Sputnik
La jeunesse africaine cherche à
étendre
le partenariat avec la Russie
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik
Jeudi 15 décembre 2016
Source:
Sputnik
Entretien avec Francis Mvemba, jeune
entrepreneur, originaire de la
République démocratique du Congo. Il vit
aujourd’hui à Monaco mais prévoit de
s’investir dans l’avenir politique de
son pays où il vient de lancer un
nouveau parti politique qui mise sur le
développement des relations avec la
Russie et les nations BRICS.
Sputnik : Pourquoi un nouveau parti
politique en RDC ?
Francis Mvemba : Mon parcours est celui
d'un enfant né au pays, ayant immigré et
grandi en Europe et plus
particulièrement en France dans des
quartiers difficiles, j'en suis sorti
grâce au travail et à la persévérance.
Aujourd'hui j'ai réussi mes affaires et
depuis quelques temps j'ai envie de
m'investir pour mon pays. On ne peut pas
laisser son pays s'enliser si on a une
chance de le tirer vers le haut, c'est
cela ma profonde conviction.
J'ai créé le PEC (Parti Emergence du
Congo) car je voulais rassembler autour
d'un projet les jeunes du pays et de la
diaspora, leur montrer que c'est
possible, qu'on peut y arriver, que eux
aussi ils peuvent prendre leurs
responsabilités et émerger. Quand je
regarde cette jeunesse congolaise, je
vois des jeunes talentueux, plein de
capacités, d'intelligence, mais cela
fait des générations qu'on nous dit que
le succès ce n'est pas pour nous. Cela
nous ne voulons plus l'accepter et notre
parti a pour objectif de proposer de
nouvelles perspectives à cette jeunesse.
Sputnik : Quelle est votre compréhension
de la situation au pays ?
Francis Mvemba : C'est une question
difficile même pour un Congolais. Le
Congo, c'est un empire qui a un
potentiel énorme, le monde entier le
sait. C'est cette richesse qui fait nos
joies mais aussi crée nos tensions.
Notre histoire nous a appris que nous ne
devons compter que sur nous-même. Je me
refuse de rentrer dans le jeu de la
politique politicienne. Ce que je
comprends c'est que plus nous
diversifions et multiplions les
relations et les partenariats avec des
pays amis et partenaires, plus nous
avons de chances de créer en République
démocratique du Congo les conditions au
développement, à l'emploi des jeunes, à
l'émergence du pays tout entier. Le
Congo a besoin d'un équilibre, cet
équilibre est à mon sens possible tant
que notre pays s'ouvre à toutes les
forces vives désireuses de soutenir son
développement. Je veux bien sur parler
des partenaires historiques du pays (
Europe, etc. ) mais aussi les nouvelles
puissances émergentes ( BRICS ) sans
oublier bien évidemment la Fédération de
Russie qui pour grand nombre de
Congolais est le pays leader du moment.
N'oublions pas que la seule université
au monde qui soit liée au nom du grand
héros national Patrice Lumumba se trouve
à Moscou ( l'Université russe de
l'Amitié des Peuples, ndlr ).
Sputnik :
Vous parlez de la Russie, quelle est
votre opinion ou votre intérêt pour
celle-ci ?
Francis Mvemba : Elle est
intéressante à plus d'un titre. D'abord,
quand on regarde son histoire, on y
trouve de nombreux points communs avec
le Congo. En 1991, la situation était la
suivante: le pays était riche de
ressources naturelles mais en
quasi-cessation de paiement. Aujourd'hui
malgré la dernière crise et les
sanctions occidentales qui la visent,
elle est de nouveau sur le premier plan,
tout au moins une nation incontournable
sur le plan du leadership international.
Les Russes ont prouvé que c'est possible
de se redresser. Nous sommes en 2016, en
seulement 25 ans ils ont rebâti le pays,
retrouvé l'unité, la fierté…
Ramené à
notre dimension congolaise, je souhaite
que nous puissions nous aussi émerger
grâce à nos richesses naturelles et à
nos ressources humaines, le Congo a
aussi le droit de rayonner tant dans la
sous-région qu'en Afrique ou au niveau
international, vous ne pensez pas ?
Sputnik : Vous parlez du rayonnement du
Congo dans la Sous-région, au niveau de
l'Afrique, et à l'international,
avez-vous une vision ou une idée
personnelle sur la question ?
Francis Mvemba Je vous l'ai dit j'ai accepté
la mission qui m'a été confiée de
représenter mon pays et de tout faire
pour y faire venir de l'investissement,
du développement, et y créer de
l'emploi. Ce qu'il faut d'abord c'est
qu'on se mette tous au travail. Je suis
persuadé que les cartes du leadership
mondial ont changé de main, le vieux
système lui-même est en train de montrer
ses absurdités et ses limites. Regardez
l'Afrique, le monde continue de croire
que les Africains ne sont pas assez
compétents et responsables pour régler
leurs problèmes eux-mêmes au niveau
régional. Pourtant, qui de mieux placés
que les pays concernés peuvent résoudre
un litige ou créer un partenariat
gagnant — gagnant entre Etats. Regardez
ces dernières années, n'a-t-on pas vu le
Maroc amener un nouveau souffle dans le
jeu des relations extérieures, et dans
la prise de position en faveur de
l'Afrique? On vit une époque-clé qui
laisse la place aux régionalismes et à
l'échelle plus globale la multipolarité,
mais c'est tout simplement du bon sens
quand un Congolais s'assoit à une table
de discussion avec un Centrafricain, un
Ougandais, un Burundais et un Congolais
de Brazza pour parler de questions
régionales.
Pour conclure et être plus
concret, qu'est-ce que Francis Kinshasa ?
Ma première mission va être
d'aller dans l'est du pays à Beni, pour
y distribuer des aides matérielles aux
femmes et aux enfants victimes des
massacres. Nous avons une fondation :
Eufrasia, qui s'occupe de récolter les
fonds et de financer des projets
humanitaires. On fait peu mais on le
fait, dans l'urgence, avec nos moyens.
Pour le reste, on veut s'inscrire dans
la durée, sur le long terme. A 34 ans,
j'ai déjà compris une chose de la
politique: l'énergie et le temps qu'on
perd à penser à sa carrière personnelle,
on ne l'utilise pas à servir son pays.
To Banga Nzambe ( on doit craindre Dieu
).
© 2016 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 18 décembre 2016 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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