Sputnik
Russie, Turquie, Iran, échec à la
déstabilisation !
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik. Maxim Blinov
Jeudi 22 décembre 2016
Source:
Sputnik
Non, la guerre russo-turque n’aura pas
lieu, malgré l’assassinat d’Andreï
Karlov, qui visait clairement à nuire
une fois de plus aux relations entre la
Russie et la Turquie. Mieux que cela, la
Russie, l’Iran et la Turquie ont décidé
d’accroître leur collaboration en Syrie.
Nous avons tous appris avec
consternation l'assassinat de
l'ambassadeur russe en poste à Ankara,
Andreï Karlov. Un acte lâche, qui
s'inscrit sur fond de revers des
terroristes en Syrie. Une attaque
destinée vraisemblablement à casser le
rapprochement russo-turc. À ce niveau,
l'opération est un échec: Moscou et
Ankara comptent au contraire accroître
leur niveau de coopération.
En témoignent les
déclarations des dirigeants russe et
turc, ainsi que par le maintien de la
réunion tripartite qui a eu lieu le jour
suivant à Moscou, entre les chefs des
diplomaties russe, iranienne et turque.
Elle s'est doublée d'une rencontre entre
les ministres de la Défense des trois
États. Ankara, Moscou et Téhéran
affirment à l'issue de ces entrevues
qu'elles vont lutter conjointement
contre le terrorisme et soutiendront une
solution politique à la crise en Syrie.
Sur ce dernier volet, les trois
capitales affirment être attachées au «
respect de la souveraineté,
l'indépendance et l'intégrité
territoriale de la Syrie en la qualité
d'un État multiethnique,
multiconfessionnel, démocratique et laïc
». Un message très fort lorsqu'on sait
que Moscou-Téhéran d'un côté et Ankara
de l'autre avaient des approches fort
différentes jusqu'ici vis-à-vis de la
guerre en Syrie — la Russie et l'Iran
soutenant le gouvernement légitime
syrien, la Turquie ayant ardemment
demandé son départ. La question de la
préservation de la Syrie en tant qu'État
multiconfessionnel, multiethnique et
laïc, est cruciale, surtout à la lumière
des projets des soi-disant « rebelles
modérés ». À une écrasante majorité,
ceux-ci souhaitent précisément en finir
avec la laïcité et installer à la place
un « État » régi par les lois
de la charia… Le tout dans un pays
multiethnique et multiconfessionnel!
Mais cela évidemment est le dernier des
soucis des gouvernements occidentaux
(comme en Libye), qui souhaitent à tout
prix destituer Bachar al-Assad.
En outre, les trois ministres ont
également appuyé la tenue prochaine de
pourparlers inter-syriens à Astana, la
capitale du Kazakhstan. Bref, beaucoup
de choses intéressantes en perspective,
surtout au vu du format de la réunion.
En effet, aucun représentant des
États-Unis, d'Europe occidentale ou des
régimes du Golfe n'a été invité pour le
moment. Pour autant, les organisateurs
de cette rencontre ont bien indiqué que
la porte restait ouverte, à condition
bien sûr de vouloir sincèrement la fin
du chaos en Syrie. Et il est permis de
douter que ce soit le cas des acteurs
engagés dans la crise syrienne qui n'ont
pas été conviés à Moscou.
Pour autant,
la volonté affichée par la Russie,
l'Iran et la Turquie de renforcer la
lutte contre le terrorisme et les
rencontres à Moscou entre les ministres
des Affaires étrangères et de la Défense
des trois pays laissent effectivement
entrevoir l'espoir d'une sortie de crise
en Syrie. Malheureusement, le
terrorisme, qui sert les adversaires de
la multipolarité, n’a pas dit son
dernier mot. Il est à craindre que ces
efforts de stabilisation de la région ne
soient mis à mal, justifiant au passage
la volonté des trois pays de renforcer
leur coordination au niveau sécuritaire
et antiterroriste.
Ils voient en effet
d'un très mauvais œil le fait qu'il est
possible de se passer d'eux pour
résoudre les principales crises du
moment. Plus vite ils reconnaîtront la
réalité multipolaire, plus vite ils
pourront prétendre à y jouer un rôle que
l'on espère positif. Ce qui est certain,
c'est que cette rencontre
est la meilleure réponse aux terroristes
et à ceux qui pensent encore pouvoir
utiliser ces derniers afin d'atteindre
leurs objectifs géopolitiques.
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Tous droits réservés.
Publié le 26 décembre 2016 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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