Sputnik
Poutine en Egypte.
L’alliance stratégique
se renforce
Mikhaïl Gamandiy-Egorov
©
Sputnik. Sergey Guneev
Mercredi 11 février 2015
Vraisemblablement, la Russie n'en finit
pas avec son « isolation »... Après la
Chine, l'Amérique latine, l'Inde, la
Turquie et maintenant l'Egypte, c'est
sûr que la Russie doit se sentir bien «
seule » sur l'arène internationale.
Heureusement que le ridicule ne tue pas
(suivez le regard)...
Depuis l'arrivée d'Abdel Fattah al-Sissi
à la tête de l'Etat égyptien, le pays
des Pharaons a montré à maintes reprises
son désir de se rapprocher
considérablement de la Russie et de
l'espace eurasiatique. D'ailleurs la
première visite officielle du maréchal
al-Sissi en dehors du monde arabe s'est
faite justement en Russie, plus
précisément à Sotchi, en août dernier.
Cette fois-ci, c'était au tour du
président russe de visiter son homologue
égyptien, en terre égyptienne. Dans les
rues de la capitale Le Caire, on pouvait
voir les portraits de Poutine et les
mots de bienvenue en arabe, russe et
anglais. Comme résultat de cette
importante visite: la signature d'un
grand nombre d'accords. Revenons-y.
1) La Russie construira une centrale
nucléaire en Egypte. L'accord a été
signé à ce titre entre Sergueï Kirienko,
directeur de l'Agence fédérale russe de
l'énergie atomique (ROSATOM) et Mohammed
Shaker, ministre égyptien de
l'Electrification et de l'Energie.
Vladimir Poutine a par ailleurs déclaré
que « la Russie va non seulement
construire ladite centrale nucléaire
mais également créer et développer une
toute nouvelle industrie nucléaire pour
l'Egypte ».
2) L'autre aspect important de la
visite concerne lui la coopération des
deux pays dans le domaine de
l'investissement. Ainsi, Alexeï
Oulioukaev, ministre russe du
Développement économique et Ashraf
Salman, ministre égyptien des
Investissements, ont signé un mémorandum
d'entente dans le domaine des
investissements et de la construction en
Egypte. Des projets seront mis en œuvre
dans des domaines tels que les
infrastructures de transport,
l'ingénierie ou encore l'industrie
chimique. Poutine et al-Sissi ont
également insisté sur la nécessité
d'élargir les possibilités dans le
partenariat bilatéral pour les petites
et moyennes entreprises des deux pays. A
noter qu'à l'heure d'aujourd'hui, plus
de 400 entreprises avec des capitaux
russes opèrent en Egypte.
3) Un accord pas moins important
concerne la très sérieuse éventualité
d'une zone de libre-échange entre
l'Egypte et la Russie, et plus
globalement avec l'Union économique
eurasiatique. D'autre part et cela ne va
certainement pas faire plaisir à nos «
amis » étasuniens: les banques centrales
de Russie et d'Egypte vont étudier
rapidement la possibilité de passer aux
paiements en devises nationales dans le
commerce et les échanges mutuels…
4) Le tourisme. Autre domaine de
partenariat privilégié entre les deux
pays. Depuis la chute des Frères
musulmans et la stabilisation du pays,
les touristes russes ont massivement
retrouvé les stations balnéaires
égyptiennes, notamment celles de la mer
Rouge (Hurghada et Charm el-Cheikh).
Comme l'a noté le président russe,
l'année 2014 a été une année record avec
plus de 3 millions de touristes russes
ayant visité le pays des Pharaons. C'est
pourquoi et comme l'a bien noté le
leader égyptien, son pays compte sur le
renforcement du partenariat dans ce
domaine entre les deux nations. Pour
rappel, l'Egypte représente la
destination favorite (avec la Turquie)
des touristes russes. D'autre part, les
citoyens de Russie sont de loin les plus
nombreux visiteurs de l'Egypte, bien
devant les Allemands ou encore les
Britanniques.
5) Les deux Etats continueront en
outre de développer et d'accroître leur
partenariat dans le domaine de la
coopération militaro-technique. Clin
d'œil là-aussi aux USA, qui il n'y a
encore pas très longtemps régnaient
pratiquement en maîtres absolus dans
cette sphère en Egypte. Mais
vraisemblablement, les grands
changements ne font que commencer.
6) L'agriculture. Beaucoup de
nouvelles opportunités sont désormais
offertes à l'Egypte en ce qui concerne
l'export de ses produits agricoles,
notamment des fruits. La République
arabe d'Egypte étant déjà un partenaire
important de la Russie dans ce domaine,
désormais, avec les « sanctions »
occidentales et les mesures de réponse
prises par la Russie à l'encontre des
produits occidentaux, dont européens,
l'Egypte a ainsi occupé beaucoup de
nouvelles niches dans un domaine où la
Russie représente l'un des plus grands
marchés au niveau mondial.
7) Pour finir, la Russie et l'Egypte
vont activement collaborer dans la lutte
contre les menaces terroristes,
notamment celle venant du pseudo Etat
islamique. Les deux leaders ont par
ailleurs discuté de la situation en
Syrie, des moyens à aider le pays à
sortir de la crise et plus globalement
de la situation au Moyen-Orient. La
Palestine a également été abordée, les
deux présidents ont insisté sur la
nécessité de la création d'un Etat
palestinien indépendant.
Que dire d'autre si ce n'est que les
élites occidentales peuvent poursuivre
leur cirque autant qu'ils souhaitent et
affirmer constamment que la Russie se
retrouve de plus en plus isolée sur la
scène internationale. Bizarrement, à
chaque visite officielle de Vladimir
Poutine en territoires étrangers, autres
que les pays occidentaux, c'est un
accueil chaleureux qui lui est réservé.
D'ailleurs, les médias du mainstream,
commentant la visite du président russe
en Egypte ont en partie bien dû le
reconnaitre: « Poutine accueilli en
grande pompe en Egypte, titrait
Le Figaro. En ajoutant « que le
président russe a été reçu comme un tsar
»…
Il faut se rappeler qu'en pleine
guerre froide et surtout au temps du
grand leader panarabe Gamal Abdel
Nasser, l'Egypte était un allié de poids
de l'URSS. L'Union soviétique a soutenu
son allié égyptien dans son opposition
au néocolonialisme britannique, français
et israélien. Grand nombre de
spécialistes soviétiques travaillaient
durant cette période en terre
égyptienne. Sans oublier la construction
du haut barrage d'Assouan et le soutien
soviétique à l'Egypte durant la guerre
qui l'opposa à l'Etat sioniste.
D'autre part, oui, le monde ne se
limite pas à l'Occident. L'humanité
représente beaucoup plus. Et cette
humanité montre de plus en plus
aujourd'hui son ras-le-bol du diktat
voulu par cet Occident politique. Un
ras-le-bol qui pourra à terme donner
lieu à une vraie isolation de ceux qui
menacent constamment d'isoler les
autres. Bien que et il est très
important de le noter, il n'est
nullement question d'isoler les peuples
européens et plus globalement
occidentaux, surtout à l'heure d'un
réveil évident des consciences et de la
compréhension de plus en plus visible
par ces peuples des réalités que leurs
élites ont tellement longtemps voulu
leur cacher. C'est donc ces « élites »
qui vont devoir certainement payer, à un
moment ou un autre, le prix d'une
isolation qui apparait déjà à l'horizon.
© 2014 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 11 février 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire de Mikhaïl Gamandiy-Egorov
Le dossier
Russie
Les dernières mises à jour
|