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Rencontre d’Astana : l’espoir est permis
Mikhail Gamandiy-Egorov
© REUTERS/
Khalil Ashawi
Vendredi 6 janvier 2017
Source:
Sputnik
Les pourparlers sur la Syrie entre le
gouvernement syrien et certains groupes
dits de l’opposition auront bien lieu à
Astana, la capitale kazakhe, le 23
janvier prochain.
En effet, les efforts conjoints de la
Russie, la Turquie et l'Iran donnent
leurs premiers résultats. Trop tôt
encore de parler de retombées positives
pour la suite des événements en Syrie,
notamment en raison des positions
troubles de certains groupes de la
prétendue opposition, sans oublier de
nouvelles éventuelles provocations
visant à saper les efforts de paix
entrepris par les trois pays déjà cités.
Une chose est sûre, le trio russo-irano-turc
semble très motivé à déployer les
efforts nécessaires au succès du
processus de paix en Syrie. Et malgré
les risques existants, il y a des
raisons de garder un optimisme prudent.
Tout d'abord, car il y a une réelle
volonté des trois pays d'amener un
résultat concret qui pourrait permettre
à terme à la Syrie de retrouver la paix
et la stabilité.
D'autre part, le gouvernement syrien est
aujourd'hui plus que jamais en position
de force. Il contrôle la grande majorité
de la Syrie dite « utile » et les cinq
plus grandes villes du pays (Damas,
Alep, Homs, Lattaquié, Hama). Compte
tenu de cette réalité, sur le terrain et
aussi du soutien russo-iranien, il est
aujourd'hui pratiquement inconcevable de
s'asseoir à la table des négociations en
lançant des ultimatums réclamant le
départ immédiat du président syrien al-Assad.
La Turquie l'a vraisemblablement
compris, surtout au regard des défis
sécuritaires auxquels elle fait
actuellement face.
Reste à espérer que certains
éléments sains de l'opposition syrienne
le comprennent aussi et seront ainsi
prêts à mener des négociations
constructives. Surtout que la Turquie
semble désormais motivée à user de son
influence dans ce sens. Et sans oublier
aussi que le ministère russe de la
Défense a été également explicite à cet
égard, à savoir que tout groupe qui
refusera de se joindre au cessez-le-feu
observé globalement à l'heure actuelle
en Syrie sera automatiquement associé
aux terroristes de d'Al-Qaida.
Ces derniers ne sont en effet aucunement
concernés par la trêve et les combats se
poursuivent contre eux à différents
endroits du territoire syrien. Résultat
logique: ils n'ont pas été invités à
Astana.
L'autre aspect positif, qui
donne lui aussi une note supplémentaire
d'optimisme, est l'absence des
représentants de l'administration
sortante américaine d's ce
processus, de même que celles des
représentants ouest-européens, toujours
résolument obstinés à faire tomber le
leader syrien. La porte reste néanmoins
ouverte à la nouvelle administration
étasunienne de Trump, qui prendra
officiellement le pouvoir sous peu, tout
comme aux acteurs régionaux, à condition
évidemment qu'ils acceptent de
s'inscrire dans la logique du processus
d'Astana. L'Égypte semble être intéressé
à rejoindre ce dialogue une perspective
que voit d'un bon œil la Russie. Qu'en
sera-t-il des pays tels que l'Arabie
Saoudite ou le Qatar, qui continuent de
soutenir plusieurs groupes terroristes?
À moins d'un revirement rapide, il est
peu probable qu'ils puissent prétendre à
brève échéance prendre part aux
négociations d'Astana, voire à d'autres.
Ultimatums envers le gouvernement
légitime syrien, soutien et financement
des extrémistes salafistes, tout cela
fait que les Saoudiens et les Qataris
devraient rester en dehors du processus
engagé. D'autant plus que selon diverses
sources, ces derniers entreprennent
d'importants « efforts » en vue de saper
la rencontre d'Astana.
Mais pourront-ils
obtenir quoi que ce soit face à un
leadership syrien plus que jamais
renforcé, face à la détermination de la
Russie et de l'Iran et face au rôle
désormais de plus en plus constructif de
la Turquie? N'oublions pas la nouvelle
administration AMÉRICAINE, que l'on
espère voir jouer un rôle au minimum
positif dans le dossier syrien ou du
moins s'abstenir de mettre des bâtons
dans les roues du tout jeune processus
de paix. Ajoutez à cela les changements
possibles au niveau du leadership de
certains pays européens et la réponse
paraît assez logique.
Ceci étant dit, la
lutte antiterroriste ne s'arrêtera pas
puisque les takfiristes de Daech et d'Al-Qaida
continueront à être combattus. Et plus
vite certains pays comprendront
l'utilité d'une large coordination dans
cette lutte, dans un cadre multipolaire,
plus vite il sera possible d'espérer un
monde meilleur et plus sûr. En tout cas,
l'espoir est effectivement permis et le
choix d'Astana est aussi à saluer — le
Kazakhstan étant l'un des meilleurs
alliés de la Russie, c'est aussi l'un
des principaux initiateurs de
l'intégration eurasiatique. Enfin, et il
ne faut pas l'oublier, le Kazakhstan a
joué un rôle de premier choix dans la
réconciliation russo-turque.
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Publié le 9 janvier 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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