L'énième
arrestation de Mazin pendant une
manifestation près de Bethléem, en 2016
Mercredi 11 janvier 2017
Le 7 janvier
est Noël pour ma famille (tradition
chrétienne orientale). Après avoir
organisé un grand rassemblement d’une
petite centaine de membres du clan
Qumsiyeh et avoir rendu visite à mes
sœurs et aux personnes âgées de ma
famille, j’ai essayé en vain d’aller à
Jérusalem (avec mon passeport des
Etats-Unis et ma carte d’identité
palestinienne). L'idée était de visiter
l’Eglise du Saint-Sépulcre et dîner à
Jérusalem.
Voici la
vidéo de ce qui s’est passé ;
malheureusement elle est brève et ne
montre pas l’échange dans sa totalité :
Cette
courte rencontre révèle au moins six
violations du droit international, que
je liste ci-dessous.
J’ai été enseignant de collège àJérusalem. Bethléem est la
banlieue de Jérusalem,
à 6 km. Les économies furent/sont
interdépendantes et inséparables pendant
cinq mille ans, jusqu’à ce qu’Israël
décide de nous séparer après la
signature des accords d’Oslo en 1994
(l’une des nombreuses raisons pour
lesquelles ces accords félons ont
enraciné l’apartheid et
la colonisation). Je n’ai pas
l’autorisation d’entrer à
Jérusalem avec mon passeport
américain parce que je suis un
Palestinien qui ne peut avoir de visa de
tourisme sur mon passeport US (je suis
titulaire d’une carte verte d’identité
de résident dans mon propre pays). La
plupart des Palestiniens ne sont pas
autorisé à aller dans leur propre ville
de Jérusalem sauf avec
des permissions spéciales. En certaines
occasions, comme les fêtes musulmanes et
chrétiennes, les Palestiniens au-dessus
d’un certain âge (les hommes de plus de
55 ans) sont autorisés à y entrer.
Dans mon cas, ils ont affirmé que le
Shabak (la sécurité israélienne
intérieure) avait dit que même si
j’avais plus de 55 ans, je ne suis pas
autorisé et que si j’essayais à nouveau
de passer, je serais mis en prison
(nonobstant le défaut de procédure
régulière). Pendant que j’étais
interrogé, l’autobus de Bethléem était
parti et nous avons donc été obligés de
revenir à pied dans le froid.
La politique israélienne qui consiste à
séparer Bethléem de Jérusalem
et de nous empêcher d’y entrer sont des
violations du droit international qui
peuvent être assimilés à des crimes de
guerre. Voici les violations dont se
rendent coupables ces soldats et le
gouvernement israélien, en vertu du
droit international :
1) Les changements par Israël
des limites de la municipalité de
Jérusalem de manière à inclure
des parties de Bethléem (illégal de la
part d’occupants, selon plusieurs
résolutions des Nations unies).
2) L’annexion de Jérusalem
Est par Israël
(Jérusalem ouest et Jérusalem
est ne sont pas israéliennes en vertu
des résolutions des Nations unies qu’Israël
lui-même s’est engagé à mettre en œuvre
lorsqu’il est devenu membre des Nations
unies).
3) L’établissement par Israël
de 23 colonies exclusivement juives à
Bethléem est un crime de guerre et le
fait que ces colons juifs et le fait que
ces colons juifs passent sans permis (tasrih)
est raciste.
4) Israël ne peut pas
empêcher la liberté de circulation entre
une ville occupée (Bethléem) et une
autre ville occupée (Jérusalem).
5) Construire de murs et des clôtures
dans les zones occupées en 1967 est
également illégal (Décision de la Cour
pénale internationale 2004).
6) Le fait que le shabak puisse
donner pour instruction d’empêcher des
gens comme moi de passer, simplement
parce que nous prônons la résistance
non-violente (j’ai écrit un livre sur le
sujet) est contraire au droit local (la
supposée liberté d‘expression, procédure
équitable) et au droit international
(par ex. violation de la Déclaration
universelle des droits de l’homme).
Ces tactiques de colonisation ne sont
rien moins que du terrorisme d’Etat.
Cet affront fut une déception à Noël
mais nous avons la paix de Noël dans le
cœur et la lueur d’espoir est que ça
nous donne une nouvelle motivation pour
redoubler d’efforts pour mettre fin à
ces crimes contre l’humanité en cours.
D’autres souffrent et même sont blessés,
emprisonnés et torturés, nous sommes
donc reconnaissants.
Puisse 2017 nous rapprocher de la fin de
ce cauchemar de l’apartheid,
du retour des réfugiés palestiniens, de
la justice et de la paix.
Restons humains.
Mazin Qumsiyeh
Un bédouin dans le cyberspace, un
villageois chez lui
Professeur et Directeur (bénévole)
Musée d’histoire naturelle de
Palestine
Institut palestinien de la biodiversité
et du développement durable
Université de Bethléem
Palestine occupée
http://qumsiyeh.org/
http://palestinenature.org
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