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Gagaouzie : la région turcophone choisit
de nouveau la Russie et s’éloigne de
l’UE
Mikhaïl Gamandiy-Egorov
©
Wikipedia/
Guttorm Flatabø
Mercredi 25 mars 2015
Une nouvelle que les
médias du mainstream ont
vraisemblablement encore préféré éviter.
En effet, très peu de médias occidentaux
ont abordé les toutes récentes élections
de gouverneur (« Başcan ») en Gagaouzie,
région autonome au sein de la République
de Moldavie.
Et pour cause,
encore une gifle porté aux intérêts
bruxellois (et donc à ceux de
Washington) et de nouveau un
vouloir-vivre ensemble avec la Russie
simplement évident.
L'élection a été
remportée par Irina Vlakh, candidate
pro-russe, avec 51,01% des voix. Une
victoire dès le premier tour. A noter
aussi que mis à part Irina Vlakh, grand
nombre d'autres candidats ayant
participé à l'élection, étaient
eux-aussi ouvertement pour l'intégration
économique avec la Russie. Le candidat
soutenu par l'alliance pro-UE de
Kichinev (la capitale moldave), Nikolay
Dudoglo, n'a obtenu que 19,05% des voix,
même si ce dernier insistait que lui
aussi est « un ami de la Russie »…
Irina Vlakh sera
par ailleurs la première femme à diriger
la région. Ses priorités sont le
renforcement des liens économiques et
politiques avec la Fédération de Russie.
Une notion que la très grande majorité
des Gagaouzes partagent. Peuple
turcophone très majoritairement
chrétien, les Gagaouzes étaient très
largement opposés à l'éclatement de
l'URSS, mais à cette époque la voix des
populations comptaient malheureusement
peu. Depuis les Gagaouzes ont maintes
fois exprimé leur désir de se rapprocher
de la Russie. En février de l'année
dernière, la population locale état
invité à participer au référendum pour
répondre à deux questions: la première:
« Désirez-vous que la Gagaouzie rejoigne
l'Union douanière
Russie-Biélorussie-Kazakhstan? ». La
seconde: « Etes-vous pour
l'autodétermination de la Gagaouzie dans
le cas où la Moldavie perdrait son
indépendance? » (En cas d'un scénario de
réunification avec la Roumanie, un
projet de longue date des nationalistes
roumains et de leurs mentors de l'OTAN).
Les Gagaouzes
avaient alors dans l'écrasante majorité
(plus de 95%) voté pour l'Union
douanière (et donc contre l'Union
européenne), ainsi qu'en faveur de
l'autodétermination en cas de
radicalisation du nationalisme roumain.
Une chose donc devient très claire. Le
projet nommé « UE » n'attire pas
aujourd'hui. Les contes romantiques de
l'Europe bruxelloise ne peuvent plus
cacher la triste réalité. Celle d'une
partie de l'Europe (celle de Bruxelles)
complètement vassalisée aux USA.
Dans le cas de la
Moldavie, il s'agit d'un cas très
sérieux, et les élites occidentales le
savent parfaitement. Tout d'abord il y a
déjà depuis plus de 24 ans une autre
Moldavie qui vit parallèlement: la
République moldave du Dniestr (PMR)
ayant fait sécession de Kichinev durant
la période d'éclatement de l'Union
soviétique et qui est depuis un Etat
indépendant de fait. Sa capitale est
Tiraspol. Malgré toutes les tentatives
de Kichinev et des élites occidentales
d'isoler la PMR, notamment par des
mesures économiques (les sanctions
on connait), cet Etat vit mieux
économiquement parlant que la Moldavie
de Kichinev.
D'autre part et il
ne faut pas l'oublier, à Kichinev même,
un bien grand nombre de voix s'élèvent
contre l'intégration atlantiste et en
faveur de l'intégration eurasiatique,
avec la Russie. Les médias occidentaux
ont là aussi essayé de ne pas trop se
focaliser sur le sujet des dernières
élections législatives moldaves, qui se
sont déroulés en novembre dernier. La
raison est simple. Le parti qui est
arrivé en tête de ces législatives n'est
autre que le Parti socialiste de
Moldavie, ouvertement pro-russe. Sa
priorité est l'intégration avec la
Russie et l'Union économique
eurasiatique et l'annulation de l'accord
d'association avec l'UE. A noter qu'un
autre parti favorable à la Russie, le
Parti communiste moldave, est arrivé lui
troisième de ces élections législatives.
Pour conclure donc,
Bruxelles (et Washington aussi puisque
c'est de lui qu'il s'agit en premier
lieu), doivent se rendre à l'évidence
que leurs « projets » n'attirent pas.
Dans le cas moldave, cela est évident.
La République moldave du Dniestr
sécessionniste en 1991 vit mieux que la
Moldavie version Kichinev, et ce malgré
l'embargo et les sanctions la visant. La
Gagaouzie turcophone a fait son choix
elle aussi: celui de la Russie et de
l'Union eurasiatique. Et à Kichinev
même, la coalition pro-occidentale est
très fragile et perd chaque jour qui
passe le soutien des citoyens moldaves.
Dans cette situation et surtout au vu
des événements dans l'Ukraine voisine,
la Moldavie devra trouver la voie qui
lui convient. Et cette voie, ce n'est
certainement pas Bruxelles.
A noter d'ailleurs,
que la Turquie a salué tout comme la
Russie l'élection d'Irina Vlakh.
Evidemment Ankara entend jouer de son
influence au sein d'une entité
turcophone mais c'est aussi un nouvel
exemple de la politique turque qui
défend avant tout ses intérêts et non
pas ceux de Washington et de l'OTAN. A
la très grande différence des élites
politiques bruxelloises.
Quant à l'espace
eurasiatique, j'avais déjà dit
précédemment que personne ne pourra
stopper le processus des retrouvailles
observées dans ce qu'on appelle
l'ex-URSS. Depuis l'éclatement du projet
soviétique et après l'échec des
expériences libérales pro-occidentales,
les peuples cherchent à se rapprocher de
nouveau afin de créer une union capable
de défendre leurs intérêts légitimes.
L'Union économique eurasiatique et
bientôt l'Union eurasiatique tout court
représentent cette aspiration. Avec la
Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie,
l'Arménie, le Kirghizistan, le
Tadjikistan, on est vraisemblablement
qu'au début du processus. Peu importe,
que Mme Clinton & Co. n'apprécient pas.
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