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La Bolivie renforce son
alliance avec la Russie
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Alexei Nikolsky
Lundi 14 mars 2016
Source:
Sputnik
Le président
bolivien Evo Morales a accordé une large
interview à la chaine russe
d’information continue Rossiya 24. L’un
des chefs de file de l’alliance
latino-américaine contre la politique
étasunienne et du renforcement de
l’alliance avec les BRICS n’a pas manqué
d’afficher son soutien à la Russie.
Cela était
particulièrement d'actualité puisque
ladite alliance a été renforcée par des
résultats pratiques récents. En effet,
la Russie aidera
la Bolivie à construire un centre de
recherches nucléaires. Les deux pays ont
signé un accord intergouvernemental de
coopération dans le domaine du nucléaire
civil. Le document prévoit, entre
autres, la construction d'un Centre de
recherches et de technologies
nucléaires. Un projet pour lequel la
Bolivie affectera un investissement de
300 millions de dollars.
Côte russe, c'est
l'Agence fédérale de l'énergie atomique
(Rosatom), consortium public russe qui
sera responsable de la réalisation dudit
projet. Malgré les critiques lancées par
les opposants au gouvernement, le chef
d'Etat bolivien, premier président
indien du pays et grand défenseur de la
nature, a été clair en déclarant que: «
le projet ne présente aucun risque pour
les êtres humains ou pour notre mère la
Terre. Il ne contaminera ni le sol, ni
l'eau, ni l'air ».
Comme il est
indiqué, ce projet permettra à la
Bolivie de se familiariser avec les
technologies nucléaires afin de les
utiliser dans la science, la médecine,
la géologie et l'agriculture. Le Centre
devrait permettre également à la Bolivie
de lancer une production de
radio-isotopes pour le dépistage et le
traitement des maladies oncologiques et
rendre la médecine nucléaire plus
accessible à l'ensemble de la
population.
En plus de l'accord
conclu avec Rosatom, le géant gazier
russe Gazprom pourra prendre part à
l'exploration de nouveaux sites gaziers
en Bolivie, afin d'en assurer également
les livraisons vers les centrales
thermiques du pays.
Comme quoi, en plus
des relations d'amitié et d'approche
similaire sur le plan géopolitique, les
deux nations renforcent leur partenariat
économique. Faut-il le rappeler, la
Bolivie est effectivement l'un des fers
de lance des pays de la région ayant
décidé de défendre leur souveraineté
contre l'interventionnisme néocolonial,
selon les propres dires d'Evo Morales.
Selon ses aveux, après la mort d'Hugo
Chavez, certains espéraient voir cette
approche se fondre. Mais malgré la perte
d'un grand leader tel que Chavez, ayant
porté un coup à l'alliance
latino-américaine, cette alliance
poursuit néanmoins son avancée. Une
avancée qui reste comme un grand os dans
la gorge de Washington.
Cette grande région
que les élites étasuniennes, dont ceux
de la CIA, considéraient des dizaines
d'années durant comme leur arrière-cour,
aujourd'hui est toute autre. Même si
quelques pays restent encore sous la
coupe washingtonienne, la grande
majorité d'entre eux ont bel et bien
choisi la voie de la souveraineté et de
la dignité nationale. La Bolivie a
depuis l'accession au pouvoir d'Evo
Morales choisi cette voie. Faut-il
également le rappeler qu'il est le
premier chef d'Etat amérindien se
revendiquant comme tel, représentant les
populations de souche du pays, depuis le
début de la colonisation espagnole, il y
a plus de 400 ans.
Faut-il aussi
rappeler qu'avant l'élection de Morales
à la tête du pays, les populations
amérindiennes subissaient largement une
discrimination raciale, surtout dans les
villes. Une page désormais tournée. Le
pays a en effet misé sur le socialisme
du XXIème siècle, réunissant les valeurs
du christianisme, de justice sociale et
des traditions ancestrales. C'est
peut-être pourquoi ce socialisme est
plus que jamais d'actualité malgré les
attaques qu'il subit, notamment de
l'extérieur, de la part des partisans de
l'unipolarité.
Sur le plan
justement extérieur, Evo Morales a en
plus d'avoir misé sur l'intégration
régionale et continentale, a opté pour
une alliance avec les
BRICS, en premier lieu la Chine et
la Russie. Dans son interview, le
président bolivien n'a pas manqué de
rappeler que son pays est ouvert à tous
les partenaires, y compris étasuniens,
preuve de quoi les entreprises
occidentales sont présentes dans le
pays, mais qu'effectivement la Chine et
la Russie restent les partenaires
privilégiés grâce à une approche
beaucoup plus juste et transparente:
partenariat gagnant/gagnant et sans
interférences dans les affaires
intérieures du pays.
Ce qui réunit
incontestablement la Bolivie et nombre
d'autres pays latino-américains avec les
BRICS, c'est aussi la vision commune sur
la multipolarité du monde. Une
multipolarité qui se renforce chaque
jour un peu plus. Pour finir, Evo
Morales a salué l'actuelle « courageuse
politique internationale de la Russie »
et que « bien que son pays soit beaucoup
plus petit que celui du peuple frère de
Russie, la Bolivie est prête à apporter
tout le soutien nécessaire ». Que dire
de plus si ce n'est merci et d'ajouter
que dans notre monde multipolaire il
n'est pas question de grands ou de
petits pays. Tout le monde doit avoir la
possibilité de faire entendre sa voix,
ainsi qu'assurer la défense de son
indépendance, de sa souveraineté et de
sa dignité. L'Amérique latine digne est
en outre un excellent exemple pour les
pays qui cherchent encore à se libérer
de la mainmise extérieure, on pense bien
sûr à certains pays d'Afrique. Quant au
partenariat russo-bolivien, il
représente cet autre exemple d'un
partenariat où chacun trouve son compte
et où personne ne donne de leçons à
l'autre.
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Publié le 15 mars 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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