Sputnik
Contre vents et marées,
la Russie
diversifie ses relations extérieures
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Alexei Nikolskiy
Mercredi 15 février 2018
Source:
Sputnik
L’une des
principales erreurs de la Russie
postsoviétique a été de trop faire
confiance à l’Occident, mais depuis,
Moscou a corrigé le tir. Les
bouleversements mondiaux de ces
dernières années ont permis à Moscou de
tisser de nouveaux liens et de
s’éloigner de ces rapports souvent
injustes et hypocrites.
Évidemment à la
chute de l'URSS, les élites occidentales
souhaitaient avant tout maintenir la
Russie sous leur influence, sans pour
autant la considérer comme membre à part
entière de la «famille». Les élites
libérales russes des années 1990 y ont
trouvé leur compte: enrichissement
massif et privatisation des secteurs
clés de l'économie russe avec
l'assistance de conseilleurs étasuniens:
telle était la triste réalité de cette
époque, aujourd'hui dépassée.
Concomitamment à ce
«rapprochement» sans précédent avec
l'Occident, la Russie connaissait un
appauvrissement d'une très large partie
de sa population et perdait de
nombreuses positions en Afrique, en Asie
et en Amérique latine. Les élites
pro-occidentales de l'époque avaient
bien sûr favorisé dans la mesure de
leurs moyens ce processus.
Suite à cette
période de marasme, la Russie s'est
redressée et a commencé à renouer avec
les alliés de l'époque soviétique, ainsi
qu'avec de nouveaux partenaires.
L'erreur de la Russie est sans aucun
doute de ne pas avoir, à l'instar de la
Chine, accéléré la diversification de
ses relations extérieures plus tôt, sans
attendre l'arrivée du summum des
tensions géopolitiques avec l'Occident
politique. Il faut dire que «l'héritage»
laissé par les élites de la période
chaotique des années 1990 n'a pas non
plus facilité la tâche.
Quoi qu'il en soit,
la Russie a maintenant largement
récupéré sa place de puissance mondiale.
Une position de premier plan qui se
traduit par des intérêts aux quatre
coins de la planète. En Eurasie, un
véritable axe autour de Moscou et Pékin
se forme, comme l'illustre
l'Organisation de coopération de
Shanghai (OCS). De plus, l'Union
économique eurasiatique se renforce de
jour en jour dans l'espace
ex-soviétique. Quant aux BRICS, union
dont la Russie fait également partie,
au-delà de représenter près de la moitié
de la population mondiale (loin des 10%
représentés par le monde occidental),
lesdits pays représentent également près
de 40% du PIB mondial et sont en bon
chemin pour en représenter la moitié, à
eux seuls…
La Russie est
devenue également l'un des principaux
partenaires de nombre de pays d'Asie et
d'Amérique latine, tant sur les plans
politiques, économiques, que dans le
domaine stratégique de la Défense. Quant
à l'Afrique et après y avoir perdu
nombreuses de ses positions, l'heure est
au grand retour: au cours des deux
dernières années, l'Algérie est passée à
la troisième place des principaux
clients de l'armement russe, en frôlant
la deuxième, pour le moment occupée par
la Chine. Le Maroc et l'Union économique
eurasiatique prévoient de lancer une
zone de libre-échange cette année. Les
échanges se renforcent avec l'Afrique du
Sud, l'Égypte (notamment dans le
nucléaire civil), l'Angola, la Namibie,
le Zimbabwe, le Burundi et d'autres
nations africaines.
Tout cela démontre
à ceux qui croyaient que la Russie ne
pourrait se passer de l'Occident qu'ils
se sont radicalement trompés. Pour
d'évidentes raisons, l'État russe reste
ouvert à des relations honnêtes et
mutuellement bénéfiques avec les pays
occidentaux, en premier lieu européens.
Mais la Russie a compris que seules des
interactions majeures avec le reste de
l'humanité lui permettront d'obtenir
encore plus de succès et de garantir
plus de stabilité mondiale: c'est tout
simplement l'approche multipolaire des
relations internationales que défend la
Russie.
Certains jaloux ont
beau dire que la Russie ne peut
s'éloigner de l'Europe —géographiquement
il est peu probable que cela arrive un
jour- elle doit néanmoins continuer
tenter d'ouvrir des portes que
l'Occident a toujours gardées fermées,
bien que Moscou ait souvent idéalisé ses
partenaires de l'Ouest. Des illusions
heureusement aujourd'hui révolues.
D'ailleurs, il
suffit d'observer les mutations récentes
pour comprendre qui représente ou non un
partenariat gagnant-gagnant pour la
Russie. L'Occident qui a tellement
besoin du très vaste marché russe pour
écouler ses produits transformés et
acheter en retour du gaz —en absence
d'alternative fiable- tout en fermant
ses portes aux entreprises de Russie? Ou
plusieurs pays non-occidentaux, qui
multiplient aujourd'hui les achats de
technologies russes de pointe, et grâce
auxquels plusieurs secteurs industriels
reprennent un nouveau souffle? Cela
donne à réfléchir.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié
le 16 février 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Le sommaire de Mikhaïl Gamandiy-Egorov
Le
dossier Russie
Les dernières mises à jour
|