Sputnik
Entretien avec Achille Gnaoré
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik
Mercredi 9 mars 2016
Source:
Sputnik
Achille Gnaoré est
Ivoirien. Il est le président de la
Fédération nationale des parlements,
Agoras et Orateurs de Côte d’Ivoire
(FENAPAOCI). Panafricaniste, il est en
outre le coordinateur du projet
panafricain UNIRTA dans son pays.
Sputnik:
Vous coordonnez le mouvement UNIRTA en
Côte d'Ivoire, un projet à vocation
panafricaniste lancé par Thierry Mbepgue,
activiste camerounais que nous avons
déjà eu l'occasion d'interviewer. Quels
sont les objectifs recherchés
particulièrement en Côte d'Ivoire?
Achille Gnaoré:
Les objectifs recherchés en
Côte d'Ivoire sont de rassembler les
Ivoiriens dans leur entièreté autour
d'un idéal, à savoir la souveraineté, la
démocratie et la liberté.
Présidentielle en Côte d'Ivoire: un pas
vers la démocratie
Sputnik:
Vous parlez effectivement d'idéaux.
Comment comptez-vous réaliser ces
objectifs et quels sont les éventuels
obstacles à leur réalisation?
Achille Gnaoré:
Nous comptons réaliser ces objectifs par
la sensibilisation, des séminaires de
formation et conférences pour expliquer
le bien fondé de s'unir pour constituer
une force de pression à nos dirigeants
afin qu'ils ne se détournent pas des
objectifs du peuple.
L'obstacle majeur en Côte d'Ivoire,
c'est ce régime répressif qui est
instrumentalisé par l'Occident. Le
second obstacle est la classe politique
occidentale qui n'a pas intérêt à voir
l'Afrique s'unir. Cette classe utilise
nos propres frères pour leur sale
boulot.
Sputnik: En
tant que panafricaniste, vous devez
certainement accorder une place
importante au respect de la souveraineté
ivoirienne et africaine en général.
Selon vous, où en-est la souveraineté
africaine aujourd'hui? En ce sens, quels
seraient les bons et les moins bons
exemples au niveau continental?
Achille Gnaoré:
Il est vrai que plusieurs pays africains
ne sont pas encore totalement souverains
mais nous sommes à l'étape de la prise
de conscience et nous considérons cette
phase comme une avancée notable.
Il y a des bons exemples africains où la
souveraineté est défendue, notamment
l'Afrique du Sud, le Ghana, ou encore la
Guinée équatoriale.
L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo
clame son innocence devant la CPI
Sputnik:
Quelle est votre vision en matière de
politique africaine extérieure? Quelles
orientations les pays africains
devraient-ils privilégier?
Achille Gnaoré:
Heureusement que les pays du BRICS,
notamment la Chine et la Russie avec
lesquels l'Afrique entretient
d'excellentes relations se sont
démarqués de la politique criminelle que
l'Occident nous a servi depuis des
siècles. La vérité est que la politique
extérieure en l'état actuel reste
conditionnée par les Occidentaux. Comme
pour dire que les Africains ne sont pas
libres dans leur collaboration avec
l'Occident et c'est déplorable. C'est
pourquoi le projet UNIRTA arrive à point
nommé. Puisque c'est dans l'union que
réside la liberté tant dans la politique
extérieure qu'intérieure.
Côte d'Ivoire: Le Conseil
constitutionnel confirme la réélection
du président Ouattara
Sputnik: On
suit avec attention les procès en cours
à la Cour pénale internationale (CPI) de
La Haye contre Laurent Gbagbo et Charles
Blé Goudé. En tant qu'Ivoirien, que vous
inspirent ces procès? Et quelles
perspectives les résultats de ces procès
pourraient avoir sur votre pays?
Achille Gnaoré:
Ces procès nous démontrent une fois de
plus que nombre d'Etats africains ne
sont pas souverains. C'est une forme de
déportation rendue juridique par
l'Occident, en créant la CPI pour y
juger les chefs d'Etats qu'ils trouvent
récalcitrants.
Les perspectives
des résultats que pourraient avoir ces
procès sur la Côte d'Ivoire:
Premièrement, ces
procès sont injustes et honteux. Le
président Laurent Gbagbo et le ministre
Charles Blé Goudé doivent être libérés.
Par cet acte la CPI retrouvera sa
crédibilité d'une part et d'autre part
cela entrainera une sincère
réconciliation. Une réconciliation
profonde et vraie en Côte d'Ivoire.
Secundo, si le
président Gbagbo et le ministre Blé
Goudé ne sont pas libérés dans ces
procès honteux et injustes, la
crédibilité de la CPI sera mise en mal
d'une part et d'autre part la
réconciliation en Côte d'Ivoire ne
pourra certainement pas se faire. Car en
toute sincérité en Côte d'Ivoire aucune
réconciliation ne peut se faire sans ces
deux personnalités qui sont des figures
emblématiques de la démocratie dans ce
pays. Mais j'irai plus loin pour dire,
en Côte d'Ivoire nul l'ignore, le
président Laurent Gbagbo est le père de
la démocratie.
© 2016 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 10 mars 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire de Mikhaïl Gamandiy-Egorov
Le
dossier Afrique noire
Les dernières mises à jour
|