Sputnik
Un contingent eurasien en Syrie ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
© REUTERS/
Ali Hashisho
Vendredi 23 juin 2017
Source:
Sputnik
Dans le monde multipolaire qui se
dessine pour le XXIe siècle, l’Eurasie
fera entendre sa voix. Le projet de
faire intervenir des contingents kazakhs
et kirghiz dans le cadre d’une mission
de maintien de la paix en Syrie va dans
ce sens. S’il se concrétise, ce projet
prouvera que le monde se passe très bien
de l’occident pour régler ses conflits.
La Russie aurait
suggéré d'envoyer des contingents
kazakhs et kirghizs en Syrie.
Une proposition qui
s'inscrit dans le cadre de la
préparation du nouveau round des
pourparlers d'Astana sur la
Syrie, qui devrait avoir lieu début
juillet. C'est Ibrahim Kalin,
porte-parole du président turc, qui a
révélé cette proposition, émise lors des
échanges préparatoires russo-turcs.
Les troupes kazakh
et kirghiz viendraient en appui de
celles que la Russie, l'Iran et la
Turquie ont prévu lors du précédent
round d'Astana d'envoyer dans les zones
de désescalade, sous réserve d'un accord
de Damas.
Pour le moment, il
ne s'agit que d'une proposition qui doit
être encore discutée avec toutes les
parties intéressées. Si la proposition
devait aboutir, ce serait effectivement
une mini-révolution. Les autorités du
Kirghizistan, dont le président vient de
terminer une visite en Russie, ont
confirmé que cette idée d'envoyer des
militaires en Syrie avait été discutée
lors du Conseil permanent de l'OTSC
(Organisation du traité de sécurité
collective, composée de la Russie, du
Kazakhstan, de la Biélorussie, du
Kirghizistan, de l'Arménie et du
Tadjikistan). Ce pays ex-soviétique
d'Asie centrale voit en effet d'un œil
favorable cette possible mission du
maintien de la paix.
Mettons maintenant
cette proposition en perspective et dans
son contexte.
Relevons tout
d'abord que le Kazakhstan et le
Kirghizistan font, de notoriété
publique, partie des principaux alliés
de la Russie. Les deux nations sont
également membres de toutes les
organisations dans lesquelles la Russie
joue un rôle de premier plan: l'Union
économique eurasiatique, l'OTSC,
l'Organisation de coopération de
Shanghai (OCS), la CEI.
D'autre part, ces
deux pays turcophones d'ex-URSS ont de
bonnes relations avec la Turquie, un des
trois pays garants du processus
d'Astana, avec la Russie et l'Iran. Avec
ce dernier, les relations sont également
cordiales. Enfin, et c'est tout aussi
important, les deux États soutiennent
l'approche multipolaire des relations
internationales et le respect de la
souveraineté des nations, ce qui
signifie que le gouvernement syrien ne
sera certainement pas opposé à voir des
troupes kazakhs et kirghiz sur son
territoire.
Enfin, les Kazakhs
comme les Kirghizes sont majoritairement
musulmans sunnites, à l'instar de la
majorité de la population syrienne. Ce
qui est indéniablement un facteur
positif, comme le démontre l'accueil
très favorable que la population locale
a réservé à la police militaire russe en
Syrie, composée majoritairement de
Russes-Tchétchènes sunnites, et qui
assure notamment la sécurité dans la
ville d'Alep.
L'idée est donc
excellente. Surtout qu'elle renforcera
dans les faits la notion d'Eurasisme.
L'Eurasie est amplement capable de
résoudre les principaux conflits
régionaux et internationaux sans la
participation de ceux qui «pensent»
toujours qu'ils sont irremplaçables…
suivez mon regard.
Nous restons
évidemment prudents en attendant que
cette initiative se concrétise, mais si
tel était le cas, elle serait sans aucun
doute à saluer. Au moment où l'armée
gouvernementale syrienne et ses alliés
sont en train de venir à bout des
terroristes sur le sol syrien,
provoquant une hystérie totale des
Américains et de leurs alliés, qui
comprennent que le chaos en Syrie touche
à sa fin et que leurs objectifs
géopolitiques ne seront pas atteints,
nous devons dès à présent anticiper le
retour effectif à la paix et la
reconstruction du pays. En ce sens, la
solidarité de la famille eurasienne est
plus qu'une nécessité.
Que les atlantistes
notent bien que nous sommes en 2017, pas
en 1992, et qu'il est possible de régler
les principales questions
internationales sans la participation
des élites atlantistes.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 24 juin 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Le sommaire de Mikhaïl Gamandiy-Egorov
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|