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Une puissance "régionale"
redevenue superpuissance
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Alexi Druzhinin
Mardi 20 octobre 2015
Source:
Sputnik
Qu’est-ce qui
différencie une puissance régionale
d’une puissance réellement globale? La
différence principale est dans
l’influence qu’elle renvoie. Une
puissance dite régionale se caractérise
donc par une influence limitée à sa
région ou zone frontalière. Une
puissance mondiale, globale ou
superpuissance n’est pas limitée à une
quelconque région.
La Russie, en tant
qu'héritière de la superpuissance
qu'était l'URSS, a été reléguée (à tort
ou à raison) durant la période ayant
suivi l'éclatement de l'Union soviétique
au rôle de puissance régionale, voire
"d'ex-superpuissance devenue puissance
pauvre" (termes employés dans mon
collège et lycée français de l'époque).
Il faut avouer que malgré certains
aspects qui continuaient de caractériser
la Russie comme une puissance globale, y
compris durant la très difficile période
de transition (l'une des principales
puissances militaires, membre permanent
du Conseil de sécurité de l'ONU,…), elle
était effectivement bien loin de son
potentiel véritable.
La Russie n'a
commencé donc à retrouver ses véritables
valeurs qu'à partir des années 2000.
Tout ne s'est pas fait du jour au
lendemain, le processus a pris du temps
et se poursuit en ce moment encore.
Néanmoins, tous les grands médias du
monde, y compris du mainstream,
finissent un par un par redonner à la
Russie son statut de superpuissance, du
New-York Times au Guardian, en passant
par le Washington Post ou Der Spiegel.
Ce n'est de loin
pas avec enthousiasme que les dits
médias et certains autres avouent cette
réalité. La note de russophobie y est
toujours ambiante et le président russe
critiqué, mais la grande différence
entre les années sombres et celles
d'aujourd'hui, c'est qu'on est passé de
la moquerie pure et simple de tout ce
qui caractérisait la Russie au respect
avec mépris, voire au respect avec
haine. L'arrogance typique est toujours
là au sein des élites occidentales, mais
cette même arrogance ne permet plus de
dépasser certaines lignes. Et c'est tant
mieux.
Qu'est ce qui a
donc tellement changé entre cette Russie
post-soviétique des années 1990 et celle
actuelle? Avant tout, le niveau de vie.
Car les Russes ont beau être fiers de la
politique extérieure de leur pays et de
la puissance géopolitique retrouvée,
sans une assiette pleine dans leur
foyer, difficile de penser à
l'extérieur. Et malgré tous les
problèmes économiques que l'Occident
annonçait d'un ton menaçant à la Russie,
cette dernière a tenu bon et continue.
Plus encore, la riposte russe aux
sanctions décrétées unilatéralement par
l'Occident a eu le résultat inverse de
celui espéré par ses instigateurs: les
citoyens russes se sont encore plus
solidarisés avec leur gouvernement,
président en tête, et au final l'Europe
dans sa version bruxelloise, ayant
bêtement suivi les ordres de Washington,
a subi des pertes fort importantes en ce
qui concerne ses intérêts économiques et
commerciaux en Russie.
La Russie, au
contraire, a lancé une large
diversification de ses relations (on
regrettera juste que cela n'ait pas été
fait encore plus tôt), ce qui est
également une caractéristique évidente
d'une puissance mondiale: ne pas limiter
ses relations aux voisins. L'intégration
eurasiatique avec plusieurs anciens pays
issus de l'URSS et d'autres est certes
l'une des grandes priorités de la Russie
actuelle: l'Union économique
eurasiatique (Russie, Kazakhstan,
Biélorussie, Arménie, Kirghizistan et
d'autres à venir) en est la preuve. Mais
cela ne s'arrête pas là. La Russie
renforce son interaction avec l'alliance
BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine,
Afrique du Sud) et l'Organisation de
coopération de Shanghai (OCS). La Russie
a plusieurs alliés importants en
Amérique latine. L'Afrique ne fait pas
exception: les pays ayant été les alliés
de l'URSS durant la période de la
décolonisation et de la guerre froide se
préparent à un renforcement des
relations. Plus encore, les pays n'ayant
pas été du côté soviétique à cette
époque, notamment certains pays
d'Afrique francophone, regardent de plus
en plus vers Moscou. Et bien sûr l'Asie,
où, en plus des pays déjà cités, des
relations intenses se développent avec
tout un nombre de pays, y compris
plusieurs puissances régionales: Iran,
Vietnam, Indonésie,…
La campagne
antiterroriste russe en Syrie et les
résultats positifs acquis par les forces
de l'aviation militaire russe en
coordination avec les forces de l'Armée
arabe syrienne ont relancé un autre
sujet lié au thème d'aujourd'hui, celui
de la puissance militaire russe. Bien
que la Russie, y compris après
l'éclatement de l'URSS, ait toujours été
considérée comme l'une des plus grandes
puissances armées, ne serait-ce que
grâce à son arsenal nucléaire, néanmoins
les moqueries occidentales sur le manque
de modernisation au sein de l'armée
russe ne manquaient pas. Les succès très
récents de l'aviation russe en Syrie et
les lancements de missiles de croisière
depuis la mer Caspienne ayant fait
environ 1500 kilomètres de voyage pour
éliminer toutes les cibles terroristes
requises ont tout à coup rapidement fait
chavirer les moqueurs habituels, aux USA
comme ailleurs. Le média new-yorkais
Business Insider a même consacré un
article à ce sujet, affirmant que
"l'armement russe est plus en avance que
beaucoup ne le pensaient" et en ajoutant
que les missiles de croisière russes
sont capables de traverser 900 miles
(1448, 41 kilomètres) de plus que leurs
équivalents étasuniens.
Vraisemblablement, il y a donc pas mal
de choses que certains "partenaires"
ignorent sur nous. Et c'est certainement
ce qui caractérise aussi une
superpuissance, pour reprendre le terme
même de nos collègues du mainstream.
Bienvenue une fois
encore, donc, à l'ère multipolaire où
les peuples du monde auront de nouveau
le libre choix de leurs alliés et
partenaires. Toujours mieux d'avoir le
choix, et encore mieux lorsque l'option
est d'autant plus multiple.
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Tous droits réservés.
Publié le 21 octobre 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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