous les États, sans exception. Et tenir
compte des spécificités culturelles et
religieuses de chaque nation, qui font
d'ailleurs la beauté de notre planète,
le tout dans le strict respect du droit
international.
C'est si difficile que cela?
Le concept des
«valeurs universelles» dont use
tellement la propagande de l'Occident
politique ne fait plus recette. Surtout
depuis que les citoyens aux quatre coins
de la planète, y compris de nombreux
citoyens de pays occidentaux, ont
compris ce qui se cachait derrière ces
belles paroles… la justification de
crimes contre l'humanité, l'exploitation
des ressources des peuples
non-occidentaux, la violation de la
souveraineté des populations, ainsi que
leur dignité purement et simplement
bafouée..
Il n'y a pas de
modèle unique pour le monde et il n'y en
aura jamais. C'est en cela que le
concept multipolaire est probablement le
plus juste et le mieux adapté qui puisse
être, bien plus que l'ancien système
bipolaire. Il ne se compare même pas au
diktat unipolaire qui existait depuis la
fin de l'URSS, jusqu'à ce qu'un certain
nombre de pays décident d'y mettre un
terme.
Les élites
occidentales finiront-elles par accepter
une réalité qu'il est aujourd'hui
simplement idiot de vouloir remettre en
cause? À court et moyen terme, très
probablement non. Car la mentalité
coloniale, comme une maladie chronique,
ne se soigne pas du jour au lendemain.
Il faut encore du temps.
En attendant, la
multipolarité continuera son chemin,
quel que soit le défi. Le diktat n'a
plus lieu d'être.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 5 octobre 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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