Sputnik
Pendant qu’Astana s’impose,
l’Occident regarde passer le train
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Alexandr Kryazhev
Jeudi 11 mai 2017
Source:
Sputnik
Si à la chute de
l’URSS et à l’apparition du système
unipolaire, il paraissait impossible de
résoudre une crise internationale
majeure sans l’intervention… ou
l’interférence , des élites
occidentales, en premier lieu
étasuniennes, cette approche est
révolue. C’est ce que nous enseigne le
succès d’Astana.
Beaucoup de regards
étaient une fois de plus fixés sur la
nouvelle rencontre d'Astana. Et si la
presse mainstream, y compris
francophone, s'est fait un malin plaisir
à prédire un échec avant même le début
du nouveau round des pourparlers, il a
été extrêmement intéressant d'observer
l'accalmie, pour ne dire le silence
total de la plupart d'entre eux à
l'annonce de la signature dans la
capitale kazakhe de l'accord sur les
zones de désescalade. Un projet voulu
par la Russie et qui a été soutenu par
les deux autres pays-garants des accords
d'Astana, à savoir la Turquie et l'Iran.
La délégation
gouvernementale syrienne a elle aussi
soutenu l'initiative. Du côté des
groupes armés soutenus par la Turquie,
l'accueil fut plus mitigé. Selon les
témoins sur place, certains « opposants
» ont même exprimé leur désaccord par
des cris au moment de la cérémonie de
signature dudit accord. Mais ils étaient
clairement en infériorité et les trois
pays-garants ont bel et bien apposé
leurs signatures.
Le côté occidental,
au niveau politique et diplomatique,
souffle le chaud et le froid. Certains
saluent l'accord avec réserve, d'autres
disent « attendre plus d'informations »,
d'autres jouent les « méfiants »,
d'autres encore préfèrent simplement se
taire, à l'instar de leurs collègues du
mainstream médiatique. Ce qui sans doute
les gêne, c'est qu'il s'agit d'une
nouvelle victoire de la multipolarité.
Astana a confirmé
une fois de plus qu'elle demeure à ce
jour la seule plateforme crédible pour
résoudre, certes progressivement, la
crise syrienne. On mesure le chemin
parcouru quand on se rappelle qu'elle
n'a été lancée que fin décembre 2016
pour établir un cessez-le-feu —
globalement respecté — sur le territoire
syrien, hors zones contrôlées par Daech,
Al-Qaida et affiliés. Pour rappel, le
lancement d'Astana 1 était au départ une
initiative personnelle de Poutine. Une
initiative qui sera soutenue par les
présidents kazakh et turc, ainsi que par
les gouvernements syrien et iranien.
Pour autant, ce
n'est pas les bâtons dans les roues qui
ont manqué aux différentes étapes
d'Astana, au cours de tous ces derniers
mois. Du mécontentement mal voilé côté
français, saoudien, qatari au
mécontentement déclaré de la diplomatie
allemande affirmant qu'il est dommage
que les pays occidentaux ne soient pas
invités à Astana en tant que
participants à part entière.
Pour rappel, seuls les États-Unis et la
Jordanie ont été conviés en tant
qu'observateurs et il est peu probable
que leur statut soit réévalué. Quant aux
représentants français, britanniques,
saoudiens, qataris ou allemands, les
succès obtenus sans eux laissent à
penser que leur présence n'est pas
souhaitable à ce stade.
Quoiqu'il en soit,
Astana avance et s'impose. Et ce n'est
pas un analyste de Sputnik qui le dit,
mais les résultats sur le terrain. En
quelques mois de travail intensif, la
plateforme d'Astana a prouvé son
efficacité concrète et opérationnelle.
Les terroristes continuent de perdre du
terrain en Syrie. Les autres territoires
retrouvent peu à peu une stabilité
relative. N'est-ce pas l'objectif que
tous auraient dû rechercher? Quand
on connaît les motivations de tout un
groupe de pays vis-à-vis de la Syrie, il
est permis d'en douter. Mais
aujourd'hui, alors que tous, y compris
les instigateurs du conflit en Syrie,
qui ont perdu la partie, parlent de la «
nécessité » de la paix en Syrie, il faut
cesser alors de jouer les hypocrites.
Pour finir, il serait bon de
rappeler que d'autres plateformes
internationales, à l'instar de
l'eurasienne Astana, pourraient voir le
jour à différents endroits du monde pour
résoudre des crises régionales: en
Afrique, en Amérique latine notamment.
C'est l'idée même du concept
multipolaire. Le principal étant de
vouloir régler les problèmes existants
et de laisser les forces instigatrices
de conflits de côté, même si ces
dernières persistent à dire que leur
présence est indispensable. C'est la
leçon qu'il faut tirer d'Astana.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 12 mai 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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