Sputnik
L’histoire méconnue des relations
russo-africaines
Mikhail Gamandiy-Egorov
CC0
/ Unknown / British Museum in London,
catalog Af1974,11.34 /
Ethiopian
painting
depicting
the
battle of
Adwa.
Lundi 11 décembre 2017
Source:
Sputnik
Alors que la Russie se fait plus
présente en Afrique au plan diplomatique
et économique et que les relations
russo-africaines retrouvent petit à
petit leur lustre d’antan, quelques
rappels historiques s’imposent. Petite
collection de faits que vous aurez peu
de chances de trouver dans les manuels
d’histoire occidentaux.
Si pour vous les relations
russo-africaines remontent à la Guerre
froide, au soutien stratégique et bien
souvent décisif de l'URSS dans la lutte
pour la libération nationale des peuples
d'Afrique contre le colonialisme et le
néocolonialisme occidental, révisez vos
préjugés. Elles ont en réalité commencé
bien avant.
Citons tout d'abord
cette formidable histoire du prince
africain Abram Hannibal, devenu
aristocrate russe et l'un des plus
proches amis et conseillers de
l'Empereur Pierre Ier, dit le Grand.
Abram Hannibal qui n'est autre que
l'arrière-grand-père du grand poète
russe
Alexandre Pouchkine, l'un des
principaux symboles de la culture et de
la civilisation russe. En Russie
d'ailleurs on dit: «Pouchkine —nashe
vsio» («Pouchkine est notre tout»). Le
tout à une époque où les clichés
racistes étaient omniprésents en
Occident, à tous les niveaux, à simple
titre de comparaison.
Autre histoire
largement méconnue, celle du soutien
stratégique de l'Empire russe à
l'Éthiopie, le seul pays africain à
n'avoir jamais été colonisé, notamment
durant la Première Guerre
italo-éthiopienne (1895-1896). On le
voit, l'alliance entre l'URSS et
l'Éthiopie socialiste a donc des racines
profondes. En effet, l'Empereur russe
Nicolas II, par solidarité religieuse et
spirituelle —les Éthiopiens étant comme
les Russes majoritairement chrétiens
orthodoxes-, a accordé un soutien sans
faille et décisif afin de stopper le
colonialisme italien en terre
éthiopienne.
Nikolay Leontiev
(en photos ci-dessous), talentueux
conseiller militaire russe, jouera un
rôle clé dans la formation des soldats
éthiopiens pour le compte de l'Empereur
d'Éthiopie Menelik II et dans la
victoire des forces éthiopiennes face
aux forces coloniales italiennes. Il
prendra d'ailleurs part, avec plusieurs
autres volontaires russes, à la bataille
décisive d'Adoua, qui scella le sort de
la guerre.
L'Éthiopie garde
donc à ce jour le titre de seul pays
africain qui a toujours su résister
efficacement à la pénétration coloniale
occidentale. Et malgré la distance
géographique qui sépare les deux
nations, la Russie n'a jamais été
vraiment loin de l'Éthiopie, que ce soit
à l'époque de la Russie tsariste ou
soviétique. À la lumière de ces quelques
rappels historiques, et en se souvenant
aussi des relations URSS-Afrique, il
n'est pas étonnant que l'interaction
russo-africaine soit appelée à renaître
et à retrouver leur niveau d'antan,
voire aller plus loin encore. Les
peuples africains le souhaitent, la
Russie aussi. Aucune raison donc de ne
pas passer à la prochaine étape, et ce
ne sont pas les forces radicalement
opposées à ce plein retour de la Russie
sur le continent africain qui y pourront
faire quoi que ce soit: le monde n'est
plus celui de 1992!
À titre personnel,
j'ai eu la chance durant mon enfance et
mon adolescence de suivre deux
programmes d'études scolaires: français
et russe. Et en analysant depuis cette
période et à ce jour les différentes
interprétations historiques, on arrive à
se forger sa propre opinion. Une chose
est certaine: plus on étudie l'histoire
et plus on découvre le pourquoi du
comment de l'actualité. Et notamment les
explications des différences d'approche
de tels ou tels pays, car au fond peu de
choses changent.
Analysez donc
l'histoire et forgez-vous votre propre
opinion!
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 13 décembre 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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