Sputnik
Multipolarité, la fin de l’apartheid
dans
les relations internationales ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
CC0
Lundi 12 mars 2018
Source:
Sputnik
Un système injuste qui prétend agir au
nom du bien de tous, un système où une
minorité entend imposer sa volonté à la
majorité, un système par là même
condamné. À l’instar du régime
d’apartheid en Afrique du Sud, la vision
unipolaire du monde porte en elle sa
propre fin, comme le confirment les
succès des tenants de la multipolarité.
Monde unipolaire = apartheid? Le
parallèle entre le système politique
raciste d'Afrique du Sud et la gestion
internationale du monde voulu par les
élites occidentales a de quoi étonner,
il n'est pourtant pas si absurde. Qu'on
en juge.
Lorsque l'apartheid
s'installe en Afrique du Sud, une
minorité ethnique, issue de
l'immigration occidentale en Afrique,
domine tous les domaines du
pays —politique, économie, défense…- aux
dépens de l'écrasante majorité de la
population, et notamment celle de
souche. Prenez maintenant le système de
gestion du monde qui s'est imposé à la
chute de l'URSS, le fameux système
unipolaire. À ce moment, les élites de
pays ne représentant pas plus de 10% de
la population terrestre se sont
instituées décideurs de toutes les
affaires de la planète, à commencer par
les USA, devenus les gendarmes
autoproclamés du monde.
Autre similitude.
Malgré la base raciste et injuste du
régime d'apartheid sud-africain, qui a
oppressé de longues années durant les
représentants aussi bien de la majorité
noire que ceux issus des minorités
indiennes, métisses et blanches opposées
audit système, le gouvernement
sud-africain de l'époque affirmait
toujours penser au «bien-être» de toutes
les composantes ethniques du pays.
Vraisemblablement une habitude au sein
des élites occidentales, qui après avoir
détruit tellement de pays pour le compte
de leurs intérêts géopolitiques et
géoéconomiques, continuent malgré tout
de crier haut et fort que tout cela se
fait pour y apporter «la démocratie, les
droits de l'homme et les valeurs
universelles».
Des «valeurs universelles» dont eux
seuls ont le secret. Et même si la
majorité de l'humanité ne veut pas de
ces prétendues «valeurs», on pense
notamment au «mariage pour tous» et à
d'autres exemples, eh bien tant pris:
cette majorité terrestre est alors taxée
d'extrémisme et déclarée non conforme à
la prétendue «communauté
internationale», une communauté qui ne
rassemble, rappelons-le, tout au plus
10% de la population planétaire. Ceci
sans même compter la large opposition,
au sein même des pays occidentaux et
notamment européens, des citoyens qui
refusent d'être associés à la politique
de leurs gouvernements et qui rejoignent
volontiers le groupe des partisans de la
multipolarité.
Après ces
parallèles politico-historiques,
évoquons maintenant les perspectives
d'avenir.
Le régime raciste
sud-africain d'apartheid, bien qu'ayant
existé des dizaines d'années et pensant
pouvoir encore perdurer autant, a fini
par tomber. Et c'était tout à fait
logique et prévisible. Car malgré toute
la puissance oppressive dudit régime, il
était devenu clair qu'une minorité ne
pouvait pas dominer éternellement une
majorité. Et c'est ce qui confirme qu'au
niveau global, le système occidental de
gestion du monde est appelé lui aussi à
tomber.
(Géo)
politiquement, c'est déjà de facto le
cas. Observez notamment la stricte
séparation au sein du Conseil de
sécurité de l'ONU (CS) où le bloc
Russie/Chine réussit de plus en plus à
restreindre les appétits néocoloniaux de
la coalition USA/Grande-Bretagne/France.
Cette coalition tripartite est
d'ailleurs fermement opposée à toute
idée d'élargissement du CS, comprenant
parfaitement le rôle qui lui serait
alors laissé. L'élargissement est au
contraire soutenu par Moscou et Pékin
(dont la population dépasse, en passant,
de plus de trois fois celle du bloc
occidental). Pour ces deux capitales,
les pays asiatiques, africains et
latino-américains, ont également leur
mot à dire sur l'avenir du monde, de
façon permanente et non pas en qualité
d'invités de passage. C'est cela aussi,
l'idée de la multipolarité.
Une chose est pour
autant certaine: plus le temps passe et
plus les réformes observées à divers
endroits du monde confirment le succès
du bloc russo-chinois, dans sa volonté
de modifier définitivement les réalités
géopolitiques et géoéconomiques du
monde.
Prenons l'exemple
de deux structures qui, précisément,
jouent un rôle clé dans ce
bouleversement du système néocolonial, à
savoir l'Organisation de coopération de
Shanghai (OCS) et les
BRICS.
Quelques
statistiques éclairent le débat: la
première (Chine, Russie, Kazakhstan,
Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan,
Inde, Pakistan + certainement bientôt
l'Iran) représente 60% du territoire
eurasien et presque la moitié de la
population terrestre. L'OCS dispose de
20% des ressources mondiales de pétrole,
38% du gaz naturel, 40% du charbon et
30% de l'uranium sur la planète.
La seconde (Brésil, Russie, Inde, Chine,
Afrique du Sud) représente quant à elle
26% de la surface terrestre, plus d'un
tiers du PIB mondial (appelé à augmenter
dans les années à venir) et près de la
moitié de la population du monde.
Ajoutez à cela les pays qui
rejoignent —et rejoindront
prochainement- ces deux blocs et vous
comprendrez que les injustices
néocoloniales de l'unipolarité sont
destinées à devenir de mauvais
souvenirs.
En attendant, le travail doit se
poursuivre.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié
le mars 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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