Les relations
qu’entretiennent Moscou avec la
Centrafrique ne sont pas du goût de tout
le monde. Alors que les échanges
diplomatiques, politiques économiques,
ou militaires s’approfondissent entre
Moscou et Bangui, Paris enrage. La
France estime en effet que la
Centrafrique fait partie de son «pré
carré» et fait tout pour le conserver.p>
Après sa défaite en
Syrie, l'Occident politique —et
notamment l'Élysée- digère très mal le
retour de la Russie sur le continent
africain. Un continent que la Russie n'a
non seulement jamais colonisé, mais a
plus qu'activement soutenu dans ses
mouvements de décolonisation et de
libération nationale.
En effet, Paris est
furieux d'observer la formation d'une
alliance Moscou-Bangui, alors que
l'Élysée considérait jusqu'à encore très
récemment la République centrafricaine
comme partie intégrante de son prétendu
«pré-carré». Les choses ont évidemment
radicalement changé après l'arrivée de
la Russie pour équiper, mais surtout
former les Forces armées centrafricaines
(FACA), permettant aux deux pays de
passer à une nouvelle étape de leurs
relations bilatérales. Des relations
fondées sur une base légitime, la Russie
ayant été invitée par les autorités
légales du pays… Si certains dressent
une parallèle avec l'approche russe en
Syrie, ils ont probablement raison.
Mais la Russie ne
se limite pas et plus à la livraison
d'équipements militaires à Bangui, ni à
la formation des forces armées
nationales. Les deux nations développent
également leur coopération économique,
notamment après l'impulsion donnée par
le Forum économique international de
Saint-Pétersbourg (SPIEF 2018) de mai
dernier, auquel avait d'ailleurs assisté
le chef d'État centrafricain en qualité
d'invité spécial du président Poutine.
Par ailleurs, Moscou apporte un soutien
humanitaire à Bangui avec la livraison
aux populations centrafricaines de
plusieurs lots de médicaments et
d'hôpitaux mobiles, y compris dans les
zones qui jusqu'à encore récemment
étaient sous contrôle de groupes armés.
Enfin, la Russie
fait un énorme travail de médiation pour
permettre une réconciliation nationale
et un retour à l'ordre constitutionnel
sur toute l'étendue du territoire
centrafricain. Chose que la France n'a
jamais faite. Et ne fera pas.
Par contre, la
France, à l'instar des élites
occidentales en général, tente par tous
les moyens de mettre des bâtons dans les
roues de cette coopération
russo-centrafricaine. Et ce, sur
plusieurs fronts: en livrant des armes
aux groupes armés les plus radicaux, en
mettant la pression sur ces mêmes
groupes pour qu'ils ne se joignent pas
au dialogue proposé par le président
Faustin-Archange Touadéra. Et plus
généralement comme ce fut le cas depuis
les siècles de sa politique coloniale,
en tentant de diviser par tous les
moyens, pour toujours mieux régner et…
piller.
À ce titre, la France coordonne à
l'heure actuelle une rencontre à
N'Djamena, la capitale tchadienne, entre
plusieurs représentants des groupes
armés illégaux, pour faire pression sur
le gouvernement centrafricain et le
forcer à redevenir docile, notamment en
imposant un départ à la Russie de la RCA
tout en souhaitant limiter le mandat du
Président. D'ailleurs, des menaces
ouvertes sont proférées par lesdits
groupes armés quant à une éventuelle
opération armée contre les autorités du
pays. Le tout bien évidemment avec la
«bénédiction» et la participation active
de Paris.
Sauf que le
contexte a changé. Au-delà du fait,
désormais bien connu, que la Russie ne
lâche pas ses alliés, les
Centrafricains, à l'instar de millions
d'habitants d'autres pays d'Afrique,
connaissent désormais parfaitement le
jeu mené par l'ex-puissance coloniale:
on écoutera à titre d'illustration le
micro-trottoir réalisé dans les rues de
Bangui par Afrique Média, la grande
chaîne panafricaine:
Les Centrafricains
interrogés n'y mâchent pas leurs mots et
expriment très clairement leur
préférence pour la Russie face à la
France. Et l'hystérie élyséenne est tout
à fait compréhensible, sachant que ces
opinions sont loin, très loin, que de se
limiter à la Centrafrique. Chaque chose
a une fin. La politique néocoloniale
française, et occidentale en général, en
Afrique aura une fin elle aussi.
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