Sputnik
Quand la Russie et la Chine se
lancent
dans la bataille médiatique
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Sergei Guneev
Mercredi 5 juillet 2017
Source:
Sputnik
Économie,
diplomatie, coopération militaire, les
liens entre Moscou et Pékin ne cessent
de se renforcer. À l’occasion du dernier
sommet sino-russe, Poutine et Xi ont
ouvert un nouveau chantier, celui de la
coopération médiatique. Car promouvoir
la multipolarité passe aussi par la
lutte contre les fake news diffusés par
les médias mainstream.
La visite du
Président chinois en Russie était
attendue. Il est vrai que Xi Jinping et
Vladimir Poutine se sont rencontrés 22
fois depuis l'accession du premier à la
tête de l'État chinois, mais c'est à
chaque fois un événement important pour
les deux nations: il suffit pour cela
d'observer le nombre de sujets d'intérêt
réciproque traité à chaque fois.
Cette énième
rencontre Poutine-Jinping devrait
confirmer les observations recueillies
lors des précédentes rencontres: ils ne
viennent pas inaugurer les chrysanthèmes
et des résultats concrets, aussi bien au
niveau des interactions économiques que
de la coordination géopolitique,
devraient sortir de ces échanges.
Avant même
d'arriver pour sa visite officielle de
deux jours en Russie, Xi avait déjà
annoncé la couleur en parlant de la
crise syrienne: «La partie russe joue un
rôle important et positif dans le
règlement syrien, nous l'apprécions».
Connaissant
généralement la modération —sur
n'importe quel sujet d'ailleurs- de
l'élite chinoise, cette déclaration
éclaire la position de Pékin vis-à-vis
de la crise en Syrie, et notamment les
nombreux vétos chinois au Conseil de
sécurité de l'ONU sur la Syrie, en
soutien de la position russe face aux
résolutions du trio occidental
USA-Grande-Bretagne-France.
Convergence
d'approche également sur un autre
dossier d'actualité internationale,
celui de la Corée du Nord. Tout en
appelant Pyongyang à la retenue, «les
deux parties se prononcent contre la
présence militaire de forces extérieures
en Asie du Nord-est et contre son
renforcement sous prétexte de la
nécessité de contrer les programmes
balistiques et nucléaires nord-coréens».
Un message clairement adressé au pays
qui s'invite de lui-même dans la région,
dans une pure logique néocoloniale et
unipolaire, à savoir les États-Unis.
À ce propos,
rappelons qu'il y a quelques jours, des
chasseurs et navires chinois ont été
obligés d'avertir le destroyer étasunien
USS Stethem, qui avait croisé en mer de
Chine méridionale, dans les eaux des
îles Paracels, que la Chine considère
comme siennes. En outre de la réaction
militaire, la diplomatie chinoise a
qualifié le passage dudit destroyer de
provocation militaire et de violation du
droit international et de sa
souveraineté. En outre, n'oublions pas
la mise en garde chinoise à l'adresse
des USA quant au désir de ce dernier de
livrer des armes à Taiwan, que Pékin
considère comme une province rebelle de
la Chine unifiée.
Lors de cette
nouvelle rencontre au sommet
russo-chinoise, le volet économique ne
fut évidemment pas en reste non plus. De
nombreux accords ont été signés (une
quarantaine au total) pour une valeur
avoisinant l'équivalent de 10 milliards
de dollars. Rappelons que le volume des
échanges bilatéraux en 2016 a augmenté
de 4% pour dépasser 66 milliards de
dollars, tandis que pour les seuls
quatre premiers mois de 2017, on observe
une augmentation de 37% (24,5 milliards
de dollars). Par ailleurs, le
gouvernement russe a confirmé une fois
de plus son plein soutien à l'initiative
chinoise de la Nouvelle route de la
soie. Ce grand projet logistique, «Une
Ceinture, une Route», a été initié par
Xi Jinping et prévoit de connecter les
pays de l'Eurasie via une liaison
ferroviaire et maritime de grande
envergure.
Aussi, le Fonds
russe d'investissements directs et la
Banque de développement de Chine ont-ils
convenu de mettre en place un fonds
commun de placement à hauteur de 65
milliards de yuans (l'équivalent de près
de 10 milliards de dollars). Les deux
pays se sont également mis d'accord sur
la poursuite de l'élargissement de
l'utilisation des monnaies nationales
dans leurs projets et échanges
bilatéraux.
Moscou et Pékin
prévoient également de développer leurs
liens au travers d'organisations telles
que les BRICS et l'Organisation de
Coopération de Shanghai (OCS). Mais un
«nouveau» domaine est venu s'inviter
dans les discussions, et très
d'actualité, celui de la coopération au
niveau médiatique. Les deux pays faisant
constamment face aux attaques
informationnelles émanant principalement
des médias mainstream occidentaux, le
temps est donc venu d'une plus large
interaction dans cette sphère. Ainsi,
Margarita Simonyan, rédactrice en chef
de Sputnik et RT a-t-elle appelé «à
lutter ensemble contre le terrorisme
médiatique et les fake news du
mainstream».
La Russie et la
Chine ont donc signé l'» Accord sur
l'interaction dans la sphère
médiatique», confirmant ainsi une fois
plus la vision multipolaire qui
caractérise les deux puissances. Une
chaîne TV russe (Katioucha) verra sous
peu le jour en Chine. Et ce ne sera
probablement que le début d'un large
partenariat dans ce domaine.
Last but not least,
le président chinois a reçu de Poutine
la plus haute récompense de l'État
russe, l'Ordre de Saint-André, pour son
infaillible soutien au développement des
relations sino-russes. Xi Jinping,
clairement ému, déclarera: «En mars
2013, juste après mon élection au poste
de Président de la République populaire
de Chine, la Russie a été le premier
pays étranger que j'ai visité (…).
Depuis lors, nous nous sommes rencontrés
22 fois, selon mes calculs. Ainsi, la
Russie est-elle devenue le pays que j'ai
visité le plus souvent. Et parmi les
dirigeants étrangers, c'est avec vous,
M. Poutine, que je maintiens les
contacts et les relations les plus
étroits».
Que les jaloux et
les «sceptiques» de cette alliance
russo-chinoise en prennent note. La
Russie et la Chine renforcent leur
alliance stratégique. Mais ce n'est que
le début. Le meilleur est à venir. N'en
doutez pas!
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Publié le 6 juillet 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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