Ukraine
Cessez-le-feu dans le Donbass : jusqu’à
quand ?
Mikhaïl Gamandiy-Egorov
Photo: La
Voix de la Russie - © AP/Efrem Lukatsky
Mercredi 25 juin 2014
Premier signe, si l’on peut dire
ainsi, d’une lueur de paix (même
provisoire) dans le Donbass : hier, un
accord a été conclu entre les «
autorités » de Kiev et les représentants
des Républiques populaires de Donetsk et
de Lougansk, permettant ainsi ne
serait-ce qu’un peu de respirer aux
populations vivant une véritable
catastrophe humanitaire.
Le cessez-le-feu durera
jusqu’à 10 heures le 27 juin. Signe
positif pour beaucoup. Même si et
vraisemblablement des combats se
poursuivent dans plusieurs zones.
Certains se sont empressés d’affirmer
que ledit cessez-le-feu n’est autre que
le fruit de la bonne volonté de
l’oligarque Porochenko, désormais
président de l’Ukraine par la même
occasion. Pourtant la réalité est toute
autre.
L’armée ukrainienne, ou
plutôt la « garde nationale »,
représentant l’avant-poste « sécuritaire
» de l’Etat ukrainien actuel, constituée
des ultra-nationalistes et néonazis, a
montré toute sa limite, ou en d’autres
termes s’est cassée le nez, dans
l’expédition punitive contre Novorossia
(Etat fédéral de Nouvelle-Russie,
réunissant désormais la République
populaire de Donetsk et de Lougansk). Et
ce malgré les crimes massifs commis
contre la population civile. A l’instar
de la Syrie, où les extrémistes
salafistes ont après massacres sur
massacres, finalement compris avoir raté
leur « mission » et se concentrent
aujourd’hui sur l’Irak voisin, les
néonazis ukrainiens eux, ont vite
compris qu’ils ne pourront pas écraser
la volonté populaire des habitants des
ex-régions ukrainiennes de Donetsk et de
Lougansk, même en commettant les pires
crimes contre l’humanité, tuant femmes,
enfants et personnes âgées, le tout sans
aucune vergogne.
La réalité aussi est que
les pseudo-autorités de Kiev ont fini
par s’asseoir à la table des
négociations avec les représentants
légitimes de Donetsk et de Lougansk,
constituant ainsi de facto une
reconnaissance de l’indépendance de ces
républiques, qu’ils avaient encore tout
récemment promis « d’écraser ».
Pourtant est-ce si étonnant ? Pas
vraiment : nettoyage ethnique et
linguistique raté. Projet de génocide
total également raté, du moins pour
l’instant. Alors que se passera-t-il
après le coup des 10 heures du 27 juin ?
Plusieurs options sont possibles. Les
principales étant : soit de nouvelles
négociations auront lieu qui permettront
(peut-être) d’aboutir à une paix plus
durable. Soit les combats reprendront.
Il est à noter que selon
plusieurs sources et témoins sur place,
les combats se poursuivent toujours en
ce moment, malgré l’accord de
cessez-le-feu. Principale raison à cela
? Un certain Igor Kolomoïsky, oligarque
israélo-ukrainien, probablement le
principal sponsor de l’expédition
punitive dirigée contre les populations
de Novorossia, et qui a déjà ouvertement
déclaré (hier) que « ses troupes » (il a
désormais sa propre armée constituée
très principalement de nazillons), ne
respecteront pas le cessez-le-feu.
Pour ceux qui connaissent
peu ou pas ce personnage, il est à dire
que c’est un sioniste déclaré, soutien
actif de l’extrême-droite israélienne,
et qui parallèlement ne cache aucunement
sa sympathie aux banderistes ukrainiens
(partisans du collabo nazi ukrainien
Stepan Bandera). En effet, toute la
contradiction est là. Certains se
demanderont comment il est possible
d’être Juif et de soutenir des
personnages ouvertement néonazis et
antisémites ? C’est pourtant assez
simple. Lorsqu’on a affaire à des
extrémistes de tout poil, qu’ils soient
néonazis, sionistes, salafistes,
satanistes & compagnie, ils sont
toujours prêts à fermer les yeux sur
leurs divergences internes, et à
s’allier entre eux (pour une période
plus ou moins longue ou courte), du
moment que cela permette d’atteindre
leurs objectifs. D’autant plus lorsque
de gros intérêts sont en jeu. Et les
principaux intérêts financiers de
Kolomoïsky se trouvent justement aux
portes des républiques de Donetsk et de
Lougansk, dans la région de
Dniepropetrovsk plus précisément. Donc
pour lui, l’antisémitisme de « Praviy
sektor » et autres « organisations » du
même type, ne constitue
vraisemblablement aucun problème, du
moment qu’il puisse les utiliser à son
profit. Antisémites ? Aucun souci pour
les Kolomoïsky & consorts, du moment que
lesdits nazillons ne sont pas opposés à
l’idéologie sioniste raciste qu’il
représente, et qu’ils ne gênent pas ses
intérêts.
Et lorsque ce genre de «
personnage » utilise son poids financier
pour armer d’autres extrémistes, il est
peu étonnant que tout effort de paix
puisse être vain. D’autre part il est à
noter que les républiques de Donetsk et
de Lougansk n’entendent aujourd’hui plus
discuter de tout projet de
fédéralisation (voulue au départ du
conflit), surtout après avoir vu ce dont
sont capables les nouveaux fascistes du
XXIème siècle, pour qui tuer femmes,
enfants et vieillards ne constitue en
rien une épreuve morale. Les résistants
antifascistes du Donbass défendront donc
leur indépendance jusqu’au bout.
Porochenko, lui, a
peut-être besoin d’une courte pause
avant d’engager de nouveaux combats.
C’est ce que s’accordent à penser bon
nombre de spécialistes, aussi bien
russes qu’étrangers. Peut-être a-t-il
besoin aussi d’avoir quelques «
consultations » avec ses « amis » de la
CIA ? L’autre problème aussi pour
Porochenko est que si il tente d’aller
vraiment vers la paix (difficile à
croire mais sait-on jamais), il risque
d’être très rapidement déchu par les
nouveaux maitres des rues de l’Ukraine,
qui ne sont autres que les néonazis
armés jusqu’aux dents, financés par le
même sinistre Kolomoïsky, qui attend
peut-être à son tour son « grand moment
de gloire ». Pendant ce temps, la Cour
pénale internationale n’émet aucun
mandat d’arrêt (sommes-nous si surpris
?) contre ce même Kolomoïsky,
commanditaire d’un génocide, ainsi que
les autres criminels fascistes :
Tourtchinov, Avakov, Iaroch, Tiagnibok &
consorts.
Quoiqu’il en soit, lesdits
et autres criminels ne casseront pas la
résistance. L’histoire de l’humanité
s’écrit aujourd’hui sous nos yeux. Le
nazisme renait ouvertement mais des
résistants sont là, sacrifiant chaque
jour qui passe leur vie, pour que la
peste brune, dans toutes ses nuances et
versions, ne puisse jamais renaitre. Et
cette histoire leur donnera certainement
raison !
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