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Et si Damas reprenait Raqqa?
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AFP 2017
MOHAMMAD AL-HUSSEIN
Mardi 14 mars 2017
Source:
Sputnik
Bachar al-Assad a annoncé que la
libération de la ville de Raqqa serait
désormais le prochain objectif
prioritaire de l’armée syrienne. Elle
poursuivra en parallèle la libération
d’autres villes et localités de Syrie.
« Après Alep et
Palmyre, Raqqa est notre nouvel
objectif. À ce jour, nous sommes proches
de Raqqa. Nos forces ont atteint
l'Euphrate (pour la première fois
depuis quatre ans, ndlr) qui est
très proche de Raqqa, fief de Daech.
Pour autant, cela ne signifie pas que
les autres villes ne sont pas
prioritaires, cela pourrait se dérouler
parallèlement », a déclaré Bachar al-Assad
lors d'une interview accordée à la
chaîne hongkongaise Phoenix.
Parlons
perspectives. Du point de vue
stratégique, Raqqa représente peu. C'est
une relativement petite ville dans un
milieu désertique. Rien à avoir avec
Alep, grande mégalopole et capitale
économique de l'État syrien, ou encore
Palmyre, la « Perle du désert », qui
tout en étant peu peuplée, était et
reste un grand symbole culturel pour la
Syrie et pour toute l'humanité. Raqqa,
elle, n'a de symbolique que son statut
de « fief » de Daech, selon les
déclarations mêmes du président Assad il
y a quelques mois. Néanmoins, et au
moment où les É.-U. et leurs alliés
s'activent pour tenter de remporter au
moins une victoire digne de ce nom sur
le théâtre syrien, Damas démontre
qu'elle est amplement en mesure de
libérer cette ville elle-même, avec
l'aide de ses alliés, à l'instar
d'autres parties du territoire.
Pour rappel, le
gouvernement syrien contrôle les cinq
plus grandes villes du pays: Damas,
Alep, Homs, Lattaquié, Hama. D'autre
part, et cela est tout aussi important,
entre 70 et 80 % de la population de
Syrie se trouve dans des territoires
sous contrôle gouvernemental. Chiffres
hautement symboliques lorsqu'on se
souvient comment le mainstream
médiatique et les élites politiques
occidentales ont répété sur tous les
tons que les civils fuyaient massivement
« les troupes du régime »…
D'ailleurs, quelle
sera la réaction du mainstream et des
élites politiques face à une éventuelle
reprise de la « capitale » de Daech par
les forces gouvernementales? Réponse:
très probablement la même que celle lors
de la libération d'Alep et de Palmyre, à
savoir révolte ou au moins une simple
déception. Quoi qu'il en soit, cette
hypocrisie ne stoppera pas le
gouvernement syrien dans la poursuite de
la libération du territoire du pays de
la présence terroriste. La déclaration
d'Assad n'a fait que le confirmer.
Mieux que cela, le
leader syrien pense que le conflit qui
déchire son pays depuis maintenant six
ans pourrait être entièrement résolu
cette année, tout en ajoutant que les
forces étrangères présentes en Syrie
sans invitation compliquent la
situation. Par ces propos, il viserait
clairement en premier lieu les É.-U.,
principaux instigateurs du chaos
orchestré dans son pays, comme dans la
région en général. La présence turque
est également contestée, mais plus ou
moins tolérée, car elle est coordonnée
avec la Russie. Or, la Turquie continue
de se rapprocher de la Russie à
différents niveaux, la toute récente
visite d'Erdogan à Moscou l'a bien
confirmé. En Syrie, les deux capitales
coordonnent leurs efforts diplomatiques
avec le processus d'Astana et militaires
en opérant des frappes conjointes contre
Daech dans le nord de la Syrie, qui ont
abouti à la libération d'Al-Bab. Dans ce
contexte, il est raisonnable de penser
que la présence de la Turquie en Syrie
ne sera pas permanente, ni même un
problème insurmontable.
Une fois encore, le
problème majeur reste bien la politique
étasunienne dans la région, celle qui
consiste à diviser pour mieux régner, ou
du moins pour mieux semer le chaos —
l'élite US en est la championne absolue.
Mais lorsqu'il s'agit d'en réparer les
conséquences, le plus souvent
catastrophiques, les É.-U. et ses «
alliés » ouest-européens sont presque
toujours aux abonnés absents. Simple
constat de la réalité.
Dernier point.
L'armée syrienne reste en effet sur
l'offensive, avec plusieurs objectifs
stratégiques en vue: rompre
l'encerclement des troupes d'élite
syriennes à Deir ez-Zor et nettoyer la
zone, avancer sur Raqqa, le fief de
Daech, sans oublier évidemment Idlib, le
fief de l'autre groupe takfiriste Hayat
Tahrir al-Cham (ex al-Nosra et Fatah
al-Cham, la filiale d'Al-Qaida en
Syrie). Des efforts militaires qui
s'ajoutent donc aux efforts
diplomatiques d'Astana, lesquels
reprendront dans les prochains jours,
pour avancer vers la fin du conflit
syrien, qui a été imposé par le
néocolonialisme occidental s'appuyant
une fois encore sur des extrémistes
déclarés.
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Publié
le 15 mars 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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